ROMA
ÆTERNA
Et
si l’Empire romain n’avait jamais disparu ? Voici l’histoire parallèle d’un
Empire romain qui a connu bien des vicissitudes, des guerres et des crises
politiques mais qui n’a jamais cessé d’exister et de faire régner, avec
quelques interludes sanglants, la Pax Romana. Le christianisme y est inconnu,
ne serait-ce que parce que les Juifs n’ont jamais réussi à quitter l’Egypte des
pharaons. Quelques siècles plus tard, un envoyé spécial de l’Empereur élimine
un prophète d’Arabie avant qu’il ait eu le temps de fonder l’islam. La
technologie évolue plus lentement que dans notre continuum. Vers l’an 2650
A.U.C. (Ab Urbe Condita : depuis la fondation de la Ville), qui correspond à la
fin de notre XIXe siècle, le téléphone existe et l’automobile fait son
apparition.
Roma Æterna
Auteur
: Robert
Silverberg
Type
d'ouvrage : Uchronie
Première
Parution : 07 octobre 2003
Edition
Française : 18 février 2009
Titre en
vo : Roma
Eterna
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jacques
Chambon
Editeur : Le
Livre de Poche
Nombre
de pages : 535
Mon
avis : Un Empire Romain éternel, tel est
le postulat de départ de Roma Æterna,
uchronie de Robert Silverberg, bien plus profonde que l’on pourrait le penser
de prime abord. Car en plaçant la ligne divergente au moment de l’Exode des
Hébreux, qui, dans cet univers, échoua – les chars de Pharaon rattrapant les
fugitifs et les massacrants tous jusqu’aux derniers – l’auteur laisse entendre
que si Moise n’emmenait pas son peuple hors d’Egypte, il n’y aurait pas eu
d’Israël, puis, plus tard, le Christ ne serait pas né, donc, sans religion
Chrétienne (et avec une communauté judaïque limité à quelques milliers
d’individus), l’Empire Romain se serait maintenu et, en survivant aux invasions
barbares, aurait prospérer, bon gré mal gré, jusqu'à nos jours, instaurant une Pax Romana qui aurait éviter bien des
conflits à l’humanité. Certes, on pourrais discuter pendant des heures sur la
possibilité pour un Empire aussi vaste de pouvoir survivre plus de deux mille ans,
mais, et là où l’ouvrage de Silverberg est intéressant, et, quelque part,
subversif pour les grandes religions polythéistes, c’est qu’il pose la question
suivante : celles-ci n’ont-elles pas causés plus de mal que de bien au fil
d’une Histoire bien mouvementé où se succédèrent conflits de religions,
massacres au nom de Dieu puis, camps de concentrations et, désormais,
fondamentalisme islamiste ? A la lecture de ce Roma Æterna, il est permis d’y croire, car même s’il ne s’agit que
d’un ouvrage de science-fiction sans grande prétention, et si l’auteur n’est
pas plus complaisant que cela envers cet Empire, capable lui aussi de bien des
atrocités, il est indéniable que celui-ci, malgré ses travers, de part sa
puissance, évite bon nombre de conflits qui ont emmailler notre Histoire.
Composé de plusieurs nouvelles se déroulant à diverses époques de la très longue
Histoire de l’Empire Romain, le récit nous entraîne dans les méandres de cette
Rome éternelle, qui semble immuable et qui connaît, au court des âges, gloires
et revers divers mais qui parvient à se maintenir coûte que coûte et quelque
soit le régime. Si ces mêmes nouvelles sont de qualités inégales, elles n’en
restent pas moins indispensables pour saisir l’Histoire de l’Empire Romain et
le lecteur se retrouve entraîner dans une succession de complots, de conflits,
de découvertes et d’explorations a la fois proches et forts éloignées de notre
monde réel. Et, sincèrement, je dois avouer que l’on prend un certain plaisir à
découvrir ce monde, issu de l’imagination fertile de Robert Silverberg, et que,
malgré des passages légèrement moins intéressants, l’ensemble n’en reste pas
moins suffisamment accrocheur pour faire de ce Roma Æterna un roman digne d’intérêt doublé d’une uchronie
plausible qui laisse songeur en plus, bien entendu, de ne pas être tendre envers
les religions monothéistes…
Points
Positifs :
-
Un postulat de départ franchement intéressant avec cet Empire Romain qui, plutôt
que de disparaitre comme dans le monde réel, se serait maintenu contre vents et
marées, toujours plus puissant, jusqu’à nos jours.
-
La thématique générale qui ressort de cette uchronie et que, malgré ses
travers, malgré des périodes de conflits inévitables, cet empire éternel,
imposant sa Pax Romana, évite à l’humanité la plupart de ses conflits et des
millions de morts.
-
Si toutes les nouvelles qui composent cet ouvrage ne se valent pas, l’ensemble
reste néanmoins assez bon et comme tout cela est lié, la lecture s’en trouve
assez facile voir passionnante pas moments.
-
L’ouvrage, mine de rien, est peu complaisant vis-à-vis des religions
monothéistes, mais bon, quand on voit tous ce qu’elles sont causées – et causent
encore – comme ravage au fil de l’Histoire, on ne peut s’empêcher de se dire
que si elles n’avaient pas vu le jour, le monde ne s’en serait que mieux porter…
Points
Négatifs :
-
Comme je le disais, toutes les nouvelles ne se valent pas et on alterne
allègrement entre le franchement bon et le moyen.
-
Sincèrement, la dernière partie consacrée aux hébreux et à leur rêve de
conquête spatiale, on s’en serait bien passée, surtout que tout cela n’apporte
strictement rien au roman.
-
Curieux cette volonté de Silverberg de revenir régulièrement sur la décadence
de l’Empire Romain tout au long du livre… surtout qu’il dure plus de 2000 ans.
Ma
note : 7,5/10
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