mardi 2 mars 2021

GRAN TORINO


GRAN TORINO
 
Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le vœu qu'il aille à confesse, mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage... Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains « qui croient faire la loi », de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino... Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne. Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des « travaux d'intérêt général » au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino...
 

Gran Torino
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Nick Schenk, Dave Johannson
Musique : Kyle Eastwood, Michael Stevens
Production : Malpaso Productions, Warner Bros
Genre : Drame, Thriller
Titre en vo : Gran Torino
Pays d’origine : États-Unis
Parution : 09 janvier 2009
Langue d'origine : anglais, hmong
Durée : 112 min
 
Casting :
Clint Eastwood : Walt Kowalski
Bee Vang : Thao, l'adolescent hmong voisin de Walt
Ahney Her : Sue, la sœur aînée de Thao
Christopher Carley : le Père Janovich
John Carroll Lynch : Martin, le coiffeur
Doua Moua : Fong / Spider, le cousin de Thao membre du gang
Scott Eastwood : Trey, l'ami de Sue
Brian Haley : Mitch Kowalski, fils de Walt
Geraldine Hughes : Karen Kowalski, femme de Mitch
Dreama Walker : Ashley Kowalski, fille de Mitch
Brian Howe : Steve Kowalski, fils de Walt
William Hill : Tim Kennedy, le chef de chantier
Brooke Chia Thao : Vu, la mère de Thao
Chee Thao : la grand-mère
Choua Kue : Youa, la jeune fille attirée par Thao
Sonny Vue : Smokie, le leader du gang
Elvis Thao : un membre du gang hmong
Jerry Lee : un membre du gang hmong
Lee Mong Vang : un membre du gang hmong
Xia Soua Chang : Kor Khue, le xama
Cory Hardrict : Duke, l'un des agresseurs de Sue
 
Mon avis :
 Nul doute que la première chose que le spectateur constate en regardant une œuvre comme Gran Torino c’est que, tant dans la réalisation, tant dans la façon qu’il a de se mettre en scène dans le film, Clint Eastwood est franchement excellent. D’ailleurs, cela en deviendrait presque un cas d’école, mais, pas aussi simple à copier lorsqu’on y pense bien : après tout, des réalisateurs de talents, il en existe un certain nombre, mais, des réalisateurs qui passent devant la caméra dans leurs propres films, c’est déjà moins courant, et ce, même si Clint n’est ni le premier à le faire, ni le dernier. Mais là où cela devient plus intéressant, c’est cette façon qu’il possède de jouer avec son image, de jouer des personnages bourrus, acariâtres mais aussi violents et qui sont les meilleurs dans leurs partie, mais aussi, paradoxalement, de montrer leurs innombrables faiblesses, tant physiques que psychologiques, bref, d’être un parfait antihéros. Alors oui, on me dira encore que d’autres l’on fait avant lui, et qu’il n’est surement pas le dernier à agir de la sorte, cependant, à mon avis, ce qui fait la différence avec la concurrence – le terme me semble juste – c’est que d’un point de vue charismatique, il n’y a pas grand monde, en tout cas de vivant, qui arrive à la cheville de Clint Eastwood. Ainsi, et comme d’autres acteurs de par le passé, ce bon vieux Clint représente un genre à lui tout seul et l’on pourrait presque dire que celui-ci, depuis une éternité, joue toujours le même rôle : celui d’un indécrottable solitaire, violent et fragile à la fois et pas forcément adroit avec la gente féminine. Est-ce un mal, un défaut ? Selon moi, pas forcément quand le talent et le charisme sont présents. Car bon, soyons un petit peu objectif, si l’on peut qualifier ce Gran Torino d’excellent film, force est de constater que, lorsqu’on l’analyse de plus près, certains détails flagrants apparaissent et on ne peut les occulter : ainsi, franchement, peut-on dire que tout cela soit vraiment original ? Franchement, non ! Une famille a des problèmes avec des voyous, Clint s’en mêle et les protège et règle tout ça vite fait bien fait, ça ne vous dit rien ? Allons bon, mais c’est un parfait scénario de Western ça ! Donnez un chapeau et un cheval a Clint, remplacez les voisins asiatiques par des américains pur souches et les petites frappes par des desperados, le scénario restera le même. Ensuite, le côté « vieux bourru raciste qui finit par prendre sous son aile le gamin du coin histoire de créer un lien filial, vu que ses propres enfants le rejettent » ça a des petits airs de déjà-vu, et là aussi, pas qu’une fois. Et si l’on ajoute à cela le fait que, bien des scènes soient prévisibles et sans surprises, l’on ne pourra que constater que, finalement, ce Gran Torino apparait soudainement comme moins exceptionnel qu’a première vue. Mais la différence avec tant d’autres longs métrages, c’est peut être bête à dire, mais c’est Clint Eastwood lui-même ! En tant que réalisateur, il réussit le tour de force de sublimer un scénario hautement conventionnel et de le transformer en un film tout bonnement captivant. Puis, en tant qu’acteur, et tout en nous ressortant toute la panoplie de son jeu, la saupoudrant ici et là d’une touche particulièrement à la fois détestable et… jouissive – ah, ce mec a une répartie du tonnerre, et puis, comment ne pas jubiler lorsqu’il sauve sa voisine lorsque celle-ci a maille à partir avec des petites frappes arrogantes qui, dès qu’il pointe une arme sous leurs nez, font dans leur culotte – il réussit à rendre ce vieux conservateur raciste et bourru, finalement humain et en tout cas, bien plus sympathique qu’on aurait pu le croire dans les premières scènes. Bien évidemment, Gran Torino n’est pas particulièrement politiquement correct aux yeux de certains, mais bon, peut être que ce qui choque le plus certains, c’est une réalité qui y est montrée, et celle-ci n’est pas forcement agréable à regarder. En tout cas, chapeau bas a Clint Eastwood pour sa prestation, tant devant que derrière les caméras, et plus particulièrement pour la scène finale ou l’octogénaire met en scène, de façon étonnante – je suis resté sur le cul car je ne m’attendais pas à cela – et magistrale sa propre mort ; comme si celui-ci, quelque part, voulait boucler la boucle d’une longue, très longue carrière qui, pour le moment, n’a pas encore pris fin.
 

Points Positifs
 :
- Un scénario plutôt classique, il faut le reconnaitre, mais qui, malgré tout, est suffisamment bien écrit pour tenir en haleine le spectateur de la première à la dernière minute du film, ce bon vieux Clint se donnant le luxe de faire du neuf avec du vieux et, surtout, de le faire très bien.
- Un personnage principal détestable, raciste, irascible, misanthrope mais qui, malgré ses nombreux défauts, n’en est pas moins prêt à défendre ceux qui sont trop faibles. Certes, Clint fait ici du Clint mais ce, avec prestance !
- Clint Eastwood se fait de plus en plus rare devant la caméra mais c’est en regardant ce Gran Torino que l’on se dit que celui-ci est, décidément, un excellent acteur qui en impose.
- Un final plutôt bien trouvé mais qui nous met face à l’évidence, c’est-à-dire, qu’un jour prochain, Clint Eastwood nous quittera…
- Indéniablement, un des meilleurs films de Clint Eastwood depuis que ce dernier est passé derrière la caméra.
 
Points Négatifs :
- Bien entendu, scénaristiquement, Gran Torino ne brille pas par une franche originalité et ce film nous rappelle bon nombre d’anciens longs métrages plus ou moins du même genre, certains, d’ailleurs, avec ce bon vieux Clint…
- Certains pourront trouver ce personnage principal trop basique et ne supporterons pas ses défauts, probablement les mêmes qui ne jurent que par la pensée unique qui commet tant de ravages actuellement.
 
Ma note : 8/10

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