LES
ANNALES DU DISQUE-MONDE – LE GUET DES ORFÈVRES
Ça
chauffe dans les rues d'Ankh-Morpork. Entre les dragons qui explosent, les
meurtres inexpliqués et les feux d'artifice, ça sent le roussi. Le hic, c'est
que Sam Vimaire, le chef du Guet, prend sa retraire et se marie avec la
richissime Sybil Ramkin. Il doit rendre sa plaque à midi pétante et va avoir
besoin d'un petit remontant en voyant ses nouvelles recrues : l'agent Détritus
(le troll, très intelligent quand les nuit sont fraîches), l'agent Bourrico (le
nain) et l'agent Angua (la belle qui a tout de même un petit air...lupin !) qui
viennent grossir les rangs du Guet de nuit pour sa dernière enquête. Celle-ci
sera ardue : des morts bizarres, des gens qui le sont encore plus, un petit
chien nauséabond doué de parole et une arme mystérieuse. Et le Patricien qui
s'en mêle... Il va falloir la jouer fine !
Les Annales du Disque-Monde – Le Guet des
Orfèvres
Auteur
: Terry
Pratchett
Type
d'ouvrage : Fantasy Burlesque
Première
Parution : 03 avril 1993
Edition
Française : 18 août 2011
Titre en
vo : Men
at Arms
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Patrick
Couton
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 416
Mon
avis : Le quinzième tome des Annales
du Disque-Monde voit le retour, pour notre plus grand plaisir, du Guet
municipal d'Ankh-Morpork. Pour rappel, nous avions laissé le capitaine Vimaire
et ses agents, à l’issu de Au
Guet !, alors qu’ils avaient réussis à débarrasser la plus grande citée
du Disque de la menace d’une organisation secrète et d’un dragon. Mais après
tant d’exploits, nos agents municipaux du Guet de nuit pouvaient-ils retourner
à la routine quotidienne ? Pas aussi simple que cela, comme il fallait s’y
attendre. L’histoire débute peu de temps avant que Samuel Vimaire ne quitte son
poste afin d’épousée sa bien aimée, Dame Sybil Ramkin, ce qui ne semble pas
l’enchanter outre mesure. En effet, celui-ci à énormément de mal à se faire à
l’idée qu’il ne doive plus travailler, et, de plus, son Guet tant aimé,
accueille de nouvelles recrues issues des minorités visibles de la ville : un
nain, un troll et une femme (oui, celles-ci font partie des minorités,
également). Mais comme les ordres du Patricien ne se discutent pas, les agents « historiques » du Guet doivent faire
bon gré mal gré, sauf, comme il fallait s’y attendre, le caporal Carotte (oui,
il à été promu entre-temps), toujours aussi enthousiaste. Cependant, des
meurtres étranges commencent à avoir lieu, apparemment sans lien au début, mais
quelques indices vont rapidement mettre la puce à l’oreille du futur ex-capitaine
Vimaire et de ses hommes, qui soupçonnent la Guilde des Assassins, de détenir
une arme terrifiante : le mystérieux Fousi… Si, l’effet de surprise ayant déjà fonctionné a plein régime avec l’excellent Au Guet !, on pouvait être moins enthousiaste,
de prime abord, avec ce Guet des Orfèvres,
je dois tout de même reconnaître que nous tenons là, une fois de plus, un
excellent volume du Disque-Monde et
il s’avère que cette seconde apparition de Vimaire et de ses hommes est tout
aussi bonne que la précédente. Terry Pratchett, dans ses œuvres, avait l’habitude
de dénoncer énormément des travers de notre monde réel, le tout sous couvert
d’humour et de personnages loufoques, et c’était là une des preuves de son
incommensurable talent : faire rire le lecteur avec des sujets graves. Et ce
quinzième tome des Annales n’en
manque pas, en commençant par le racisme. Forcement, ici, ce n’est pas de la
couleur de peau ou d’origines qu’il est question, mais d’espèces : Humains,
Nains, Trolls… auxquels s’ajoutent les femmes, minorité parmi les minorités
dans ce monde fantastique où elles n’ont le choix qu’entre deux professions :
épouses ou « couturières » (je vous
laisse deviner ce qui se cache sous cette appellation…). Et si, tout au long de
l’intrigue, la question du rapport à l’autre est régulièrement mis en avant,
avec les éternels préjugés d’abord, l’acceptation de la différance ensuite,
d’autres thèmes n’en sont pas en reste, en particulier celui des habitudes
d’une communauté, représenté ici par les fameuses guildes, ainsi que la façon
d’on ses membres voient et son jugés par le monde extérieur. Et si, il ne faut
pas perdre de vu que le principal intérêt de ce Guet des Orfèvres est de passer un agréable moment avec une enquête
passionnante riche en rebondissements, les thèmes abordés sont si bien
présentés et sont tellement imbriqués dans l’histoire, que ceux-ci viennent
l’enrichir, incontestablement. Surtout que les sujets présentés plus haut ne
sont pas les seuls : opposition entre riches et pauvres pour Vimaire, sentiment
de puissance absolue pour le porteur du Fousi et amour à priori impossible
entre Carotte et Angua. Alors, c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on se
plonge, une fois de plus dans les rues d'Ankh-Morpork, sur les traces du
mystérieux meurtrier avec un Guet qui ne ressemble plus vraiment à ce qu’il fut,
mené de main de maître par un Carotte royal. Bref, ce quinzième volume des Annales du Disque-Monde ne vous décevra
pas, vous avez ma parole. A la fois sérieux et intense, il garde néanmoins
l’humour habituel de la série, et ce, malgré des événements dramatiques, car le
Guet n’en sortira pas indemne, et plus rien ne sera comme avant à l’issu de
cette histoire. Un très bon Pratchett qui réussi encore à nous étonner et qui
évite de sombrer dans la routine.
Points
Positifs :
-
Terry Pratchett, dans Le Guet des
Orfèvres, s’attaque ici au racisme et au communautarisme et s’en sort à
merveille ; pointant du doigt les nombreux stéréotypes que chacun se fait
de ceux qui sont différents, les fausses idées, les haines ancestrales mais
aussi la peur de l’étranger sous toutes ses formes, l’auteur, par le biais de
la comédie, livre ici un ouvrage bien plus profond et – surtout – intelligent que
l’on pourrait le penser de prime abord.
-
Si le racisme occupe une place centrale dans l’intrigue, la place des femmes
dans la société n’est pas en reste et, finalement, on comprend rapidement
pourquoi Angua fait également partie des minorités visibles – et cela n’a rien à
voir quand au fait qu’elle soit une Louve-Garou.
-
Le sentiment de puissance que l’on éprouver avec les armes à feu. Eh oui, le
fameux Fousi de l’histoire en devient un personnage a part entière !
-
Un volume plus dramatique que d’habitude – un personnage important perd la vie –
mais qui n’en reste pas moins drôle, avec un humour plus subtil, moins potache
et plus réussi.
-
Mine de rien, on note, au fil des tomes, une évolution chez les héros de
Pratchett : ainsi, ici, le Guet devient plus important, Vimaire monte en
grade, Carotte devient un véritable héros, loin du personnage naïf qu’il était
jusque là, etc.
Points
Négatifs :
-
Peut-être que ceux qui ne jurent que par les premiers albums, plus comiques, regretteront
que cet ouvrage soit un peu plus sérieux et que l’humour soit plus subtil, se
fasse plus rare.
-
Même si Le Guet des Orfèvres est
assez bon, il était difficile pour lui de passer après cette pure merveille que
fut Au Guet !
Ma
note : 8/10
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