vendredi 27 septembre 2019

LES VAISSEAUX DU TEMPS


LES VAISSEAUX DU TEMPS

La Machine à explorer le Temps est le texte fondateur de la science-fiction moderne. Lorsque s'achève le récit de H.G. Wells, le Voyageur se prépare à repartir clans le futur sauver Weena, la charmante Eloï, menacée par les cruels Morlocks... Par une chance extraordinaire, la narration de ce second voyage est parvenue à Stephen Baxter, un siècle exactement après la parution, en 1895, de La Machine à explorer le temps. En voici la fidèle et surprenante transcription. Il n'est pas nécessaire pour la goûter d'avoir lu le récit du premier voyage. Reparti dans le lointain avenir, le Voyageur surpris découvre un monde différent de celui qu'il avait exploré, où les Morlocks disposent d'une civilisation technologique avancée et ne ressemblent plus aux barbares qu'il a connus. Flanqué du Morlock Nebogipfel, il s'aventurera sur les Vaisseaux du temps jusqu'aux confins du temps et de l'espace, des univers parallèles et des possibles. Sans jamais perdre l'espoir de retrouver la délicieuse Weena.


Les Vaisseaux du Temps
Auteur : Stephen Baxter
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 1995
Edition Poche : 19 novembre 2003
Titre en vo : The Time Ships
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Bernard Sigaud
Editeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 640

Mon avis : Ainsi donc, comme il est signalé dans le résumé ci-dessus, Les Vaisseaux du Temps est tout simplement la suite de la célèbre Machine à explorer le temps d’H.G. Wells, œuvre qui, comme vous l’avez peut-être constaté, j’eu le plaisir de relire il y a peut de temps. Et, bien entendu, quelques soient les qualités de l'œuvre de Stephen Baxter, et elles sont indéniables, c'est son glorieux aîné qui restera dans les annales de la littérature. Cependant, cette « suite officielle », écrite exactement un siècle après l'original et qui n'est qu'un immense hommage à son prestigieux auteur, mérite d'être connue et d'être lue, au moins par chaque passionné de Science-Fiction qui se respecte, ne serais ce que pour l’exercice plus que périlleux du sieur Baxter : après tout, oser toucher à un tel mythe pouvait presque relever de l’hérésie. Et il est toujours hasardeux de se lancer dans une telle entreprise, surtout lorsque le roman original est mondialement connu et a dépassé depuis longtemps le simple cadre des amateurs du genre, ne serais ce que par le biais du cinéma et de la culture populaire dans son sens le plus large. Nombreux sont ceux qui, au fil des ans, ont pu se casser les dents dans de tels projets, or, Stephen Baxter réussit là un véritable tour de force, réussissant à faire de ses Vaisseaux du Temps un prolongement tellement logique et naturel au roman de Wells que ne serais ce le siècle passé entre la parution des deux œuvres – et les différences de style d’écriture, mais surtout les connaissances scientifiques qui ne sont pas les mêmes – et ont aurait presque pu penser que l’auteur des deux ouvrages était la même personne. Ainsi, incontestablement, sur ce point, Stephen Baxter a réussi son pari, et il faut savoir reconnaitre que c’était loin d’être gagner d’avance. Pour ce qui est de l’intrigue en elle-même, nous retrouvons donc le voyageur du temps, là où nous l'avions laissé à la fin de La Machine à explorer le Temps, quittant l'Angleterre Victorienne de 1891 devant les yeux médusés de son ami, « l'écrivain » (c’est-à-dire, pour ceux qui ne l’avaient pas compris, Wells en personne) pour retourner en l'an 802701 afin de sauver Weena, la douce Eloï, des griffes des Morlocks. Or, dès ce premier voyage, le lecteur aura la surprise de découvrir que les événements prennent une tournure inattendue puisque le « futur » dans lequel le voyageur arrive est diffèrent de celui où il escomptait parvenir. Ainsi, dans ce futur visiblement alternatif, le soleil semble avoir disparu, plongeant la Terre dans des ténèbres éternelles, tandis que les Morlocks, ces créatures vivant dans les ténèbres et se nourrissant des insouciants (et stupides) Eloïs, règnent en maîtres, faisant même preuve d'une intelligence supérieure vis à vis des hommes de notre époque et possédant une technologie pour le moins époustouflante. C'est alors que débute pour le voyageur du temps et pour son compagnon Morlock, Nebogipfel, un long voyage dans les méandres du temps, un voyage fantastique qui les entraîneras a diverses époques de l'Histoire de notre bonne vieille Terre, que cela soit au Paléocène, dans une Europe des années 30 où la première guerre mondiale se poursuit pendant des décennies ou bien dans un futur glacé ou seuls subsistent les étranges Constructeurs ; mais, surtout, un voyage dans des univers parallèles puisque chaque voyage entraîne des répercussions dans la trame du temps, modifiant apparemment le déroulement de celui-ci suivant les choix, les actes des voyageurs. Chaque acte ayant une conséquence, c'est à une multiplicité d'univers que le lecteur devra faire face et ce, dans des voyages dans un lointain futur ou au tout début du Big Bang. Tout cela, jusqu'à la boucle finale et à la fin des pérégrinations de nos voyageurs temporels, peut-être moins impressionnants que tout ce qu’ils vécurent auparavant, mais assez prévisibles, finalement. Ce choix de Baxter et des univers multiples aura pu en surprendre plus d’un, sans nul doute, pourtant, il ne trahit en aucun cas l’œuvre originale qui se contente d’un seul aller/retour dans le temps et permet surtout à l’auteur, qui eut l’air de s’en donner à cœur joie, de s’amuser avec toutes ses versions alternatives de notre passé, mais aussi, de notre futur, le récit lorgnant carrément du côté de l’Uchronie. Le problème, selon moi, et c’est ce que j’ai ressenti lors de cette lecture, c’est que si dans l’ensemble, Les Vaisseaux du Temps est une parfaite réussite et que, comme hommage au maitre H.G. Wells, il était difficile de faire mieux, tous les chapitres ne sont pas aussi réussis, la faute à quelques incohérences tout au long du récit qui viennent, selon moi, gâcher mon impression finale, la principale étant que, a force de bourlinguer dans le temps, on se demande comment le voyageur et son compagnon Morlock sont retrouvés par les forces britanniques venues du futur alors qu’ils se trouvaient perdus au Paléocène ? En effet, à ce moment du récit, il semble exister tellement de voyageurs temporels que le nombre de versions de l’Histoire (rappelez-vous, à chaque changement, même minime, un nouvel « univers » se crée par le biais d’un point de divergence) aurait dut exploser. Pourtant, ils sont retrouvés presque sans problèmes et quelques temps plus tard, les allemands font de même… oui, bon, j’avoue que cette partie n’était pas très logique. Autre petit grief que j’ai ressenti à l’encontre de ces Vaisseaux du Temps : l’inégalité des chapitres. Sincèrement, certains sont franchement excellents comme l’arrivée du voyageur dans le monde de Nebogipfel, sa discussion avec une version de lui plus jeune, l’idée même d’une Grande Guerre qui se prolonge indéfiniment et la version « made in Baxter » du futur de notre Galaxie qui franchement, mérite le détour. Mais, à côté de cela, on a droit à des chapitres rapidement expédiés qui auraient probablement mérités un plus ample développement ainsi qu’à un coté Steampunk, a un moment donné, franchement bof. Mais bon, si je peux paraitre dur voir même injuste à l’encontre de cette œuvre, c’est que ces quelques défauts, réels, de l’œuvre, même s’ils ne sont pas nombreux n’en existent pas moins. A coté de cela, Les Vaisseaux du Temps sont indéniablement un bon roman, sur ce point, il n’y a rien à dire. Le pari était risqué, très risqué même et Stephen Baxter l’a remporté haut la main. Cependant, si Les Vaisseaux du Temps est pour moi un bon roman de SF digne de son prédécesseur, il ne peut être considérer comme étant un chef d’œuvre. Mais bon, quelque part, ce n’est pas comme si les chefs d’œuvres courraient les rues non plus.


Points Positifs :
- Ecrire une suite convenable a La Machine à explorer le Temps, l’un des romans de SF les plus connus, pouvait sembler pour le moins saugrenue, voir, pour parler crument, casse-gueule ; or, Stephen Baxter, malgré quelques imperfections, s’en sort de fort belle manière.
- Malgré un siècle écoulé entre les deux œuvres, malgré les avancées et découvertes technologiques qui font que jamais Wells n’aurait put écrire ces Vaisseaux du Temps, force est de constater que Stephen Baxter s’est si bien débrouiller que, par moments, on croirait que le même individu est aux manettes des deux romans.
- L’idée des univers multiples qui se créent lors de chaque voyage dans le temps – et qui évite, bien sur, tout paradoxe temporel.
- Pas mal de bonnes idées comme ces Morlocks évolués, cette première guerre mondiale qui n’en finit jamais, où, dans un futur éventuel, cette Terre Boule de Neige sous la coupe des Constructeurs.
- Le final est prévisible, certes, mais correct.

Points Négatifs :
- Si, dans l’ensemble, Stephen Baxter s’en sort fort bien, reconnaissons quelques incohérences scénaristiques comme ces humains coincés au Paléocène et qui sont retrouvés facilement par leurs compatriotes (alors que la chose semblait impossible) puis, encore pire, par leurs adversaires.
- L’auteur s’attarde trop sur certains passages tandis qu’il survole trop rapidement d’autres qui auraient mérités un développement plus conséquent.
- Il y a de bonnes idées, je ne le nie pas, mais d’autres ne le sont pas autant…
- Le coté Steampunk, franchement bof.
- Bon, cela reste inférieur à La Machine à explorer le temps, bien entendu.

Ma note : 7,5/10

1 commentaire:

tadloiducine a dit…

J'ai bien aimé la longue "robinsonnage" au Paléocène...