FATHERLAND
Berlin,
avril 1964. L'Allemagne nazie s'apprête à célébrer le 75e anniversaire d'Adolf
Hitler et attend la visite du président américain Joseph Kennedy, visite qui
doit contribuer à mettre un terme à la «
Guerre froide » entre les États-Unis et le Grand Reich européen. L'inspecteur
Xavier March, de la Kripo, est chargé de résoudre le meurtre d'un ancien
haut-dignitaire nazi, Josef Bühler. Alors que March avance dans son enquête, il
réalise qu'il est au centre d'un scandale criminel politique impliquant les
personnalités centrales du parti, assassinées à tour de rôle. Lorsque le premier
corps est identifié, la Gestapo intervient et ordonne à la Kripo de clore
l'enquête avant de s'en emparer. Sa rencontre avec Charlie Maguire, une
journaliste américaine, et plusieurs interventions des SS font comprendre à
March que quelqu'un cherche à effacer des preuves.
Fatherland
Auteur
: Robert
Harris
Type
d'ouvrage : Uchronie, Policier
Première
Parution : 7 mai 1992
Edition
Française : 16 mars 1998
Titre en
vo : Fatherland
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Hubert
Galle
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 424
Mon avis :
Après la relecture de La part
de l’autre, œuvre mi-historique, mi-uchronique de Éric-Emmanuel Schmitt
et qui nous narrait la vie de deux Adolf Hitler différents, celui que tout le
monde connait et l’autre, celui qui aurait put exister s’il avait été reçu a l’Ecole
de Beaux-arts de Vienne, l’envie m’avait pris d’une autre relecture, celle d’un
ouvrage qui m’avait énormément plu la première fois que je l’avais lu : Fatherland, polar uchronique de Robert
Harris. Ici, nous sommes davantage dans l’uchronie que dans La part de l’autre puisque l’Allemagne nazi
a remporter la seconde guerre mondiale, domine l’Europe, a installer son espace
vitale et ne fait plus que livrer des combats a quelques derniers partisans russes
sur le front de l’est tandis qu’une guerre froide s’est instaurée avec les
Etats-Unis, guerre froide qui devrait prendre fin en cette année 1964 puisque
le Président des USA, un certain Kennedy, mais pas celui que l’on connait puisqu’il
s’agit du père, Joseph, individu aux sympathies pronazis, se prépare a rendre
visite au vieux – 75 ans – Chancelier Hitler… Bref, un synopsis de départ fort
intéressant même si, il faut le reconnaitre, loin d’être original puisque moult
œuvres uchroniques ont abordé le thème de la victoire allemande lors de la
seconde guerre mondiale – un exemple, Le
Maître du Haut-Château dont, d’ailleurs, je ne suis pas fan. Cependant,
malgré l’aspect uchronique indéniable et qui est pour beaucoup pour le succès
de ce roman, il faut reconnaitre que Fatherland
est avant toute chose un polar avec les qualités et les défauts du genre ;
crime, enquête, héros solitaire limite inadapté sociale, histoire d’amour qui
se greffe au récit et, pour finir, résolution de l’énigme. Sur ce point, tous
les poncifs du polar sont présents sauf que, au lieu d’un policier ou d’un
détective privé, l’enquêteur est un officier nazi dans l’Allemagne uchronique
des années 60. Bref, un habillage attirant pour une intrigue a priori banale
mais… et c’est là qu’il faut se réjouir… n’en reste pas moins fort réussie et
captivante : car vu le contexte, Robert Harris n’allait pas nous pondre un
simple crime, non, il fallait qu’il cache derrière tout cela quelque chose d’énorme,
de monumental, un crime de masse comme jamais le monde n’en avais connu et qui
était dissimulé – je ne vous en dit pas plus mais je pense que même sans avoir
lu Fatherland, vous avez compris de
quoi je parle. Face a ce terrible secret, un homme, un seul, Xavier Marsh,
officier de police haut en couleur dans son uniforme SS mais qui est prêt a
tout pour révéler au monde les mensonges du régime de son pays. Un homme qui
aura a faire face a bien des déboires, des difficultés et de terribles
trahisons et qui, bien évidement, aura toute la sympathie du lecteur… lecteur
qui ne pourra s’empêcher de se dire, lorsqu’il arrivera a la fin de l’ouvrage :
et si l’Histoire s’était déroulée ainsi, si Hitler l’aurait emporter, qui se
serait soucier du sort de ces millions de disparus ? Alors oui, Fatherland est avant toute chose un
polar, mais si on lit entre les lignes, bien plus que cela…
Points
Positifs :
- Même
si les amateurs d’Uchronie reconnaitront que la chose n’est pas originale,
force est de constater que cette intrigue se déroulant dans une Allemagne
victorieuse de la seconde guerre mondiale, nation étant devenue tout ce que promettait
Hitler, le fameux « Reich de mille
ans », débarrassée des juifs et de tout ce qui n’était pas jugé aryen,
devenue plus grande puissance mondiale de son époque, ne peut que plaire en
tant que cadre pour un récit.
-
Certes, Fatherland est un polar, mais
un bon polar, plutôt captivant surtout que le pourquoi du comment de tous ces
meurtres, le fameux secret qu’il faut absolument dissimuler, est de taille !
-
Mine de rien, cette uchronie est plutôt crédible… en partant du principe que
les choses se sont bien passées pour Hitler en 1942, tout ce qui suivit –
victoire en Europe, poches de résistances russes, guerre froide avec les USA
qui eux ont vaincu logiquement le Japon puis, a terme, détente – était une
éventualité fort bien trouvée.
-
Et oui, il peut y avoir des SS sympathiques comme ce bon vieux Xavier March,
officier de police de son état et individu complètement cynique a l’égard du
parti et de son pays.
-
Les protagonistes principaux sont bien évidement de pures créations mais pour
le reste, tous les autres sont des figures historiques réelles qu’il est
intéressant de voir évoluer dans ce récit ; accessoirement, l’amateur d’Histoire
en profitera pour se cultiver un peu a leurs sujets… un exemple, je ne
connaissais pas Artur Nebe, directeur de la Kriminalpolizei…
Points
Négatifs :
- Si
vous n’aimez pas les polars, prenez garde tout de même car malgré son emballage
uchronique, Fatherland est avant
toute chose une histoire policière avec toutes les qualités et les défauts du
genre.
-
D’ailleurs, cet habillage pourra être jugé comme étant artificiel par certains.
-
Il faut reconnaitre que certaines situations sont plutôt convenues et que, de
la même manière, le fameux terrible secret que les autorités souhaitent
dissimuler a tout prix est assez prévisible…
Ma
note : 8/10
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