DE
CAPE ET DE CROCS – DE LA LUNE A LA TERRE
Le
roi des Sélénites, Jean, a été condamné à l'exil de son astre blanc vers le
soleil ! Après une dernière rime, de rigueur au pays des vers, il prend place
sur son bateau stellaire et s'envole définitivement vers d'autres horizons.
C'est le moment, pour nos amis terriens, de rentrer chez eux, et par le même
moyen. C'est alors qu'Armand, dont le cœur a chaviré pour Séléné, annonce à ses
amis son intention de rester avec elle : il l'aime et il n'a plus qu'à lui déclarer
sa flamme pour vivre heureux ! La lune n'est pas si loin de la terre et ce
n'est qu'un au revoir. Mais Don Lope le prévient : Séléné ne l'aime pas, lui.
Elle a choisi l'autre rimeur, le maître d'arme, leur ami au grand nez, certes,
mais à la verve aussi brillante que notre renard d'Armand... Hélas, les deux
bêtes sont fières, et l'entretien, pourtant parti d'un bon sentiment, finit en
jus de boudin : les deux amis se fâchent et se quittent au bord du duel...
Pendant ce temps, échoué sur le même astre, Don Cenile se balade dans une forêt
d'arbres en or, qui lui font venir la larme à l'œil. Toutes ces richesses sont
pour lui. Les fruits sont dorés, mêmes les champignons sont faits de ce métal
si cher à son cœur. De quoi perdre la tête ! C'est d'ailleurs là que le bateau
de notre troupe se dirige, poussé par les vents, en direction des monts
miroboliques, pour prendre leur élan, traverser le néant, le séant porté par
les rayons astraux vers l'atmosphère terrestre...
De Cape et de Crocs – De la Lune a la Terre
Scénario
: Alain Ayroles
Dessins
: Jean-Luc Masbou
Couleurs : Jean-Luc
Masbou
Couverture
: Jean-Luc Masbou
Editeur
: Delcourt
Genre : Cape
et Épée, Aventure
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution
: 11
avril 2012
Nombre
de pages : 48
Mon
avis : Sobrement intitulé De la
Lune a la Terre (difficile de faire plus explicite que cela), ce
dixième et dernier acte de cette magnifique saga qu’est De
Cape et de Crocs clôt assez bien toutes les intrigues en court, au
point même que, quelque part, il n’y ait pas de grandes surprises pour le
lecteur qui, après tant d’années, aurait peut-être espérer obtenir un final un
peu plus… comment dire… grandiose. Car avant toute chose, il faut avouer que si
ce dernier volume de la série est de bonne facture, force est de constater
qu’il est plus dans la lignée des deux, trois derniers albums que du début de
la saga : en effet, autant De Cape et de Crocs était
particulièrement jouissif dans ses premiers volumes, autant, dans les derniers
– est-ce un effet de la dramatisation à outrance des événements – l’humour,
moins présent, faisait que l’on pouvait parfois avoir un peu plus de mal à
accrocher au récit. Pourtant, en disant cela, il me fait néanmoins nuancer mes
propos : en aucun cas, je n’affirme que les derniers tomes de la série sont
dénués d’intérêt, non, loin de moi une telle idée, tout cela reste largement
supérieur à la moyenne habituelle des sorties BD, tous genres confondus. Mais
qu’il y ait une baisse de régime vers la fin est un constat qui, selon moi, se
doit de ne pas être occulter. Mais relativisons tout de même, De la
Lune a la Terre est une excellente fin, peut-être pas, aux yeux de
certains fans hardcores, la meilleure qu’ils pouvaient espérer, mais une bonne
conclusion, à la hauteur, en général, de l’ensemble de la série. Pourtant, de
ce que j’ai pu lire, ici et là, force est de constater que cette fin à diviser
les fidèles de la saga, bon nombre n’ayant pas apprécié, par exemple, certains
événements de ce dernier tome : ainsi, entre la dispute disproportionnée
entre les deux protagonistes principaux, le fait que Séléné, finalement,
préfère (attention spoiler) notre bon vieux Maitre d’Armes à ce pauvre Armand
de Maupertuis qui aura passer l’intégralité de la saga a la draguer ouvertement
pour rien, voir même, au fait qu’il y ait des morts dans cet album (pourtant,
ce ne sont pas les premiers) ainsi que les regards, plus que troublants,
d’Hermine envers ce fat d’Andreo – alors qu’elle est promise (du moins, ainsi
finis l’histoire) au mariage avec notre fougueux Hidalgo – bref, tout cela aura
donner du grain à moudre a une frange des amateurs de la saga. Pourtant, rien
de cela ne m’aura franchement gêné a la lecture de cet ultime tome :
est-ce par ce que je suis bon public ou pour d’autres raisons plus obscures,
mais, personnellement, même si c’est un peu tiré par les cheveux, le fait que
Séléné – un peu cruche tout de même – ait offert son cœur au Maitre d’Armes ne
m’a pas vraiment choqué – sur ce point, le fait qu’ici, ce soit Maupertuis
le « Cyrano » de l’histoire est assez marrant. Pour
la dispute, là aussi, je ne vois pas où est le problème ? L’amour rend
aveugle, certes, mais aussi fort colérique, et bien souvent, les plus grosses
disputes commencent par rien du tout. Des morts ? Mendoza meurt, oui, et
alors, le grand méchant de l’histoire y passe, franchement, il n’allait pas se
rédempteur subitement non plus ; quant au sacrifice du Caillou, j’ai
trouvé la scène, certes un peu gnangnan, mais juste dans l’histoire. Reste les
deux regards d’Hermine envers Andreo ; là, je l’avoue, je donne ma langue
au chat, surtout que, quoi que l’on dise, la série est bel et bien finie.
Alors, qu’on voulut dire les auteurs par ces regards ? Sincèrement, je
n’en sais rien. Et cela importe finalement peu car, au final, De la
Lune a la Terre, s’il n’est pas génialissime comme put l’être les premiers
tomes de la saga n’en reste pas moins une bonne conclusion, qui possède certes
quelques faiblesses, je ne le nie pas, mais qui, quand on pèse le pour et le
contre, n’en reste pas moins acceptable comme fin. L’intrigue s’achève, chacun
rentre chez soi, il n’y a plus guère de mystères, sauf, bien évidemment, celui
relatif a Eusèbe (mais cela, il fallait s’en douter qu’on ne le saurait jamais,
du moins, pas dans la série principale) et le final, certes ouvert, ne semble
pas annoncer un deuxième cycle aux aventures de nos deux bretteurs, mais
plutôt, le constat que quoi qu’ils veulent faire – y compris se ranger –
l’aventure prendra toujours le pas sur tout le reste. De Cape et de
Crocs m’aura donc accompagné pendant bien des années et, quelque part,
je dois avouer que Maupertuis et Villalobos, mais aussi tous les autres
protagonistes ainsi que cet univers en général, vont me manquer. Mais parfois,
il faut savoir s’arrêter quand il faut, et je pense que le moment est idéal
pour cela et qu’une suite avec les mêmes personnages n’apporterait pas
grand-chose. En tout cas, un grand merci à Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou
pour nous avoir offert une œuvre originale, drôle et souvent géniale ; une
œuvre qui, sans nul doute, marquera l’histoire de la BD de ces vingt dernières
années et que, si jamais vous ne la connaissez pas, je vous invite à découvrir
au plus vite : cela serait dommage de passer à côté d’un tel
plaisir !
Points
Positifs :
-
Une bonne conclusion, plutôt sobre et sans grande surprises, certes, mais qui
met un terme de fort belle manière a une saga qui aura marqué la bande dessinée
européenne lors de ces deux dernières décennies.
-
Le Prince Jean à nouveau exilé, Mendoza se fait tuer, Séléné choisi le Maitre d’Armes,
nos héros retournent sur Terre et, dans les grandes lignes, tout est bien qui
finit bien.
-
Le plaisir, pour la dernière fois dans la série principale, de retrouver des
protagonistes qui nous auront accompagné pendant des années.
-
Pour ce qui est des dessins, c’est sans la moindre surprise que l’on retrouve
un Jean Luc Masbou fidèle a lui-même, c’est-à-dire, excellent.
Points
Négatifs :
-
Si l’on doit être tout à fait objectif, cet ultime tome de la saga est un peu
dans la lignée des derniers volumes de celle-ci, c’est-à-dire, un poil moins
réussi que ceux des débuts, qui eux, étaient tout simplement excellents. Il faut
dire, a la décharge des auteurs, que dans un cycle, l’effet de surprise et le
plaisir de la découverte joue énormément lors des débuts.
-
Qu’a donc voulu laisser sous-entendre Alain Ayroles en nous montrant, a deux
reprises, Hermine regardant de manière singulière Andreo ? Car bon, non
seulement ce rapprochement n’est pas vraiment logique mais en plus, l’album s’achève
alors que la jeune femme est promise en mariage a Don Lope…
Ma
note : 8/10
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