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vendredi 3 août 2018

LE CONCILE DE FER


LE CONCILE DE FER

La révolution gronde aux portes de Nouvelle-Crobuzon. Le gouvernement se fait de plus en plus répressif, l'économie est en plein chaos, et ses habitants luttent pour survivre. Bientôt, un complot est mené pour assassiner le maire, protégé par la Milice aux pouvoirs surnaturels. De son côté, un groupe de rebelles décide de trouver le maître des golems, Judas Bezalle, et le mystérieux Concile de Fer, un train mythique qui traverse les contrées désertiques loin de la ville. Seul le Concile de Fer pourra aider les révolutionnaires à prendre le contrôle de la cité. Mais la Milice veille. Judas et ses compagnons, humains et non humains, s'organisent autour du « train perpétuel » dont l'existence semble tant effrayer le maire et ses sbires...


Le Concile de Fer
Auteur : China Miéville
Type d'ouvrage : Fantasy Urbaine, Steampunk
Première Parution : 17 septembre 2004
Edition Poche : 13 octobre 2011
Titre en vo : Iron Council
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Nathalie Mège
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 736

Mon avis : Après le chef d’œuvre absolu que fut Perdido Street Station puis l’excellent Les Scarifiés, voilà qu’aujourd’hui, je vais vous parler du troisième volume du Cycle du Bas-Lag : Le Concile de Fer ! Tout d’abord, comme ce fut le cas avec les deux œuvres précédentes de China Miéville, j’ai eu bien du mal à m’immerger dans ce roman ; c’est que le style de cet auteur, au demeurant superbe, est d’une complexité rarement atteinte et que, entre un univers d’une complexité peu commune (ah, que l’on est loin du copié/collé de base de Tolkien) où l’auteur nous présente moult races de son invention comme si celles-ci nous étaient familières depuis toujours, mais aussi des lieux, des habitudes culturelles à mille lieux des autres, il faut déjà s’accrocher. Mais ce n’est pas tout : quand on connait l’habitude narrative de Miéville, c’est-à-dire, ces multiples destins croisés (oui, qui a un moment donné se rejoindront, forcement), ces allers retours dans le passé, le temps que le pauvre lecteur mette tout cela en place, qu’il se familiarise avec les noms des nombreux protagonistes, des enjeux, etc. et ben, il s’est écoulé une bonne soixantaine de pages au minimum. Et si cela était valable pour Perdido Street Station (que j’avais abandonné quelques semaines avant de m’y replonger) et Les Scarifiés, cette fois ci, c’est encore pire, car sans nul doute, après lecture, je n’ai aucun problème à affirmer que Le Concile de Fer est l’œuvre la plus compliquée du jeune auteur britannique. Et si j’avais pu en baver et sacrément m’accrocher auparavant, ici, ce fut une autre paire de manches, au point que, ce ne fut que le premier tiers du récit atteint, que je pus finalement me plonger convenablement dedans… avant que ce diable de Miéville ne vienne, avec sa longue partie consacrée à la genèse du Concile, remettre tout en question en coupant son roman en deux, un avant, un après, et une genèse, longue, mais longue… Cependant, et contrairement à certains avis que j’ai pu lire sur le net, celle-ci ne m’a pas trop gêné. Certes, au début, j’ai été légèrement surpris par la teneur que prenait le récit, mais une fois dedans, et malgré, effectivement, une longueur peu commune (je ne le nie pas) qui peut surprendre, je dois avouer que j’ai été plus qu’enchanter par celle-ci, retrouvant là le souffle épique qui, selon moi, manquait un peu au récit dans sa première partie et qui, par la suite, ne cessa jamais jusqu’au final. Mais cela n’a pas été, loin de là, l’avis de tout le monde, bien au contraire. Il faut de toute façon remettre ce Concile de Fer dans son contexte de base : c’est avant toute chose le récit d’une révolution. Et quand on connait les opinions politiques du sieur Miéville – il fut candidat Trotskiste aux élections municipales de Londres – cela n’a rien d’étonnant. Certes, dans ses précédents ouvrages, seul le lecteur avisé aura pu remarquer que de telles idées trainaient dans l’air, mais ici, comme le souhaitais de longue date China Miéville, ce qui ressort avant toute autre considération de ce roman, c’est la lutte des classes, les misérables conditions de travail des travailleurs, l’oppression des classes aisées, des riches et puissants et, bien entendu, de ces fameux révolutionnaires qui nous renvoient tout droit à ceux de la Commune – il suffit de lire la description de quelques combats de rues pour les croire écrites par un Victor Hugo au sommet de son art. Et bien évidement, lorsque l’on sait cela, comment ne pas voir La Nouvelle Crobuzon comme une espèce de Londres en pire, et son gouvernement oppresseur digne du thatchérisme de la pire époque ? Du coup, ce parti pris politique, assumé et revendiqué, transparait à chaque page du roman, écrasant tout le reste de sa présence, parfois oppressante, et reléguant même, quelque part, les protagonistes à une portion congrue. Et là, je dois l’avouer, cela n’arrange pas les affaires de cette œuvre. En effet, lorsque l’on repense à ceux de Perdido Street Station et des Scarifiés, assez variés et souvent attachants, et ce, malgré des comportements que l’on ne pourrait pas qualifier de franchement héroïque – certains n’étaient-ils pas, quelque part, assez détestables ? – comment ne pas regretter que dans Le Concile de Fer, si l’on fait exception de Judas Bezalle – personnage Miévillien typique – les autres protagonistes brillent surtout par un manque, soit de charisme évidant pour la plus part, soit d’importance pour ceux qui possédaient pourtant un potentiel certain ? Ainsi, un exemple, un seul, le Susur, ce personnage énigmatique des grandes plaines, ce despérado solitaire qui avait de la gueule et qui ne joue qu’un rôle mineure dans le récit. Comment ne pas regretter que Miéville ne lui ai pas donné davantage de consistance ? Cela étant valable quasiment pour tout le monde, d’ailleurs. Car du coup, avec une flopée de personnages qui auraient pu, auraient dut être autrement plus charismatiques, il ne reste presque, dans ce roman, que cette révolution : celle du Concile, celle de la Nouvelle Crobuzon, et puis, c’est tout. Du coup, il apparait qu’a trop privilégier ses idées politiques a ses personnages, China Miéville, tout en nous sortant tout de même un superbe ouvrage, rate nettement ce qui aurait pu être un grand, un très grand roman. Car oui, Le Concile de Fer avait tout pour être exceptionnel, après tout, entre ses idées révolutionnaires, ses emprunts a la Commune et à la Révolution Soviétique, son coté Conquête de l’ouest assumé – avec même, la destruction des espèces locales que l’on peut comparer à celle des indiens – et ses nombreux grands moments, force est de constater que la matière présente est de première ordre. Et puis, comment ne pas s’extasier devant ce final, finalement tellement prévisible et fort bien trouver ? Hélas, alors que tout cela aurait pu être sublimé par des protagonistes plus charismatiques et un récit, peut-être un peu moins propagandiste, Le Concile de Fer, plutôt que d’être le chef d’œuvre que l’on espérait, ne sera qu’un excellent roman. C’est certes déjà bien, mais avec Miéville, on attend tellement la perfection que nos impressions finales, du coup, peuvent être un tout petit peu mitigées…


Points Positifs :
- Plus qu’un simple roman, Le Concile de Fer est un formidable ouvrage politique, une œuvre qui s’inspire fortement de la Commune et de la Révolution Soviétique et qui nous montre, une fois de plus, a quel point le sieur Miéville maitrise parfaitement son sujet.
- Une intrigue qui se met doucement en place, qui est plutôt difficile d’accès – comme tous les ouvrages de Miéville – mais qui, une fois lancée, vous captivera jusqu’à sa conclusion. Et pourtant, entre les divers allers retours dans le temps, les histoires en parallèle et la partie, au milieu du roman, qui revient sur les origines du Concile et qui casse un peu le rythme, ce n’était pas gagner !
- Le coté politisé à l’extrême peut vous faire peur ? Allons donc, cela serait passer à coté d’un excellent roman car même moi qui ne suis pas du tout d’extrême gauche, j’ai grandement apprécié cet ouvrage.
- Si Judas Bezalle est un personnage franchement réussi. Pour les autres protagonistes, même si on aurait souhaité que ces derniers soient davantage développés, force est de constater que bon nombre d’entre eux sont plutôt charismatiques.
- Le plaisir de retrouver l’univers du Bas-Lag, ses créatures, son histoire, etc.
- Une fin douce amère comme je les aime.

Points Négatifs :
- Une complexité narrative encore plus importante que dans les précédents ouvrages de China Miéville.
- Ouvrage très politisé, Le Concile de Fer risque d’en rebuter plus d’un de par ses thématiques, ce qui, accessoirement, serait dommage au vu de la qualité générale de l’ensemble.

Ma note : 9/10

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