lundi 5 juin 2017

THE BIRTH OF A NATION


THE BIRTH OF A NATION

Trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave cultivé et un prédicateur très écouté. Son propriétaire, Samuel Turner, qui connaît des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté…


The Birth of a Nation
Réalisation : Nate Parker
Scénario : Nate Parker
Musique : Henry Jackman
Production : Bron Studios, Mandalay Pictures, Phantom Four et Tiny Giant Entertainment
Genre : Drame historique
Titre en vo : The Birth of a Nation
Pays d'origine : États-Unis
Langue d'origine : anglais
Date de sortie : 07 octobre 2016
Durée : 110 mn

Casting :
Nate Parker : Nat Turner
Armie Hammer : Samuel Turner
Mark Boone Junior : le révérend Walthall
Colman Domingo : Hark Turner
Aunjanue Ellis : Nancy Turner
Dwight Henry : Isaac Turner
Aja Naomi King : Cherry
Esther Scott : Bridget Turner
Roger Guenveur Smith : Isaiah
Gabrielle Union : Esther
Penelope Ann Miller : Elizabeth Turner
Jackie Earle Haley : Raymond Cobb
Tony Espinosa : Nat Turner, jeune
Jayson Warner Smith : Earl Fowler
Jason Stuart : Joseph Randall
Aiden Flowers : John Clarke, jeune
Griffin Freeman : Samuel Turner, jeune
Justin M. Smith : Jethro
Jeryl Prescott : Janice
Tom Proctor : E.T. Brantley
Steve Coulter : le général Childs
Katie Garfield : Catherine Turner
Dominic Bogart : Hank Fowler
Brad Schmidt : le lieutenant Akers
Nicole Davis : Angel

Mon avis : Reprenant le même titre que le célèbre film de Griffith, sorti en 1915 et sans nul doute l’une des œuvres cinématographiques les plus racistes de tous les temps, The Birth of a Nation, version 2016, prend le contre pied de son prédécesseur en mettant en avant le sort des esclaves et, plus précisément, en s’intéressant a la révolte de ces derniers en 1831, révolte qui vit la mort d’une soixante de blancs – hommes, femmes et enfants – et d’une centaine de noirs, suite aux représailles. Un sujet polémique, donc, pour un postulat de départ certes intéressant mais néanmoins clivant puisque, après tout, même si l’on peut comprendre le sentiment de révolte des esclaves et leur haine de leurs maitres, il est difficile de cautionner les massacres commis par ces derniers a l’encontre des femmes et des enfants. Mais bon, malgré ce fait, on était en droit d’attendre de ce The Birth of a Nation qu’il soit, au moins, aussi bon, par exemple, qu’un 12 Years a Slave qui, déjà, était loin d’être un chef d’œuvre absolu mais qui possédait suffisamment d’éléments pour nous toucher et nous émouvoir, or, après visionnage de la chose, il apparait que le film du sieur Nat Parker ne tient absolument pas la comparaison, loin de là… Ainsi, malgré un début pour le moins prometteur, il apparait rapidement que le réalisateur à souhaiter s’en tenir a une vision strictement clivante de la problématique de l’esclavage : non pas que je nie que le sort des esclaves était horrible et que bien des propriétaires terriens se comportaient comme des sadiques, mais, ne même pas proposer ne serais-ce qu’un personnage blanc plus ou moins positif, un minimum compatissant, faire l’impasse sur les idées progressistes des états du nord, c’est créer un raccourci facile qui, de mon point de vu, justifie l’injustifiable, c’est-à-dire, les massacres a venir. Ensuite, il y a pas mal d’incohérences, ici et là, comme ce mariage oh combien facile entre deux esclaves qui ne vivent même pas dans les mêmes plantations ou le fait que, dans l’affrontement final, une troupe armée de fusils se fait débordée et battre par des hommes uniquement pourvus d’armes blanches. Ajoutons a cela une contre vérité historique – Nat Turner ne se rend pas mais est retrouvé alors qu’il était en fuite, ce qui n’est pas tout a fait la même chose – et le fait que, histoire d’atténuer la chose, on ne voit que des hommes blancs adultes se faire tuer par les esclaves et on comprendra, très rapidement, que ce The Birth of a Nation se joue allègrement de la vérité, mettant en avant les éléments qui l’arrange et occultant les autres. C’est tout de même dommage car le sujet en lui-même mérite largement qu’on s’y attarde, qu’on le mette en avant, que l’on pointe du doigt ce passage honteux de l’histoire américaine, cependant, a un moment donné, jouer avec la réalité et occulter les faits, aussi déplaisants soient-ils – Nat Turner était loin d’être un saint mais sa révolte et sa lutte se comprennent aisément – desservent cette œuvre plus qu’elle ne la servent. Du coup, au final, plutôt que d’avoir droit a un bon film sur l’esclavage qui nous aurait touché, The Birth of a Nation version 2016 rate le coche alors que, en toute sincérité, au vue de l’histoire de cette révolte de 1831, il y avait vraiment de quoi faire beaucoup mieux…


Points Positifs :
- Sans atteindre des sommets, The Birth of a Nation est un film qui se regarde plutôt bien et assez plaisant, même, par moments. Le savoir faire américain a une fois de plus frapper, et il est clair que, malgré tous ses défauts, ce long métrage est loin d’être inintéressant, loin de là.
- Certaines scènes sont terribles et réussissent a nous toucher et oui, mille fois oui, s’il y a bien eu quelques propriétaires où le sort de leurs esclaves était plus ou moins correct, du moins, pour des hommes privés de liberté, la plupart du temps, c’était une horreur sans nom et, en regardant ce film, il faut se dire que la réalité était encore pire !
- Mettre en avant la fameuse révolte des esclaves du mois d’aout 1831 était, sans nul doute, une fort bonne idée.

Points Négatifs :
- Pour un film censé nous montrer la naissance d’une nation, je vois davantage une guerre entre deux peuples, les hommes blancs et les hommes noirs, où les premiers sont tous des salauds sans nom et les seconds des combattants de la liberté. Alors certes, la révolte des esclaves est compréhensible et on ne peut que prendre fait et cause pour eux, cependant, si le film aurait été plus nuancé, il aurait gagné en intérêt.
- Pourquoi occulter les massacres de femmes et d’enfants commis lors de la révolte ? Finalement, nier la réalité nuit plus au film qu’autre chose, surtout que l’on comprend parfaitement le sentiment de colère des esclaves et la haine qu’ils éprouvent vis-à-vis des blancs. Ici, on a plus l’impression que le réalisateur préfère occulter les faits dérangeants, histoire de nous présenter une histoire plus présentable de cette révolte.
- Quelques raccourcis navrants, peu de personnages qui marquent vraiment les esprits.
- Donner le même titre a ce film que le The Birth of a Nation de 1915, œuvre glorifiant le Ku Klux Klan, était un exercice casse gueule et il aurait fallut que la version moderne soit un chef d’œuvre incontestable, or, il n’en est rien, loin de là même…

Ma note : 6/10

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