DES
MILLIARDS DE TAPIS DE CHEVEUX
Quelque
part aux confins de l'Empire, sur un monde oublié de tous... une petite planète
apparemment anodine. Sauf que, depuis des temps immémoriaux, les hommes s'y
livrent à une étrange occupation : tisseurs de père en fils, ils fabriquent des
tapis de cheveux destinés à orner le Palais des Etoiles de l'Empereur.
Pourtant, une étrange rumeur circule. On raconte ça et là que l'Empereur n'est
plus. Qu'il serait mort, abattu par des rebelles. Mais dans ce cas, à quoi
peuvent donc servir ces tapis ? Et qui est cet homme si étrange qui prétend
venir d'une lointaine planète ? Lui aussi affirme que l'Empereur est mort...
Des Milliards de Tapis de Cheveux
Auteur
: Andreas Eschbach
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 03 décembre 1995
Edition
Poche : 01 août 2004
Titre en
vo : Die
Haarteppichknüpfer
Pays
d’origine : Allemagne
Langue
d’origine : Allemagne
Traduction : Claire
Duval
Editeur : J’ai
Lu
Nombre
de pages : 315
Mon
avis : Original, Des Milliards de
Tapis de Cheveux l’est par son synopsis, tout bonnement imparable :
dans une quelconque planète perdue au fin fond de l’espace, aux limites d’un
Empire Galactique comme il en existe tant dans le Space Opera, une catégorie
d’hommes, pour ne pas dire une caste, consacrent leurs vies entières à réaliser
un tapis, et un seul tapis, en utilisant pour cela les cheveux de leurs femmes
(oui, ils en ont plusieurs) et de leurs filles. Et s’ils ne font qu’un seul et
unique tapis, c’est que le travail consacré à la conception de celui-ci est si
ardu que toute une vie est nécessaire, et une fois celui-ci achevé – et
destiné, car il ne faut jamais l’oublier, a tapisser le Palais de l’Empereur –
il sera vendu, et cette somme d’argent, fruit de toute une vie, sera donnée au
fils du tisseur afin que celui-ci puisse s’installer, prendre femme (s) et
pouvoir a son tour se mettre a l’ouvrage, créant a son tour son propre tapis.
Et malheur si un second fils nait, car cet argent ne peut servir que pour un
seul et unique héritier, alors, si cela arrive, on le tue, tout simplement.
Ainsi, depuis des dizaines de milliers d’années, des générations entières de
tisseurs se succèdent, consacrant leur vie à créer et offrir des milliards de
Tapis de Cheveux a l’Empereur. Et déjà, arriver a ce moment précis du récit, on
ne peut s’empêcher de pousser un ouf de soulagement en se disant que pour une
fois, on n’aura pas droit a tout ce qui fait le traintrain habituel du Space
Opéra – Empire contre rebelles, combats intersidéraux, gentils et méchants –
(en fait si mais d’une façon fort différente) et que, cette curieuse coutume
des tisseurs de tapis, en plus d’être originale, donne vraiment envie d’en
savoir plus sur elle. Car bien évidement, la grande question qui va se poser
assez rapidement et bel et bien de savoir pourquoi, justement, des hommes,
depuis la nuit des temps, passent leur vie a tisser des tapis et le récit,
d’abord de façon détournée, par le biais de rumeurs comme celle qui sous
entendrait que ce fameux Empereur, espèce de Dieu vivant, serait mort, tuer par
un rebelle depuis vingt ans, va amener le lecteur vers la recherche des mystères
entourant cette coutume. Ainsi, par le biais de plusieurs courts
chapitres, Des Milliards de Tapis de Cheveux va nous faire
suivre des protagonistes différents, de nouvelles têtes apparaissant a chaque
fois tandis que d’anciennes passent au second plan pour ne réapparaitre que
beaucoup plus tard voir plus du tout, que cela soit le vieux tisseur au prises
avec son fils qui ne désire pas lui succéder, le marchand chargé d’acheter les
tapis et de les transporter, ce professeur qui se pose bien trop de questions
et qui pourrait bien être taxer d’hérétique ou ce curieux personnage venu
d’ailleurs et qui ne cesse d’affirmer que l’Empereur est mort. C’est donc par
le biais de morceaux de vie, de scènes plus ou moins importantes que l’intrigue
avance, petit a petit, et même quand on n’a l’impression de passer du coq a
l’âne, même quand on s’éloigne complètement du fil conducteur, un autre
chapitre viendra relier le tout, pour faire, finalement, de cet ensemble a
priori disparate, un récit bien plus cohérant que l’on pourrait le croire a
première vue. Un puzzle ? Oui, Des Milliards de Tapis de Cheveux est
un véritable puzzle, chaque chapitre pris indépendamment n’apportant aucune
réponse a l’énigme, aux énigmes, mais une fois que l’on a relié toutes les
pièces de ce fameux puzzle… Mais parler de Des Milliards de Tapis de Cheveux sans
aborder un autre point fort non négligeable de ce roman m’apparaît presque
comme, la aussi, une hérésie. Rarement dans un récit de Space Opéra, on n’a eu
cette impression d’infini, d’énormité que peut être véritablement un Empire
Galactique. Ah oui, on le connaît bien ce terme, depuis Fondation ou Star
Wars, pour ne citer que les deux exemples les plus connus, qui n’a jamais
entendu parler d’Empire Galactique ? Mais qui, avant coup, a put s’imaginer ce
que cela peut vraiment représenter ? Personnellement, j’avais cru le faire, je
me disais que c’était forcement grand, mais en lisant Des Milliards de
Tapis de Cheveux, en fait, je me suis rendu compte que j’étais a mille
lieues du compte ; en effet, imaginez un Empire tellement ancien dont l’origine
se perd dans la nuit des temps, imaginer un Empereur qui règne depuis près de
80000 ou 100000ans, et il y en eu d’autres avant lui, dix pour être exact. Vous
commencez à avoir la tête qui tourne au vu des chiffres ? Rassurez-vous, c’est
normal. Mais que cet Empire existe depuis un ou deux millions d’années, qu’il
englobe je ne sais combien de galaxies, qu’il soit composer de milliards de
milliards d’habitants, ce qui vous achèvera, à coup sur, c’est la révélation
finale, la fameuse réponse a la question que l’on se pose depuis le début :
mais pourquoi fabriquent-ils des Tapis de Cheveux ? Car, bien évidement, ce
n’est surement pas pour tapisser le Palais de l’Empereur, mais cela, vous
l’avez deviné. Et quand vous apprendrez cette vérité, a la fois si futile et
pourtant tellement logique, alors la, peut être vous rendrez vous compte alors
de ce que peut être un Empire Galactique, de ce qu’il peut être capable de
faire, de ce que permet le pouvoir et de la façon d’on peut en user un être
quasi divin et une fois que vous serez effrayer par la chose, vous vous rappellerez
ce qu’avait dit l’Archiviste au sujet de l’énigme des Tapis de Cheveux : cela
n’est qu’une histoire parmi d’autres. Et là, tout en vous disant a quel
point Des Milliards de Tapis de Cheveux est un superbe roman, d’une profondeur et d’un intérêt assez
rares pour que cela soit souligner, vous tremblerez devant ce que l’homme est
capable de faire quant il en a le pouvoir.
Points
Positifs :
-
L’originalité du postulat de départ : sur ce point, Andreas Eschbach fait
très fort et, d’entrée de jeu, le lecteur n’a envie que d’une chose, découvrir
pour quelle raison, depuis des dizaines de milliers d’années, sur une planète,
des hommes passent leur vie, de père en fils, a tisser des tapis qui, une fois
achevés, serviront a tapisser le palais de l’Empereur, être semi-divin et apparemment
immortel.
-
La structure du roman qui alterne avec de très nombreux chapitres assez courts
et qui nous font suivre les destins de nombreux protagonistes, apparemment sans
lien entre eux, tout en nous permettant, au fur et a mesure de l’avancée de l’histoire,
d’en connaitre davantage sur ces tisseurs de tapis, cet Empire galactique, cet
Empereur immortel, ces rebelles qui l’ont destitué, etc.
-
Jamais une œuvre n’aura si bien mis en avant ce que pourrait être,
véritablement, un Empire galactique et, bien évidement, le pouvoir incommensurable
de celui-ci.
-
La révélation finale : inattendue, celle-ci est un véritable choc et
conclut en beauté une histoire qui nous en dit long sur le pouvoir et la
manière dont on peut en user, juste parce qu’on le possède.
Points
Négatifs :
-
S’il la quasi-intégralité des nombreux chapitres sont passionnants et nécessaires
pour la parfaite compréhension de l’ensemble du roman, il y en a bien deux ou
trois qui sont un ton en dessous. Mais bon, c’est histoire de chipoter un peu.
Ma
note : 8,5/10
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