LA CHENILLE
La
guerre est finie et nombreux sont les soldats à revenir morts. Lors de
l’enterrement d’un militaire, des femmes félicitent Tokiko Sunaga car son mari,
qui s’est illustré dans les combats, va revenir vivant. Blessé certes, mais
vivant. Pourtant, lorsqu’elle retrouve son mari à l’hôpital, Tokiko est
révulsée et s’évanouit. En effet, l’homme s’est vu amputer les bras et les
jambes, son visage est défiguré et ses blessures l’ont rendu sourd et muet.
Désormais, Tokiko va prendre soin de son mari et c’est avec beaucoup
d’attention qu’elle s’occupe de lui. Tous admirent la dévotion de Tokiko,
ignorant qu’elle-même est dégoûtée par l’apparence de son mari qui lui fait
penser à une grosse chenille répugnante. Pourtant, elle finit par s’y habituer
et s’adonne à des plaisirs charnels avec ce qu’il reste de son mari, ce dernier
étant finalement capable de lui donner du plaisir d’une manière qu’elle
n’aurait jamais imaginé...
La Chenille
Scénariste
: Ranpo
Edogawa
Dessinateur : Suehiro
Maruo
Genre : Ero
Guro
Type
d'ouvrage : Horreur, Erotique
Titre
en vo : Imomushi
Parution
en vo : 26 octobre 2009
Parution
en vf : 01 février 2018
Langue
d'origine : Japonais
Éditeur : Le
Lézard Noir
Nombre
de pages : 152
Mon
avis : Après vous avoir parler de La
Jeune Fille aux Camélias, œuvre du sieur Suehiro Maruo qui s’était
avéré être pour le moins singulière et qui intéressera plus particulièrement
les amateurs d’Ero Guro – genre de bande dessinée nippone qui mêle habilement l’horreur
à l’érotisme – intéressons nous à présent à un autre manga de l’artiste, une œuvre
qui, accessoirement, s’avère être nettement plus intéressante, La Chenille. Bien évidement, ici, l’on
retrouve bon nombre d’éléments, pour ce qui est de la forme, que nous avions
déjà vu dans La Jeune Fille aux Camélias :
scènes de sexe crues, corps informes et mutilés, indéniablement, La Chenille n’est
pas destiné au grand public et, encore moins, aux plus jeunes d’entre nous.
Cependant, là où La Jeune Fille aux
Camélias était, par moments, prétexte à nous présenter la débauche humaine
dans ce qu’elle a de plus contestable, avec La
Chenille, force est de constater que, scénaristiquement parlant, nous
sommes un ton au-dessus. Pour la petite histoire, ce manga n’est que la
relecture moderne d’une œuvre plus ancienne de Ranpo Edogawa et qui date de l’entre
deux guerres. Ayant connu moult adaptations au fil du temps, La Chenille nous présente donc le destin
d’une femme, Tokiko Sunaga, qui doit s’occuper seule et sans ressources de son
mari, ancien officier qui est revenu de la guerre entièrement mutilé – ainsi,
ce dernier, en plus d’être devenu sourd et muet, ne possède plus de membres. Au
début de l’intrigue, on se dit que cette épouse est bien courageuse et qu’il en
faut des tripes pour s’occuper ainsi d’un homme qui, pour son plus grand
malheur, a survécu à la guerre. Cependant, petit à petit, on se rend compte que
les choses sont un poil plus compliquées que cela et que la relation entre ces
deux là dissimule une part d’ombre inavouable… S’adonnant à des jeux sexuels de
plus en plus grotesques, mari et femme, tour à tour maitre et esclave, vont se
détester, s’aimer, trouvant dans la débauche le seul exécutoire qui leur reste
face à ce monde hypocrite qui les a abandonner – la famille de l’invalide,
dégouté par celui-ci, ne se manifeste plus et le gouvernement, lui, traite par-dessus
la jambe les anciens combattants. Cela nous offre des scènes souvent
dérangeantes de par la crudité de celles-ci, cependant, ces dernières ne
tombent jamais dans la facilité vu qu’elles nous permettent de mieux comprendre
la relation de ce couple décidément hors norme. Bien entendu, je n’en dirais
pas davantage, me contentant de dire que, comme il fallait s’y attendre, il n’y
aura pas de happy-end et que, en toute sincérité, on ressort de la lecture de La Chenille en se posant pas mal de
questions au sujet de la guerre et de l’hypocrisie humaine. Bref, vous l’avez
compris, voilà un manga dérangeant et qui n’est peut-être pas à mettre entre
toutes les mains mais qui, ma foi, mérite largement que l’on s’y attarde, ne
serais-ce que sa thématique, bien plus profonde qu’on pourrait le penser de
prime abord…
Points
Positifs :
-
Indéniablement, La Chenille est bien
plus qu’un simple manga d’Ero Guro et son scénario s’avère être plus
intéressant qu’on aurait put le penser. Ainsi, nous avons là une œuvre plutôt antimilitariste
et qui, en nous dévoilant les profondeurs de l’âme humaine, nous amène à
réfléchir sur pas mal de choses.
-
Tokiko Sunaga, femme forte et fragile, a la fois dégoutée par l’apparence de
son mari mais qui ne peut s’empêcher de se livrer sexuellement à celui-ci, est
un personnage plutôt complexe et franchement réussi !
-
Graphiquement, il faut reconnaitre que Suehiro Maruo livre une fort belle prestation
et que son style réaliste qui ne nous cache rien, bien au contraire, est l’une
des grandes forces de ce manga.
-
Bien entendu, les fans d’Ero Guro seront en terrain familier et apprécieront
grandement cet album.
-
Une couverture simple mais plutôt réussie dans son genre.
Points
Négatifs :
-
Il ne faut pas se mentir : La Chenille est une œuvre très
spéciale, réservée à un public avertit et dont le nombre conséquent de scènes
de sexe risque d’en faire fuir plus d’un.
-
Une œuvre absolument pas grand public pour un sou et je pense qu’il faut avoir
le cœur bien accroché pour apprécier celle-ci à sa juste valeur…
Ma
note : 7,5/10
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