dimanche 17 décembre 2017

BLOCK 109


BLOCK 109

Le 22 mars 1941, Adolf Hitler est assassiné. L'Histoire vient de basculer. Goering, Hess et de nombreux dignitaires du parti sont éliminés dans la foulée. Himmler devient chancelier et crée, deux ans plus tard, le Nouvel Ordre Teutonique pour contrer l'influence des SS. Juin 44, la première bombe atomique allemande est opérationnelle. Juin 45, l'opération « Nuit Noire » déclenche le feu nucléaire sur la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Le IIIème Reich n'a plus d'adversaire à l'Ouest. A l'Est par contre, la situation se complique. Les soviétiques se rapprochent sans que les nazis puissent tirer avantage de leurs nouvelles armes par crainte des retombées radioactives. La Wehrmacht, exsangue, manque de recrues. Le Grand Conseil autorise bientôt l'incorporation des sujets non allemands puis des femmes, sans que cela soit suffisant. En 1953, après la mort d'Himmler et alors que le tout puissant Hochmeister Zytek est à la tête du Reich, les savants allemands font une découverte inattendue. Alors qu'ils cherchaient à mettre au point le sérum du super-soldat, appelé le « Sang des Dieux », leurs recherches ont en fait permis d'élaborer un virus redoutable qui transforme n'importe quel être en monstre violent, incontrôlable et... cannibale. Zytek souhaite utiliser cette arme virale à grande échelle. Mais son véritable projet est encore plus terrifiant et pourrait causer la fin du monde. Entre les partisans de diverses factions se joue maintenant l'ultime bataille qui mettra fin aux horreurs nazies ou accouchera de la plus terrible.


Block 109
Scénario : Vincent Brugeas
Dessins : Ronan Toulhoat
Encrage : Ronan Toulhoat
Couleurs : Ronan Toulhoat
Couverture : Ronan Toulhoat
Genre : Uchronie, Guerre
Editeur : Akileos
Titre en vo : Block 109
Pays d’origine : France
Parution : 26 janvier 2010
Langue d’origine : français
Editeur français : Akileos
Date de parution : 26 janvier 2010
Nombre de pages : 204

Liste des épisodes
Block 109

Mon avis : Dans le petit monde de l’Uchronie, genre de plus en plus développé au fil des ans et qui a depuis longtemps, par le biais d’œuvres majeures, conquis ses galons de noblesse ainsi qu’un public fidèle et toujours enthousiaste, il est incontestable que la Seconde Guerre Mondiale est l’époque la plus utilisée, et ce, de loin. A cela j’ajoute bien évidement la fameuse question : « et si les nazis avaient gagné la guerre ? ». Bref, rien de neuf sous le soleil, on connaît l’histoire depuis le célèbre Maitre du Haut Château. Cependant, l’un des risques majeurs, lorsqu’un thème est trop souvent utilisée, et dans ce cas précis, on pourrait sans peine ajouter qu’il l’est trop, c’est qu’à force, naisse une certaine lassitude devant un tel manque d’originalité de la part des divers auteurs, toujours prêts a nous narrer pour la énième fois la victoire du Reich sur les alliés (peu importe de quel façon, là n’est pas le problème) plutôt que de s’intéresser a d’autres époques, d’autres lieux, d’autres peuples, ce qui est d’ailleurs dommageable puisque dans le fond, avec l’Uchronie, tout est possible ou presque et il y aurait vraiment de quoi faire. Mais bon, régulièrement, hop, on a droit donc a une nouvelle mouture sur la Seconde Guerre Mondiale (et la première alors ?), ce qui, j’en conviens, est tout sauf original. Pourtant, a la décharge de ces mêmes auteurs, avouons tout de même que ce conflit, ses protagonistes, les forces en présence justifient bien souvent un tel engouement ; de plus, le public est demandeur, c’est un fait. Alors, l’on pourra toujours râler devant de telles non prises de risques évidentes, voire même boycotter celles-ci, pour ne retenir que le meilleur, mais quoi qu’il en soit, et même si en découvrant la couverture et le synopsis de ce Block 109, les plus blasés d’entre vous se diront « oh non, encore eux ! », je vous demanderais de mettre vos idées reçues de coté une petite minute car incontestablement, cette fois ci, cela vaut vraiment le coup. Mais intéressons nous donc au postulat de départ de cette œuvre : Hitler, mort, Himmler le remplace avant de perdre la vie à son tour ; le nouveau dirigeant suprême du Reich est un parfait inconnu, un certain Zytek. L’Occident ? Ravagé par le feu nucléaire que maitrise l’Allemagne, l’Afrique servant de réservoir à celle-ci, l’Amérique Latine et l’Asie étant a feu et a sang, reste l’URSS en conflit avec les nazis depuis 1944. Sauf que cette fois ci, ceux-ci ont beaucoup de mal (où l’Uchronie rejoint un peu la réalité) et qu’au bout de huit ans, le Hochmeister Zytek envisage l’utilisation contre les slaves d’armes bactériologiques plutôt radicales qui feraient passer le virus Ebola pour la simple grippe porcine. Voici donc le synopsis de départ, plutôt accrocheur j’en conviens et qui m’a convaincu immédiatement pour l’achat de cette œuvre, car malgré ce que j’ai put écrire en préambule de ma critique sur le manque d’originalité de bien des œuvres uchroniques, j’ai énormément de mal a dire non a un récit se déroulant pendant le second conflit mondial. Cependant, tout en étant enthousiaste, je m’étais dit que je n’allais pas placer la barre trop haute, que je risquais d’être déçu etc. A ce moment là, c’était compréhensible, je ne m’attendais pas a ce qu’était véritablement ce Block 109, et d’ailleurs, même si je m’étais amuser à réfléchir à toutes les hypothèses possible et inimaginables, je pense que je n’aurais jamais trouvé (au pire, j’aurais eu des soupçons, et encore). Car les deux auteurs, parfaitement inconnus au bataillon à mes yeux ont sut créer une œuvre plutôt réussie tant par le fond que par la forme, une œuvre où le lecteur s’attend a la base a suivre les pérégrinations de quelques soldats allemands aux prises avec ces fameux infectés dans des scènes dignes parfois de Alien ou de Resident Evil (surtout celui la d’ailleurs) tout en se demandant bien qui pouvait être ce mystérieux Zytek et quels sont ses buts alors qu’en fait, le véritable intérêt de cette bande dessinée est tout autre : déjà, tout tourne autour du nouveau maitre du Reich (qui est il, pourquoi agit il ainsi etc.) et de ses objectifs, bien moins évidant que l’on pourrait le croire a première vue, ensuite, il ne faut pas négliger les autres dirigeants nazis, des plus connus aux plus obscurs et des diverses lutes de pouvoir en cour, d’ailleurs, il est particulièrement jouissif de les voir déambuler, au milieu de protagonistes crées pour l’occasion, avec leurs travers, souvent poussés a leur paroxysme et de les voir se faire dégommer par des auteurs qui s’en donnent a cœur joie. Du coup, les personnages que l’on croyait être les héros au départ, les quelques soldats du front russe, ont une importance moindre que celle supposé, tout en étant présents du début à la fin du récit. Récit soit dit en passant que l’on lit, pour ne pas dire dévore d’une traite, et ce, malgré ces deux cent pages, en particulier a partir du milieu, où le scénario et les véritables motivations de chacun commencent à se faire jour et qu’il devient tout simplement impossible, sauf cas de force majeure, de stopper la lecture avant l’ultime page. Bien évidement, le style graphique pourra en rebuter quelques uns de part sa simplicité affichée, tout en crayonnés : l’ensemble, dynamique à souhait est d’ailleurs plutôt avare en couleur dans lesquels le sépia domine largement, une petite étoile rouge par ci, une croix gammée par la, du sang, quelques flammes, encore du sang, quelques pages colorées pour les souvenirs de Zytek et hop, encore du… sang, bien évidement. Personnellement, ce style ne m’a guère choqué même si j’ai parfaitement conscience que celui-ci ne fera probablement pas l’unanimité parmi ceux qui ne jurent que par des graphismes plus conventionnels. Mais ce qui fait également la force de cette BD, c’est qu’en partant d’un postulat de départ pas franchement original, les auteurs, de part leurs divers talents et leurs soucis du détail, ont su créer un univers diablement cohérent et suffisamment surprenant pour le lecteur qui ne pourra qu’être surpris par le dernier tiers du récit ; certes, l’ultra violence règne et n’est nullement occultée, mais de grandes questions digne d’une épreuve de philo du bac comme « l’espèce humaine mérite t’elle d’être sauvée » ou bien « jusqu'à quelle extrémité doit on aller pour ses convictions, aussi louables soient elles a la base » donnent plus a y réfléchir que l’on aurait put le croire en découvrant la couverture et les premières pages de cette bande dessinée. Block 109 est incontestablement une réussite et qui, malgré quelques défauts, sort un peu des sentiers battus tout en utilisant des thèmes et des lieux maintes fois abordés. Certes, les dessins et la violence en rebuteront certains mais malgré ces faits, il est évidant que cette œuvre est bien plus profonde que l’on pourrait le croire a première vue et qu’il serait dommage de passer a coté pour cela. Quant aux autres albums existant dans cet univers et parus depuis, les critiques sont moins enthousiastes et je ne sais pas si je me lancerai dans leur lecture, mais bon, qui sait, un jour, si Block 109 ne fera pas son retour sur ce blog ?


Points Positifs :
- Même si l’uchronie mettant en scène la Seconde Guerre Mondiale est la thématique la plus utilisée dans le genre, force est de constater que ce Block 109 est assez réussi dans l’ensemble et se démarque assez bien de la masse, surtout lorsque l’on parvient sensiblement au milieu de l’intrigue et que l’on commence à comprendre les actions de certains protagonistes.
- Justement, même si les révélations peuvent sembler incroyables, elles ont pour elles de surprendre le lecteur qui ne s’attendait nullement à la tournure prise par les événements.
- Si on enlève le coté limite fantastique – le virus qui transforme les humains en monstres ou en super-soldats – il est évidant que le coté uchronique en lui-même est plutôt intéressant si l’on imagine que l’Allemagne aurait poursuivie la guerre sans Hitler.
- Un habille mélange entre figures historiques et personnages inventés.
- Les dessins de Ronan Toulhoat, tout en crayonnés et avec un choix de couleurs limité peu en perturbé plus d’un mais, personnellement, j’ai plutôt apprécié.

Points Négatifs :
- Il est clair que le style de Ronan Toulhoat est plutôt clivant et que certains n’accrocheront absolument pas à celui-ci.
- On peut tout de même se demander comment Zytek est parvenu à accéder au pouvoir alors qu’il part de nulle part…
- Il revient vite du front de l’est jusqu’à la Berlin le train bourré de SS, vous ne trouvez pas ?
- Encore une uchronie sur la Seconde Guerre Mondiale !

Ma note : 7,5/10

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