LE
CYCLE D’ELRIC – STORMBRINGER
Et
ce fut l'Ere des Jeunes Royaumes. Des héros se dressèrent. Des prophéties
s'accomplirent. Près du Désert des Larmes, Elric au funeste renom crut trouver
un sursis en compagnie d'une femme. Le Chaos et la Loi rassemblaient leurs
forces en vue de l'assaut. Qui serait l'ultime victime ? Le prince albinos
regardait la lame noire qu'il avait tant haïe; elle avait tué ses amis et ses
maîtresses, volé leurs âmes pour soutenir ses forces évanescentes. Cette fois
elle voudrait plus. Il se sentait nargué. Alors il crut entendre un rire
sauvage emplissant l'univers des échos de sa joie impie. Et quand vint l'heure,
il comprit que c'était dérisoirement simple, et qu'il savait depuis toujours.
Le Cycle d’Elric – Stormbringer
Auteur
: Michael
Moorcock
Type
d'ouvrage : Dark Fantasy
Première
Parution : 10 mars 1965
Edition
Française : 31 mars 2006
Titre en
vo : Stormbringer
Pays
d’origine : Royaume-Uni
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Bénédicte
Lombardo
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 256
Mon
avis : Si depuis ses débuts, Le Cycle d’Elric
avait oscillé entre des tomes plus ou moins réussis et d’autres franchement
moyens, force est de constater qu’avec Stormbringer,
huitième volume et conclusion de la saga – mais pas le dernier puisque nous
n’en n’avons pas tout à fait finit avec Elric – nous atteignons ce qu’il faut
bel et bien appeler comme étant le summum de la série. Car bon, comment dire… Stormbringer est tout bonnement
grandiose, inoubliable, parfait de bout en bout : cette fois ci, il n’y a rien
à jeter, ce qui, dans les tomes précédents, ne fut pas toujours le cas. Ainsi,
dans ce huitième volume, composé de quatre vraies fausses nouvelles, Le retour du dieu mort, Les frères de l'épée noire, Le bouclier du géant triste et Le trépas du seigneur condamné, les
événements se bousculent à cent à l’heure, liant celles-ci les unes aux autres
dans ce qu’il faut bel et bien appeler un roman. Car, de la première à la
dernière page, le lecteur avance, aux cotés du Prince albinos et de son fidèle
compagnon Tristelune, dans une véritable descente aux enfers de l’horreur, où
les forces du Chaos, se lancent à la conquête du monde, ravageant tout sur leur
passage, écrasant les nations, modifiant la réalité, de façon inéluctable et
enchaînant victoires sur victoires tant leur supériorité est incontestable.
Sincèrement, en quelques décennies, j’ai put en lire des romans, des BD ou voir
des films de Fantasy, SF ou de fantastique, mais de mémoire, je n’ai jamais vu
une armée aussi monumentale, quasiment invincible, et qui ferait passer les
hordes de Sauron (vous savez dans quelle œuvre bien évidemment) pour des joyeux
drilles ou presque ! Et face à eux, un homme, une épée, un destin : Elric,
Stormbringer, bien évidement, quand au destin, on se doute bien que c’est de
s’opposer aux forces du Chaos et de les vaincre. Mais comme tout n’est pas
aussi simple dans le cycle d’Elric (ce genre de choses qui en font tout son
charme et toute la différence avec 90% de la production habituelle du genre),
ne vous attendez donc pas à que le monde doive être sauvé, car il ne le sera
pas. Ou, du moins, pas le monde que l’on à accompagner jusqu’à ce huitième
tome… Car tout trouve une fin dans ce tome, le monde d’Elric, vous l’avez déjà
compris, ses royaumes, ses habitants, sa culture, son histoire et tous les
protagonistes auxquels l’on s’était habitué, les uns après les autres, que cela
soit par le biais de combats ou, de façon de plus en plus récurrente, par
Stormbringer, l’épée maudite, la dévoreuse d’âme qui se révèle cependant
nécessaire pour vaincre le Chaos d’où elle est issue : encore une fois, ennemis
et amis du dernier souverain de Melniboné tombent sous ses coups, ses derniers
sans que celui-ci puisse y faire grand-chose ; destin maudit que celui d’Elric,
qui voit périr ses proches les uns après les autres par sa faute, qui ne trouve
jamais la paix et qui, en tant qu’avatar du Champion Eternel, lute pour
accomplir une destinée imposée et auquel il ne peut se soustraire. Le destin,
élément principal de ce huitième tome, contre lesquels hommes et Dieux en
personne ne peuvent rien, malgré tous leurs efforts et qui donne l’une des
scènes les plus marquantes du roman (qui en possède un tas pourtant) lorsque
Tristelune part assassiner le Géant triste alors qu’Elric lui avait laissé la
vie sauve, uniquement pour que le destin tracé suive son cours. Cette destinée
que nos héros, même s’ils savent qu’elle leur sera fatale, suivront jusqu’au
bout, afin qu’une nouvelle ère puisse naître dans les cendres de la précédente,
la leur, où tout sera oublier, y compris leurs noms et leurs exploits. Ce
destin inéluctable qui donne une mélancolie à l’ensemble, une profonde
tristesse à des protagonistes certes dépassés par les événements mais qui,
malgré la promesse d’une mort certaine, poursuivent leur lute jusqu’au bout,
tombant les uns après les autres. Ah ces morts dans Stormbringer, si semblables à celles que l’on peut voir dans le
chef d’œuvre de Kurosawa, Les Sept Samouraïs
; ici, pas le temps de s’attarder ou de s’apitoyer plus que nécessaire sur les
drames et de nombreux décès n’ont droit qu’a quelques lignes à peine, comme,
pour vous citer un exemple concret : «
ainsi péri Rackhir, l'archer rouge, dont la renommée en Orient etc. ». Et
l’on passe à autre chose sans s’éterniser de façon larmoyante et par certains
cotés, hollywoodienne pendant trois ou quatre pages, et ce, jusqu’au bout, avec
Tristelune, bien évidement, mais aussi et surtout Elric, qui finit tué par sa
propre épée, la maudite Stormbringer après avoir accomplis sa destinée funeste…
Un final qui en déroutera probablement plus d’un, non pas par le fait qu’Elric
meure par sa lame, mais par la façon brusque et rapide où cela arrive. Mais une
scène final que, même si je savais par avance ce qui allait arriver, j’ai
personnellement trouvé grandiose et d’une intensité rarement égalée et qui
vient clore une saga tout bonnement époustouflante. Stormbringer, vous l’avez compris, est tout simplement exceptionnel
et clôt un cycle entré depuis dans la légende du genre, même si, au bout de
quatre décennies après sa parution, le grand public lui ait préféré des œuvres
bien plus consensuelles. Ce qui est un peu dommage puisque Le Cycle d’Elric, de part ses innombrables qualités, ses idées sur
la lute de la Loi et du Chaos, ses protagonistes et surtout, pour son
personnage principal, tout simplement l’un des plus charismatique qui ait été
inventé dans le monde de la Fantasy, mérite amplement d’être lu. Mais tout
n’est pas vraiment fini puisque deux autres volumes, se sont vus greffés, par
la suite, à la saga : Elric à la fin
des temps et Les Buveurs d’âmes…
Mais ceci est, bien entendu, une autre histoire…
Points
Positifs :
-
Tout bonnement un chef d’œuvre, rien que ça ! Ce qui surprend, bien sur,
puisque le reste du cycle est de qualité pour le moins inégale par moments,
mais ici, dans cette conclusion des aventures d’Elric, Michael Moorcock, plus
inspiré que jamais, délaisse enfin le coté nouvelles pour nous proposer un
véritable roman a l’ambiance apocalyptique et mélancolique où tous les
protagonistes foncent vers leur destin, destin que l’on devine, bien entendu,
fatal.
-
Captivant de bout en bout, Stormbringer
est le point d’orgue du Cycle d’Elric :
il faut dire qu’il est impossible de lâcher la lecture de ce volume tant qu’on
n’en a pas lu la dernière ligne, l’auteur s’étant visiblement surpassé sur ce
coup là. Mais bon, d’un autre coté, ce n’est pas tous les jours qu’on a droit a
une fin du monde, que dis-je, la fin d’un univers, aussi spectaculaire !
-
Elric est sans nul doute l’une des figures les plus réussies de la Fantasy, et
si on le savait depuis longtemps, force est de constater que dans Stormbringer, il est tout bonnement
exceptionnel : plus tourmenté que jamais, en prenant plein la gueule a
chaque fois que l’un de ses proches meurt, décider a suivre son destin, malgré
le coté terrible de celui-ci puisque, après tout, en vainquant les forces du
Chaos, Elric doit faire table rase de son monde pour qu’en naisse un nouveau où
personne ne se souviendra de lui ni de ses exploits…
-
Les morts sont très nombreuses dans ce huitième tome du Cycle d’Elric et toutes marquent les esprits mais s’il y en a une
que l’on n’est pas prêt d’oublier, c’est bien évidement celle d’Elric, tué par
sa propre épée, la terrible Stormbringer !
-
Quatre prétendues nouvelles qui, en fait, forment un seul et unique récit, cela
change beaucoup de chose et permet à l’auteur de s’attarder sur son intrigue.
Points
Négatifs :
-
Une traduction et une version française oh combien discutable. Bien sur, Stormbringer n’est pas le premier titre de
la saga à être toucher, mais bon, entre les fautes de frappes, les nombreux
passages où on ne sait même pas qui est en train de parler et autres coquilles,
il est clair que l’intégralité du Cycle d’Elric
mériterait une nouvelle traduction.
Ma
note : 9/10
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