LE NOM DE LA ROSE
En l'an 1327, le moine guillaume de Baskerville, aidé du novice Adso, sont appelés dans un monastère pour enquêter sur la mort mystérieuse d'un moine. Leur démarche est entravée par des comportements où tout le monde a l'air de cacher quelque chose. Un autre moine meurt, assassiné. Un aveugle, Jorge de Burgos, semble connaître la cause des meurtres, mais reste hermétique à toute approche. De son côté Adso découvre l'amour avec une jeune fille qui s'est introduite dans le monastère. L'enquête se complique avec l'arrivée d'un prêtre de l'inquisition. Il s'agit avant tout pour lui d'arrêter les présumés coupables et de les condamner le plus rapidement possible aux flammes du bûcher.
Je n'ai pas découvert Le nom de la rose hier, encore moins avant hier, ce film, que dis-je, cette œuvre, je l'ai vu pour la première fois encore adolescent, même si à l'époque, j'étais encore bien trop jeune pour en apprécier toute la subtilité, toute la quintessence et le reconnaître a sa juste valeur, c'est à dire, comme l'une des œuvres cinématographiques majeures des années 80. Bien évidement, certains hurleront au loup devant une telle affirmation, jugeant tel autre film meilleur ou plus représentatif d'une décennie, les 80's, qui accessoirement, n'aura pas laisser un souvenir impérissable dans le septième art si on la compare a d'autres, bien plus fructueuses ; de même, quelques uns rechignerons devant le fait qu'une production européenne puisse tenir la dragée haute aux films hollywoodiens; cela, je l'assume parfaitement, surtout que des films dans le genre SOS Fantômes ou bien Un fauteuil pour deux sont certes sympathiques mais ne resterons pas dans l'histoire du septième art comme des œuvres impérissables. Bien évidement, tout cela reste une affaire de gouts personnels mais je tenais a vous le dire, ne serais ce que pour que vous compreniez toute l'importance que peut avoir a mes yeux un film comme Le nom de la rose.
Bien évidement, le film de Je an Jacques Annaud ne serait rien sans l'œuvre originale, le roman d'Umberto Eco (que je n'ai jamais eu l'occasion de lire par ailleurs mais il faudra que je m'y mettes un de ces jours), mais comme aujourd'hui, c'est l'adaptation qui est le sujet de cet article, et non le roman original, mes propos, mon ressenti, seront bien évidement ceux du film. Mais si Le nom de la rose (le livre) était considérer comme un véritable petit bijou, pour ne pas dire un chef d'œuvre, son adaptation n'en est pas moins incontournable comme je vais essayer de vous l'expliquer au mieux:
Avec sa grandiose bâtisse, sur un éperon rocheux, ses ciels nocturnes, crépusculaires ou tempétueux, Le nom de la rose est une réussite visuelle rappelant indéniablement les films d'horreurs gothiques de la grande époque de la Hammer. Comme un ancêtre mythique, l'abbaye écrase de son poids les moines et se révèle être le personnage principal, inquiétant, secret et mystique avec sa haute tour verrouillée à double tour, son inquiétant cimetière ou encore son fantasmagorique portail orné. Pour peupler le sombre et majestueux édifice, Jean-Jacques Annaud a fait appel à une véritable Cour des miracles, un défilé de tronches qui impriment leur faciès rebutant dans l'esprit du spectateur et qui marquera ceux ci fortement. Chaque personnage est un monument de laideur inoubliable : du bossu idiot à la gueule prognathe de Salvatore, joué par l'inimitable Ron Perlam au vénérable Jorge (Feodor Chaliapin Jr), vieil aveugle irascible au visage parcheminé, en passant par le bibliothécaire au profil de vautour et l'albinos adipeux qui se flagelle dans sa cellule. Autant d'injures à la Création et à la beauté qui sont contrebalancés par le visage buriné mais noble et franc de Guillaume de Baskerville (Sean Connery qui fit tout pour obtenir ce rôle qui sembla, après coup, fait pour lui) et la jeunesse insolente d'Adso (Christian Slater dans un de ses premiers rôles).
Dans cette atmosphère hostile, sombre, inquiétante, Guillaume de Baskerville, Sherlock Holmes franciscain, tente tant bien que mal de mener son enquête. Car il s'agit bien sûr et avant tout, entendons nous bien, d'une enquête sur un tueur en série sévissant dans l'abbaye, un tueur qui prend appui sur l'Apocalypse comme le tueur de Seven utilisera, des années plus tard (comme quoi, on s'inspire tous de quelque chose), les sept péchés capitaux. Chaque meurtre est, en effet, directement lié à une prophétie de l'Apocalypse : tué par la grêle ou noyé dans le sang. Le Diable habiterait-il l'abbaye ? La peur de la fin du monde semble pétrifier les moines qui, habitués du mystère et de la dissimulation, referment les portes, réelles ou non, qui auraient pu amener Guillaume de Baskerville à la vérité. L'abbaye est un huis clos physiquement mais aussi mentalement car rien ne doit filtrer en dehors de l'édifice. Et comme un certain nombre de moines semblent cacher un passé ou un présent sulfureux, le spectateur en vient à soupçonner tout le monde. Et la recherche du meurtrier, et surtout de ses mobiles, n'en devient que plus intéressante.
En parallèle de l'enquête policière, Le nom de la rose dépeint une Église médiévale en pleine tourmente. En opposition à une Église décadente et s'éloignant des préceptes du Christ, de nombreux courants se développent : les branches dissidentes vont rapidement se voir taxées d'hérétisme jusqu'à la création de l'Inquisition en 1199. Mais c'est en 1231 que le Pape Grégoire IX décide de la peine de mort pour les hérétiques les plus durs. Dans ce contexte troublé, Le nom de la rose oppose clairement une Église riche et hypocrite, celle de l'abbaye, à une Église se réclamant de la pauvreté. Comme un symbole de sa supériorité, l'abbaye est construite sur une masse rocheuse et surplombe un village miséreux : les ordures de l'abbaye sont des mets de choix pour ces derniers qui se battent pour obtenir les meilleurs morceaux, donnant au passage une scène marquante du film où des paysans crasseux se jettent comme des animaux sur cette « manne » tombée du ciel, don de la charité des moines. Cette richesse incongrue s'accompagne d'une déviance morale certaine, au moins du point de vue catholique. Tandis que les moines se montrent d'une piété certaine, l'attrait de la chair, envers le sexe opposé comme envers les jeunes moines prêts à tout pour obtenir quelques privilèges, ronge les fondations religieuses de l'abbaye comme de l'Église.
Grâce à un univers gothique remarquable, peuplé de personnages inquiétants aux gueules éprouvantes, Le nom de la rose stimule la partie sensible du spectateur, tout en descendant dans les tréfonds d'une Église catholique médiévale décante et obscurantiste. Cette Église là préfère dissimuler et détruire plutôt que voir ses préceptes remis en question. Cette même Église qui voit le Diable partout, qui voit dans le rire l'une de ses manifestations terrestres, qui sait bien qu'elle n'empêchera pas les masses populaires de rire, mais qui ne veut surtout pas que les létrés, que la petite minorité cultivée de cette époque, le moyen-âge, puisse subitement rire de tout, car alors, on rirait de Dieu également et cela serait la fin de son emprise. Un film, donc, assurément magistral de la première à la dernière seconde tant par son synopsis (mais là, bien sur, il le doit au roman éponyme), des décors et une ambiance inquiétantes faisant rappeler bien des chef d'œuvres plus anciens, un coté visuel et des « tronches » inoubliables, et une histoire captivante avec une enquête parfaitement menée par un Sean Connery en grande forme, et des implications qui donnent bien évidement a réfléchir sur le pouvoir de l'Église a l'époque, mais que l'on pourrait transposé assez facilement dans bien des régimes plus modernes. Un must inoubliable, indéniablement.
4 commentaires:
Pour moi, Sean Connery n'est pas James Bond. il est moine. C'est je trouve une de ses plus belles réussites au cinéma
C'est vrai que j'ai tendance a oublier que Sean Connery a été, en son temps, James Bond !
Et le pire, car il y a un pire, c'est mon acteur préféré pour 007... après, je ne les regarde pas en boucle non plus.
Pour ma part, je n'ai jamais compris un seul des films de 007 ... C'est pas vraiment mon truc
Sans être fan de la chose, les premiers, ceux avec Sean Connery valent le détour et possèdent un petit charme désuet que j'aime bien. Les autres ne sont décidément plus pour moi.
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