ELMER
En
ce mois d’octobre 2003, Jake se réveille au beau milieu de la nuit. Vue l’heure
très tardive à laquelle son cauchemar l’a sorti de son sommeil, il surfe sur le
net. Il déprime en voyant les informations concernant la grippe aviaire, mais
se réjouit en tombant sur des photos dénudées d’Anna Rosie, une actrice qu’il
trouve irrésistible. Plus tard dans la matinée, il se rend à un entretien
d’embauche. Il en est aussitôt refoulé et ne comprend pas pourquoi. Son CV est
pourtant éloquent, ses qualités nombreuses... Jake est persuadé que si la
recruteuse ne veut pas de lui, c’est tout simplement parce qu’il est un poulet.
Il ne peut y avoir d’autres explications. Mis dehors par les vigiles de la
société, le gallinacé rend ensuite visite à sa sœur qui travaille à l’hôpital.
Celle-ci lui explique que les choses ont changé et que les poulets ont tous
leur place dans la société actuelle. En rentrant chez lui, Jake apprend que son
père Elmer est gravement malade. Il prend donc le bus pour aller le voir. Il
retrouve toute sa famille, mais peu après, son paternel décède. Jake est
décontenancé. Sa mère lui lègue alors le journal intime que tenait son père. La
haine que Jake portait jusqu’ici pour les humains change peu à peu…
Elmer
Scénario : Gerry Alanguilan
Dessins
: Gerry Alanguilan
Encrage : Gerry Alanguilan
Couleurs : Gerry Alanguilan
Couverture : Gerry Alanguilan
Genre : Chronique
sociale
Editeur
: Slave Labor Graphics
Titre
en vo : Elmer
Pays
d’origine : Etats-Unis
Parution
: 24
novembre 2010
Langue
d’origine : anglais
Editeur
français : Çà et là
Date
de parution : 24 novembre 2010
Nombre
de pages : 141
Liste des
épisodes
Elmer
1-4
Mon
avis : Cela faisait très longtemps,
grosso modo, sept ans, que je souhaitais lire ce fameux Elmer, œuvre pour le moins atypique de Gerry Alanguilan où,
subitement, et sans grande explication, du jour au lendemain, les poulets
accédaient a l’intelligence et a la conscience de soit. Un postulat de départ
pour le moins singulier, il faut en convenir, mais fort propice pour nous
proposer une belle critique sociale sur nous-mêmes, puisque, il faut le
reconnaitre, si une telle chose arriverait dans le monde réel, si une espèce
animale deviendrait subitement intelligente, je pense que la réaction de l’humanité
ne serait pas tout de suite positive, bien au contraire. C’est donc sans grande
surprise que, a la lecture de cet Elmer,
le lecteur tombe tout de suite dans une critique sociale du plus bel effet, l’auteur
usant de son postulat incroyable pour montrer les nombreux défauts de l’humanité,
toujours prompte a taper sur son voisin, encore plus si celui-ci est différent.
Les amateurs du genre, c’est-à-dire, d’œuvres un peu plus complexes que la
moyenne seront bien évidement ravis par le propos de cet Elmer, surtout que, en plus d’une partie graphique qui, en toute
sincérité, est superbe – et dire que Gerry Alanguilan est surtout connu dans le
monde des comics qu’en tant qu’encreur – le scénario, lui, mérite le détour et
on tombe très rapidement sous le charme de cette histoire familiale où se mêlent
ressentis, regrets, amour mais aussi, ne l’oublions pas, d’autres thématiques
plus large comme les relations sentimentales envers ceux jugés différents, le
racisme, les excès en tout genre, mais aussi, car l’espoir existe aussi, l’amitié,
malgré les différences. Elmer est
donc une œuvre fort réussie, sans grandes surprises, il faut le reconnaitre,
mais qui, par sa profondeur amène le lecteur a la réflexion : après tout,
ne soyons pas dupes car si dans ce comics, ce sont les poulets qui sont pointer
du doigt par les humaines, dans un sens plus large, on pourrait les remplacer
par les noirs, les juifs et n’importe quelle autre communauté humaine qui, au
cours de l’histoire, auront été victimes de la sauvagerie de leurs « frères » humains…
Points
Positifs :
- Une
œuvre mature qui, sous couvert de fantastique – des poulets qui accèdent a l’intelligence,
il fallait oser – est en fait une fort belle critique sociale de l’espèce
humaine dans son ensemble. Les défauts, mais aussi les qualités de cette
dernière ne sont pas occultés et quand on pense a ce que l’Homme a put faire a ses
semblables, on se doute bien que face a des poulets intelligents, cela sera du
racisme puissance mille !
-
Elmer est également une belle histoire familiale, qui revient sur les joies et
les peines que tout a chacun peut ressentir au sein de la sienne, sur les
non-dits, les préférences, les regrets, etc.
-
Graphiquement, c’est une pure merveille et je trouve fort judicieux le choix du
noir et blanc de la part de Gerry Alanguilan.
-
Une couverture assez sobre mais néanmoins réussie.
Points
Négatifs :
-
En tant que critique sociale, il faut reconnaitre que d’autres œuvres ont déjà
été bien plus loin et qu’il manque peut-être un petit plus – quelques pages – a
Elmer pour devenir un chef d’œuvre absolu.
-
Dommage que cette bande dessinée n’est pas été un peu plus longue : il y
avait peut-être de quoi en faire un peu plus, surtout vers la fin.
Ma
note : 8/10
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