MOTHER !
MOTHER
!
Dans
une maison en flammes, une femme brûle. Un homme, Lui, dépose délicatement un
diamant sur un support dans sa chambre. La maison calcinée retrouve son état
normal, se réparant toute seule. Une femme, Mère, apparaît et se réveille dans
son lit et appelle son mari, Lui, en l'appelant bébé. Ils vivent seuls dans
leur demeure isolée. Lui est un poète en manque d'inspiration, et son
comportement troublant perturbe son épouse ainsi que la tranquillité qu'elle a
su imposer chez eux. Elle est prise souvent de vertiges l'obligeant à prendre
des médicaments pour calmer ses crises. Elle ressent également un phénomène
étrange, un cœur qui bat à l'intérieur des murs de sa maison. Un soir, alors
qu'ils vivent tranquillement leur vie de couple, un homme frappe à la porte. Le
mari lui propose de passer la nuit chez eux sans demander l'avis de sa femme,
qui est étonnée de la gentillesse de son époux envers un inconnu. L'homme,
fumeur, gravement malade, se révèle être un admirateur de l’œuvre du poète. Alors
qu'elle dort, Mère est réveillée par la quinte de toux de l'inconnu. Elle le
découvre en train de vomir dans ses toilettes, soutenu par Lui, et aperçoit une
entaille sur le bas de son dos avant que son mari ne la cache. Le lendemain,
alors que l'homme habite chez eux, sa femme sonne à leur porte. Lui propose à
cette femme de rester également. Mère est de plus en plus perturbée par ces
personnages inconnus qui s'incrustent chez eux.
Mother !
Réalisation : Darren
Aronofsky
Scénario : Darren
Aronofsky
Musique : Jóhann
Jóhannsson
Production : Paramount
Pictures, Protozoa Pictures
Genre : Horreur
Psychologique
Titre
en vo : Mother!
Pays
d'origine : États-Unis
Langue
d'origine : anglais
Date
de sortie : 13 septembre 2017
Durée : 121
mn
Casting :
Jennifer
Lawrence : Mère
Javier
Bardem : Lui
Ed
Harris : L’homme
Michelle
Pfeiffer : La femme
Domhnall
Gleeson : Le fils aîné
Brian
Gleeson : Le fils cadet
Stephen
McHattie : Le fanatique
Kristen
Wiig : Le héraut
Jovan
Adepo : L’échanson
Emily
Hampshire : L’idiote
Laurence
Leboeuf : Une jeune fille
Mon
avis : Après Je
Veux Juste en Finir, long métrage pour le moins singulier qui flirtait
allègrement, par moments, avec le grand guignolesque mais qui traitait,
également, plutôt fort bien les sentiments que peuvent ressentir celles et ceux
qui, parvenus a la fin de leurs jours, constatent avec amertume qu’ils ont gâcher
leur vie, j’aborde aujourd’hui le cas de Mother !,
un film qui, de par sa conception et ses thématiques, va encore plus loin dans
le jusqu’au boutisme de la vision d’un auteur et qui, en aucune manière, n’est destiné
a tout le monde, bien au contraire ! Il faut dire que, dans le cas
présent, Mother ! est une œuvre très
particulière et qui, lors de sa sortie, en 2017, divisa tellement le public qu’une
majorité de celui-ci aura considéré ce dernier comme étant le pire film de l’année
tandis qu’une infime minorité aura jugé qu’il avait affaire a un chef d’œuvre,
rien que ça ! Après tout, il faut reconnaitre que Mother ! n'est pas un film à prendre à la légère : il ne
faut pas y aller en s'imaginant tout comprendre dès le premier visionnage dans
l'état d'esprit de consommation habituelle qu'on a tous lorsqu'on va au cinéma,
c’est-à-dire, à la recherche d'efficacité, de frissons, de jeu d'acteur
poignants et d'un scénario recherché. En fin de compte, la dernière réalisation
de Darren Aronofsky y correspond tout à fait mais il faut juste laisser le
temps à notre esprit de digérer et d'assimiler ce monstre cinématographique. En
ce sens, Mother ! est un chef-d’œuvre
et ceux qui le considèrent comme le pire film de l'année ont tout simplement
penser trouver la même efficacité qu'un blockbuster américain classique avec
des super-héros qui sauvent le monde ou des zombies qui envahissent la Terre.
Ne les prenez pas en compte, ils n'ont tout simplement pas fait l'effort de
comprendre, sauf que, à leur décharge, mystifiés par une bande annonce trompeuse,
ils s’attendaient a un film d’horreur classique et ils se sont retrouvés avec…
eh bien, comment dire… un truc totalement inclassable et limite
incompréhensible ! Pourtant, la première partie, qui, en soit, est ambiguë,
reste assez classique pour ne pas dire banale : ce couple qui semble vivre
une relation épanouissante dans leur nouvelle maison en pleine campagne est bousculé
par l'arrivée de deux inconnus qui investissent les lieux comme s'ils étaient
chez eux. L'ambiguïté et le mystère semblent être les maitres mots de cette
partie. L'atmosphère est pesante, voire étouffante avec ces prises de vue très
serrées sur les visages des acteurs, en particulier celui de Jennifer Lawrence,
qui, comme nous, est dans l'incompréhension et la surprise face à un tel
comportement. Si on regarde cette partie au premier degré, on pourrait penser à
des vieux films d'horreur comme Rosemary
Baby ou encore Amityville – La Maison
de l'Horreur, et, forcément, on risque d'être déçu car cette partie laisse
place à une seconde beaucoup plus étonnante mais très différente. Toujours sous
le joug de la métaphore, elle se montre plus violente, hétérogène, incohérente
et, plus on avance dans le film, plus se succèdent des scènes totalement
hallucinantes pour ne pas dire complètement absurdes tandis que nos certitudes
du début explosent littéralement en vol. Et la, justement, viens le gros
problème de Mother !, c’est-à-dire,
qu’il y a deux manières de voir ce film : soit au premier degré et on ne
peut qu’être dubitatif devant cette avalanche de grand n’importe quoi qui se
succède, soit, on comprend que tout cela n’est que métaphore et là, une fois
que l’on a saisit la vision de Darren Aronofsky, c’est-à-dire, que tout cela n’est
qu’une transposition des Évangiles,
que la jeune femme, c’est Mère Nature, que l’homme, le poète, c’est Dieu, que
les Ed Harris et Michelle Pfeiffer, ce sont Adam et Eve, que leurs enfants sont
Cain et Abel, que le diamant auquel tient tellement le poète, c’est la Pomme
interdite, que son bureau, c’est le Jardin d’Eden, que le bébé, c’est le Christ
qui finira sacrifié, que tous ces invités qui se comportent comme des trublions
et qui ne respectent rien, ce sont une représentation de l’Humanité en générale
et que celle-ci finira détruite a deux reprises par l’entremise de Mère Nature –
le Déluge et le feu – lassé de leurs méfaits et de leurs défauts – fanatisme,
guerre, non respect de la nature, etc. – et que, pour finir, le Poète / Dieu
qui ne peut s’empêcher d’être aimer par ces humains si détestables, reproduira
un processus de création du monde – la maison – pour un nouveau départ qui n’est,
en quelque sorte, qu’un éternel recommencement… Et là, forcément, si l’on
regarde Mother ! en comprenant
la vision de son réalisateur et ce qu’il nous montre à l’écran, forcément, on
ne voit plus du tout ce film de la même manière et il est difficile de ne pas
estimer que Darren Aronofsky est parvenu a un sacré coup de maitre !
Ajoutons à cela que le film est interprété par des acteurs incroyables et l’on admettra
que Mother ! est une expérience
cinématographique qu'on a très rarement l'occasion de vivre au cinéma. Après, bien entendu, cela reste un long métrage très
particulier qui en fera fuir plus d’un, probablement à raison au vu de sa
complexité, son jusqu’au boutisme et ses thématiques abordées qui ne sont pas
évidentes à saisir de prime abord. Cependant, si vous apprécier les films
franchement barrés et qui sortent des sentiers battus, il se peut que vous ne
soyez pas insensible a ce Mother !
qui reste, indéniablement, une expérience incroyable…
Points
Positifs :
-
Une fois que l’on a compris ce qui ce cache derrière cette histoire pour le
moins singulière, c’est-à-dire, qu’en fait, l’intrigue n’est qu’une très longue
métaphore de La Bible –
principalement de La Genèse, du Nouveau Testament et de L’Apocalypse – Mother ! apparait à nos yeux d’une toute autre manière et là,
franchement, on ne peut que saluer bien bas la maitrise artistique et scénaristique
de Darren Aronofsky qui nous livre ici une œuvre incroyable !
-
Indéniablement, ce film est servi par une petite flopée d’acteurs et d’actrices
exceptionnels : Jennifer Lawrence et Javier Bardem sont, bien entendu, les
têtes d’affiches, cependant, Ed Harris et Michelle Pfeiffer marquent les
esprits de par leur interprétation hallucinante de ce couple très spécial –
Adam et Ève !
-
Bien entendu, Mother ! est une
métaphore biblique, c’est un fait, cependant, on peut y voir aussi la
mégalomanie d’un homme, poète a ses heures, qui ne peut vivre heureux sans l’amour
que lui porte son public.
-
Visuellement, Mother ! est une
pure merveille et entre des décors de plus en plus inquiétants au fur et a
mesure de l’avancée de l’intrigue et des effets spéciaux plutôt sobres et
réussis, c’est un pur régal pour les yeux.
-
Bien évidement, pour apprécier au mieux un tel film, un second visionnage s’impose.
-
Une œuvre qui ravira, bien entendu, les amateurs de films totalement barrés et
qui aiment ce genre d’expérience cinématographiques inclassables…
Points
Négatifs :
-
Un film tellement jusqu’au boutiste, tellement spécial, limite incompréhensible
et qui, bien évidement, en fera fuir plus d’un. Il faut dire que Darren
Aronofsky va très loin dans sa vision et que son œuvre, d’une complexité
indicible, ne peut que diviser, certains, rarissimes, criant au génie, d’autres,
nettement plus nombreux, estimant que Mother !
n’est qu’un navet pompeux qui tombe très rapidement dans le grand guignolesque.
Ma
note : 8/10
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