jeudi 2 mai 2019

MUDBOUND


MUDBOUND

Dans les années 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille McAllan, fraîchement débarquée de la ville de Memphis, découvre la dure vie d'agriculteurs dans le Mississippi. Malgré les grands rêves d’Henri, sa femme Laura lutte pour garder foi en son mari et en son entreprise en déclin. Pendant ce temps, Hap et Florence Jackson, exploitants agricoles de génération en génération, œuvrent courageusement pour construire leur propre rêve malgré les barrières sociales auxquelles ils font face.


Mudbound
Réalisation : Dee Rees
Scénario : Virgil Williams, Dee Rees, d'après le roman Mudbound d'Hillary Jordan
Musique : Tamar-Kali Brown
Production : Netflix
Genre : Drame
Titre en vo : Mudbound
Pays d'origine : États-Unis
Langue d'origine : anglais
Date de sortie : 17 novembre 2017
Durée : 134 mn

Casting :
Carey Mulligan : Laura McAllan
Garrett Hedlund : Jamie McAllan
Jason Clarke : Henry McAllan
Jason Mitchell : Ronsel Jackson
Mary J. Blige : Florence Jackson
Jonathan Banks : Pappy McAllan
Rob Morgan : Hap Jackson
Kelvin Harrison Jr. : Weeks
Kerry Cahill : Rose Tricklebank
Lucy Faust : Vera Atwood
Dylan Arnold : Carl Atwood
Henry Frost : Teddy
Kennedy Derosin : Lilly May Jackson
Jason Kirkpatrick : Oris Stokes
Elizabeth Windley : Amanda Leigh McAllan
Claudio Laniado : Dr Pearlman
Charley Vance : le shérif Thacker
Frankie Smith : Marlon Jackson
Geraldine Singer : la mère de Laura

Mon avis : Excellentissime, tout simplement ! Voilà le premier mot qui m’est venu à l’esprit après le visionnage de ce Mudbound, œuvre de la jeune réalisatrice Dee Rees, produit par Netflix et qui, en toute sincérité, est sans nul doute un des meilleurs films sur la ségrégation raciale qu’il m’ai été donné de voir, rien que ça ! Pourtant, même si le sujet m’intéressait, même si j’avais bon espoir d’avoir affaire a un bon film, je dois reconnaitre que je ne m’attendais nullement à ce que celui-ci soit aussi bon et que, même si Mudbound n’est pas un chef d’œuvre du septième art, il me semble évidant qu’il n’en n’ai pas loin. Ainsi, loin du coté militantiste et pompeux d’un The Birth of a Nation ou du conformisme d’un 12 Years a Slave, Mudbound est un film autrement plus malin : moins de manichéisme, se contentant de présenter les fais, tels qu’ils étaient à l’époque – et il est clair qu’ils n’étaient guère glorieux pour la patrie de l’Oncle Sam – intelligent, bien écrit et nous offrant une belle et vaste galerie de protagonistes oh combien marquants, le film de Dee Rees réussit là où ses prédécesseurs échouaient un peu, c’est-à-dire, nous toucher aux trippes, nous captiver pour ces damnés de la terre, qu’ils soient noirs ou blancs. Bien évidement, et sans grande surprise, du coté de ces bouseux du sud profond des Etats-Unis, pas grand-chose à sauver, mais bon, a bien y réfléchir, parmi les personnages majeurs, en dehors du père – excellent Jonathan Banks – véritable ordure s’il en est, pour les autres membres de la famille, nous n’avons pas affaire a des individus mauvais, bien au contraire – le fils ainé est raciste, sans nul doute, mais en soit, malgré ses innombrables défauts, ces derniers sont davantage dut a une éducation bancale qu’autre chose. Du coup, le spectateur est tout aussi attiré par le sort des deux familles qui vivent sur cette terre du Mississipi, reconnaissant que la misère frappe les deux, même si, bien entendu, lorsque l’on est noir, les choses sont encore plus compliquées – et pas qu’un peu. Si l’on ajoute a cela une belle histoire d’amitié entre deux jeunes hommes – l’un noir, l’autre blanc – bien évidement scandaleuse aux yeux de ces bouseux, rapprochés par la guerre et par une expérience commune que tous ces planqués ne pouvaient saisir et l’on obtient tout un tas d’ingrédients qui font, de la première à la dernière minute de ce film, une quasi-perfection. Bref, un superbe long métrage que ce Mudbound, un film qui, sortie sur Netflix oblige, n’aura pas autant fait parler de lui comme il le méritait ; mais bon, au demeurant, il est également la preuve éclatante que, malgré tous ses détracteurs, Netflix est capable de nous pondre de bons, que dis-je, de très bons films, n’en déplaise à un certain Steven Spielberg qui, en roulant pour Apple, affirme que Netflix, c’est tout sauf du cinéma…


Points Positifs :
- Sans nul doute un des meilleurs films sur la ségrégation raciale qu’il m’a été donné de voir. Il faut dire que Mudbound est une œuvre d’une intelligence rare, fort bien écrit, captivant et qui, plutôt que de tomber dans le militantisme de bas-étage, préfère nous présenter les faits bruts, aussi durs soient-ils.
- Comme je viens de le souligner, les faits avant le manichéisme. Alors bien évidement, nous sommes aux Etats-Unis, dans les années 40, qui plus est dans le sud profond avec son lot de bouseux racistes, mais bon, les protagonistes principaux, eux, sont plus nuancés voir carrément positifs – en dehors du père, bien entendu, véritable salopard finit et imbuvable vis-à-vis de tout le monde.
- Une belle flopée de personnages forts et charismatiques, interprétés superbement par des acteurs qui frôlent avec la perfection.
- La misère est au cœur de ce film et si, bien évidement, celle des noirs est la plus marquante, lorsque l’on voit les blancs, on se dit qu’ils sont à peine mieux lotis, ce, malgré leurs grands airs de supériorité.
- Un bon petit rappel sur ce qu’était les Etats-Unis à l’époque et l’Europe où, les individus de couleurs étaient tout de même mieux acceptés en tant qu’être humains – eh oui, cela peut en surprendre certains mais, lors des deux Guerres Mondiales, les soldats américains noirs ont connu une sacrée surprise en traversant l’Atlantique. Je vous laisse imaginer leurs sentiments en rentrant chez eux…

Points Négatifs :
- Tellement bon qu’il en est… trop court, ce, malgré ses plus de deux heures. Il faut dire que je n’aurai pas été contre une fin un poil plus développée et que j’aurai souhaité connaitre le sort de tous les protagonistes – quid donc de Laura McAllan, est-elle restée dans sa vie de misère ? Probablement, mais bon…
- Quelques petites facilitées scénaristiques ici et là, mais bon, rien de bien grave.

Ma note : 8/10

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