LE
BAL DES VAMPIRES
Le
professeur Abronsius, un savant de l'université de Koenigsberg, spécialiste en
vampires et en vampirisme, parcourt l'Europe centrale à la recherche de ces
créatures, en compagnie de son jeune assistant, Alfred. Leur quête les conduit
au fin fond de la Transylvanie subcarpathique. Les deux hommes font halte dans
un village, à l'auberge juive de Shagal, où ils emménagent dans une chambre du
second étage, communiquant avec une salle d'eau. Abronsius croit qu'il y a des
vampires dans le coin ; les gousses d'ail installées un peu partout dans
l'auberge semblent le prouver. Quant à Alfred, il est plus intéressé par Sarah,
la fille de l'aubergiste, qui adore prendre des bains dans la pièce adjacente. Le
lendemain, Sarah est enlevée dans sa baignoire par le comte von Krolock. Alfred
en est témoin car il regardait par le trou de la serrure. Shagal part aussitôt
au secours de sa fille. Les paysans le retrouvent un peu plus tard, mort et
avec des traces de morsures.
Il
y a quelques semaines à peine, le 29 février dernier pour être précis (j’ai
pourtant l’impression que c’était il y a une éternité), je publiais sur ce blog
la critique de Rosemary’s
Baby, véritable petit bijou du célèbre réalisateur, Roman Polanski, personnalité
à la fois géniale et critiquable dont j’ai quelques fois eu l’occasion de vous
parler au cours de ces dernières années. Lors de cette critique, je signalais
le fait que, jusqu’alors, je n’avais jamais eu l’occasion de vous parler d’une œuvre
du réalisateur d’origine polonaise, ce qui, au vu de sa filmographie, était
presque une aberration ; et c’est donc, presque coup sur coup que je
répare cet état de fait, ce qui, au vu du talent, que je ne conteste pas, du
monsieur, est assez mérité. Et donc, aujourd’hui, c’est vers une autre œuvre ancienne
de Roman Polanski que je me tourne avec ce qui est, à mes yeux, l’un de ses
films que je préfère : Le bal des
vampires.
Le
hasard aura fait que, après avoir abordé le cas Dracula
hier, un autre film ayant pour protagonistes principaux des vampires soit de
nouveau à l’honneur ; rien de prémédité dans cela, simplement ce que j’appellerais
les joies du hasard qui, comme chacun le sait, fait souvent bien les choses. Quoi
qu’il en soit, si vous n’avez jamais entendu parler du Bal des vampires, sachez que celui-ci n’a pas grand-chose à voir
avec une œuvre comme Dracula, bien
entendu, voir même avec la plupart des films vampiriques ; enfin, pas
directement. Car avant toute chose, Le
bal des vampires est une parodie du genre, un film qui utilise à merveille
tous les poncifs du genre – et là, l’amateur de films d’horreurs gothiques sera
en terrain connu – et qui les réutilise de façon à faire rire le spectateur.
Ici, et sans tomber dans le grand guignolesque comme ce put l’être le cas dans
bon nombre de parodies, Roman Polanski use et abuse de tout l’attirail qui a
fait la renommée du genre : sombre château perdu dans la montagne, village
proche avec ses habitants peu loquaces, serviteur bossu (qui aurait pu se
prénommer Igor), maitre du château qui est forcément Comte et en tenue d’apparat
(costume noir, cape rouge), victimes forcément plantureuses, comme adversaire
du Vampire, un spécialiste de la chose, sans oublier, forcément, tout le
matériel anti-vampires comme l’ail, les pieux, le maillet et les crucifix. Sauf
que, si la forme est respectée, parodie oblige, l’on s’aperçoit rapidement que
tout cela est détourné : entre un vampire juif, un autre sourd voir le
fils du Comte, homosexuel notoire, le ton est donné ; ensuite, comment ne
pas franchement rigoler en voyant les deux adversaires du comte von Krolock :
le professeur Abronsius tient plus d’un Tournesol en pilotage automatique qu’autre
chose quand a son serviteur, Alfred – joué par Polanski en personne, non
crédité au générique – peureux, obsédé et maladroit, on le voit mal tenir deux
minutes faces aux hordes vampiriques qu’il s’apprête à affronter. Et quand on
voit le reste du casting comme l’aubergiste, sa femme et leur fille – joué ici
par Sharon Tate – qui ne pense qu’à prendre des bains, force est de constater
que ce Bal des vampires ne peut qu’être
qu’un grand moment de folie.
Et
sur ce point, Roman Polanski réussi parfaitement son coup puisque le problème
des parodies, c’est que la plus part du temps, celles-ci sont tellement
surjouées, tombent tellement dans le grand guignolesque qu’au final, ces œuvres
se limitent à des successions de gags qui peuvent certes faire mouche, mais qui
ne donnent pas forcément de bons films. Or ici, si le coté humoristique est
fortement présent, pour ne pas dire omniprésent, on ne peut que constater que
ce Bal des vampires est une petite
réussite puisque, si Polanski à souhaiter créer une parodie des films de
vampires, il a su respecter le genre de la meilleure des façons et rendre un
magnifique hommage aux récits d’épouvantes vampiriques. Mais plus qu’une simple
parodie, le réalisateur a tenu à apporter quelques petites modifications en
rendant ses protagonistes plus humains, en modifiant l’image des vampires,
créatures de la nuit solitaires qui possèdent ici une vie sociale – le fameux « bal » - mais aussi, avec un refus
iconoclaste du happy-end pro-humain – à la fin, le genre vampirique va pouvoir
quitter son ilot isolé et se propager dans le monde. Brrr, on tremblerait
presque si tout cela n’était pas aussi drôle.
Paru
en 1967, Le Bal des vampires, aux
yeux des plus jeunes, est peut-être une œuvre qui accuse son âge ; personnellement,
je trouve que celle-ci a particulièrement bien vieilli, en comparaison avec d’autres
films datant de la même époque mais je comprendrais que pour d’autres, cela ne
soit pas le cas. Œuvre assez amusante en soit, celle-ci distille un humour qui
n’est pas trop lourd, ce qui est une gageure ; certes, certaines scènes
cocasses sont parfois limite mais dans l’ensemble, Polanski a su parfaitement
maitriser son sujet, empêchant son film de tomber dans le grand guignolesque.
Servit qui plus est par un casting parfait comme Ferdy Mayne dans le rôle du comte
Von Krolock, Jack MacGowran en professeur Abronsius complétement déjanté,
Sharon Tate, sexy en diable dans son bain et même Polanski lui-même, tout
simplement parfait dans un rôle de benêt qui lui va comme un gant, force est de
constater que ce Bal des Vampires est
une belle réussite qui, après moult rediffusions, me procure toujours autant de
plaisir.
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