jeudi 21 mars 2019

LE LIVRE DE CENDRES – LA GUERRIÈRE OUBLIÉE


LE LIVRE DE CENDRES – LA GUERRIÈRE OUBLIÉE

À notre époque, un chercheur universitaire traduit et exploite des textes médiévaux en rapport avec une guerrière oubliée. Il essaie de faire le tri entre réalité historique et représentations mythiques. 1465. Cendres, huit ans et orpheline vit dans un camp de mercenaires. Elle y est violée et défigurée par deux soldats qu'elle tuera malgré son jeune âge. Fin du XVe siècle, les armées de Carthage mettent le sud de l'Europe à feu et à sang. Rien ne semble pouvoir les empêcher de détruire l'empire de Frédéric de Habsbourg. Dans les environs de Gênes, une jeune femme de dix-neuf ans, capitaine d'une troupe de mercenaires – blonde comme les blés au visage dévasté de cicatrices – va se mettre sur le chemin de l'envahisseur.


Le Livre de Cendres – La Guerrière Oubliée
Auteur : Mary Gentle
Type d'ouvrage : Heroic-Fantasy, Uchronie
Première Parution : 01 février 2001
Edition Poche : 30 octobre 2008
Titre en vo : Ash – A secret History
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : anglais
Traduction : Patrick Marcel
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 576

Mon avis : Je dois reconnaitre que, la toute première fois que j’avais lut cet excellent cycle de fantasy de Mary Gentle qu’est Le Livre de Cendres, j’avais eu un peu de mal, au départ, pourtant, a force d’acharnement, et, surtout, en me disant que cette œuvre valait le détour, je me suis armé de volonté et, je ne l’ai pas regretter car, une fois passé la lente description des débuts de Cendres, et une fois que l’on se fait au style narratif, assez lourd par moments, très descriptif (trop parfois) qui fourmille de détails dont certains ne sont pas franchement utiles, l’histoire se lance, petit à petit, et l’on commence à se prendre de passion pour cette héroïne peu commune et à sa compagnie de mercenaires. Mais, même ainsi, il faut s’accrocher pour ne pas se perdre parmi tous les protagonistes, principaux et secondaires, qui parsèment le récit, ce qui ajoute à la complexité narrative de celui-ci. Pourtant, une fois de plus, des que l’on commence à comprendre qui est qui et quel rôle il joue, alors, l’on ne peut se dire que Mary Gentle à sut nous donner bon nombre de personnalités fortes ou faibles, charismatiques pour la plupart et qui gagnent à être développées (mais nous n’en sommes qu’au début) et dont les multiples relations entre eux, et surtouts avec Cendres, occupent une part non négligeable de l’intrigue. Ainsi, si l’on à droit à quelques scènes de batailles assez violentes, la majeure partie du récit s’intéresse davantage aux sentiments de ses protagonistes que dans bon nombre d’œuvre du même genre, ce qui peut paraître étonnant de prime abord mais qui s’avère un choix judicieux, permettant de les rendre plus humains, plus attachants. Ainsi, l’auteur, par un formidable travail, essaie au maximum de nous rendre les personnages crédibles, chacun possédant des forces et surtout bon nombre de faiblesses (là aussi, ce n’est pas très courant dans le genre Fantasy grand public), comme Cendres, bien évidement, mais également Florian ou Fernando Del Guiz par exemple – celui là, il gagne véritablement à être connu, mais chut, nous n’en sommes qu’au premier tome. Et ce souci de crédibilité est sublimé par un artifice littéraire propre à cette saga : la correspondance, à notre époque, entre un écrivain qui souhaite démontrer que Cendres à bel et bien exister, et son éditrice. Ainsi, entre chaque chapitre, le lecteur à droit à quelques échanges de mails où, petit à petit, au fil des découvertes, le premier essaie vaincre les nombreuses réticences du deuxième. Et là ou Mary Gentle fait très fort, c’est que parfois, on y croit, un peu comme si, à la fin du XVe siècle, Carthage existait bel et bien, lançant au passage une formidable invasion sur le continent européen, et que Cendres, loin d’être une création imaginaire, avait bel et bien existé. Bien entendu, cela n’est pas le cas. Ainsi, la grande force du récit est de nous emmener à le rendre possible, en particulier au début – car ensuite, cela se gatte un petit peu avec les golems – et, une fois de plus, on ne peut que tirer son chapeau à l’auteur. La Guerrière Oubliée est donc, malgré un début pas facile à aborder, une bonne entrée en matière dans cette fantastique saga qu’est Le Livre de Cendres. Certes, en tant que premier tome, il était logique que Mary Gentle, se doive de poser son univers, ses personnages et ses intrigues. Et, à ce propos, peut être s’y attarde-t-elle un peu trop ? Cependant, une fois que l’on rentre dans le vif du sujet, il est certain que l’on a énormément de mal à lâcher le roman qui fourmille de bonnes idées et dont ses personnages principaux deviennent vite attachants de part leur humanité. Ici, nous sommes à milles lieux de la Fantasy dans ce que celle-ci à de plus banal avec ses héros sans peur et sans reproche, sur qui repose l’avenir du monde, ses individus bien trop souvent ennuyeux au possible dont le destin est de terrasser le grand machin truc et de régner sagement sur tel royaume mille et une fois vu et revu. A la place, des individus sommes toutes banaux, avec bon nombre de défauts, mais avec une histoire solide et originale, qui nous donne envie de découvrir ce que fut la Bourgogne au Moyen-Âge ou de se renseigner sur ces fameuses compagnies de mercenaires qui parsemaient les champs de bataille. De plus, comme l’auteur sait régulièrement nous tenir en haleine avec des rebondissements complètements imprévus qui remettent nos certitudes en questions (vous verrez bien lorsque Cendres s’entretiendra avec la mystérieuse Faris), nous nous trouvons au final avec un excellant premier tome d’une saga qui promet énormément. A ne pas manquer sous aucun prétexte, même s’il faut s’avoir s’armer de courage pour un début et un style qui pourrait en rebuter quelques uns.


Points Positifs :
- Une œuvre franchement originale, assez atypique, où Mary Gentle nous entraine sur les traces d’une compagnie de mercenaires du XVe siècle, compagnie menée par une femme, Cendres, et qui va avoir a faire a une invasion venue d’Afrique du Nord, d’une certaine Carthage et de ses Wisigoths…
- L’auteur réussit la gageure de presque nous faire croire, par moments, que cette invasion carthaginoise a bel et bien eu lieue, que Cendres et ses compagnons ont bel et bien existés et que l’Histoire, en quelque sorte, après la chute de la Bourgogne, s’en est trouvée modifiée à jamais – pour ne pas dire occultée. Bien évidement, le lecteur n’est pas naïf, cependant, l’ensemble est si bien écrit que, par moments…
- Une flopée de protagonistes hauts en couleurs – avec, en tête de liste, Cendres bien sur – et fort bien développés : Robert Anselme, Angeloti, Florian/Floria, etc.
- Excellente idée que d’avoir inclus les échanges de mails entre l’auteur qui souhaite écrire sur la vie de Cendres et son éditrice. Cela renforce l’impression que tout cela est réel.
- La vie quotidienne d’une compagnie de mercenaires de l’époque est, ma foi, fort bien décrite.
- L’envie d’en découvrir davantage sur cette époque et, principalement, sur cette fameuse Bourgogne…

Points Négatifs :
- Malheureusement, le principal défaut de cette saga et ses longueurs, dut, principalement, au style narratif de Mary Gentle qui, bien souvent, a tendance à s’attarder en descriptions pas forcément utiles – et qui ralentissent le rythme de lecture. De même, certains passages ne sont pas évidents à comprendre et on se surprend, souvent, à revenir un ou deux paragraphes en arrière pour comprendre ce que souhaitait dire l’auteur.

Ma note : 8/10

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