L’ÉNIGME
DU CADRAN SOLAIRE
Obéissant
à un ordre de Marie de Médicis, sacrée la veille, le maître espion de Sully,
Valentin Raoul Rochefort, organise l'assassinat d'Henri IV mais, ne tenant
guère à ce que le projet aboutisse, il confie la tâche à un ancien instituteur
de province un peu illuminé. Malheureusement, le 14 mai 1610, l'instituteur
François Ravaillac profite d'un embouteillage dans les rues de Paris pour
poignarder mortellement le roi. Condamné à l'exil, Rochefort se rend en
Angleterre où, dès son arrivée, Robert Fludd, un disciple de Giordano Bruno, le
charge d’assassiner un autre roi, Jacques Stuart.
L’Énigme du Cadran Solaire
Auteur
: Mary Gentle
Type
d'ouvrage : Fantasy, Historique
Première
Parution : 25 novembre 2004
Edition
Poche : 27 janvier 2011
Titre
en vo : 1610 – A Sundial in a Grave
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Michelle
Charrier
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 1104
Mon
avis : Après avoir occuper ces derniers
mois avec le long et très bon Livre
de Cendres de Mary Gentle, j’ai
décidé de me plonger dans une autre œuvre de l’auteur, L’Énigme
du Cadran Solaire, et voir si ce roman me plairait autant que la saga de
Cendres et de sa troupe de mercenaires. Bon, disons le tout de suite – pourquoi
tourner autour du pot – L’Énigme du Cadran Solaire est un bon roman
qui ravira les amateurs du genre. Mais au fait, quel genre ? Peut-on parler,
avec cette œuvre, de Fantasy ? En toute sincérité, non, car en fait, Mary
Gentle nous a offert ici un sympathique roman de cape et d’épée, à l’écriture
moderne et qui renouvelle plutôt bien un genre que le simple quidam pourrait
penser, a raison par ailleurs, uniquement représentatif d’une époque révolue.
Car ici, que l’on ne se trompe pas, si le fantastique est présent, ce n’est que
de façon subtile, par le biais des fameuses prédictions du futur, et encore –
et c’est là où je pense que Mary Gentle démontre là tout son talent – celui-ci
est, chose rare, parfaitement explicable, voir presque plausible. Car
dans L’Énigme du Cadran Solaire, ne vous attendez pas à voir surgir
un dragon ou un vampire dans un moyen-âge de Fantasy de pacotilles. Non, ici,
et bien plus encore que dans Le Livre de Cendres a part ce fameux
don de prédiction – par les mathématiques puisque les dits devins n’ont aucun
pouvoir particulier si ce n’est de travailler dur en permanence afin d’essayer
de deviner le futur de l’humanité – tout le reste du récit est un roman de cape
et d’épée, certes moderne, mais qui ne dénote pas, finalement, des autres
œuvres du genre. Et finalement, quelque part, c’est tant mieux ! J’aime le
merveilleux, j’aime les monstres en tous genres, j’aime la SF, l’horreur etc.
mais de temps en temps, découvrir une œuvre différente, qui sort un peu du lot,
cela fait un bien fou. Bien évidement, je ne tiens pas à dévoiler l’intrigue de
ce – un poil trop – long roman, afin de ne pas gâcher le plaisir du lecteur qui
souhaiterais se plonger dans celui-ci, cependant, il est clair que ce qui fait
la grande force de L’Énigme du Cadran Solaire, c’est indéniablement
ses protagonistes : c’était déjà le cas dans Cendres, c’est à
nouveau le cas ici avec des figures plutôt marquantes. Ainsi, en premier lieu,
le sieur Rochefort, ex-gentilhomme et duelliste renommé dans le Paris du début
du dix-septième siècle, espion et homme de main du puissant Duc de Sully
– « le Chien de Sully » – nous avons la un personnage
principal plutôt original : en effet, ce n’est pas tous les jours que nous
avons la chance, je dis bien la chance, d’avoir un individu héros malgré lui,
au passé trouble, assez mesquin quant on n’y pense bien mais tout de même d’une
fidélité a toutes épreuves envers son protecteur, bien souvent jaloux, râleur,
et surtout, qui va passer l’intégralité du récit a désirer ardemment, mais
jamais de façon satisfaisante – Rochefort étant sur ce point le parfait exemple
de tout ce qui ne faut pas faire en amour – ce fameux désir « contre nature » envers son ennemi
intime du temps où il vivait a Paris, le très jeune Dariole (ah, là, je ne peut
vous en dire plus a son sujet sinon, cela serait vous gâcher indéniablement le
plaisir de la découverte du, ou des secrets de ce personnage), autre duelliste
aux talents exceptionnels. A ce duo s’ajoute un samouraï, qui pourrait dénoter
a première vue mais qui, finalement, s’adapte parfaitement bien dans
l’histoire, apportant sa propre vision du monde où il évolue, forcement
décadent pour lui tandis que ses compagnons trouvent curieux et son apparence,
et ses coutumes. Bien évidement, d’autres personnages apparaissent dans le
récit, que cela soit le fameux devin Robert Fludd, adversaire de nos héros mais
qui n’agit pas forcement pour une mauvaise cause, le Roi Jean I d’Angleterre,
une troupe de comédiens, une sorcière, Marie de Médicis et bien d’autres, mais
aucun n’a autant d’importance que les trois cités plus hauts, figures
marquantes et réussies, et qui, de part leurs relations, leurs disputes, leur
doutes et leurs espoirs, font passer un superbe moment au lecteur.
Malheureusement, L’Énigme du Cadran Solaire, aussi sympathique
soit-il, pèche un peu par ses longueurs : il faut dire que le roman de
Mary Gentle est long, très long – plus de 1000 pages – et que certains passages
sont un peu pénibles a lire par moments, surtout lorsque l’on a l’impression
que l’intrigue pourrait avancer un peu plus rapidement. Mais bon, en dehors de
ce défaut – déjà présent dans Le livre de
Cendres – force est de constater que L’Énigme du Cadran Solaire est
une œuvre qui cache bien son jeu et passe tour à tour du roman de cape et
d’épée au roman d’aventure, du fantastique au pornographique, du tragique au
comique avec une facilité et une légèreté qui en disent long sur le talent de
Gentle. Bref, un roman méconnu, certes, mais qui mérite le détour, pour peu que
l’on apprécie le genre, bien entendu…
Points
Positifs :
-
Un excellent roman de cape et d’épées qui brille par son originalité, ses
personnages, son intrigue et qui, malgré un coté résolument moderne, renoue
avec succès avec un genre un peu tomber en désuétude.
-
Le duo composé de Rochefort et de Dariole est tout simplement excellent :
entre le premier qui réussit a la fois a être un excellent duelliste, un maitre
espion reconnu et un type complètement paumé dès qu’il est questions de
sentiments, et le second – ou, la seconde – qui, malgré sa jeunesse, fait
tourner en bourrique son ainé, on ne s’ennui pas une seconde !
-
Un bon mélange entre personnages réels et figures historiques et où l’on
oscille allègrement entre l’imaginaire et l’Histoire.
-
On aurait put craindre que la présence d’un samouraï dans le récit apparaisse
comme incongrue, or, curieusement, celle-ci ne dénote nullement, loin de là.
-
Quasiment aucun élément de fantastique – en dehors de ces fameux calculs
mathématiques censés prévoir le futur – et, ma foi, c’est une fort bonne chose.
Points
Négatifs :
-
L’on retrouve ici les traditionnels défauts de Mary Gentle, c’est-à-dire, le
fait qu’elle ne peut pas s’empêcher de nous pondre un récit qui se perd en
longueurs qui sont le plus souvent inutiles. Ainsi, au lieu d’aller droit au
but, l’auteur préfère s’attarder sur des points de détails, multiplie les
dialogues qui n’apportent pas grand-chose et revient souvent sur certaines
scènes marrantes au début et lassantes au bout d’un moment…
-
Justement, sur ce dernier point, si les rapports sado-maso entre Rochefort et Dariole
sont sympas au début, a force de les multiplier, Gentle finit par lasser le
lecteur.
Ma
note : 7,5/10
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