mardi 17 décembre 2019

LE CYCLE DE FONDATION – TERRE ET FONDATION


LE CYCLE DE FONDATION – TERRE ET FONDATION

La Terre. Tout porte à croire que le légendaire berceau de l'humanité se trouve au cœur d'un vaste plan à l'échelle galactique, destiné à garantir en coulisses la pérennité de la civilisation : une synthèse parfaite entre le matérialisme de la Première Fondation et le mentalisme de la Seconde, mise en œuvre par une mystérieuse puissance. Mais comment trouver une planète que beaucoup croient mythique, et dont toute trace a inexplicablement disparu des archives galactiques ?


Le Cycle de Fondation – Terre et Fondation
Auteur : Isaac Asimov
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 10 mai 1986
Edition Française : 26 mars 2009
Titre en vo : Foundation and Earth
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Jean Bonnefoy
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 688

Mon avis : Terre ! Terre ! Plus que jamais, la quête de la Terre, notre bonne vieille planète, est le cœur principal de l’intrigue de ce dernier volume du Cycle de Fondation, et, bien entendu, c’est donc a un long et périlleux voyage à travers la Galaxie qu’Isaac Asimov entrainera ses lecteurs dans un récit bien différent de ce qu’il nous avait proposer jusque ici, ce qui était, quelque part, était déjà le cas dans le volume précédent, Fondation Foudroyée. Un roman étonnant donc, de prime abord, mais pas uniquement dans son style d’écriture, forcement différent des débuts mais aussi de part ses implications quant au nœud narratif du cycle dans son ensemble, c'est-à-dire, la remise en cause claire et nette de la fameuse psychohistoire et du célèbre Plan Seldon, rien que ca ! Ainsi, c’est pour ses raisons, et quelques autres, que cette conclusion de Fondation, depuis sa parution il y a une trentaine d’années, fait débat dans la communauté des fans de l’univers crée par Asimov, les déchirant parfois, les uns trouvant que celui-ci conclue bien le cycle, d’autres détestant tout bonnement, les derniers, dont je fais parti, étant un peu partagé, que cela soit dans un sens comme dans l’autre. Pourquoi donc ? Je vais essayer de vous l’expliquer sans faire de révélations de l’intrigue qui pourraient forcement gâcher le plaisir de la découverte aux nouveaux lecteurs, ce qui, il me semble, n’est pas chose aisée. Indéniablement, depuis les débuts du Cycle de Fondation, et a fur et a mesure que celui-ci avançait, que pouvait donc attendre le lecteur lorsqu’il arriverait a la dernière page du dernier tome ? Et bien, cela peut paraître d’une simplicité enfantine mais comme souvent, il est inutile de chercher les complications puisque toutes ces milliers de pages couvrant l’histoire de la Fondation ne laissaient entendre, comme conclusion logique, que l’on parvienne, a la fin, a ce fameux et tant attendu second Empire Galactique annoncé par le maitre absolu de la psychohistoire, Harry Seldon. Or, et on l’avait compris des le final du quatrième volume, les choses ne seront pas aussi simples que cela… Ainsi, dès le début de Terre et Fondation, malgré les nombreuses interrogations de Golan Trevize, l’homme qui « choisis », lui-même ne sait pas trop pourquoi, Galaxia, le lecteur se doute bien que le plan Seldon est de plus en plus de l’histoire ancienne, du moins, tel qu’il fut annoncé des le départ. Et justement, c’est la que le bat blesse fortement pour certains, et les décennies d’écart entre la première partie du cycle et la seconde y sont pour beaucoup : indéniablement, a la base, lorsqu’Asimov conclue son Cycle de Fondation tel qu’il aurait dut en rester la, c'est-à-dire, avec Seconde Fondation, les dernières pages promettaient l’avènement, dans le futur, de ce fameux second Empire Galactique. C’était, a ce moment là, une évidence que personne ne peut remettre en cause. Or, des les premières pages de Fondation Foudroyée, le plan Seldon et la psychohistoire sont tout simplement remis en cause tant par la première que par la seconde Fondation, et l’on nous annonce qu’une troisième force agirait dans l’ombre, force que, on le comprend à la fin du volume, n’est pas Gaïa – bref, on se retrouve avec une quatrième alors. Et rien que pour cela, bon nombre de lecteurs crièrent au sacrilège, position renforcée, forcement, par le dernier volume, qui va beaucoup plus loin dans la remise en cause du postulat initial. Le problème c’est que l’on ne peut s’empêcher de se demander comment l’auteur aurait conclu son cycle s’il l’avait poursuivie sans aucune interruption ? Le second Empire Galactique aurait-il vu le jour comme annoncé ? Fort probablement car l’Asimov des années 80, plus agé et malade, n’était plus le même, ce qui se comprend, que celui des années 50, d’où, probablement une vision différente des choses, peut être un plus grand pessimisme parfois envers une espèce humaine qu’il ne voit plus survivre en tant qu’espèce individuelle en tant que telle. Cela donna Gaïa, et bien sur Galaxia, la quête de la Terre, la chute, en quelque sorte, de la psychohistoire et du plan Seldon, mais aussi, toutes ces discussions métaphysiques qui parsèment les six cent et quelques pages de Terre et Fondation. Car l’on discute énormément dans ce cinquième volume, bien plus que précédemment d’ailleurs, et toujours avec les mêmes protagonistes : Trevize, l’homme sur qui tout repose, uniquement parce qu’il est censé avoir de bonnes intuitions – rien que cela remet immédiatement en cause la psychohistoire – cynique, obtus et qui essaye de comprendre son choix, opposé a Joie, issue de la planète Gaïa, donc, en faisant partie de façon intégrale, avec, au milieu pour essayer de tempérer les choses, l’érudit Pelorat. Et ces discussions, qui reviennent en permanence, souvent de façon bien trop répétitives, ce qui laisse penser que l’auteur aurait bien put nous sortir un ouvrage un peu plus court, occupent facilement les deux tiers de l’œuvre, rien que ca. Cela, forcement, peut lasser, d’ailleurs, ce fut mon cas par moments, je ne vous le cache pas. Cependant, avec du recul, indéniablement, je considère que, malgré des défauts et une longueur pas forcement nécessaire, ce Terre et Fondation est une bonne conclusion pour le cycle. Certes, au départ, j’aurais souhaité que l’on aille jusqu’à l’avènement de ce fameux second Empire Galactique dont on nous avait tellement rabattu les oreilles. Cela ne sera pas le cas, à la place, on aura autre chose, mais chut… Inutile de trop en dire. Car si le lecteur pouvait avoir ses propres espoirs quant a une conclusion qui lui aurait davantage plu, il est indéniable que celle proposer par Asimov, est tout de même assez magistrale, et d’ailleurs, complètement inattendue : franchement, l’effet de surprise fonctionne parfaitement, et bien malin aurait été celui qui se serait, avant coup, douter des tenants et des aboutissements de celle-ci. Mais plus que nous surprendre, il faut reconnaître qu’avec ce final, Asimov réussis le tour de force de le crédibiliser, en rejetant, du même coup, presque tout ce que ce a quoi on s’attendait depuis le début du cycle, tout en le liant au passage, a tous ses autres cycles, que cela soit celui des RobotsTrantor etc. Car il est bon de rappeler pour les novices que chez Asimov, l’on pourrait considérer qu’il existerait un seul et unique grand cycle, pas forcement écrit dans l’ordre et qui irait de La Fin de l’Éternité a Terre et Fondation. Indéniablement, ce dernier volet de Fondation surprendra le lecteur qui sera arrivé jusque là, tant par ses différences que par tout ce qu’il remet en cause jusque là. Certains l’aimeront, d’autres non, mais il est évidant qu’au final, on se retrouve avec un excellant roman, qui n’ira peut être pas dans le sens attendu au début, mais qui conclue fort excellemment Le Cycle de Fondation et l’œuvre d’Asimov dans son ensemble. Et même ceux qui, au court de la lecture, auraient parfois trouvé lassant les innombrables prises de têtes entre Trevize et Joie devront admettre que, parfois, celles-ci avaient un certain charme. Idem pour ce qui est des révélations finales : que n’ais-je entendu que celles-ci étaient exagérées, qu’Asimov avait cette fois ci été bien trop loin !? Franchement, le pire, c’est que cela fonctionne d’une façon plus qu’éclatante, le tout étant d’une logique implacable. Un exemple ? Les fameuses interrogations de Golan Trevize quand à la faille du Plan Seldon, pourtant d’une simplicité enfantine. Comme lui, je me suis demandé pendant deux tomes complet de quoi il s’agissait, et finalement, lorsque l’homme de Terminus trouva la solution, cette fameuse « loi » obligatoire pour que le plan Seldon soit valable – un peu comme les lois de la robotique, qui auront également leurs places – elle m’apparut comme tellement évidente que je ne pus m’empêcher de me dire que n’importe qui de censé y aurait pensé par lui-même… ce qui ne fut le cas de personne, moi y compris. Terre et Fondation a ses détracteurs, indéniablement, mais au final, il me semble qu’il conclu fort bien un cycle tout bonnement légendaire, que tout amateur de SF se doit de lire au moins une fois dans sa vie. Certes, l’on pourrait trouver à redire quant a ce cinquième tome, mais cela reste une affaire de gouts personnels mais aussi d’acceptation de remise en cause des faits établit et des attentes initiales. Mais malgré les opinions souvent contradictoires vis-à-vis de ce dernier tome du cycle, il me semble évidant que Fondation, quoi qu’il en soit, est un monument de la littérature fantastique du vingtième siècle, tous genres confondus. Et je ne pense pas exagéré énormément en affirmant cela…


Points Positifs :
- Une conclusion magistrale et complètement inattendue, qui remet absolument tout ce que l’on croyait depuis le début de la saga, mais qui n’en reste pas moins, de mon point de vu, non seulement réussie mais d’une logique imparable. Certes, le Plan Seldon est à jeter aux oubliettes, de même que le fameux et tant attendu second Empire Galactique, cependant, une fois que l’on a saisis qu’elles sont les failles de la psychohistoire, alors, on ne peut s’empêcher de se dire qu’Asimov a eut parfaitement raison de tout remettre en cause.
- Les révélations finales sont tellement stupéfiantes et inattendues qu’elles en auront traumatisé plus d’un, en mal comme en bien – après tout, cela est on ne peut plus logique !
-  Le lien, fait par l’auteur, entre la plupart de ses cycles majeurs – Fondation, Les Robots, L’Empire – et même quelques autres ouvrages. D’ailleurs, une fois que l’on achève ce Terre et Fondation, on ne peut s’empêcher de se dire que toutes les œuvres d’Asimov sont liées et que l’on peut aller de La Fin de l’Éternité au Cycle de Fondation.
- Le plaisir de retrouver Golan Trevize, Pelorat et Joie, personnages hauts en couleurs et attachants – surtout au vu de leurs discussions, souvent houleuses.
- La quête de la Terre, la fameuse planète des origines, est digne d’un véritable thriller et nous tient en haleine jusqu’au bout.

Points Négatifs :
- Il faut admettre que Terre et Fondation souffre énormément de sa longueur, non pas que j’ai un quelconque problème avec les pavés, loin de là, cependant, dans cet ultime volet de la saga, il faut reconnaitre que les protagonistes discutent pas mal, trop même, par moments, et que l’on ne peut pas s’empêcher de se dire que certains de ces dialogues sont un peu inutiles et que cet ouvrage aurait gagner a être plus court.
- Aux yeux de nombreux lecteurs d’Asimov, Terre et Fondation représente une véritable hérésie vu que la conclusion de celui-ci remet absolument toute l’intégralité du cycle en question. Je conçois parfaitement que cela puisse choquer, même si, finalement, cela est on ne peut plus logique…
- Il est tout de même dommage que l’on ne voit plus quelques protagonistes majeurs du tome précédent, comme Stor Gendibal.

Ma note : 8/10

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