L’ÂGE
DE LA DÉRAISON – L’ALGÈBRE DES ANGES
1722
: deux ans ont passé depuis que les alchimistes de Louis XIV ont précipité une
comète sur Londres, dévastant une grande partie de l'Europe. Les véritables
instigateurs de cette catastrophe ne sont cependant pas les Français, mais de
mystérieuses sortes d'anges dont le but est d'anéantir l'humanité. Dernier
espoir pour l'Homme : mettre au point une algèbre angélique afin de lutter
contre ses ennemis immatériels. C'est à cette tâche que vont s'atteler Isaac
Newton et son apprenti, le jeune Benjamin Franklin, réfugiés à Prague à la cour
du Saint-Empereur romain germanique. C'est aussi à quoi s'efforce l'ancienne
favorite de Louis XIV, Adrienne de Montchevreuil, luttant pour sa survie dans
une France livrée aux brigands, avec son nourrisson et son impénétrable
protectrice, Véronique de Crécy. De même, bien que d'une manière moins « scientifique », Red Shoes, un chaman
choctaw, tente d'apporter sa pierre à l'édifice en traversant l'Atlantique avec
une délégation de colons américains, parmi lesquels le puritain Cotton Mather
et le pirate Barbe-Noire, inquiets du sort de l'Ancien Monde. Leurs aventures
respectives vont les rassembler à Venise, sous domination turque où doivent
s'affronter les forces de Pierre le Grand de Russie et de Charles XII de
Suède...
L’Âge de la Déraison – L’Algèbre des Anges
Auteur
: Gregory
Keyes
Type
d'ouvrage : Fantasy, Uchronie
Première
Parution : 30 mars 1999
Edition
Française : 08 mars 2007
Titre en
vo : The
Age of Unreason – A Calculus of Angels
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jacques
Chambon
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 544
Mon
avis : Nous voila donc avec le deuxième
tome du cycle de Greg Keyes, L’Âge
de la Déraison, cet Algèbre des Anges où le lecteur
suit, une fois de plus, les péripéties du jeune Benjamin Franklin et de la
belle Adrienne de Montchevreuil (chacun de son coté, cela va de soit) dans une
Europe dévastée par la chute d’une comète sur Londres, provoquée par les
alchimistes de Louis XIV, et littéralement en proie au chaos et a la guerre,
tandis que de nouvelles menaces se font jour, du coté de la Russie plus
précisément. Bien évidement, le lecteur qui aura aimé le premier tome
retrouvera avec plaisir des personnages qu’il a appris a connaître et qui lui
sont désormais familiers, de même qu’une intrigue qui, petit a petit, tout en
se complexifiant, commence a dévoiler quelques réponses (oh, mais juste un
chouïa, c’est qu’il y a quatre volumes en tout) aux questions que l’on pouvait
se poser au sujet de ces mystérieux et inquiétants Malakims, dont on comprend
bien qu’ils ne veulent pas le plus grand bien à l’espèce humaine. Mais pour ce
qui est du lecteur, même s’il a aimé Les Démons du Roi-Soleil et
que ce fut avec une impatience certaine qu’il attendait de se plonger dans sa
suite, il faut qu’il sache que l’on lui souhaite bien du courage ; prenez les
protagonistes par exemple, déjà, dans le premier tome, ceux-ci étaient fort
nombreux, et si l’on pouvait s’attendre a que de nouvelles têtes viennent
remplacer fort justement ceux qui sont tombés au champ d’honneur, il était
difficile d’imaginer que celles-ci seraient aussi nombreuses, et pas des
moindres d’ailleurs puisqu’un troisième personnage principal fait son
apparition des les premières pages, Red Shoes, un indien un petit peu
(beaucoup) sorcier sur les bords et qui prend rapidement une importance qui le
place a égalité avec Franklin et Adrienne, rien que ca. Sur ce point, il est
intéressant il me semble de revenir sur ce personnage. Personnellement, je n’ai
jamais été attiré plus que cela par les indiens d’Amérique du nord et leur
culture, certes, je ne suis pas novice sur celle-ci mais bon, disons que ce
n’est pas véritablement ma tasse de thé. Par contre, ce Red Shoes donne immédiatement
envie que l’on s’y intéresse (enfin, pour moi, c’est le cas), du moins autant
aux légendes évoquées qu’a ces curieux «
enfants de l’ombre ». Mais l’arrivée d’un indien, avec tout le folklore qui
l’accompagne (dans le sens noble du terme) dans le récit est à mon avis une
excellente trouvaille, ne serais ce que pour faire le parallèle entre les
différentes façons dont les diverses cultures humaines « voient » les Malakims. Ceci étant dit, d’autres nouveaux font
leur apparition, comme le Tsar Pierre bien évidement, Lenka qui aura un
important rôle à jouer, Hercule d’Argenson et surtout le mystérieux Capitaine
Frisk, personnage a la classe évidente et qui nous révélera bien des surprises.
D’ailleurs, il est incroyable de voir a quel point l’auteur a sut créer ou
utiliser des protagonistes hauts en couleurs pour la plupart, qu’il les aient
inventer comme pour Crécy (quoi que, on devine les sources d’inspiration) ou
qu’ils aient véritablement exister, au point que bien souvent, le lecteur ne
peut que regretter que chacun n’ait pas la place qu’il mérite au vu de son
charisme évidant et que d’autres soient a peine utiliser voir oublier. Surtout
qu’entre les habituels, les nouveaux et les «
revenants » qui viennent faire un petit coucou, il y a de quoi faire. Pour
l’intrigue, ou plutôt devrais-je dire les intrigues, nous nous retrouvons dans
la lignée du tome un et celle-ci (celles-ci) est (sont) toujours aussi
passionnante (s) : que cela soit du point de vu de Franklin, d’Adrienne ou de
Red Shoes, le lecteur a droit a un magnifique voyage, parcourant milles lieux,
moult citées, allant de rebondissements en coups de théâtre (certes parfois un
peu trop faciles voir tirer par les cheveux, hélas) et découvrant des cultures
et des légendes aussi variées que celle du Golem a Prague, d’un certain voyage
dans la Lune qui emprunte un peu à Cyrano de Bergerac mais qui pourra
également, si l’on soit un temps soit peu curieux de nature, a s’intéresser a
la rivalité entre Pierre et Charles XII de Suède (figure historique que je ne
connaissais pas alors que celui-ci mérite le détour), aux Janissaires etc.
Bref, c’est un univers riche, crédible que nous propose Greg Keyes, et ce,
malgré le fait que l’on nage incontestablement en pleine Fantasy (sans oublier
les petits cotés Steampunk et uchroniques, forcement) : croyez vous donc qu’il
existe une si grande différence, de prime abord, entre une Adrienne de
Montchevreuil et un magicien d’Heroic Fantasy (et je ne parle même pas de Red
Shoes qui lui est ouvertement un sorcier) ? Apparemment, non, sauf que dans le
premier cas, tout est explicable scientifiquement parlant (enfin, en fait… mais
chut, les révélations, ce n’est pas pour tout de suite), dans l’autre, ce n’est
que de la magie. Pour des raisons personnelles, L’Algèbre des Anges est
probablement mon volume préféré de la saga, mais comment ne pouvait-il en être
autrement lorsqu’une bonne part de l’action se déroule dans la magnifique ville
de Prague, magnifique citée que j’ai eu le plaisir le visiter a deux reprises, ainsi qu’a Venise, autre ville qui ne m’est
pas inconnue, ce qui, bien entendu, n’aura fait que renforcer mon immersion
lors de ma lecture…
Points
Positifs :
-
Le plaisir de retrouver la suite d’une saga qui avait brillé dans son premier
tome par sa franche originalité de temps – le 18em siècle – mais aussi par son
habile mélange entre uchronie et fantasy.
-
Si l’on retrouve avec plaisir les têtes d’affiches du premier volume, comme
Benjamin Franklin, Adrienne de Montchevreuil ou Crécy, de nouveaux personnages
hauts en couleurs font leur apparition comme Red Shoes, Frisk, Lenka ou Pierre
le Grand.
-
L’amateur d’histoire sera ravi puisque Greg Keyes nous régale dans son
utilisation de figures historiques, certaines connues, d’autres un peu moins.
Ainsi, si Pierre le Grand n’était pas un illustre inconnu, loin de là, une
figure flamboyante comme Charles XII de Suède fut une véritable révélation !
-
L’arrivée de Red Shoes, jeune shaman indien et qui nous permet de découvrir une
autre vision des Malakims.
-
Prague, Venise, un Londres dévasté par un météore… on en voit du pays dans ce
second volume.
Points
Négatifs :
-
Comme cela avait été le cas dans le premier tome, ce second volet de L’Âge de la Déraison n’échappe pas a
quelques raccourcis un peu trop faciles, quelques personnages un peu
stéréotypés, etc.
-
Quelques coquilles parsèment la traduction par moments, ce qui gâche un peu le
plaisir de la lecture.
Ma
note : 8/10
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