mercredi 5 mai 2021

LE FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ – LE BATEAU FABULEUX


LE FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ – LE BATEAU FABULEUX
 
Vous souvenez-vous de ce fleuve immense sillonnant une planète inconnue ? Sur ses rives se sont retrouvés des milliards d'humains ressuscités. Et parmi eux, il y a des grands noms : Cyrano de Bergerac, Odysseus, Hermann Goering, Mark Twain, Le Prince Jean... Bref, des gens dynamiques, désireux de comprendre et d'agir. Alors Mark Twain, qui n'a pas oublié son cher Mississippi, décide de construire un navire pour remonter aux sources du fleuve. Il serait tout à la joie de la folle entreprise si sa femme ne le chagrinait : elle s'est éprise de Cyrano ! Autre ennui : Goering, devenu un non-violent, s'oppose à l'aventure... Mark Twain est têtu et le bateau fabuleux sera achevé. Pour voguer sur quelles eaux tumultueuses et maléfiques ?
 

Le Fleuve de l'Éternité – Le Bateau Fabuleux
Auteur : Philip José Farmer
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 1971
Edition Française : 01 janvier 1992
Titre en vo : Riverworld – The Fabulous Riverboat
Pays d’origine : États-Unis
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Jacques Guiod
Éditeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 348
 
Mon avis :
 Le premier volume du Fleuve de l’Éternité s’était achevé alors que Richard Burton et ses compagnons se préparaient, une fois encore et après maintes péripéties, à partir en quête de la mystérieuse Tour Noire, ce monument semi légendaire où vivraient les responsables de la résurrection générale de l’humanité toute entière sur le monde du Fleuve, les non moins étranges Ethiques. Ainsi, après avoir suivi Burton, Alice, Frigate et les autres dans leur exploration de cette planète, ou, plus précisément, de ce long et sinueux fleuve sur les rives duquel, l’Homme commençait, au fil des années, a bâtir de nouvelles nations et, bien trop souvent, a retomber dans ses travers, je m’attendais à les retrouver dans ce second volume. Ainsi, telle ne fut pas ma surprise en constatant assez rapidement que ceux-ci seraient tout simplement absents dans ce tome – il est tout juste fait quelques allusions à Burton, ici et là. Alors certes, je savais pertinemment que de nouveaux protagonistes allaient faire leur grande entrée dans le récit, pas que nos anciens héros brilleraient par leur absence… Ceci étant dit, rentrons donc dans le vif du sujet pour ce qui est de ce Bateau Fabuleux, ce second tome du Fleuve de l’Éternité… Ainsi, après la surprise initiale, on finit, au bout d’une période d’adaptation plus ou moins longue, par retrouver les grandes trames du cycle du Fleuve de l’Éternité et en particulier les grandes questions que les protagonistes et les lecteurs se posent : pourquoi une telle résurrection, comment et dans quel but, qui sont ces mystérieux Ethiques, comment accéder à cette mystérieuse Tour noire et, quel sera le sort de l’humanité ? Car nombreux sont ceux qui se posent ces questions et, parmi eux, un certain Sam Clemens (alias Mark Twain), un autre contacté, comme Burton, par le mystérieux Inconnu, le soit disant rebelle des Ethiques. Et alors que l’on aurait put s’attendre, comme dans le premier volume, a une succession de voyages au court du fleuve, l’on se rend assez rapidement compte que Farmer nous entraîne plutôt ici, dans la description de toute la mise en place nécessaire à la construction de ce fameux Bateau Fabuleux. Et là, tout y passe : création d’un état, enjeux politiques internes et relations avec les voisins, quelles soient houleuses ou amicales, trahisons et manœuvres politiques diverses, commerce, logistique, longs descriptifs de l’industrie et des moyens nécessaires à l’accomplissement du but ultime de ce deuxième tome, c’est-à-dire, la construction du plus grand bateau à aubes de l’Histoire, navire qui permettra à Clemens et ses compagnons, de partir en quête de la Tour Noire. Du coup, l’on se retrouve, tout en étant dans le même univers et que les objectifs n’ont pas changés d’un iota, avec un récit bien différent que dans le Monde du Fleuve, peut être moins romanesque mais tout autant passionnant et captivant. Alors oui, l’action est moins présente, ce, au détriment de la psychologie des personnages, mais la force de Farmer, est de maintenir le niveau de qualité de l’œuvre et l’intérêt du lecteur pour celle-ci à un haut degré, et ce, malgré tant de changements. L’on avait aimé la bravoure de Burton ? On se passionnera pour ce râleur de Clemens, a la personnalité bien trouble, parfois peu reluisante et jusqu’au boutiste. L’on avait aimé les voyages du premier tome ? La gérance d’un état et ses relations avec ses voisins nous passionnerons. L’on avait aimé la présence d’un homme de Néandertal et d’un extraterrestre dans le premier tome ? Les protagonistes de la suite seront plus conventionnels, si l’on fait abstraction du géant préhistorique, l’attachant Joe Miller, quand à d’autres, comme Cyrano de Bergerac, Jean sans Terre ou Eric la Hache, disons qu’ils ne laisseront pas les lecteurs indifférents... Et, bien entendu, on avait adoré tous les mystères entourant la résurrection de l’humanité, le sort à plus moins longue échéance de celle ci et les Ethiques ? Rassurez vous, ceux-ci sont toujours présents et s’en trouvent mêmes sublimés car plus l’on avance dans l’œuvre, plus de nouveaux indices nous sont donnés, plus nos certitudes et nos hypothèses volent en éclat, ainsi, tandis que les dernières pages de ce Bateau Fabuleux s’achèvent, une chose est certaine, la route sera encore longue pour nos protagonistes et bien malin sera celui qui peut prétendre connaître la solution de toutes les énigmes, qui ne cessent de croîtrent… Bref, ce second volume du Fleuve de l’Éternité, malgré son changement de ton, n’en reste pas plutôt réussi et ne décevra pas les lecteurs de Farmer, qui, ici, réussit à se renouveler tout en maintenant la qualité de son cycle. Malheureusement, malgré toutes les louanges déjà citées, je ne peux passer sous silence certaines longueurs ainsi que quelques incohérences, dues, la plupart du temps à des oublis, même si, malgré ces quelques défauts, Le Bateau Fabuleux vient confirmer ce que son prédécesseur promettait : Le Fleuve de l’Éternité est un excellant cycle. Puisse la suite être du même acabit…
 

Points Positifs
 :
- Une suite qui, malgré son changement radical de casting et de ton, n’en reste pas moins dans la même veine, qualitativement parlant, que son prédécesseur et confirme tout le bien que l’on pouvait penser du cycle du Fleuve de l’Éternité, œuvre qui possède un univers oh combien singulier et qui mérite le détour, de par son postulat de départ et son originalité.
- Dans Le Bateau Fabuleux, on perd un peu le coté aventureux du premier volet, Le Monde du Fleuve, pour une ambiance plus politique, plus axée sur les rouages de la création d’un état et de son développement, cependant, l’intrigue n’en reste pas moins passionnante pour peu que vous adhériez a l’univers de Farmer.
- Le casting est renouvelé en profondeur, cependant, les nouvelles têtes d’affiches ont de quoi marquer les esprits : Mark Twain, Jean sans Terre, Cyrano de Bergerac, Lothar von Richthofen, pour les figures historiques, mais aussi Joe Miller, l’hominidé géant, pour les personnages inventés pour l’occasion…
- Les grandes questions que l’on se posait dans le premier volume reviennent à nouveau ici et on est toujours aussi curieux de connaitre le fin mot de l’histoire.
 
Points Négatifs :
- Comme cela avait été le cas pour le premier volume, cette œuvre accuse un peu son âge, ce en raison d’un style d’écriture un peu vieillot et d’une simplicité qui n’est plus de mise de nos jours…
- Quelques petites boulettes narratives, ici et là, ainsi que certaines longueurs nuisent un peu au plaisir de la lecture de ce roman.
- Le changement radical de casting à de quoi déstabiliser pas mal de lecteurs, surtout que, il faut le reconnaitre, Mark Twain et les petits nouveaux sont moins charismatiques que Richard Burton et ses compagnons.
- Les femmes occupent une place négligeable ici. Certes, il faut se remettre dans le contexte de l’époque, cependant, j’ai déjà eu l’occasion de lire des ouvrages où la gente féminine avait droit à un traitement plus acceptable…
 
Ma note : 7,5/10

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