mercredi 30 janvier 2019

JANUA VERA


JANUA VERA

Né du rêve d'un conquérant, le vieux royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l'assassin trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, Ædan le chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain…


Janua Vera
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Type d'ouvrage : Heroic-Fantasy
Première Parution : 16 juillet 2009
Edition Poche : 05 mars 2015
Titre en vo : Janua Vera
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Traduction : néant
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 496

Liste des Nouvelles :
Janua Vera
Mauvaise Donne
Le Service des Dames
Une Offrande très Précieuse
Le Conte de Suzelle
Jour de Guigne
Un Amour Dévorant
Le Confident

Mon avis : En soit, Janua Vera n’est pas un véritable roman au sens premier du terme puisque nous avons là un recueil de nouvelles dont le nombre, au demeurant, varie suivant les différentes éditions ; ainsi, celle que je possède, en poche chez Folio, est composée de huit nouvelles : Janua Vera – Mauvaise Donne – Le service des dames – Une offrande très précieuse – Le conte de Suzelle – Jour de Guigne – Un amour dévorant – Le confident. En temps habituel, je ne suis pas un grand adepte de ce genre d’ouvrages, préférant les romans, mais lorsque j’en ai l’occasion, et quand la qualité est au rendez-vous, le genre ne me déplait pas trop surtout que, finalement, une courte nouvelle vaut largement, voir plus qu’un long et ennuyeux roman, non ? Et ici, force est de constater que oui, mille fois oui, pour ce qui est de cette fameuse qualité, elle est bien présente et, en toutes sincérité, Janua Vera est sans nul doute un des meilleurs romans de Fantasy français de ces dernières années ! Car si Jean-Philippe Jaworski nous offre là un ouvrage de Fantasy, celle-ci n’est pas si évidente que cela : en effet, et contrairement à bien des ouvrages qui ne sont, finalement, que des imitations plus ou moins réussies du maitre étalon du genre, Le Seigneur des Anneaux, ici, les éléments fantastiques (comme c’est le cas dans Le Trône de Fer par ailleurs) ne sont livrés qu’avec parcimonie. Oh, l’on parle bien d’Elfes et de Nains, mais de façon lointaine (il y a bien l’être elfique du Conte de Suzelle mais c’est tout), on sait qu’ils existent, c’est tout, quand a la magie, elle est à peine présente et tient davantage de la nécromancie que d’autre chose – la aussi, ce n’est pas plus mal. Et pour ce qui est du bestiaire monstrueux des œuvres de Fantasy, eh bien, en dehors des Gobelins qui sont évoqués, rien à ne se mettre sous la dent. Peu de Fantasy donc, car l’univers de Janua Vera tient davantage de celui de l’Europe de la fin du Moyen âge et de la Renaissance, avec lequel il possède bon nombre de points communs : la cité état de Mauvaise Donne ayant des faux airs de celles de l’Italie de la Renaissance, comme Florence ou Venise, il existe un royaume qui ressemble bigrement a l’Empire Ottoman, les contrées barbares, elles, étant facilement transposables dans l’Europe de la fin de l’Empire Romain. Ajoutons à cela un style d’écriture recherché et travaillé, usant habilement des termes de l’époque et qui renforce la qualité générale de l’ensemble et nous avons forcément là, non seulement un fort bon ouvrage, mais aussi, un univers réussi et crédible. Reste le cas des diverses nouvelles qui composent cette œuvre : Janua Vera, dont le nom a donné le titre de l’ouvrage est une mise en bouche se déroulant des centaines d’années avant les autres et nous sert d’introduction en nous racontant l’histoire lointaine du Vieux Royaume. Personnellement, c’est celle que j’ai trouvé comme étant la moins intéressante, même si elle est de qualité. Mauvaise Donne est la nouvelle la plus longue et sert de prélude à Gagner la Guerre, le premier véritable roman de l’auteur et, dans celle-ci, nous faisons la connaissance avec un personnage haut en couleur, Benvenuto Gusefal, un assassin qui se retrouve mêlé bien malgré lui a un complot d’envergure : Mauvaise donne est un véritable petit bijou comme je les aime où se mêlent intrigues, complots et personnages sans foi ni loi. Le Service des Dames pourrait paraitre négligeable de prime abord si ce n’était l’évidant hommage appuyé à Chrétien de Troyes et à ses récits de chevaliers arthuriens. Une Offrande très Précieuse, elle, est une nouvelle pour le moins surprenante, qui ne se dévoile que dans ses toutes dernières lignes, mais qui possède un potentiel fort au niveau de la psychologie dramatique du protagoniste principal ; une nouvelle qui m’aura particulièrement touché. Mais pas autant que Le Conte de Suzelle, l’une de mes préférées : racontant l’existence d’une petite fille paysanne et sa rencontre avec un personnage elfique dont on n’en saura pas grand-chose, on suit tout au long de cette nouvelle, tous les aléas d’une vie avec ses joies et ses drames, et ce, jusqu’à un final bien triste ; une belle réussite sans nul doute. Jour de Guigne ravira les amateurs du Disque-Monde puisque nous avons là un hommage à Pratchett, mais un hommage pour le moins réussi et plutôt drôle. Un Amour Dévorant est aussi l’une de mes nouvelles préférées, un conte fantastique comme je les aime et sur lequel je n’en dirais pas davantage mais est, selon moi, l’une des meilleures réussites de cet ouvrage ; mais il faut dire que j’aime bien les histoires de fantômes. Quant au Confident, qui clôt Janua Vera, c’est un texte pour le moins lugubre, où règne un malaise certain mais qui n’en est pas moins particulièrement intéressant puisque, dans celui-ci, on en apprend pas mal sur le fameux Culte de l’Écorché. Bref, vous l’avez deviné, j’ai particulièrement apprécié ce Janua Vera ; certes, je m’attendais, au vu des nombreuses critiques positives, a un bon ouvrage, mais à ce point, franchement, non. Car, que ce soit pour son univers, ses protagonistes nombreux et variés, le style d’écriture plutôt recherché, l’ambiance souvent pesante qui transparait de cet ouvrage et, bien entendu, la grande qualité des nouvelles, j’aurais passé un superbe moment de lecture, comme je les aime, au point même de ne quasiment plus pouvoir lâcher ce livre, c’est pour dire. Mais le plaisir n’est pas fini puisque, désormais, il est grand temps de m’atteler à la lecture d’un certain… Gagner la Guerre… 


Points Positifs :
- Même si je ne suis pas un grand fan des recueils de nouvelles, il faut rendre à César ce qui lui appartient, et donc, reconnaitre qu’avec Janua Vera, Jean-Philippe Jaworski nous offre là un formidable voyage dans un univers bien plus original et intéressant que moult œuvres de Fantasy qui se contentent, elles, de pomper allègrement du coté de Tolkien…
- Deux véritables pépites se démarquent, a mes yeux, du lot : Mauvaise Donne, qui nous fait faire la connaissance avec le charismatique Benvenuto Gusefal, assassin de son état, dans une citée qui nous fait penser a Florence ou Venise de la Renaissance, mais aussi, le fort enchanteur Le Conte de Suzelle, formidable récit assez triste mais oh combien réussi.
- La qualité générale de l’ensemble : en effet, dans Janua Vera, si toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles, force est de constater qu’il n’y en a pas de mauvaises et que, celles qui apparaissent, a mes yeux, en fin de classement, n’en restent pas moins plutôt bonnes.
- Un univers bourré de références, bien entendu, mais bien plus original que l’on pourrait le penser de prime abord – il faut reconnaitre que la chose est rare du coté de la Fantasy. Ainsi, ici, le merveilleux existe, certes, mais il brille par sa quasi-absence et l’on est plus proche de la Renaissance et de la Guerre de Trente ans que de Tolkien, ce qui n’est pas plus mal.
- Le talent, indéniable, du sieur Jaworski qui excelle a merveille dans ces récits assez différents les uns des autres.

Points Négatifs :
- Bien évidement, toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles et il faut reconnaitre que, Janua Vera – la nouvelle, pas l’ouvrage – Le Confident et, dans une moindre mesure, Une Offrande très Spéciale, apparaissent comme étant légèrement en retrait des autres.
- Un ouvrage qui déplaira peut-être aux fans intégristes de Tolkien et qui ont une autre vision de la Fantasy…

Ma note : 8,5/10

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