samedi 25 avril 2020

LES INDES FOURBES


LES INDES FOURBES

Pablos de Ségovie grandit en Castille au sein d’une famille de gueux particulièrement doués pour les arnaques, le système D profitable et l’enfouissement de tout scrupule. En clé de voûte de son éducation, l’adolescent retient un précepte paternel fondamental : tu ne travailleras point. Après bien des escroqueries, il se retrouve un beau jour à (fuir) embarquer sur un galion à destination des « Indes », en passant par l’Ouest – soit vers l’Amérique du Sud. A ce qu’il parait, c’est en cette terra incognita que se nichent l’aventure (donc la gloire) et l’Eldorado promis par des cités d’or (donc un enrichissement rapide et fastueux). Mais après une énième tricherie aux cartes lors d’une partie avec les marins, il est fichu par-dessus bord sans autre forme de procès. Il dérive plusieurs jours accroché à morceau de bois et accoste finalement sur un rivage tropical. Les africains qui l’accueillent sont des esclaves rescapés d’un naufrage. Ils hésitent un temps à zigouiller cet hidalgo, spécimen d’une race qui les a asservis… puis étant donné la capacité du zigue à les faire rire avec ses pitreries, ils le laissent finalement en vie. Deux bras de plus ne sont pas négligeables pour construire la petite communauté libre à laquelle ils aspirent. Mais Pablos a d’autres ambitions. Il les quitte en pleine nuit et longe la côte, espérant tomber sur un établissement de compatriotes. Et c’est ce qui se passe : il finit par être recueilli par des espagnols qui ont traversé l’Atlantique pour « défricher » dans le sang la vermine indienne…


Les Indes Fourbes
Scénario : Alain Ayroles
Dessins : Juanjo Guarnido
Couleurs : Juanjo Guarnido
Couverture : Juanjo Guarnido
Editeur : Delcourt
Genre : Histoire, Aventure
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 28 août 2019
Nombre de pages : 160

Mon avis : Ce fut, bien entendu, une des bande dessinées les plus marquantes de l’année 2019, une de celles qui connu le plus gros succès, succès, il faut le reconnaitre, attendu et oh combien mérité. Car bon, comment dire, avant même que ne paraisse Les Indes Fourbes, prétendre que cette BD était attendue au tournant aurait été tout sauf une exagération. La raison ? En fait, elle est toute simple… Alain Ayroles et Juanjo Guarnido, les deux auteurs. Le premier, scénariste, aura marqué le petit monde de la BD par son excellent De Cape et de Crocs, sans nul doute une des œuvres françaises les plus jouissives de ces deux dernières décennies. Le second, dessinateur et espagnol d’origine, est connu pour son excellent Blacksad, œuvre animalière – avec un chat détective – digne des meilleurs polars. Bref, une réunion de deux grands noms de la bande dessinée européenne qui laissait présager du meilleurs et, ma foi, le meilleur fut au rendez vous… ou presque ! Car bon, comment dire… si, indéniablement, Les Indes Fourbes est une belle réussite, si nous passons un très bon moment de lecture et d’évasion avec cette BD, si les mésaventures de cette fripouille de Pablos est terriblement jouissive et si, oui, indéniablement oui, cette œuvre fourmille de moult bonnes idées a toutes les pages, bref, si nous avons bel et bien affaire a une des meilleures bande dessinées de l’année et que la réunion de ces deux auteurs fut fort fructueuse, force est de constater que nous restons, qualitativement parlant, un poil en dessous de ce que les deux hommes nous avaient proposer dans De Cape et de Crocs et Blacksad. Bien entendu, la valeur de ces deux sagas y est pour beaucoup et, par la force des choses, il est difficile de passer après de telles réussites, de plus, comparer un one-shot a deux cycles, ce n’est pas évidant. Mais bon, quoi qu’il en soit et en sachant rendre à César ce qui lui appartient, reconnaissons donc que oui, mille fois oui, Les Indes Fourbes est une excellente BD, un sympathique récit d’aventure qui nous fera passer un très bon moment et que l’on peut qualifier, sans exagération, d’incontournable. Qui plus est, il confirme tout le bien que l’on pouvait penser d’Alain Ayroles et de Juanjo Guarnido, deux grands noms de la BD européenne et qui nous prouvent à merveille, ici, que lorsque l’on s’en donne les moyens, créer de véritables petites pépites est chose possible, ce qui, hélas, n’arrive pas trop souvent…


Points Positifs :
- Une fort belle réussite que cette réunion entre Alain Ayroles et Juanjo Guarnido, le premier, scénariste fort doué et auteur en son temps de l’excellent De Cape et de Crocs, le second, artiste talentueux qui nous a donner un certain Blacksad. Le résultat de cette rencontre ? Tout simplement une magnifique BD qui nous plonge dans les récits d’aventures d’autrefois, dans ce Nouveau Monde où tout était possible, sur les traces d’une fripouille qui ose tout, qui n’a guère de morale mais qui n’en reste pas moins attachante finalement…
- Il est évidant que Les Indes Fourbes fourmille de bonnes idées, quasiment à chaque page et que c’est un pur régal que de se plonger dans ce récit haut en couleur et qui s’avère, lorsque l’on approche de la conclusion, bien plus étonnant qu’on aurait put le penser de prime abord. Bref, on ne s’ennui jamais ici et c’est tant mieux !
- Captivant, donc, l’intrigue des Indes Fourbes, mais également drôle tout en nous faisant réfléchir par moments. N’oublions pas les multiples hommages, bien entendu, qui parsèment les pages de cet album…
- Bien entendu, on connaissait davantage Juanjo Guarnido pour son Blacksad, œuvre animalière s’il en est. Pourtant, ici, si l’artiste espagnol dessine de véritables humains, force est de constater que ce n’est nullement un problème et qu’il livre, une fois de plus, tout l’étalage de son talent.
- Une couverture réussie pour ne pas dire magnifique, un produit de qualité. Bref, on ne prend pas les lecteurs pour des pigeons ici !

Points Négatifs :
- Bon, cela reste inférieur à De Cape et de Crocs et Blacksad, mais bon, c’est juste histoire de titiller un peu et de trouver quelque chose à redire quand, en fait, il n’y en a pas…
- Bon, si vous n’aimez pas la BD…

Ma note : 8,5/10

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