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mercredi 30 janvier 2019

JANUA VERA


JANUA VERA

Né du rêve d'un conquérant, le vieux royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l'assassin trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, Ædan le chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain…


Janua Vera
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Type d'ouvrage : Heroic-Fantasy
Première Parution : 16 juillet 2009
Edition Poche : 05 mars 2015
Titre en vo : Janua Vera
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Traduction : néant
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 496

Liste des Nouvelles :
Janua Vera
Mauvaise Donne
Le Service des Dames
Une Offrande très Précieuse
Le Conte de Suzelle
Jour de Guigne
Un Amour Dévorant
Le Confident

Mon avis : En soit, Janua Vera n’est pas un véritable roman au sens premier du terme puisque nous avons là un recueil de nouvelles dont le nombre, au demeurant, varie suivant les différentes éditions ; ainsi, celle que je possède, en poche chez Folio, est composée de huit nouvelles : Janua Vera – Mauvaise Donne – Le service des dames – Une offrande très précieuse – Le conte de Suzelle – Jour de Guigne – Un amour dévorant – Le confident. En temps habituel, je ne suis pas un grand adepte de ce genre d’ouvrages, préférant les romans, mais lorsque j’en ai l’occasion, et quand la qualité est au rendez-vous, le genre ne me déplait pas trop surtout que, finalement, une courte nouvelle vaut largement, voir plus qu’un long et ennuyeux roman, non ? Et ici, force est de constater que oui, mille fois oui, pour ce qui est de cette fameuse qualité, elle est bien présente et, en toutes sincérité, Janua Vera est sans nul doute un des meilleurs romans de Fantasy français de ces dernières années ! Car si Jean-Philippe Jaworski nous offre là un ouvrage de Fantasy, celle-ci n’est pas si évidente que cela : en effet, et contrairement à bien des ouvrages qui ne sont, finalement, que des imitations plus ou moins réussies du maitre étalon du genre, Le Seigneur des Anneaux, ici, les éléments fantastiques (comme c’est le cas dans Le Trône de Fer par ailleurs) ne sont livrés qu’avec parcimonie. Oh, l’on parle bien d’Elfes et de Nains, mais de façon lointaine (il y a bien l’être elfique du Conte de Suzelle mais c’est tout), on sait qu’ils existent, c’est tout, quand a la magie, elle est à peine présente et tient davantage de la nécromancie que d’autre chose – la aussi, ce n’est pas plus mal. Et pour ce qui est du bestiaire monstrueux des œuvres de Fantasy, eh bien, en dehors des Gobelins qui sont évoqués, rien à ne se mettre sous la dent. Peu de Fantasy donc, car l’univers de Janua Vera tient davantage de celui de l’Europe de la fin du Moyen âge et de la Renaissance, avec lequel il possède bon nombre de points communs : la cité état de Mauvaise Donne ayant des faux airs de celles de l’Italie de la Renaissance, comme Florence ou Venise, il existe un royaume qui ressemble bigrement a l’Empire Ottoman, les contrées barbares, elles, étant facilement transposables dans l’Europe de la fin de l’Empire Romain. Ajoutons à cela un style d’écriture recherché et travaillé, usant habilement des termes de l’époque et qui renforce la qualité générale de l’ensemble et nous avons forcément là, non seulement un fort bon ouvrage, mais aussi, un univers réussi et crédible. Reste le cas des diverses nouvelles qui composent cette œuvre : Janua Vera, dont le nom a donné le titre de l’ouvrage est une mise en bouche se déroulant des centaines d’années avant les autres et nous sert d’introduction en nous racontant l’histoire lointaine du Vieux Royaume. Personnellement, c’est celle que j’ai trouvé comme étant la moins intéressante, même si elle est de qualité. Mauvaise Donne est la nouvelle la plus longue et sert de prélude à Gagner la Guerre, le premier véritable roman de l’auteur et, dans celle-ci, nous faisons la connaissance avec un personnage haut en couleur, Benvenuto Gusefal, un assassin qui se retrouve mêlé bien malgré lui a un complot d’envergure : Mauvaise donne est un véritable petit bijou comme je les aime où se mêlent intrigues, complots et personnages sans foi ni loi. Le Service des Dames pourrait paraitre négligeable de prime abord si ce n’était l’évidant hommage appuyé à Chrétien de Troyes et à ses récits de chevaliers arthuriens. Une Offrande très Précieuse, elle, est une nouvelle pour le moins surprenante, qui ne se dévoile que dans ses toutes dernières lignes, mais qui possède un potentiel fort au niveau de la psychologie dramatique du protagoniste principal ; une nouvelle qui m’aura particulièrement touché. Mais pas autant que Le Conte de Suzelle, l’une de mes préférées : racontant l’existence d’une petite fille paysanne et sa rencontre avec un personnage elfique dont on n’en saura pas grand-chose, on suit tout au long de cette nouvelle, tous les aléas d’une vie avec ses joies et ses drames, et ce, jusqu’à un final bien triste ; une belle réussite sans nul doute. Jour de Guigne ravira les amateurs du Disque-Monde puisque nous avons là un hommage à Pratchett, mais un hommage pour le moins réussi et plutôt drôle. Un Amour Dévorant est aussi l’une de mes nouvelles préférées, un conte fantastique comme je les aime et sur lequel je n’en dirais pas davantage mais est, selon moi, l’une des meilleures réussites de cet ouvrage ; mais il faut dire que j’aime bien les histoires de fantômes. Quant au Confident, qui clôt Janua Vera, c’est un texte pour le moins lugubre, où règne un malaise certain mais qui n’en est pas moins particulièrement intéressant puisque, dans celui-ci, on en apprend pas mal sur le fameux Culte de l’Écorché. Bref, vous l’avez deviné, j’ai particulièrement apprécié ce Janua Vera ; certes, je m’attendais, au vu des nombreuses critiques positives, a un bon ouvrage, mais à ce point, franchement, non. Car, que ce soit pour son univers, ses protagonistes nombreux et variés, le style d’écriture plutôt recherché, l’ambiance souvent pesante qui transparait de cet ouvrage et, bien entendu, la grande qualité des nouvelles, j’aurais passé un superbe moment de lecture, comme je les aime, au point même de ne quasiment plus pouvoir lâcher ce livre, c’est pour dire. Mais le plaisir n’est pas fini puisque, désormais, il est grand temps de m’atteler à la lecture d’un certain… Gagner la Guerre… 


Points Positifs :
- Même si je ne suis pas un grand fan des recueils de nouvelles, il faut rendre à César ce qui lui appartient, et donc, reconnaitre qu’avec Janua Vera, Jean-Philippe Jaworski nous offre là un formidable voyage dans un univers bien plus original et intéressant que moult œuvres de Fantasy qui se contentent, elles, de pomper allègrement du coté de Tolkien…
- Deux véritables pépites se démarquent, a mes yeux, du lot : Mauvaise Donne, qui nous fait faire la connaissance avec le charismatique Benvenuto Gusefal, assassin de son état, dans une citée qui nous fait penser a Florence ou Venise de la Renaissance, mais aussi, le fort enchanteur Le Conte de Suzelle, formidable récit assez triste mais oh combien réussi.
- La qualité générale de l’ensemble : en effet, dans Janua Vera, si toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles, force est de constater qu’il n’y en a pas de mauvaises et que, celles qui apparaissent, a mes yeux, en fin de classement, n’en restent pas moins plutôt bonnes.
- Un univers bourré de références, bien entendu, mais bien plus original que l’on pourrait le penser de prime abord – il faut reconnaitre que la chose est rare du coté de la Fantasy. Ainsi, ici, le merveilleux existe, certes, mais il brille par sa quasi-absence et l’on est plus proche de la Renaissance et de la Guerre de Trente ans que de Tolkien, ce qui n’est pas plus mal.
- Le talent, indéniable, du sieur Jaworski qui excelle a merveille dans ces récits assez différents les uns des autres.

Points Négatifs :
- Bien évidement, toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles et il faut reconnaitre que, Janua Vera – la nouvelle, pas l’ouvrage – Le Confident et, dans une moindre mesure, Une Offrande très Spéciale, apparaissent comme étant légèrement en retrait des autres.
- Un ouvrage qui déplaira peut-être aux fans intégristes de Tolkien et qui ont une autre vision de la Fantasy…

Ma note : 8,5/10

mardi 29 janvier 2019

BERSERK – TOME 6


BERSERK – TOME 6

Les exploits de la troupe du Faucon ont fini d'installer Griffith parmi l'entourage du Roi. Les nobles et autres personnes de haut rang ne voient pas d'un bon œil l'arrivée de cet homme du peuple. Dans le château, Griffith croise la princesse Charlotte et tous les deux sympathisent. Julius, le général des armées royales, n'apprécie vraiment pas le chef de la troupe du Faucon et fomente, sous les conseils du secrétaire Foss, d'assassiner lors d'une partie de chasse cet ennemi de la cours. Alors que le Roi et ses proches parcourent la forêt à la recherche de gibier, une flèche perdue et empoisonnée atteint Griffith. Grâce à la chance, elle se plante dans la Béhérit que porte le jeune homme autour du cou. Pour le chef de la troupe du Faucon, il est temps d'éliminer certaines personnes et, pour cela, il a une arme redoutable : Guts...


Berserk – Tome 6
Scénariste : Kentaro Miura
Dessinateur : Kentaro Miura
Genre : Seinen
Type d'ouvrage : Dark Fantasy
Titre en vo : Berserk vol. 6
Parution en vo : 29 septembre 1993
Parution en vf : 16 mars 2005
Langue d'origine : Japonais
Editeur : Glénat
Nombre de pages : 192

Mon avis : Après quelques jours d’absences – ma critique du cinquième tome remontait à une bonne semaine et demi – Berserk revient faire un petit tour sur ce blog et, la première chose qui saute aux yeux, après lecture de ce sixième volume, c’est que c’est toujours aussi bon ! Certes, désormais familier de l’univers et des personnages crées par le sieur Kentaro Miura, ce n’est pas vraiment une surprise pour ma part, cependant, volumes après volumes, je découvre tout de même, avec grand plaisir, au demeurant, que ce manga justifie amplement tout le bien que j’ai put lire a son sujet depuis des années. Ainsi, prenons donc ce sixième tome de la saga : moins d’affrontements que dans les volumes précédents, davantage de blabla, mais, en aucune façon, l’intérêt a baissé, bien au contraire. Ainsi, l’auteur, dans cet album, poursuit fort habilement l’évolution de ses trois protagonistes principaux : Guts, Griffith et Casca, ce, pour notre plus grand plaisir. Ainsi, prenons la dernière citée : véritable garçon manqué jusque là, si l’on se doutait bien qu’elle éprouvait bien un petit je ne sais quoi pour ses deux compères – fascination pour l’un, amour/haine pour l’autre – c’est dans ce sixième tome que Kentaro Miura commence a la féminisé une bonne fois pour toute, ce, en approfondissant ses liens avec Guts et en nous laissant entrevoir qu’il se passera bel et bien quelque chose entre ces deux là. Guts, lui, s’il commence à ne plus être insensible aux charmes de sa camarade, va encore pas mal en baver dans ce tome, en raison d’un assassinat qui tourne mal. Quant à Griffith… ah, lui, excellant a merveille dans ce jeu de cours, flirtant allègrement avec une princesse, il laisse entrevoir, de plus en plus, une part d’ombre que l’on connait depuis ici. Bref, vous l’avez compris, pour ma part, ce sixième tome de Berserk fut, comme ses prédécesseurs, une belle réussite et il confirme fort bien tout le bien que ce pense de cette saga ; bref, vivement la suite !


Points Positifs :
- Un tome plus intimiste, plus centré sur les relations entre les trois protagonistes principaux – Guts, Griffith et Casca – mais qui n’en reste pas moins excellent. Il faut dire que l’auteur maitrise ses personnages et son intrigue d’une main de maitre et que, entre des affrontements dantesques ou des scènes plus intimes, on ne s’ennui pas une seule seconde !
- Casca est enfin mise en avant, ce, au moment où Kentaro Miura se décide enfin à la féminisé davantage : non seulement on connait enfin son passé et comment elle a rejoint la Troupe du Faucon, mais aussi, son sauvetage par Guts laisse présager, de plus en plus, ce que l’on se doute sur une future relation entre ces deux là.
- Un Griffith égal a lui-même, qui excelle dans les relations de court, qui flirte avec une princesse et qui, ma foi, entre deux grands discours, laisse de plus en plus entrevoir une part d’ombre fort intéressante.
- Guts a encore matière a se lamenter : cette fois ci, il tue, dans le feu de l’action, un gamin…
- Pour ce qui est des dessins, il n’y a rien à redire, c’est de mieux en mieux et, sur ce point, c’est indéniablement un des gros points positifs de cette saga !

Points Négatifs :
- Un tome un peu plus intimiste – ce qui n’est pas forcément un mal, certes – mais où l’on parle tout de même pas mal, peut-être au détriment de l’action et d’une narration plus captivante.
- Une couverture plus que bof, il faut le reconnaitre…

Ma note : 7,5/10

lundi 28 janvier 2019

LA QUÊTE DE L'OISEAU DU TEMPS – L'ŒUF DES TÉNÈBRES


LA QUÊTE DE L'OISEAU DU TEMPS – L'ŒUF DES TÉNÈBRES

« Le Temps... Akbar n'est rien !... Ni le Nid... Ni Ramor !... C'est le Temps qui est tout ! Il est la cause, le principe originel... Et lorsque la tentation s'empare du mythe... lorsque l'homme s'oppose à l'univers et le bouscule, c'est au mythe de rétablir l'ordre ! » Ainsi s'exprime le Gardien du Nid lorsque Bragon, Pélisse, Bulrog et messire l'Inconnu s'enfuient du Doigt du Ciel, emportant avec eux l'Œuf des Ténèbres qui y était caché. Ils sont accompagnés de Kiskill, servante des dieux qui a perdu son immortalité et ses pouvoirs en même temps que sa virginité dans les bras d'un Élu qui n'est autre que... messire l'Inconnu. C'est tous ensemble qu'ils devront parcourir la dernière étape de la Quête. Et c'est bien contre le temps que la course s'est engagée, car il ne reste plus que deux jours pour rejoindre Mara avec l'Œuf. Ramor, bien que toujours enfermé dans la conque, devient de plus en plus fort, et Mara ne saurait le contenir sans l'aide de l'Œuf.


La Quête de l'Oiseau du Temps – L'Œuf des Ténèbres
Scénario : Serge Le Tendre
Dessins : Régis Loisel
Couleurs : Régis Loisel
Couverture : Régis Loisel
Editeur : Dargaud
Genre : Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 12 janvier 1987
Nombre de pages : 64

Mon avis : Il est coutume de dire que toutes les bonnes choses ont une fin, et dans le cas qui nous préoccupe aujourd’hui, deux choses me paraissent évidentes : tout d’abord, avec L’Œuf des Ténèbres prend fin le premier cycle de La Quête de l’Oiseau du Temps accessoirement, le plus connu et celui qui aura marquer toute une époque, mais aussi, que oui, mille fois oui, que cette saga fut sublime, et je pèse mes mots ! Mais bon, après trois premiers albums qui flirtaient allègrement avec la perfection, qui pouvait encore en douter ? Les éternels pessimistes ? Certes, mais je vous rassure tout de suite : ce dernier tome fut a la hauteur de nos espérances ! Ainsi, une fois de plus, nous retrouvons tout ce qui a fait la force de cette œuvre, tout ce qui a fait que j’ai été captiver de bout en bout, quasiment de la première page du premier tome a la dernière du quatrième, c’est-à-dire, un scénario intéressant et parfaitement maitrisé, des personnages, de premier plan ou secondaires tout simplement réussis et qui possèdent tous un petit quelque chose qui fait qu’on s’y attache très facilement, un humour savamment dosé et qui ne tombe pas dans l’excès comme ce pouvait être le cas dans d’autres œuvres datant de la même époque, un certain érotisme dut au personnage de Pélisse mais qui ne tombe jamais dans le vulgaire voir le pornographique, mais aussi et surtout, car comment ne pas le citer, les somptueuses planches du sieur Loisel, force est de constater que cet ultime tome qui clôt donc ce premier cycle est à la fois prévisible et complètement inattendu ! Prévisible, dans le sens où l’on se doute bien que nos héros finiront bien par le trouver ce fichue volatile dont on nous rabat les oreilles depuis le début, mais inattendue de part une fin tout simplement surprenante, qui prend le lecteur de court de par les multiples rebondissements de celle-ci, la destinée de certains protagonistes ainsi que ce côté doux-amer qui en aura fait pleurer plus d’un… Un final bien moins joyeux que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre mais qui n’en clôt pas moins de superbe façon une saga qui aura donc été parfaite de bout en bout. Bien évidemment, je n’en dirais pas davantage afin de ne pas gâcher l’effet de surprise pour ceux et celles qui n’auraient pas encore lu cette magnifique Quête de l’Oiseau du Temps, disons juste que de nouveaux protagonistes feront leur apparition, que des révélations seront faites et que tout le monde, bien au contraire, n’en sortira pas indemne… mais aussi, attendez-vous a tout, surtout à l’inattendu ! Et donc, vous l’avez compris, j’ai bien évidement été enchanté par cet Œuf des Ténèbres, et d’ailleurs, je dois reconnaitre que j’ai rarement eu l’occasion de lire une fin qui clôt d’aussi belle façon une saga en plusieurs volumes – bien évidemment, ce n’est pas la première fois mais, mine de rien, souvent, à force d’attendre monts et merveilles, on finit par être déçu devant le résultat final, or, ici, ce n’est pas du tout le cas. D’ailleurs, puisque je parle de bande dessinées en plusieurs tomes, comment ne pas souligner que dans le cas présent, peut être que l’un des points forts de cette Quête de l’Oiseau du Temps, justement, c’est d’être finalement assez courte en égard des critères actuels ou maintes séries s’étalent en longueur, dépassant souvent la dizaine de volumes voir davantage alors que cela ne se justifie nullement. Quatre volumes uniquement peut-être, mais du bon, du très bon même, et franchement, je pense que bien des auteurs devraient s’en inspirer. Quoi qu’il en soit, et comme cela m’est déjà arrivé en d’autres occasions, il m’aura fallu bien du temps pour me décider à découvrir cette saga, et après coup, je ne peux m’empêcher de me dire : « mais comment ai-je fait pour passer presque aussi longtemps à côté d’un tel chef d’œuvre !? » Mouais, question plus que pertinente et d’ailleurs, j’encourage vivement tout bon amateur de BD qui se respecte, s’il ne l’a jamais fait, à découvrir cette saga, car franchement, elle est excellente. En tout cas, et en guise de conclusion, je ne pouvais finir qu’en remerciant les auteurs, Le Tendre et Loisel, pour cette quête tout simplement sublime et qui m’aura fait passer de fort bons moments. Ce n’est pas tous les jours que je le fait, mais eux, ils le méritent amplement !


Points Positifs :
- Une conclusion a la hauteur de nos espérances et dans la lignée de la saga depuis ses débuts, c’est-à-dire qu’elle est excellente. Indéniablement, La Quête de l’Oiseau du Temps – du moins, ce premier cycle – est parfait de bout en bout et fait partie de ces rares œuvres que tout amateur de BD se doit d’avoir lu au moins une fois dans sa vie !
- Ce final, si triste et qui en aura fait pleurer plus d’un… il faut dire – attention aux spoilers – que lorsque le lecteur apprend ce qu’est vraiment Pélisse, cela fait un sacré choc ! Sur ce point, Serge Le Tendre nous offre un scénario d’une rare subtilité, à mille lieux des fades canons actuels – voir aussi le sort de Bulrog, un personnage qui aura bien évolué au fil de la saga.
- Les dessins de Loisel, bien entendu. Certes, ce n’est pas une surprise mais il faut rendre à César ce qui lui appartient, c’est-à-dire, reconnaitre que ceux-ci sont pour beaucoup pour la réussite de La Quête de l’Oiseau du Temps.
- Un dernier tome plus sombre que les précédents mais qui n’en possède pas moins quelques scènes plus légères, une des marques de fabrique de la saga tout au long de celle-ci.

Points Négatifs :
- Je sais que c’est presque une hérésie, pour les puristes, que je dise une telle chose mais comme je l’avais souligner lors de mes précédentes critiques, je pense que les plus jeunes d’entre nous auront un peu de mal avec cette BD d’une autre époque et cette Fantasy à la papa qui n’a plus vraiment court de nos jours. Certes, ce n’est nullement un défaut, mais bon, pour certains, oui…

Ma note : 8,5/10

dimanche 27 janvier 2019

LA QUÊTE DE L'OISEAU DU TEMPS – LE RIGE


LA QUÊTE DE L'OISEAU DU TEMPS – LE RIGE

Pelisse, Bragon et l’inconnu marchent depuis 4 jours en direction du doigt du ciel sur lequel ils doivent trouver l’oiseau du temps. Leur route les conduit alors sur un territoire ou peu de gens s’aventurent, car c’est le domaine d’un personnage très mystérieux et surtout dangereux. Il vit seulement entouré de trois êtres qui le servent, Ardate, Göl et Gallû. C’est un chevalier légendaire qui manie la hache mieux que l’épée, il se nomme le Rige. Il ne fait respecter qu’une seule loi sur son territoire : la chasse. Lorsque Pelisse, Bragon et l’inconnu arrivent devant l’entrée de son domaine, ils tentent de le convaincre de les laisser passer. Leur noble cause est en effet pour Bragon, une raison valable d’éviter un affrontement inutile. Cependant, à la surprise de Pelisse, le Rige semble connaître Bragon : il lui propose qu’une seule chose, une chasse à l’homme pour qui pénètre sur son territoire. Il serait tout simplement heureux et fier de les chasser. Bragon refuse alors le défi lancé par le Rige et décide de faire demi-tour. Au même moment, une lance lancée par le maître tue la monture de Bragon. De rage, Pelisse pénètre alors sur le territoire, suivi par l’inconnu et Bragon qui tente de l’en empêcher. Aussitôt, Le Rige fait fermer la herse, seule porte de sortie de son territoire. La traque peut commencer…


La Quête de l'Oiseau du Temps – Le Rige
Scénario : Serge Le Tendre
Dessins : Régis Loisel
Couleurs : Régis Loisel
Couverture : Régis Loisel
Editeur : Dargaud
Genre : Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 01 novembre 1985
Nombre de pages : 64

Mon avis : Après être parvenus à s’échapper du terrible Temple de l’Oubli dans le précédant volume, ce fut avec une certaine joie que j’ai retrouvé Pélisse, Bragon et leurs compagnons dans ce troisième tome de La Quête de l’Oiseau du Temps, album intitulé Le Rige. Et la première chose qui saute aux yeux des lecteurs, c’est la différence des couleurs entre les deux albums : des teintes jaunâtres du désert et du temple, l’on passe ici a une ambiance plus verdoyante, forêts, marécages… mais aussi ruines… plantant le décors de l’action de cet album qui se déroule, donc, dans le territoire de l’énigmatique et charismatique Rige, un formidable guerrier, probablement le meilleur d’Abgar, adepte de la chasse sous toutes ses formes (y compris la chasse à l’homme) et, jusque-là, toujours invaincu. Bien évidemment, afin de pouvoir poursuivre leurs quêtes, Pélisse et ses compagnons devront réussir à traverser ce fameux territoire, exploit que personne n’a jamais réussi jusqu’alors, mais je pense ne pas faire un immense spoiler en vous disant que nos héros, eux, y parviendront – sinon, bah, la quête prenait fin ici. Ainsi, comme il fallait s’en douter, ce qui compte avant tout dans ce troisième album, ce n’est pas de savoir si Pélisse, Bragon et les autres réussiront ou pas à échapper aux griffes du Rige, mais plutôt, comment vont-ils le faire. De même, ici, ce qui prime, ce n’est pas tant l’action en soit même mais davantage les liens entre les protagonistes, car, justement, Bragon et le Rige possèdent un passé commun… lien qui aboutira, à la fin de l’album, a une scène magnifique et plutôt émouvante mais qui aura déçu bon nombre d’amateurs de grand spectacle, probablement rebutés par ce duel qui ne s’étale pas inutilement sur trois ou quatre pages, comme il est de coutume de faire de nos jours. Et ces rapports entre les protagonistes, ces changements pour certains et cette mélancolie qui parsème ces pages, fait de celui-ci un album tout aussi bon que ses prédécesseurs, mais, peut être avec un petit plus : probablement la figure tellement marquante, du Rige ? Bref, vous l’avez compris, ce troisième tome de La Quête de l’Oiseau du Temps est toujours aussi bon et réussit la gageure de maintenir la série a un niveau pour le moins exceptionnel. Bien évidemment, et comme j’eu l’occasion de vous le dire lors des critiques des deux premiers albums de la série, nous avons là une œuvre qui date déjà un peu, ce qui n’enlève certes rien à sa qualité intrinsèque, mais qui, de par son style, son humour et son érotisme d’un autre temps, voir même pour une certaine façon de narrer une histoire, pourra troubler des lecteurs plus jeunes, peu habitués à un tel style. Mais pour ceux qui sauront passer outre cela, ainsi que pour ceux de ma génération, la chose parait plus qu’évidente : nous avons bel et bien là une œuvre tout bonnement culte !


Points Positifs :
- Le plaisir de découvrir la suite d’une saga qui, ma foi, est toujours aussi plaisante, tomes après tomes : ainsi, tout le bien que l’on pouvait penser au sujet de La Quête de l’Oiseau du Temps – le coté aventure sans prise de têtes, les protagonistes charismatiques, l’univers assez sympathique, le bestiaire original – est, bien entendu, une fois de plus au rendez vous.
- Le Rige, bien évidement ! Il faut dire que le maitre de Bragon, charismatique en diable, dégage une aura de puissance et de classe peu commune. De plus, son lien avec son ancien élève apporte un plus indéniable a l’intrigue, surtout lors de la conclusion de celle-ci.
- Comme je l’avais souligné lors des précédents albums, les dessins de Loisel sont l’un des gros points positifs de cette saga : il faut dire que ceux-ci sont tout simplement magnifiques, que les planches de l’artiste fourmillent de détails, sans oublier, bien sur, le look du Rige, oh combien réussi !
- Les relations entre les protagonistes sont, bien entendu, au cœur de ce troisième tome : Le Rige et Bragon, bien sur, mais aussi Bragon et Pélisse, Bulrog, lui, étant sur le chemin de la rédemption.
- L’affrontement final entre Bragon et le Rige, qui en aura marqué plus d’un.
- Une couverture tout simplement magnifique.

Points Négatifs :
- Le coté un peu vieillot de la saga qui risque de rebuter les plus jeunes d’entre nous, habitués depuis longtemps a des bande dessinées plus simples, scénaristiquement parlant, et qui renâcleront devant une certaine fantasy a la papa…
- Les mêmes, sans nul doute, regretteront que l’affrontement final entre Bragon et le Rige soit aussi expéditif.

Ma note : 8,5/10

LES CHRONIQUES DE CORUM – LE CHEVALIER DES ÉPÉES


LES CHRONIQUES DE CORUM – LE CHEVALIER DES ÉPÉES

En ces temps-là, il y avait des océans de lumière, des cités dans le ciel, et des bêtes volantes de bronze. C'était une époque riche et sombre, celle des Seigneurs des Épées. L'époque où se mourraient des ennemis héréditaires, Vadhaghs et Nhadraghs. L'époque où se levait l'Homme, esclave de la peur. Ces nouvelles créatures, en opposition aux deux anciennes races, s’appelaient elles-mêmes Mabdens. Leur vie était brève mais ils se reproduisaient à un rythme prodigieux. Jaloux des anciennes races, la malice s'empara de leurs cœurs. Vadhaghs et Nhadraghs en ignoraient tout et à vrai dire, cela faisait des siècles que les deux clans rivaux avaient cessé toute guerre, oubliant même jusqu'à ce que c'était que de tuer. Ils ne communiquaient pas et ne pouvaient donc pas deviner qu'ils deviendraient les proies d'impitoyables guerriers Mabdens. En créant l'Homme, l'Univers avait trahi les anciennes races. Le Prince Corum à la Robe Écarlate allait en faire la douloureuse expérience mais il n'était pas créature à accepter un funeste destin sans s'y opposer de toutes ses forces...


Les Chroniques de Corum – Le Chevalier des Épées
Scénario : Mike Baron
Dessins : Mike Mignola
Encrage : Kelley Jones, Rick Burchett
Couleurs : L Lessman, Ripley Thornhill
Couverture : Mike Mignola
Genre : Heroic-Fantasy
Editeur : Titan Comics
Titre en vo : The Chronicles of Corum – The Knight of Swords
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 13 février 2018
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Delcourt
Date de parution : 23 janvier 2019
Nombre de pages : 128

Liste des épisodes
The Chronicles of Corum – The Knight of Swords 1-4

Mon avis : Après Le Cycle des Epées, adaptation en BD de la saga littéraire du sieur Fritz Leiber, les éditions Delcourt continuent à nous proposer du matériel inédit en français du célèbre Mike Mignola, auteur qui, bien évidement, gagna une place importante dans le petit monde des comics par le biais de son œuvre maitresse : Hellboy. Et donc, aujourd’hui, c’est une autre saga majeure de l’Heroic-Fantasy, Corum, qui a droit, enfin, en français, à une adaptation digne de son nom ! Œuvre du grand et de l’inimitable Michael Moorcock, Corum est, comme les fans de l’auteur britannique le savent bien, un des avatars du Champion Eternel – comme Elric, Hawkmoon, Erekosë, Ulrich von Bek et beaucoup d’autres. Moins flamboyant qu’un Elric, le Prince Albinos étant, bien entendu, hors-concours pour ce qui est du charisme, Corum n’en reste pas moins un personnage majeur de l’univers de Moorcock et, sans nul doute, un des plus réussis de ce dernier et, pour ma part, un de mes préférés. Forcément, en apprenant que Delcourt allait nous proposer de publier l’adaptation par Mignola des Chroniques de Corum, vous pouvez imaginer ma joie et mon impatience : non seulement j’allais enfin pourvoir découvrir cette dernière, tant d’années après sa parution, mais en plus, le plaisir de redécouvrir les aventures du dernier des Vadhaghs, mises en images par Mignola, s’annonçaient comme étant un véritable régal. Et, ma foi, sur ce point, je n’ai nullement été déçu… alors bien entendu, pour ce qui est des dessins, nous retrouvons, comme cela avait été le cas pour Le Cycle des Epées, du Mignola pré-Hellboy :  artistiquement, le dessinateur est encore loin de ce qu’il fera dans son œuvre phare, cependant, même si les traits ne sont pas encore aussi précis, même si le style n’est pas encore assumé, les prémices de celui-ci sont déjà visibles et, ma foi, tout cela est fort plaisant, surtout si vous êtes fans de Mignola. Ensuite, il y a la problématique qui se pose pour toute adaptation d’une œuvre littéraire a succès, chose qui, ma foi, n’est jamais évidente… Dans le cas présent, le lecteur de Moorcock sera en terrain familier et reconnaitra que l’adaptation du premier volume du cycle de Corum est assez bien respecté : Mike Baron ne s’éloigne absolument pas du texte original et nous livre une adaptation conforme a l’œuvre originale, sans surprises, certes, mais ce n’est pas non plus un défaut en soit. Le problème qui se pose, par contre, c’est que ce premier volume des Chroniques de Corum semble avant toute chose destiné a la fois aux fans de Moorcock qu’a ceux de Mignola, du moins, les plus ultras de ces derniers qui souhaiteraient découvrir les anciens travaux de l’artiste : ainsi, je vois mal des lecteurs qui ne connaitraient nullement le Cycle du Champion Eternel ou qui ne s’intéresseraient pas plus que cela a Mignola, éprouver un quelconque intérêt pour ce comics. C’est fort dommage, certes, mais il faut tout de même reconnaitre que tout cela est davantage destiné aux fans qu’au grand public…


Points Positifs :
- Le plaisir, indéniable, d’avoir droit en français a cette adaptation légendaire – et auquel on ne croyait plus – des Chroniques de Corum, sans nul doute une des sagas les plus abouties du grand Michael Moorcock.
- Le plaisir, également, de découvrir une nouvelle production de Mike Mignola pré-Hellboy, surtout que, si dans celle-ci, le style de l’auteur n’était pas encore aussi aboutit qu’il le sera par la suite, force est de constater qu’il est déjà fort plaisant et, ma foi, reconnaissable !
- Corum étant un de mes avatars du Champion Eternel préférés et, dans un sens plus large, le meilleur après Elric, je vous laisse imaginer a quel point le redécouvrir en BD est un pur régal.
- Mike Baron adapte fort bien l’œuvre de Moorcock et même si tout cela est assez conforme et sans surprises, l’ensemble reste de qualité.
- Une édition tout simplement parfaite et, ma foi, fort belle – cette couverture !

Points Négatifs :
- Il faut reconnaitre que, aussi bon soit ces Chroniques de Corum, tout cela est avant tout destiné aux fans de Moorcock ainsi qu’a ceux de Mike Mignola qui souhaiteraient découvrir d’anciens travaux de l’artiste. Ainsi, je ne pense pas que les autres, eux, soient attirés par cette saga d’un autre âge et, il faut le reconnaitre, un peu spéciale.
- Les habitués de Mignola qui connaissent de ce dernier par Hellboy, uniquement, risquent de tiquer un peu devant cette BD plus ancienne, le style de l’artiste n’étant pas encore totalement aboutit à l’époque.

Ma note : 7,5/10