vendredi 6 novembre 2020

SERVITUDE – DREKKARS


SERVITUDE – DREKKARS
 
Au commencement et pour guider la destinée de tous les hommes, les Géants choisirent Afenor. Ils lui transmirent sagesse, lui apprirent à construire et à cultiver, pour permettre à son peuple de régner sur l’immensité des Terres. Brégor son frère cadet, jaloux de ce choix, se met sous la protection des Dragons et s’installe dans l’antique Farkas. Mais bien vite tout lui échappe. Les Dragons initient un régime politique asservissant, structuré par une société codifiée et organisée en castes. Ils se séparent de Brégor et de tous leurs opposants, installent un Empereur, seul capable de communiquer avec eux, qui devient le guide des Drekkars, le peuple de la Passe de Farkas. Aujourd’hui pourtant, ce solide édifice est sur le point de chanceler : un souffle de révolte initié par les plus hauts dignitaires eux-mêmes fait trembler la cité. Sékal d’Aegor, l’Hégémon, le Grand Maître de la caste des Écuyers, le chef des armées en personne, souhaite fonder une nouvelle Passe. Il pousse les esclaves de la ville basse à se révolter et rallie chaque jour à sa cause de puissants seigneurs du Haut-Château. L’Empereur, quant à lui, laisse faire, bien trop occupé par les nombreux raids vers l’en-dehors, comme celui qu’il vient d’organiser sous le commandement de Farder, contre Garantiel, pour d’obscures raisons. Il semble que le souverain soit manipulé. Par qui ?… Il ne fait pas de doute, en tout cas, qu’on le tienne et l’oblige au moyen d’un produit rare dont il est dépendant et que l’on nomme Tirinka. Une drogue qu’une mystérieuse jeune femme vient, justement, de lui dérober…
 

Servitude – Drekkars
Scénario : Fabrice David
Dessins : Eric Bourgier
Couleurs : Eric Bourgier
Couverture : Eric Bourgier
Editeur : Soleil
Genre : Heroic Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 01 décembre 2008
Nombre de pages : 48
 
Mon avis : 
Après ma critique dithyrambique du premier volume de Servitude, qui m’avait laissé pour le moins pantois devant tant de qualités, le moment est venu de nous intéresser a la suite, et croyez moi, celle-ci mérite une fois de plus le détour… Et oui, Drekkars, nom du second volet de Servitude, est tout aussi bon que son prédécesseur, voir même, par certains côtés, le dépasse, non pas qu’il lui soit véritablement supérieur – le premier avait mis la barre très haut – mais disons plutôt qu’il le sublime, et ce, par la plus étonnante des façons comme je vais tacher de vous l’expliquer. En effet, Drekkars, comme son nom l’indique, est consacré aux… Drekkars, cet étrange peuple lié aux anciens Dragons et dont on avait pu apercevoir quelques représentants dans le premier tome, les espèces de samouraïs qui nous avaient interpelé... Mais quand je dis « consacré », cela signifie que ce deuxième opus de la série s’en tient uniquement à ceux-ci : ainsi, exit les personnages du Chant d’Anorœr, comme dans un deuxième prologue, les seuls protagonistes que l’on suivra tout au long de ce deuxième tome – exception d’un curieux personnage qui semblent manipuler tout ce jolie monde, et de ceux de la dernière page, qui n’a rien à voir et qui annonce le troisième tome de la saga – seront ces fameux Drekkars, ces descendants des premiers hommes et des Dragons, qui vivent au sein d’une citée souterraine et dont on va tout apprendre, justement, sur leur culture, leur histoire et leur coutumes. Car, autre force de ce deuxième tome de Servitude et fort agréable surprise : la présence d’un annexe en fin d’album et qui, assez complet, nous apprend tout ce qu’il faut savoir sur cette fameuse société Drekkars. Mais ne vous attendez pas à une courte description faite à la va vite, non, ici, vous pourrez connaitre le nom de chaque caste, leur utilité mais aussi, selon leur appartenance a tel caste, à quel endroit du corps les habitants du monde souterrain se font tatouer. Mais le meilleur, c’est que des petits détails dans le genre, il y en a des tas. Bien évidemment, cela peut paraitre inutile, mais justement, c’est ce genre de détails – s’il est tatouer sur le nombril, c’est un machin, sur les bras, un truc, s’il dit tel expression, cela signifie que l’on peut discuter sans prendre en compte tout le protocole habituel, librement quoi, etc. – qui font la force et la richesse d’un univers, que dis-je, qui le rendent crédible. Ainsi donc, Drekkars peut en étonner plus d’un puisque, tout en restant dans le même univers, les auteurs ont fait le choix – excellent de mon point de vu – de mettre de côté les protagonistes apparus dans Le Chant d’Anorœr, pour nous en présenter de nouveaux, mais pas forcément toutes les intrigues (vous comprendrez en lisant) qui elles, vont bien évidement se complexifier. Pour ce qui est de la qualité narrative, la profondeur du scénario et les dessins, il n’y a rien à dire, c’est toujours aussi bon, mais le principal atout de ce second tome de Servitude, comme je vous l’ai déjà dit, c’est justement cette volonté des auteurs de crédibiliser au maximum leur univers, un univers que l’on pourrait presque croire, par moments, réel, ce qui, franchement, est une gageure. Quoi qu’il en soit, Drekkars vient confirmer tout le bien que je pouvais penser de cette série, que je ne peux, forcément, que conseiller a ceux qui ne la connaissent pas encore.
 

Points Positifs
 :
- Tout ce que j’avais déjà pu dire de positif lors de ma critique du premier tome est une fois de plus au rendez-vous : une histoire adulte, des personnages complexes, un univers crédible et fouillé et, bien entendu, une partie graphique de haut niveau qui sublime le tout.
- L’idée d’oublier les protagonistes du premier volet et de s’intéresser, ici, sur le camp d’en face avec tout un tas de nouvelles têtes pouvait paraitre casse gueule de prime abord mais se révèle être génial après coup.
- De nouveaux héros, donc, une nouvelle intrigue (quoi qu’on devine fort bien qu’elle est liée à la trame principale de la saga), mais c’est toujours aussi passionnant surtout que certains des petits nouveaux sont hautement charismatiques.
- Enfin une BD où on sent que les auteurs ne se moquent pas de leur public : ainsi, j’ai fortement apprécié les annexes qui nous en apprennent long sur la société de ces fameux Drekkars.
 
Points Négatifs :
- Toujours le même petit souci pour ce qui est des dessins de Eric Bourgier : par moments, on a du mal à deviner qui est qui vu que certains protagonistes possèdent des visages un peu trop semblables.
- Il manque une carte comme dans le premier tome afin qu’on ne se perde pas au milieu de cet univers et de tous ces noms.  
 
Ma note : 8,5/10

SERVITUDE – LE CHANT D'ANORŒR


SERVITUDE – LE CHANT D'ANORŒR
 
Au royaume des fils de la terre, le chevalier Kiriel fait route vers la capitale pour y être marié à Lérine, la fille du roi Garantiel d’Anorœr. Sur le chemin, il passe prendre son ami vigneron Delorn, sur lequel il compte pour être témoin de la cérémonie. Cette alliance est critiquée, car Kiriel n’est pas de sang noble. Mais le roi, qui a toute confiance en lui, veut faire évoluer la lignée qui ne s’est que trop perpétrée à travers des mariages consanguins. D’ailleurs Tarquain, le propre frère de Lérine, tente encore d’influer sur la décision de leur père, car il est l’amant de sa sœur. Parmi les invités de la famille royale accueillant avec des sentiments mitigés ce roturier dans leur généalogie, se trouve une déléguée du prince de Vériel qui n’a pas daigné venir en personne. Outre ce mariage controversé, un vent de renversement souffle sur le royaume. Les vieilles querelles semblent refaire surface et des mercenaires sont mystérieusement recrutés à l’est. Le soir même de la noce, une légion entière est décimée à proximité du château. Dès le lendemain, le roi demande à Kiriel de lui servir d’ambassadeur auprès du prince de Vériel…
 

Servitude – Le Chant d'Anorœr
Scénario : Fabrice David
Dessins : Eric Bourgier
Couleurs : Eric Bourgier
Couverture : Eric Bourgier
Editeur : Soleil
Genre : Heroic Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 01 mai 2006
Nombre de pages : 60
 
Mon avis :
 Ce fut par le plus grand des hasards (mais celui-ci ne fait décidément pas bien les choses ?) que j’ai découvert Servitude, il y a cela bien des années, en lisant un numéro du magazine Zoo, et, immédiatement, j’eu comme un coup de cœur, celui-ci ayant été confirmé par la lecture de ce premier volume de la saga. Ainsi, alors que sortait, enfin, le sixième et dernier tome de Servitude ces jours-ci, je me suis dit que l’occasion était trop belle pour me replonger dans la série, histoire de me raviver la mémoire, mais aussi, accessoirement, de vous proposer les critiques des premiers volumes. Mais commençons par le commencement et donc, ce Chant d’Anorœr... Déjà, la couverture : à la fois sobre car pas vraiment tape a l’œil mais franchement belle avec ses tons sépias, l’on y découvre le protagoniste principal du récit, le maitre d’armes Kiriel. Et là, tout de suite, on se dit : « bigre, ce dessinateur a un talent fou pour les détails ! ». L’on tourne les pages, on découvre un long poème qui résume le passé de ce monde imaginaire puis la carte, comme il se doit, de celui-ci, mais aussi, toujours ce ton de couleur particulier qui d’ailleurs, sera présent de la première a la dernière page de cet album : car oui, le lecteur se doit d’être prévenu, dans Servitude, il ne faut pas s’attendre à des explosions de couleurs en tous sens puisque l’on en aura que trois : blanc, noir et marron, enfin, tout un tas de marrons, clairs, foncés etc. Bref, une ambiance sépia qui peut déconcerter de prime abord mais qui va à merveille dans le cas présent. Et comme en plus, personnellement, j’adore le sépia, vous imaginez bien à quel point une telle prise de risque (car s’en est une) pouvait me plaire. Ajoutez à cela des dessins tout bonnement excellents (je ne connaissais pas Eric Bourgier mais le bougre est franchement bon), que ce soit par les détails des décors (villes, paysages, architecture cyclopéenne) et des diverses tenues des nombreux protagonistes, je ne déplorerai qu’un seul petit bémol : le fait que bien souvent, l’on ait du mal à reconnaître qui est qui, la faute à une trop grande ressemblance des visages. Mais hormis ce détail – je le reconnais, gênant – pour le reste, il n’y a rien à dire, c’est du grand art. Mais le nerf de la guerre, ne l’oublions pas, plus encore que les dessins, c’est la qualité scénaristique d’une œuvre, et la, quand on s’attaque à un énième récit de Fantasy, l’on peut, a raisons, éprouver quelques craintes parfois compréhensibles. Bien heureusement, il n’en est rien, au contraire même ! Certes, dans ce premier tome de Servitude, l’auteur, Fabrice David, met tranquillement – mais surement car l’on ne s’ennuie pas une seconde – en place son univers, le passé de celui-ci, les forces en présence et nous présente, bien entendu, les protagonistes qui nous accompagnerons dans ce cycle. Mais immédiatement, toutes les craintes que l’on pouvait avoir quant au risque de se retrouver, pour la énième fois, devant un vulgaire copié/collé du Seigneur des Anneaux comme la production de masse grand public de Fantasy a l’habitude de nous abreuver, toutes ces craintes donc, s’envolent aussitôt : ici, et c’est tant mieux, pas de nains et d’elfes (merci, oh merci !), du moins, pour le moment, mais des hommes dans un monde où d’autres créatures ont pu exister, certes, dans le passé, mais qui, désormais, ont, soit disparu – les géants – soit sont en sommeil – les dragons – et du coup, plutôt que de se taper pour la millième fois un truc avec des orcs, des elfes et des magiciens au chapeau pointu, Fabrice David nous propose un magnifique monde entré en décadence depuis longtemps, où subsiste encore quelques traces d’un passé bien plus glorieux, mais où l’homme (qu’il soit du commun ou descendant des géants) est la figure intelligente principal de celui-ci. Certes, on a compris qu’il y a encore des dragons et l’on se demande même qui peut être ces fameux anges dont on aperçoit, dans une case, l’un de leurs vaisseaux volants, mais pour le moment, tenons-nous aux hommes ; hommes et femmes dont les comportements – trahison, ambition, un certain racisme envers les classes inférieures, inceste caractérisé et assumé (rare en Fantasy) – nous donnent au final une œuvre adulte, assez éloignée des canons de la Fantasy de supermarché, ce qui, selon moi, n’en est pas plus mal. Bref, vous l’avez compris, j’ai été conquis par Le Chant d’Anorœr, premier volume de Servitude, que dis-je, j’ai même été emballé par celui-ci, mais le meilleur, une fois cela dit, c’est que la suite est du même niveau !
 

Points Positifs
 :
- De la Fantasy adulte pour un publique adulte : c’est suffisamment rare pour ne pas le signaler et le mettre en avant. Complots, inceste, ambitions humaines, voilà ce qui prime dans ce premier volume ou le fantastique est quasiment absent pour le moment.
- Qui dit Fantasy adulte dit forcément protagonistes plus complexes qu’en temps normal et même si pour le moment, les auteurs nous les présentent, il y a de quoi commencer à se faire quelques idées sur ceux-ci.
- Graphiquement, c’est une pure merveille : Eric Bourgier maitrise le crayon d’une main de maitre et nous livre une prestation exceptionnelle, que ce soit au niveau des décors, souvent magnifiques, que des personnages.
- Le ton sépia de l’ensemble : de prime abord, ce choix artistique peut dérouter, pourtant, il s’avère être un coup de génie et est un plus indéniable a l’ensemble.
- Un poème au début pour présenter l’univers, une carte pour que l’on s’y retrouve ; rien à dire, c’est parfait !
 
Points Négatifs :
- Eric Bourgier dessine merveilleusement bien, je ne le nie pas, mais par moments, il est difficile de reconnaitre certains protagonistes au look un peu trop semblable.
- Quelques personnages un peu trop stéréotypés, ou alors, je suis trop vieux et je commence à trouver que tout le monde se ressemble ?!
- Même si les auteurs jurent le contraire, ils sont singulier les quelques points communs avec Le Trône de Fer, mais bon, laissons le bénéfice du doute…
 
Ma note : 8,5/10

RIGANTE – LE CŒUR DE CORBEAU


RIGANTE – LE CŒUR DE CORBEAU
 
Huit cents ans ont passé depuis que le roi Connavar des Rigante et son fils bâtard, Bane, ont défait l’armée de la Cité de Roc. A présent les Rigante ont perdu leur liberté et leur culture, face à l’envahisseur Varlish, pour lesquelles tant des leurs avaient sacrifié leur vie. Ils vivent dans la crainte, en peuple conquis. Il ne subsiste qu’une femme qui suit les anciennes voies de la tradition, l’Étrange du Bois de l’Arbre à souhaits, et elle seule connaît la nature du mal qui sera bientôt libéré. Pourtant, selon elle l’espoir repose sur deux hommes : un guerrier aux allures de géant, descendant des Rigante, hanté par son échec à sauver son meilleur ami de la trahison, et un jeune dont les talents meurtriers lui vaudront la rancune des brutaux Varlish. L’un des deux deviendra le Cœur de Corbeau, un chef hors-la-loi dont les exploits inspireront les Rigante. L’autre devra forger une légende… et allumer les feux de la révolte !
 

Rigante – Le Cœur de Corbeau
Auteur : David Gemmell
Type d'ouvrage : Heroic Fantasy
Première Parution : septembre 2001
Edition Poche : 22 septembre 2017
Titre en vo : Ravenheart
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Alain Névant
Editeur : Milady
Nombre de pages : 560
 
Mon avis :
 Si, depuis ma lecture de l’excellent Le Lion de Macédoine, en début d’année, David Gemmell est omniprésent sur ce blog, c’est que le regretté auteur britannique – malgré un style plutôt rentre dedans, des personnages assez stéréotypés mais attachants et quelques tics d’écriture qui reviennent sans arrêt – aura été, indéniablement, un des maitres de la Fantasy moderne, un auteur qui aura sut nous captiver sans la moindre prise de tête, nous offrant des intrigues a la fois simples et captivantes et une multitude de protagonistes inoubliables. Ainsi, si le Cycle Drenaï, débuté par le cultissime Légende, aura été son œuvre la plus marquante, force est de constater que Gemmell aura sut, a coté de celui-ci, nous proposer d’autres ouvrages de qualité, et, parmi ceux-ci, un autre cycle, plus court – quatre romans – que j’ai découvert il y a quelques semaines et que je peux, sans peine, classer sans peine parmi les meilleurs de l’auteur : Rigante ! Il faut dire que les deux premiers volumes flirtaient allègrement avec les plus belles réussites de David Gemmell et que suivre le destin du peuple Rigante et de ses grands noms comme Connavar, Ruathain ou Bane, dans cet univers parallèle fort semblable au notre et où l’on reconnaissait bien, d’un coté, les peuples Celtes, de l’autre, l’Empire Romain, fut un pur régal. Cependant, une fois achevé Le Faucon de Minuit, nous n’avions pas tout a fait achever Rigante puisqu’il restait deux tomes pour cela, et là, première grosse surprise avec ce fameux bond de huit-cent ans dans le futur pour retrouver nos fameux Rigantes cette fois ci aux prises avec un nouvel envahisseur, les Varlish. Bon, ici, comme chacun l’aura compris, les Varlish, bien évidement, ce son les anglais tandis que les Rigantes, désormais, ce sont les écossais, battus et colonisés par leurs voisins sudistes, Gemmell décidant de reprendre son idée d’univers parallèle, ne modifiant, finalement, que l’époque de l’intrigue. Bien évidement, ce saut dans le temps pourra en déstabiliser plus d’un, surtout que, par la force des choses, tous les anciens protagonistes sont morts depuis belle lurette et qu’un nouveau casting est au programme. Cependant, si les premières pages de ce troisième tome de Rigante déstabilisent un peu le lecteur, assez rapidement, on commence à se prendre d’affection pour les petits nouveaux, on saisit mieux la nouvelle situation, les évolutions technologiques – apparition des armes a feux par exemple – et, comme c’est quasiment tout le temps le cas chez Gemmell, on est rapidement captiver par une intrigue qui, ma foi, nous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page ! Bien entendu, aussi sympathique soit-il, Kaelin marque moins les esprits que Connavar ou Bane en leur temps, d’ailleurs, Gaise Macon, autre protagoniste qui apparait trop peu à mon gout, est nettement plus intéressant au vu du mystère qui plane sur ses origines. Cependant, même si nous n’avons pas un héros digne de ce nom, le reste du casting est assez marquant, principalement Grymauch, colosse au grand cœur qui n’est pas sans nous rappeler un certain Druss… Ajoutons à cela le talent indéniable de Gemmell pour nous raconter des histoires, la relation entre Rigantes et Varlishs tellement calquée sur celle qui vit les anglais dominer et mépriser les écossais, colonisant ces derniers, niant leurs racines culturelles jusqu’à vouloir les occultés, mais aussi, entre divers fait d’armes marquants et une belle petite attaque en règle des procès en sorcellerie et l’on obtient, au final, un troisième tome qui, malgré ses différences et ses nouveaux protagonistes, apparait comme étant presque aussi bon que ses prédécesseurs d’un cycle, Rigante, qui, ma foi, apparait comme étant de plus en plus une des meilleures créations de David Gemmell !
 

Points Positifs
 :
- Malgré le bond de huit-cent ans dans le futur et le remplacement de l’intégralité du casting par une flopée de petits nouveaux, force est de constater que David Gemmell réussit magistralement son coup et que la suite du destin du peuple Rigante est, ma foi, toujours aussi passionnante ! Bref, une réussite indéniable !
- Exit la lutte entre les Celtes et l’Empire Romain et place à la colonisation de l’Écosse par les Anglais : une fois de plus, David Gemmell se sert de l’Histoire pour nous proposer un univers parallèle fort proche du notre et qui apparait comme étant une belle réussite.
- S’il faut reconnaitre que Kaelin n’est pas le personnage le plus charismatique créer par Gemmell, le reste du casting, qu’il soit Rigante ou Varlish, marque les esprits, particulièrement grâce  à Grymauch qui ressemble beaucoup à Druss mais en plus travaillé, mais aussi par le biais de quelques protagonistes secondaires plutôt intéressants comme le maitre d’école Varlish qui change beaucoup au fil du roman…
- Mais quel est le véritable secret qui plane sur les origines de Gaise Macon, un personnage, indéniablement, intéressant même s’il apparait peu finalement.
- Amusant de voir toutes les petites références aux anciens protagonistes des deux premiers romans et de voir comment leur vie aura été modifié par les textes religieux voir par la réécriture de l’Histoire.
 
Points Négatifs :
- On peut tout de même regretter que Kaelin ne marque pas plus les esprits que cela. Il est certes sympa, pas désagréable, mais bon, Gemmell nous a déjà offert nettement mieux en tant que protagoniste principal, quand a la comparaison avec Connavar et Bane, il n’y a pas photo !
- Ce bond de huit-cent ans dans le futur et le changement total de casting peut en déstabiliser plus d’un.
- Bien entendu, les détracteurs de l’auteur remarqueront que, dans l’ensemble, la plupart des protagonistes rappellent bien d’autres personnages que l’on a déjà rencontrer dans des œuvres plus anciennes et que Gemmell a souvent bien du mal à sortir de ses stéréotypes.
 
Ma note : 8/10

mercredi 4 novembre 2020

BOWIE


BOWIE
 
C'est la vie de Bowie sous forme de paraboles et d'histoires imaginaires, une reconstitution magnifiquement documentée, sans doute meilleure que d'authentiques reportages d'époque. C'est la rétrospective fantasmée de la vie d'une personnalité fantasmatique, inspirée par la vie de son interprète, un certain David Jones, qui vécut jadis à Bromley et naquit à Brixton.
 

Bowie
Scénario : Mike Allred, Steve Horton
Dessins : Mike Allred
Encrage : Mike Allred
Couleurs : Laura Allred
Couverture : Mike Allred
Genre : Biographie
Editeur : Insight Comics
Titre en vo : Bowie – Stardust, Rayguns, & Moonage Daydreams
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 07 janvier 2020
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Huginn & Muninn
Date de parution : 23 octobre 2020
Nombre de pages : 160
 
Mon avis :
 Ce n’est pas vraiment une surprise pour celles et ceux qui me connaissent personnellement voir même pour ceux qui, éventuellement, déambulent sur ce blog lorsque le cœur leur en dit, je suis, depuis bien longtemps, un grand fan de David Bowie, sans nul doute un des plus grands artistes de tous les temps – et je pèse mes mots sans exagération aucune – qui aura marquer l’univers de la musique pendant, sensiblement, un demi-siècle et qui, comme chacun sait, nous a quitter en janvier 2016, ce, tout juste après la parution de son album testament, l’excellent Blackstar. Bien entendu, en tant que fan, je suis toujours preneur d’une bonne biographie du sieur David Jones et comme cela faisait plutôt longtemps que je n’avais pas l’occasion d’en lire une, vous pouvez imaginez mon enthousiasme lorsqu’ai j’ai appris la sortie, il y quelques jours, dans l’hexagone, de cette bande dessinée nord américaine sobrement intitulée Bowie, surtout que celle-ci était l’œuvre d’un certain Mike Allred, sans aucune contestation possible, un des artistes de comics les plus intéressants de ces vingt dernières années… La toute première fois que j’ai découvert le sieur Allred, ce fut par le biais de son travail, pour Marvel, sur la série X-Statix (anciennement X-Force), il y a de cela dix-huit ans. Je ne vais pas vous mentir, mes gouts de l’époque étant plus basiques, j’avais eu un peu de mal, au début, à apprécier le style particulier de l’artiste. Pourtant, au fil des mois et des numéros, au demeurant, excellents – ce qui fait que je considère, encore aujourd’hui, X-Statix comme étant un des meilleurs comics que j’ai lu dans ma vie, regrettant, hélas, que Panini ne nous propose aucune intégrale de la série, les salauds – j’ai appris à aimer le style de Mike Allred, voyant dans l’apparente naïveté des traits de ce dernier, une maitrise artistique notable et une originalité peu commune. Ceci étant dit, une biographie de David Bowie par Mike Allred, forcément, cela ne pouvait que me plaire et, bien entendu, sans surprises, je n’ai nullement été déçu, bien au contraire ! S’intéressant aux débuts de Bowie et à sa période faste, celle qui le fit accéder à la célébrité et qui lui apporta la gloire, c’est-à-dire, celle de Ziggy Stardust, Mike Allred, aidé par Steve Horton au scénario et par son épouse, Laura Allred aux couleurs, nous livre une biographie que l’on peut qualifiée d’excellente et qui, par certains cotés, n’a pas grand-chose a envier aux véritables biographies – même si, bien entendu, ces dernières resteront toujours plus complètes, mais un livre le sera toujours en comparaison d’une BD. Magnifiquement dessinée par un Mike Allred inspirer comme jamais – le fait d’être un fan du Mince Duc Blanc n’y est pas pour rien – cette biographie en bande dessinée est non seulement un fort bel ouvrage mais aussi, et surtout, ravira les amateurs de Bowie qui auront le plaisir d’y trouver moult détails de la vie de leur artiste favori, moult protagonistes de la pop culture de l’époque, une époque – on a un peu de le mal a s’en souvenir de nos jours voir à l’admettre – d’une richesse incroyable, artistiquement parlant, ce, à tous les niveaux. Bref, vous l’avez compris, si vous êtes un fan de David Bowie, cette biographie de Mike Allred est faite pour vous et j’irais même plus loin, elle est indispensable ! Le seul regret, finalement, c’est qu’elle n’aborde qu’une seule période de la vie de l’artiste, celle de la folie Ziggy Stardust – la suite est très rapidement abordée, en guise de conclusion – mais bon, qui sait, il se pourrait bien que, si on a de la chance, qu’Allred nous offre, dans l’avenir, un nouvel album, histoire d’approfondir le reste de la carrière de Bowie, car bon, comme chacun sait, il y a encore beaucoup, mais alors beaucoup à dire à son sujet…
 

Points Positifs
 :
- En temps normal, je ne suis pas vraiment fan des biographies en BD, surtout pour ce qui est des artistes, pourtant, dans le cas présent, il faut reconnaitre que ce Bowie de Mike Allred est une pure réussite qui est, de mon point de vu, indispensable pour tout fan qui se respecte !
- Même si cette biographie ne traite que des débuts de David Bowie jusqu’à la fin de la période Ziggy Stardust, force est de constater qu’elle est très complète, passionnante à lire, bourré de détails et que, bien entendu, moult figures de la pop culture de l’époque, font leur apparition – les familiers des sixties et des seventies reconnaitront, bien évidement, tout ce petit monde.
- Artistiquement et visuellement, cet album est un pur régal. Il faut dire que Mike Allred, en tant que fan de David Bowie, est plus inspiré que jamais et livre des dessins magnifiques, quand a la colorisation de sa femme, Laura Allred, disons que celle-ci a sut magnifiquement retranscrire toute la folie de l’époque.
- La pochette de l’édition française – reprenant la pochette de Aladdin Sane – est sobre mais oh combien réussie. Pas la peine d’en faire trop…
 
Points Négatifs :
- Dommage que juste les premières années de la carrière de David Bowie soient abordées dans cet album. Après tout, il y a encore énormément de choses à raconter. Espérons qu’il y ait une suite !?
- Bien évidement, il faut être fan de Bowie pour pouvoir apprécier cette biographie. De même, si vous n’êtes pas un spécialiste des années 60 et 70, la plupart des protagonistes qui apparaitront seront, pour vous, de parfait inconnus…
 
Ma note : 8/10

lundi 2 novembre 2020

VINLAND SAGA – TOME 20


VINLAND SAGA – TOME 20
 
Il y a six mois de cela, lors d’une partie de chasse, le roi Knut réalisa qu’une énorme meute de loups dévorait beaucoup trop de gibiers. Il ordonna à son bras droit, Ulf, de tuer le chef de meute pour que le groupe de loups se livrent ensuite à une guerre qui ferait baisser en masse leur nombre. Aujourd’hui, Ulf sollicite Thorkell de la part de Knut pour que le guerrier se mêle au conflit interne des Jomsvikings. Loin d’être idiot, Thorkell se doute que Knut prépare quelque chose : il y a un peu trop de personnes importantes qui décèdent et cela donne lieu à beaucoup de conflits. Thorkell refuse d’obéir à Knut et le fait bien comprendre à Ulf. En revanche, il adore faire la guerre...
 

Vinland Saga – Tome 20
Scénariste : Makoto Yukimura
Dessinateur : Makoto Yukimura
Genre : Seinen
Type d'ouvrage : Aventure, Historique
Titre en vo : Vinland Saga vol.20
Parution en vo : 22 novembre 2017
Parution en vf : 15 novembre 2018
Langue d'origine : Japonais
Éditeur : Kurokawa
Nombre de pages : 213
 
Mon avis :
 Ce n’est pas vraiment une surprise pour celles et ceux qui auraient lut mes critiques précédentes de Vinland Saga, mais bon, pour le moment, La guerre des Jomsvikings, troisième cycle de l’excellent manga du sieur Makoto Yukimura manque un peu de ce que l’on peut appeler un tome excellent, comme cela avait été le cas auparavant. Cependant, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : une fois de plus, ce nouveau volume de Vinland Saga est bon, très bon même et, une fois de plus, on retrouve tout ce qui fait les qualités de ce manga qui est, sans aucune discussion possible, un des meilleurs du marché actuel, qui plus est, pour ce qui est de ces fameux tomes qui flirtaient avec l’excellence, disons que ces derniers marquaient des fins de cycles et/ou marquaient les esprits par la mort d’un ou de plusieurs protagonistes important. Rien de tel, donc, pour le moment, mais peut importe car, en toute franchise, ce vingtième tome est bon, très bon même et si, comme moi, vous êtes fan de ce manga, non seulement vous allez le dévorer mais, qui plus est, vous allez une fois de plus passer un très bon moment de lecture ! Il faut dire que, entre le début de la bataille rangée entre les fameux Jomsvikings, pleine de bruit, de fureur et de morts, l’affrontement à la fois dantesque et comique entre Thorkell et Garm – personnage que, pourtant, je n’aime pas – un Thorfinn qui se demande bien s’il ne va pas devoir mettre ses grands idéaux de coté afin de sauver ses amis et quelques doses d’humour plutôt bienvenues, ce vingtième tome de Vinland Saga a de quoi ravir les fans. Ajoutons à cela les dessins toujours sublimes de Makoto Yukimura et vous comprendrez mon enthousiasme vis-à-vis de ce manga qui n’a absolument pas baissé d’un pouce. Bref, vous l’avez compris, de quoi attendre la suite avec impatience, bien entendu !
 

Points Positifs
 :
- Cette fois ci, la guerre civile entre les deux factions adverses des Jomsvikings – avec Thorkell au beau milieu – à débuter et, ma foi, force est de constater que celle-ci est spectaculaire et nous vaut son lot de morts, de cris et de larmes !
- Certes, je n’aime pas Garm, cependant, il faut reconnaitre que son affrontement avec Thorkell est pour le moins spectaculaire et marque les esprits.
- L’humour n’est jamais bien loin dans ce manga et, ma foi, disons que celui-ci ne dénote nullement dans l’intrigue – bien entendu, une fois de plus, Thorkell, Gudrid et Gros-Yeux y sont pour beaucoup…
- Comme je l’ai déjà souligné lors de mes critiques précédentes, une des grandes forces de Vinland Saga, c’est, bien entendu, sa partie graphique : Makoto Yukimura est un dessinateur fort talentueux qui nous livre ici des planches fort détaillées pour ne pas dire magnifiques pour certaines.
- On sent le travail en amont de la part de l’auteur, ce qui renforce la crédibilité de l’ensemble, ce, même si, bien entendu, Vinland Saga reste une œuvre de fiction.
 
Points Négatifs :
Comme je l’avais déjà souligné dans ma critique du tome précédent, je n’aime pas Garm, mais alors, pas du tout !
- Si l’on retrouve, comme à chaque fois, une certaine exagération propre a la série – et aux mangas en général – ce qui pourra déplaire à certains, il est clair que l’habileté surhumaine et les capacités de Garm et de Thorkell n’aident pas les choses.
- Ceux qui ne sont pas fans de l’humour de la série pesteront, bien entendu, vis-à-vis de certaines scènes…
 
Ma note : 7,5/10

dimanche 1 novembre 2020

DOOMSDAY CLOCK


DOOMSDAY CLOCK
 
Il y a trente ans, sur une Terre où le cours de l'Histoire a évolué de manière bien différente, un justicier milliardaire nommé Ozymandias a tenté de sauver l'humanité d'une guerre nucléaire imminente en concevant une machination effroyable... et réussit. Mais, ses plans ayant été révélés, ce dernier dut prendre la fuite et tente à présent de retrouver le seul être capable de restaurer un équilibre sur sa planète : le Dr Manhattan, surhomme omnipotent. Un seul problème s'offre à lui : le Dr Manhattan a quitté sa dimension pour visiter celle de la Ligue de Justice et interférer avec le cours des événements, manipulant à leur insu les héros de cet univers. Mais pour Ozymandias, ce défi n'est qu'un obstacle de plus dans sa quête d'une paix éternelle pour son monde et ses habitants : résolu, il décide de franchir la barrière entre les dimensions quitte à y affronter ces métahumains.
 

Doomsday Clock
Scénario : Geoff Johns
Dessins : Gary Frank
Encrage : Gary Frank
Couleurs : Brad Anderson
Couverture : Gary Frank
Genre : Super-Héros
Editeur : DC
Titre en vo : Doomsday Clock
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 22 novembre 2017 – 18 décembre 2019
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 23 octobre 2020
Nombre de pages : 448
 
Liste des épisodes
Doomsday Clock 1-12
 
Mon avis :
 Si Watchmen, œuvre du génialissime Alan Moore pour le scénario et de Dave Gibbons pour les dessins fut, indéniablement, un des plus grands si ce n’est le plus grand comics de tous les temps, force est de constater que, depuis quelques années, cette œuvre culte aura été au cœur de bien des polémiques, que cela soit par le biais du toujours ombrageux Moore qui estime que sa création se suffit à elle-même et qu’aucune adaptation ou suite n’était nécessaire, mais aussi, bien entendu, par les nombreux fans de la première heure qui ne se sont pas laissés abusés par le coté pécunnier de la chose. Pourtant, au sein de ces derniers, il existe deux catégories : les jusqu’au bouliste et les autres, dont je fais parti qui se sont pas dupes quand a la volonté de DC de se faire de l’argent facile sur le dos de l’œuvre originale mais qui n’en considèrent pas moins que, à chaque fois que celle-ci a eu droit a une adaptation ou une suite, eh bien, qualitativement, c’était plutôt pas mal ! Ainsi, que cela soit le film, datant déjà de 2009, franchement bon, Before Watchmen, première suite dont je n’ai lu que la partie consacrée aux Minutemen – la seule qui m’intéressait – ou l’excellente série de chez HBO dont je vous ai parler il y a quelques mois, force est de constater que je n’ai jamais été déçu par ses adaptations et autres suites qui auront tellement fait hurler Alan Moore et bien des fans. Mais ce n’était pas tout à fait finit car on se doutait bien que DC n’allait pas abandonner sa poule aux œufs d’or, surtout après la série de 2019 qui, qualitativement et artistiquement parlant, était proche de la perfection, sauf que, cette fois ci, la maison d’édition allait oser aller encore plus loin et réunir, dans une seule mini-série, l’univers si particulier de Watchmen a son principal, c’est-à-dire, celui de Superman, Batman et compagnie. Une hérésie !? En toute franchise, à première vue, oui, incontestablement, cependant, même si ce n’était pas vraiment une surprise puisque après Flashpoint, on avait eu pas mal d’indices sur ce rapprochement dans le très moyen Le Badge, j’attendais néanmoins de voir ce que ce Doomsday Clock – puisqu’il est grand temps de le nommer – allait nous proposer. Après tout, cela ne servait à rien de s’indigner et de hurler à l’hérésie avant de lire ne serais-ce qu’une seule page de cette mini-série, autant en juger par moi-même et voir si le contenu serait bon ou non et, ma foi, sur ce point, je ne perdrait guère de temps à tourner autour du pot, si l’on peut estimer que DC tire un peu trop sur la corde, qu’ils ont fait tout cela pour de l’argent au détriment de la pure création artistique – mais de leur coté et chez Marvel, cela fait longtemps que l’on n’attends plus grand-chose d’original – force est de constater que Doomsday Clock est, dans l’ensemble, franchement bon, ce, même si l’on peut estimer que la mini-série souffre de quelques défauts qui en agaceront certains. Ainsi, comment ne pas reconnaitre qu’en reprenant le processus narratif de Watchmen – c’est-à-dire, les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan, une histoire fictive dans l’histoire (celle de Nathaniel Dusk) les renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre – Doomsday Clock se veut une copie conforme de Watchmen, le talent en moins. De plus, si certains y verront un bel hommage à l’œuvre originale, pour d’autres, tout cela n’est qu’une succession de clichés. Ensuite, il y a une belle succession de scènes toutes justes destinées à créer le buzz : Rorschach contre Batman et le Joker, Ozymandias opposé à Lex Luthor, mouais, un peu trop facile tout cela. Ajoutons à cela un postulat de départ pour le moins contestable – à la fin de Watchmen, le Dr Manhattan fuit son univers pour celui de DC – et vous pourrez vous dire : mais pourquoi diable ais-je dis que Doomsday Clock était bon voir même très bon !? Eh bien, en fait, pour son dernier tiers qui, à lui tout seul, non seulement sauve les meubles mais aussi et, surtout, fait de cette mini-série une œuvre à la fois bien plus surprenante que prévue mais, aussi, nous offre une fort intéressante réflexion sur l’adaptation des personnages de fiction dans un cadre méta-contextuel. En effet, le Dr Manhattan comprend bien qu’il se passe quelque chose de différent sur cette Terre, qui voit un Superman débarquer de nombreuses fois dans sa capsule au fil des années, commençant en 1939 et se terminant sur le reboot du New 52 sans éclipser les différentes versions de John Byrne et d’autres auteurs. Ce qui provoque à chaque fois des disruptions dans la continuité, qui ne peut être expliquée que par l’intervention des scénaristes et des éditeurs de la compagnie. Et, sans toutefois les nommer ou se mettre lui-même en scène, Geoff Johns propose via la connaissance du Dr Manhattan une solution permettant d’expliquer tous les relaunchs et reboots passés ou futurs de la compagnie. De fait, le scénariste trouve une solution aux problèmes de continuité en créant le Metaverse, univers uniquement dicté par la volonté des auteurs qui se penchent sur le destin des personnages de fiction. Cela peut paraitre pour le moins oser et difficile à comprendre en lisant cette critique mais je peux vous assurez que cela passe très bien au cours de la lecture. Ajoutons à cela que Geoff Johns nous offre une fort belle déclaration d’amour à Superman qui apparait comme étant la pierre angulaire de l’ensemble de l’univers DC, son personnage le plus important, ce qui est plutôt amusant vu que bon nombre de fans n’ont yeux, eux, que pour Batman… Au final, Doomsday Clock apparait comme étant une œuvre qui en fera hurler certains, à raison, et qui plaira grandement à d’autres, à raison également : bien entendu, nous sommes à mille lieux du chef d’œuvre absolu d’Alan Moore et le lien avec le Watchmen original, finalement, n’aura jamais été aussi lointain, cependant, pour son dernier tiers, excellent, pour la partie graphique de Gary Frank qui dessine l’intégralité des douze épisodes, pour l’utilisation du Dr Manhattan, plus réussie que prévue, pour ses réflexions et ses constatations sur cet univers toujours changeant et, bien entendu, pour Superman, Doomsday Clock mérite le détour et reste, pour les fans du genre, un des incontournables a lire cette année : après, on n’est pas obliger de l’aimer, bien entendu, mais pour pouvoir le critiquer, encore faut-il le lire !
 

Points Positifs
 :
- Il était évidant que Doomsday Clock avait tout du projet casse gueule avant même que ne soit paru son tout premier épisode, pourtant, malgré ses défauts, malgré toutes les critiques, il apparait grandement que cette mini-série s’en sort avec les honneurs et que même si elle n’est pas parfaite, elle n’en reste pas moins comme étant un des comics à lire cette année, ne serais-ce que pour son dernier tiers, franchement éblouissant !
- La dernière partie, justement, de la mini-série, est tout simplement magistrale quand a sa réflexion sur l’adaptation des personnages dans le monde des comics ainsi que les explications proposées quand aux divers relaunchs et autres reboots propre au médium. C’est osé mais plutôt bien trouvé.
- De manière surprenante, Doomsday Clock est une belle déclaration d’amour à Superman qui apparait comme étant la pierre angulaire de tout l’univers DC.
- Les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan, l’histoire fictive dans l’histoire et les renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre apparaitront, aux yeux de certains, comme un bel hommage à l’œuvre originale.
- Pour ce qui est de la partie graphique, Gary Frank dessine l’intégralité des douze épisodes et livre une prestation artistique que l’on peut qualifier de bonne dans l’ensemble.
 
Points Négatifs :
- Bien entendu, personne n’est dupe : Doomsday Clock reste une œuvre un peu artificielle dans sa conception et son postulat de départ – le Dr Manhattan qui débarque dans l’univers DC à la fin de Watchmen et qui est responsable de bien des changements dans celui-ci – apparait comme étant un poil bancale.
- Les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan, l’histoire fictive dans l’histoire et les renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre apparaitront, aux yeux de certains, comme une succession de clichés qui ne font que plagier l’œuvre originale.
- Rorschach contre Batman et le Joker, Ozymandias opposé à Lex Luthor… quelques scènes uniquement présente afin d’alimenter le buzz…
- Les fans les plus ultras de l’œuvre originale crieront à l’hérésie même s’ils feraient mieux de lire cette mini-série avant de la juger.
- A titre de comparaison, la série de HBO est nettement plus aboutie que Doomsday Clock.
- Parmi les douze couvertures de la mini-série, il fallait que les éditions Urban choisissent l’une des plus mauvaises : Rorschach et le Joker, c’est vendeur mais tellement convenu…
 
Ma note : 8/10