vendredi 21 décembre 2012

SOLEIL VERT



SOLEIL VERT

2022. New York baigne alors dans une étrange lumière jaune, qui a détruit la faune et la flore. Très peu de terres sont encore cultivables et les habitants qui n'ont pas les moyens d'acheter des aliments naturels, à cause de prix exorbitants, mangent un aliment de synthèse, produit par la multinationale Soylent : le « soleil vert ». Des émeutes de citoyens affamés sont fréquentes et sévèrement réprimées. Thorn, un policier « de premier ordre », vit avec son ami Sol Roth, un vieillard, dans un petit appartement new-yorkais. Sol peste contre l'état du monde et à la nostalgie du passé tandis que Thorn se contente des seules choses qu'il a connues, à savoir la nourriture synthétique et la canicule perpétuelle. Dans le même temps, William Simonson, un des dirigeants de la société agroalimentaire Soylent, est tué chez lui ; Thorn est chargé de l'enquête et découvre que ce meurtre qui semblait passer pour un crime crapuleux se révèle en fait être un assassinat pour l'empêcher de révéler un terrible secret. Thorn va découvrir que le garde du corps de Simonson, Tab Fielding, est complice car il était absent au moment du meurtre.


Un jour comme celui-ci, pour rappel pour ceux qui tomberaient sur cette critique dans l’avenir, nous sommes le vendredi 21 décembre 2012, censé etre, comme chacun sait, le jour de la fin du monde (hum, pour le moment, il ne s’est rien passé de franchement excitant, c’est une journée comme une autre sauf que je suis en vacances), rien de tel que de vous proposer un billet sur l’un des films post-apocalyptiques les plus célèbres qui soient, je veux bien évidement parler de Soleil Vert. Œuvre de Richard Fleischer datant de 1973 et inspiré du roman d’Harry Harrison, d’où il reprend le synopsis de la surpopulation humaine dans le futur, et avec, le grand Charlton Heston au sommet de son art, mais aussi Edward G. Robinson qui décédera peu de temps après la fin du tournage, Soleil Vert était à mes yeux, l’un de ces films mythiques que j’avais vu étant enfant, et que, aussi curieusement que cela puisse paraitre, je n’avais jamais revu depuis. Ainsi, quand ARTE, hier soir, dans sa thématique de fin du monde, nous le proposa, je n’ai pas hésité une seule seconde et en ai donc profité pour revoir un film qui m’avait pas mal marqué étant jeune, et que j’avais hâte de revoir.


Bien évidemment, la problématique qui se pose souvent avec ces œuvres qui ont pu marquer notre jeunesse et que l’on n’a pas revu depuis un bail, c’est que l’on a souvent tendance à les glorifier, a les posés sur un piédestal et a en occulter, de façon volontaire ou pas (car le temps qui passe n’est pas tendre avec notre mémoire) ses éventuels défauts. Et quelque part, par bien des points, Soleil Vert n’échappe pas à la règle. Cependant, cet état de fait n’est pas tant dû au film lui-même, qui, ma fois, s’en sort plutôt pas mal, même quarante ans après sa sortie, mais davantage a certain vieillissement d’œuvres, jugés avant gardistes à l’époque, mais qui ont pas mal vieillis de nos jours : manière de filmer complétement différente, scénario plus posé et moins tape a l’œil que les productions modernes, ambiance fortement teinté, même pour un film de science-fiction, de son époque, Soleil Vert, comme n’importe quelle œuvre de SF datant du début des années 70 accuse, je ne le caches pas, son âge. Cependant, si cela peut indéniablement etre fort problématique pour un adolescent ou un jeune adulte en 2012, habitués qu’ils sont à un autre cinéma, personnellement, et en le comparant a d’autres films du même genre, je trouve que Soleil Vert ne s’en sort pas trop mal, bien au contraire. Oui, il est ancien, oui l’univers futuriste qu’il nous présente est aux antipodes du notre, oui les acteurs prennent le temps de discuter au lieu de sauter, courir et survivre a des explosions toutes les cinq secondes, mais bon, quelque part, est-ce un mal ? Je ne le pense pas. D’ailleurs, en toute sincérité, comment croyez-vous que vos enfants jugeront les films actuels que vous trouvez tellement extraordinaires ? Bah ils les trouveront ringards, tout simplement.


Mais pour en revenir à Soleil Vert, sujet qui nous préoccupe aujourd’hui, comment ne pas, avant toute chose, louer sa modernité flagrante : en effet, alors que depuis quelques années, nous sommes familiarisés avec l’écologie et l’avenir de notre planète – et ce, même si, il faut le reconnaitre, cela ne change pas grand-chose au problème, réel lui – cela n’était pas vraiment le cas il y a quatre décennies, le peu d’écologistes existant, étant, tout au plus, comparés a de joyeux hippies amateurs de LSD. Pourtant, dans le synopsis de cette œuvre, comment ne pas voir un message écologiste fort ? L’évolution de l’industrie humaine ayant atteint de telles proportions que la nature elle-même, irrémédiablement atteinte, a quasiment disparue, l’humanité, elle, surpeuplée, vivant les uns sur les autres dans des mégalopoles polluées et où la seule nourriture existante est ce fameux Soleil vert, de petites tablettes vertes nutritives censées etre fabriquées à base de plancton alors que celui-ci a disparu et que la vérité, est bien plus horrible. Et c’est donc dans cet univers, sombre et post apocalyptique, en regard de la société humaine actuelle, que se déroule donc l’intrigue : à la base, une simple enquête policière comme il en existe tant, mais qui prend très rapidement des proportions bien plus importantes au vu des personnes engagées dans le meurtre. Corruption, secrets d’états que l’on souhaite étouffer à tout prix, omniprésence de multinationales surpuissantes et prêtes à tout, désespoir et manque de perspective pour la quasi-totalité de la population mondiale qui se meurt à petit feu, le peu de personnes qui s’en sortent sont les puissants, suffisamment aisés pour vivre convenablement et se nourrir du peu de légumes, fruits ou viande encore existant. Pour les autres, la rue, les cages d’escalier, ou, pour certaines femmes, le rôle de meubles dans des villas pour riches. Hautement corrosif et visionnaire à l’époque, le scénario de Soleil Vert l’est bien moins de nos jours, moult autres œuvres étant depuis passées par là, mais, même ainsi, il n’a absolument pas perdu de sa force initiale, du moins, selon moi.


Bien évidemment, tous ne seront pas de cet avis, et d’ailleurs, j’ai pu trouver ici et là, sur le net, bien des critiques négatives à l’encontre de ce film ; cependant, et même si, cela va de soi, les gouts et les couleurs ne se discutent pas, comment ne pas m’insurger devant-elles ? Soleil Vert, de par son synopsis oh combien visionnaire, son univers sombre et désespéré à souhait, ses acteurs, tous bonnement parfaits, mais aussi et surtout, de par ses révélations finales : les tablettes de Soleil vert sont faites a base des corps des personnes âgées que l’on euthanise a tout va – ou comment régler deux problèmes en un, la surpopulation et le manque de ressources. Bien entendu, les révélations de celle-ci ne changeront rien au problème et si la fin est ouverte, on se doute bien que notre brave Charlton Heston finira tranquillement en petites pastilles vertes et que son supérieur ne va pas risquer de trop parler s’il ne veut pas connaitre le même sort. Mais de par son ambiance, la description d’une société au bout du rouleau mais aussi des scènes tout bonnement magnifiques comme celle où le vieux Sol, juste avant de mourir, regarde des images d’une nature qui n’existe plus (accessoirement, encore plus touchant de par le fait que l’acteur, Edward G. Robinson, atteint d’un cancer en phase terminal, décéda quelques temps après), il me parait évidant que ce Soleil Vert est ce que l’on peut appeler un grand film, où tout, peut-être, n’est pas aussi parfait que l’on pourrait l’espérer, mais ce qui ne l’empêche pas d’etre un classique du genre à voir et à revoir. 

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