dimanche 1 novembre 2020

DOOMSDAY CLOCK


DOOMSDAY CLOCK
 
Il y a trente ans, sur une Terre où le cours de l'Histoire a évolué de manière bien différente, un justicier milliardaire nommé Ozymandias a tenté de sauver l'humanité d'une guerre nucléaire imminente en concevant une machination effroyable... et réussit. Mais, ses plans ayant été révélés, ce dernier dut prendre la fuite et tente à présent de retrouver le seul être capable de restaurer un équilibre sur sa planète : le Dr Manhattan, surhomme omnipotent. Un seul problème s'offre à lui : le Dr Manhattan a quitté sa dimension pour visiter celle de la Ligue de Justice et interférer avec le cours des événements, manipulant à leur insu les héros de cet univers. Mais pour Ozymandias, ce défi n'est qu'un obstacle de plus dans sa quête d'une paix éternelle pour son monde et ses habitants : résolu, il décide de franchir la barrière entre les dimensions quitte à y affronter ces métahumains.
 

Doomsday Clock
Scénario : Geoff Johns
Dessins : Gary Frank
Encrage : Gary Frank
Couleurs : Brad Anderson
Couverture : Gary Frank
Genre : Super-Héros
Editeur : DC
Titre en vo : Doomsday Clock
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 22 novembre 2017 – 18 décembre 2019
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 23 octobre 2020
Nombre de pages : 448
 
Liste des épisodes
Doomsday Clock 1-12
 
Mon avis :
 Si Watchmen, œuvre du génialissime Alan Moore pour le scénario et de Dave Gibbons pour les dessins fut, indéniablement, un des plus grands si ce n’est le plus grand comics de tous les temps, force est de constater que, depuis quelques années, cette œuvre culte aura été au cœur de bien des polémiques, que cela soit par le biais du toujours ombrageux Moore qui estime que sa création se suffit à elle-même et qu’aucune adaptation ou suite n’était nécessaire, mais aussi, bien entendu, par les nombreux fans de la première heure qui ne se sont pas laissés abusés par le coté pécunnier de la chose. Pourtant, au sein de ces derniers, il existe deux catégories : les jusqu’au bouliste et les autres, dont je fais parti qui se sont pas dupes quand a la volonté de DC de se faire de l’argent facile sur le dos de l’œuvre originale mais qui n’en considèrent pas moins que, à chaque fois que celle-ci a eu droit a une adaptation ou une suite, eh bien, qualitativement, c’était plutôt pas mal ! Ainsi, que cela soit le film, datant déjà de 2009, franchement bon, Before Watchmen, première suite dont je n’ai lu que la partie consacrée aux Minutemen – la seule qui m’intéressait – ou l’excellente série de chez HBO dont je vous ai parler il y a quelques mois, force est de constater que je n’ai jamais été déçu par ses adaptations et autres suites qui auront tellement fait hurler Alan Moore et bien des fans. Mais ce n’était pas tout à fait finit car on se doutait bien que DC n’allait pas abandonner sa poule aux œufs d’or, surtout après la série de 2019 qui, qualitativement et artistiquement parlant, était proche de la perfection, sauf que, cette fois ci, la maison d’édition allait oser aller encore plus loin et réunir, dans une seule mini-série, l’univers si particulier de Watchmen a son principal, c’est-à-dire, celui de Superman, Batman et compagnie. Une hérésie !? En toute franchise, à première vue, oui, incontestablement, cependant, même si ce n’était pas vraiment une surprise puisque après Flashpoint, on avait eu pas mal d’indices sur ce rapprochement dans le très moyen Le Badge, j’attendais néanmoins de voir ce que ce Doomsday Clock – puisqu’il est grand temps de le nommer – allait nous proposer. Après tout, cela ne servait à rien de s’indigner et de hurler à l’hérésie avant de lire ne serais-ce qu’une seule page de cette mini-série, autant en juger par moi-même et voir si le contenu serait bon ou non et, ma foi, sur ce point, je ne perdrait guère de temps à tourner autour du pot, si l’on peut estimer que DC tire un peu trop sur la corde, qu’ils ont fait tout cela pour de l’argent au détriment de la pure création artistique – mais de leur coté et chez Marvel, cela fait longtemps que l’on n’attends plus grand-chose d’original – force est de constater que Doomsday Clock est, dans l’ensemble, franchement bon, ce, même si l’on peut estimer que la mini-série souffre de quelques défauts qui en agaceront certains. Ainsi, comment ne pas reconnaitre qu’en reprenant le processus narratif de Watchmen – c’est-à-dire, les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan, une histoire fictive dans l’histoire (celle de Nathaniel Dusk) les renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre – Doomsday Clock se veut une copie conforme de Watchmen, le talent en moins. De plus, si certains y verront un bel hommage à l’œuvre originale, pour d’autres, tout cela n’est qu’une succession de clichés. Ensuite, il y a une belle succession de scènes toutes justes destinées à créer le buzz : Rorschach contre Batman et le Joker, Ozymandias opposé à Lex Luthor, mouais, un peu trop facile tout cela. Ajoutons à cela un postulat de départ pour le moins contestable – à la fin de Watchmen, le Dr Manhattan fuit son univers pour celui de DC – et vous pourrez vous dire : mais pourquoi diable ais-je dis que Doomsday Clock était bon voir même très bon !? Eh bien, en fait, pour son dernier tiers qui, à lui tout seul, non seulement sauve les meubles mais aussi et, surtout, fait de cette mini-série une œuvre à la fois bien plus surprenante que prévue mais, aussi, nous offre une fort intéressante réflexion sur l’adaptation des personnages de fiction dans un cadre méta-contextuel. En effet, le Dr Manhattan comprend bien qu’il se passe quelque chose de différent sur cette Terre, qui voit un Superman débarquer de nombreuses fois dans sa capsule au fil des années, commençant en 1939 et se terminant sur le reboot du New 52 sans éclipser les différentes versions de John Byrne et d’autres auteurs. Ce qui provoque à chaque fois des disruptions dans la continuité, qui ne peut être expliquée que par l’intervention des scénaristes et des éditeurs de la compagnie. Et, sans toutefois les nommer ou se mettre lui-même en scène, Geoff Johns propose via la connaissance du Dr Manhattan une solution permettant d’expliquer tous les relaunchs et reboots passés ou futurs de la compagnie. De fait, le scénariste trouve une solution aux problèmes de continuité en créant le Metaverse, univers uniquement dicté par la volonté des auteurs qui se penchent sur le destin des personnages de fiction. Cela peut paraitre pour le moins oser et difficile à comprendre en lisant cette critique mais je peux vous assurez que cela passe très bien au cours de la lecture. Ajoutons à cela que Geoff Johns nous offre une fort belle déclaration d’amour à Superman qui apparait comme étant la pierre angulaire de l’ensemble de l’univers DC, son personnage le plus important, ce qui est plutôt amusant vu que bon nombre de fans n’ont yeux, eux, que pour Batman… Au final, Doomsday Clock apparait comme étant une œuvre qui en fera hurler certains, à raison, et qui plaira grandement à d’autres, à raison également : bien entendu, nous sommes à mille lieux du chef d’œuvre absolu d’Alan Moore et le lien avec le Watchmen original, finalement, n’aura jamais été aussi lointain, cependant, pour son dernier tiers, excellent, pour la partie graphique de Gary Frank qui dessine l’intégralité des douze épisodes, pour l’utilisation du Dr Manhattan, plus réussie que prévue, pour ses réflexions et ses constatations sur cet univers toujours changeant et, bien entendu, pour Superman, Doomsday Clock mérite le détour et reste, pour les fans du genre, un des incontournables a lire cette année : après, on n’est pas obliger de l’aimer, bien entendu, mais pour pouvoir le critiquer, encore faut-il le lire !
 

Points Positifs
 :
- Il était évidant que Doomsday Clock avait tout du projet casse gueule avant même que ne soit paru son tout premier épisode, pourtant, malgré ses défauts, malgré toutes les critiques, il apparait grandement que cette mini-série s’en sort avec les honneurs et que même si elle n’est pas parfaite, elle n’en reste pas moins comme étant un des comics à lire cette année, ne serais-ce que pour son dernier tiers, franchement éblouissant !
- La dernière partie, justement, de la mini-série, est tout simplement magistrale quand a sa réflexion sur l’adaptation des personnages dans le monde des comics ainsi que les explications proposées quand aux divers relaunchs et autres reboots propre au médium. C’est osé mais plutôt bien trouvé.
- De manière surprenante, Doomsday Clock est une belle déclaration d’amour à Superman qui apparait comme étant la pierre angulaire de tout l’univers DC.
- Les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan, l’histoire fictive dans l’histoire et les renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre apparaitront, aux yeux de certains, comme un bel hommage à l’œuvre originale.
- Pour ce qui est de la partie graphique, Gary Frank dessine l’intégralité des douze épisodes et livre une prestation artistique que l’on peut qualifier de bonne dans l’ensemble.
 
Points Négatifs :
- Bien entendu, personne n’est dupe : Doomsday Clock reste une œuvre un peu artificielle dans sa conception et son postulat de départ – le Dr Manhattan qui débarque dans l’univers DC à la fin de Watchmen et qui est responsable de bien des changements dans celui-ci – apparait comme étant un poil bancale.
- Les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan, l’histoire fictive dans l’histoire et les renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre apparaitront, aux yeux de certains, comme une succession de clichés qui ne font que plagier l’œuvre originale.
- Rorschach contre Batman et le Joker, Ozymandias opposé à Lex Luthor… quelques scènes uniquement présente afin d’alimenter le buzz…
- Les fans les plus ultras de l’œuvre originale crieront à l’hérésie même s’ils feraient mieux de lire cette mini-série avant de la juger.
- A titre de comparaison, la série de HBO est nettement plus aboutie que Doomsday Clock.
- Parmi les douze couvertures de la mini-série, il fallait que les éditions Urban choisissent l’une des plus mauvaises : Rorschach et le Joker, c’est vendeur mais tellement convenu…
 
Ma note : 8/10

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