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lundi 19 mars 2012

THE ARTIST



THE ARTIST

Hollywood 1927. George Valentin enchaîne les films et les succès. Son art de la pantomime en a fait une vedette du cinéma muet. L'arrivée des films parlants va tout bouleverser. Ne croyant pas à cette nouvelle technique, il rate le train en marche et sombre peu à peu dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante qu'il a aidée dans sa carrière, va-elle être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.


Eh bien, on pourra dire que celui-là, je l’aurai attendu avec impatience et que, même, il ne serait pas exagéré de dire que cela faisait belle lurette que je n’étais pas aussi pressé de voir un film, ne serais ce que pour constater par moi-même ce qu’il valait. Car, depuis un an, qui n’a pas entendu parler de The Artist ? Franchement, a moins de vivre sur une ile déserte ou au fin fond du Sahara, il aurait été fort difficile de passer à coter de toute la campagne de pub faite autour de cette œuvre, chose qui, au demeurant, a dut en agacer plus d’un, chose qui aurait pu m’arriver, finalement, il n’y a pas si longtemps que cela puisque, moi aussi, j’ai pu être agacer, a de multiples reprises, par tout le cirque médiatique que l’on fait à certains films, au détriment d’autres, accessoirement plus méritants. Mais ici, curieusement, ou non, cela ne m’a jamais gêné. Pour quelle raison ? Principalement pour deux raisons : tout d’abord, bien souvent, ce qui a pu m’agacer, j’ai finis par l’aimer lorsque je l’ai vu ce qui me fait dire qu’une œuvre, quelle qu’elle soit, ne doit être jugé qu’en étant vue. Ensuite, The Artist m’attirait, énormément même ; oh, pas pour toute la pub fait autour, pas pour les multiples récompenses que ce film a reçu, y compris et surtout aux Oscars, non, si je tennais tellement à voir ce film, c’est avant tout pour ce qu’il est avant toute autre chose : un magnifique hommage au cinéma américain.

Cela peut paraitre incongrus voir stupide d’affirmer une telle chose mais l’une de mes premières réactions que j’ai eu après avoir finalement vu The Artist samedi soir dernier, c’est que je l’ai comparé à Kill Bill. Certes, dit comme cela, cela peut paraitre complétement idiot mais je m’explique : comme je l’ai dit lors des critiques du premier et du second volet du dytique de Tarantino, Kill Bill est avant tout un film de fan fait pour les fans ; et quelque part, avec The Artist, c’est un peu le même topo et pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur, comment ne pas être obliger de connaitre et d’apprécier toute une partie du cinéma américain de la grande époque, des films hollywoodiens des années 30, du cinéma muet, bref, d’aimer un genre certes aujourd’hui révolu, mais aussi, comme je vous l’ai dit, d’avoir les connaissances cinématographiques qui vont avec afin d’apprécier les innombrables clins d’œil qui parsèment le film et qui renvoient à d’autres œuvres et, bien entendu, a une autre époque. Mais alors, The Artist serait-il un film élitiste ? Quelque part, c’est le cas, mais pas dans une connotation forcément négative comme le terme peut le laisser sous-entendre : non, par élitiste, j’entends que le grand public, celui qui ne jure que par des œuvres à grand spectacle, des films comiques ou des comédies sentimentales a la Harlequin, ne peut qu’avoir du mal avec un film comme celui-ci, un film muet, rempli de références et d’hommages, un film pour les connaisseurs avant tout, qui eux, ne seront pas perturbés comme ces spectateurs d’un cinéma de Liverpool qui, en dix minutes, quittèrent la salle en exigeant le remboursement des tickets d’entrée – anecdote réelle. D’ailleurs, c’est pour cela que The Artist n’a pas marché, ne pouvais pas marcher en France : absolument pas grand public, muet, en noir et blanc mais aussi… comment dire, pour les connaisseurs, les fans d’un certain genre.


Car regarder The Artist, c’est accepter avant toute chose de faire un superbe plongeon dans notre passé, ou, plus exactement, dans celui du cinéma ; car, finalement, que se passe-t-il dans ce film ? Un acteur célèbre, Jean Dujardin, véritable star du cinéma muet, se retrouve mis sur la touche par l’arrivée du cinéma parlant ; cet état de fait, véritable révolution à l’époque, bien plus importante, au demeurant, que l’arrivée de la couleur, mis effectivement de côté bon nombre d’anciennes gloires qui n’ont pas voulus ou tout simplement pas pu faire la transition entre le muet et le parlant. Et c’est ce drame, justement, qui se trouve au cœur de l’intrigue de l’œuvre de Michel Hazanavicius. Bien évidemment, lorsque l’on connait un tant soit peu l’histoire du septième art, c’est un petit régal que de voir un tel film, d’apprécier les clins d’œil à certains vieux chef d’œuvres comme, par exemple, celui a  Douglas Fairbanks dans Le signe de Zorro, la scène du repas en tête à tête qui renvoi a Citizen Kane ou certaines affiches des films de Peppy Miller fortement inspirées d’œuvres de l’époque. De même, comment ne pas voir dans le synopsis de The Artist des réminiscences d’Une étoile est née de William A. Wellman ou de ne pas penser, tout bonnement, a Chantons sous la pluie qui lui aussi traitait de l’arrivée du parlant dans le monde du cinéma ? Bref, avant toute chose, The Artist est un somptueux hommage, déclaré et qui ne s’en caches pas, a toute une époque, et cette volonté affichée, qui prime sur tout le reste, aura déplu à certains.

Curieusement, ou pas, ce sont les français qui auront le plus boudés ce film, ce qui est tout de même amusant quand on n’y pense : voilà un film français, fait par des français et avec des acteurs principaux français, qui se permet le luxe de triompher un peu partout dans le monde, et qui se voit décrier dans son propre pays, ce qui me laisse penser deux choses : tout d’abord, ici, on dirait qu’on en est encore a préféré l’éternel perdant au vainqueur (voir Anquetil – Poulidor) ce qui, à force, en devient un peu ridicule ; ensuite, je vais finir par croire que l’intelligentsia de notre beau pays ne jure que par le cinéma étranger et par, pour ce qui est de la production nationale, les films d’auteur pseudo intellectuels et les films… comiques, de temps en temps. Mais un film comme The Artist qui clame tout son amour au cinéma américain – mais attention, celui d’avant-guerre – et qui reprend tous les canons du genre, messieurs dames, on ne peut que le dénigrer ! D’ailleurs, qu’un journal comme Libération ait put en dire du mal n’a fait que, une fois de plus, confirmer tout le mal que je pense de lui… Car bon, est-ce un mal de faire un film muet et en noir et blanc qui raconte une histoire sur ce qui s’est passé dans le milieu du cinéma à l’orée des années 30 ? Visiblement, a en croire certains, oui. Attention, je ne vise absolument pas les gens qui, de toute façon, n’aiment pas les films muets, ou en noir et blanc, ou de toute façon trop anciens, avec eux, c’est une affaire de gouts et ceux-ci ne se discutent pas. Par contre, certains critiques français qui pestent contre The Artist pour des raisons limite ridicules, c’est autre chose.


Mais autant laisser ces prophètes de mauvais augure, ces éternels grincheux et insatisfaits dire du mal d’un film, d’un réalisateur et des acteurs et des actrices qui ont, premièrement, porter bien haut les couleurs françaises à l’étranger (même si c’est pour louer le cinéma américain d’antan, ce sont quand même des français qui l’on fait) et qui, au demeurant, ont réaliser un superbe film qui, selon moi, méritait toutes les distinctions qu’il a reçu, n’en déplaise à certains. J’ai aimé The Artist pour ce qu’il est, c’est-à-dire, un brillant hommage à une ère révolue, un film de fan pour les fans, j’ai aimé The Artist pour m’avoir rappeler tout un tas de films excellents et de grands acteurs, j’ai aimé The Artist pour son coté simple, nature, pour la fraicheur qui en découle, mais aussi, pour la performance de ses acteurs, Jean Dujardin bien sûr (quand je repense à Un gars, une fille, que de chemin parcouru depuis…) mais aussi  Bérénice Bejo, franchement excellente elle aussi, j’ai aimé The Artist car, quelque part, c’est cela aussi le cinéma que j’aime, et je pourrais vous parler encore, pendant des heures et des heures, de l’intrigue du film, des diverses symboliques entraperçues (comme les trois singes qui symbolisent bien ce que Jean Dujardin ne veut pas : voir ce cinéma muet qui arrive, entendre car dans ses films, il n’y a pas de son, parler car, bien entendu, ses rôles sont muets), des seconds rôles, eux aussi excellents et de cette impression tenace, d’être devant un film d’époque, mais, mieux que de grands discours, autant vous laisser découvrir par vous-même ce que vaut ce The Artist : il pourra vous plaire, vous déplaire, mais à coup sûr, il ne vous laissera pas indifférents. 

GOD OF WAR II: DIVINE RETRIBUTION



GOD OF WAR II: DIVINE RETRIBUTION

Après avoir vaincu Arès, Kratos est devenu le nouveau Dieu de la guerre. Haïssant les dieux, Kratos avait trouvé une nouvelle famille auprès des guerriers Spartiates. Ces derniers, soutenus par leur nouveau dieu, écrasaient de plus en plus de cités. Cependant à chaque nouvelle ville détruite, la colère des dieux grandissait. Le jeu commence lorsque Kratos s'apprête à porter en personne le coup final à la cité de Rhodes. C'est alors que Zeus, craignant de subir le même destin qu'Arès, trompa Kratos et put ainsi lui retirer tous ses pouvoirs grâce à la lame de l'Olympe qu'il avait jadis forgée pour gagner la guerre contre les Titans. Une fois le Colosse animé par Zeus vaincu, celui-ci apparaît devant Kratos, affaibli et grièvement blessé. Le roi des Dieux prend alors la lame de l'Olympe et tue Kratos, qui jure vengeance contre les dieux. Alors que le Spartiate est emmené aux Enfers, Gaïa lui apparaît en songe, et lui offre une opportunité de revanche, que Kratos accepte. Il se réveille, sort des Enfers, et chevauche le Pégase ...


J’ai déjà eu l’occasion de le signaler sur ce blog mais je pense qu’il est nécessaire de me répéter aujourd’hui : pendant des années, je fus un inconditionnel de jeux vidéo, passant des jours et des nuits, ne comptant pas mes heures, à jouer, encore et encore, a des multitudes de jeux sur consoles, connaissant de grandes satisfactions vidéoludiques, mais aussi, ne le nions pas, de superbes déceptions ; et cette période coïncidât avec l’arrivée tonitruante de la Playstation, première du nom, dans nos salons, ce qui eut pour effet de révolutionner le genre et de l’imposer comme un loisir pour adultes – avant, les jeux sur consoles étaient plus destinés aux enfants et à un public jeune en général – et alla, grosso-modo, jusqu’aux premières années de la génération de consoles suivante, la PS2. Etant devenu alors un fidèle de Sony, j’ai eu moult consoles : deux PSONE (comme on les appelle ainsi), une autre avec une puce pour lire les jeux japonais, et, pour finir, deux PS2, la première ayant rendu l’âme assez rapidement. Mais c’était le bon temps et justement, du temps, j’en possédais a foisons : c’était avant les problèmes, les séparations, les dettes, les enfants, la vie de famille mais aussi, ne le nions pas, ce blog qui occupe, finalement, le temps que je pouvais consacrer autrefois aux jeux vidéo. Ainsi, pendant quelques années, je n’eus guère l’occasion de jouer, jusqu’à ce que, fin 2008, je finisse par me procurer une énième PS2 (la PS3 étant trop chère) et me remette, petit à petit, dans le bain. Mais bon, pour être tout à fait franc, ce ne fut plus jamais pareil – chose qui était, je le conçois, impossible puisque je me vois mal, désormais, faire une nuit blanche et assumer les enfants ensuite – et si j’ai commencé, plein d’entrain, bon nombre de jeux, je finissais à chaque fois par les abandonner, passant finalement mon temps à faire et refaire des tournois de foot. Enfin, cela, jusqu’à il y a un peu plus d’une semaine désormais et l’achat d’un vieux jeu qui modifia, et de façon spectaculaire, la donne.

Ce jeu, vous l’avez compris, c’est God of War II. Même si pendant quelques années je n’avais guère eu l’occasion – ou la possibilité – de jouer et que je suivais l’actualité vidéoludique d’un œil plus que distant, je n’en avais pas moins entendu parler de ce jeu, enfin, de ce titre décliné depuis lors, à quatre exemplaires : deux sur PS2, un sur PS3 et le dernier sur la PSP. De même, je savais plus ou moins son contenu, son univers et son style de jeu : dans une Grèce mythologique que n’aurai pas renié le grand Ray Harryhausen, le joueur prenait le contrôle d’un certain Kratos, un individu a la mine patibulaire, violent et pas sympathique pour un sous et affrontait, comme dans tout bon Beat them all qui se respecte, toute une flopée de créatures mythiques, comme les cyclopes, les griffons ou les minotaures, mais aussi, des dieux, carrément ! Violent au possible, God of War était, selon moi, une espèce de Devil May Cry puissance mille, où, au lieu que l’on se mette dans la peau d’un beau gosse charismatique a la chevelure blanche, on faisait un gros bourrin chauve et tatoué qui ne semblait pas posséder un QI très élevé et qui annonçait, de plus en plus, la violence extrême et sans limites vers lesquels se sont tournés bon nombre de jeux au cours de ces dernières années. Du moins, telle était ma vision du personnage et de ce jeu qui m’intéressais par son coté « Mythologie grecque » mais qui me rebutait par son héros, aux antipodes de ceux auquel je m’identifie lorsque je joue. Mais bon, comme à l’époque de la sortie des deux titres sur PS2, je ne jouais pas, ou très peu, je dois reconnaitre que tout cela me passa un peu au-dessus de la tête, n’étant pas, je dois bien l’avouer, ma préoccupation principale.


Et puis donc, il y a quinze jours environ, j’eu l’envie subite de me trouver des jeux un peu différents que ceux de ma collection, des titres « neufs » (par neuf, j’entends auquel je n’avais jamais joué) que je voulais essayer, mais sans grand espoir, comme d’habitude, de trouver le temps de les finir un jour ; et étant partis pour me procurer l’un des Prince of Persia, vu que je n’avais jamais eu l’occasion d’en essayer un, je suis tombé, un peu par hasard, sur cet intriguant God of War II, qui ne coutait qu’une toute petite poignée d’euros, et qui, depuis que j’avais vu la bande annonce du troisième volume, sur PS3, m’attirait de plus en plus. Du coup, je me suis dit que cela pourrait valoir le coup et, quelques jours plus tard, vendredi d’il y a une semaine, après l’avoir reçu par la poste, je l’ai essayé et là, ce fut… la révélation !!!

En toute objectivité, je n’ai pas changer d’un iota sur ce que je pense de Kratos : ce mec est un indécrottable bourrin sans cervelle aux antipodes, a mille lieux, à des années-lumière même que ce que bien d’autres titres ont pu nous proposer dans la grande histoire des jeux vidéo – qui, mine de rien, commence à dater un peu avec ses trois décennies passées – de nos jours, l’un des loisirs principaux des habitants du monde occidental (oui, je me doute bien que le pauvre paysan africain ou chinois a d’autres chats à fouetter que de faire le guignol, manette a la main ; bien souvent, ce genre de réflexions relativisent bien des choses). Mais si, indéniablement, Kratos est un bourrin, je peux comprendre qu’il plaise à un certain public et même, quelque part, après qu’il m’ait accompagné tout au long d’une semaine, j’ai finis par lui trouver un certain charme (non, je ne suis pas tomber amoureux) et son coté cynique, tragique, frappé par le destin, mais aussi, sa lutte contre les dieux, décidément toujours aussi injustes dans leurs comportements envers les mortels m’a bien plu. Oh, pas au point que je le préfère a ce bon vieux Solid Snake ou au sublime Raziel, mais tout de même, ce brave Kratos, tout bourrin qu’il est, aura fini par être une bonne surprise – d’un autre côté, vu que je n’en attendais pas grand-chose, c’est peut-être normal ?

Mais bien évidement, ce qui compte avant tout, ce n’est pas de savoir si Kratos est charismatique ou pas mais le jeu en lui-même, ce qu’il vaut, ce qu’on y fait, la qualité des décors, de l’intrigue, la classe (ou pas) de nos ennemis, les combats et tout un tas d’autres choses qui font qu’un jeu vidéo peut être bon, génial, exceptionnel, mais aussi, passable, mauvais, nullissime ! Et là, franchement, je dois le dire, ce fut une belle petite claque que j’ai reçu comme cela faisait bien longtemps que ça ne m’arrivait pas ! Bien évidemment, les joueurs confirmés qui sont passés à la PS3 depuis des années rigoleront probablement devant mon enthousiasme pour un jeu aussi ancien et qui, à leurs yeux, apparaitrait comme moche. Pourtant, en jeux vidéo, il faut toujours relativiser les graphismes et surtout, les remettre dans leurs contextes de machine et de date de sortie : ce qui fait que, un jeu sortit sur Nintendo dans les années 80 puisse être encore une réussite graphiquement et qu’un autre, de nos jours, ne le soit pas – certains auront du mal à comprendre cela mais c’est bel et bien un fait. Et donc, ce second God of War (je ne parlerais ici que de cet épisode, n’ayant pas, comme vous l’avez compris, jouer au premier, même si bientôt, je devrais m’y mettre) est avant toute chose une pure merveille graphique : tant par les décors, variés, gigantesques et somptueux, que par le moteur graphique qui fait qu’il n’y ait pas de temps de chargements (c’est rare et il faut le saluer comme il se mérite), le joueur prend un plaisir certain à déambuler dans un univers, certes violent au possible et d’une dureté extrême, mais étonnamment beau, d’une beauté, même, parfois, a en couper le souffle. Mais il faut dire que, adorant les décors gigantesques, qui nous donnent l’impression d’être une minuscule fourmi, je ne peux qu’être gâté par ceux de God of War II. Mais ce n’est pas tout : comment ne pas apprécier toutes ces figures mythologiques que l’on ne cesse de rencontrer tout au long du jeu : entre de simples monstres mais aussi des héros – Persée, Thésée, Icare –, les Titans – Gaia, Atlas, Cronos – et des Dieux – Athéna, Zeus – quel plaisir de déambuler, et surtout, d’affronter des figures aussi exceptionnelles. Et là, nous arrivons à un point crucial de ce jeu, qui rappelons-le, est avant tout un Beat them all, les fameux combats. D’une violence inouïe et extrême avec ses membres arrachés, ses décapitations en tout genre et ce sang qui ne cesse de gicler, ceux-ci sont souvent dantesques au possible et vous feront passer de bons, que dis-je, de très grands moments : avez-vous déjà imaginé affronter le Colosse de Rhodes, Thésée ou même Zeus en personne ? Ici, ça sera le cas et franchement, quel plaisir de le faire, quel plaisir de se mesurer à des adversaires gigantesques de par leur taille démesuré, ou possédant des pouvoirs divins et même si parfois, vous penserez que cela est impossible, dite vous que personne, pas même Zeus, n’échappera a courroux de Kratos !


Bien évidemment, l’on pourrait pester contre une durée de vie bien trop courte finalement, comme si le genre voulait qu’il en soit toujours ainsi, signaler quelques petits pompages a d’autres titres comme Devil May Cry ou Soul Reaver voire même, reconnaitre que si certains passages du jeu sont d’une difficulté rare, d’autres sont beaucoup trop simples et que certaines combinaisons de touches, à certains moments, donnent des sueurs froides – Ouh le combat final contre Zeus !!! Mais dans l’ensemble, comment ne pas reconnaitre ce qu’est God of War II ? C’est-à-dire, un très grand jeu. Entre un univers original car, finalement, rarement abordé sur console et surtout, pas aussi bien, des graphismes (décors, personnages) somptueux, une bande son guerrière qui colle très bien à l’action et de nombreux moments inoubliables, force est de constater que nous avons là un jeu superbe, captivant au possible et dont il est très difficile de décrocher. D’ailleurs, il m’est arrivé quelque chose d’incroyable avec ce second God of War, quelque chose qui ne m’arrivait plus depuis des années, quelque chose que, franchement, je croyais ne plus être possible, c’est-à-dire : commencer un jeu, ne pas le lâcher et le finir en quelques jours… comme au bon vieux temps. Bien évidemment, les circonstances – j’étais en vacances – ont bien aidé pour cela, mais bon, en d’autres cas, j’abandonnais vite l’affaire. Mais ici, avec God of War II, ce ne fut pas le cas, bien au contraire, et franchement, quel jeu, mais quel jeu ! Du coup, vous l’avez compris, j’ai déjà commandé son prédécesseur, le tout premier titre de la série, ne serais ce que pour le plaisir de replonger dans cet univers avec ce gros bourrin de Kratos !

mardi 13 mars 2012

KILL BILL – VOLUME 2


KILL BILL – VOLUME 2

Cinq ans après avoir été laissé pour morte par ses anciens complices, Black Mamba, alias la Mariée, poursuit sa vengeance. Elle a déjà éliminé deux de ses anciennes collègues, Vernita Green et O-Ren Ishii, membres comme elle de la brigade des Vipères assassines. Il lui reste à tuer trois personnes pour accomplir sa quête de justice : Budd, Elle et Bill, fondateur et redoutable chef de la brigade. Mais, avertis de sa démarche, tous se préparent à l'affronter. La Mariée se rend tout d'abord chez Budd, qui vit reclus dans une caravane posée dans le désert et travaille dans un bar miteux. Après l'avoir épié, elle se prépare à passer à l'action...


Kill Bill – Volume 2
Réalisation : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Musique : RZA
Production : Miramax Films, A Band Apart
Genre : Action, Thriller, Arts Martiaux, Western Spaghetti
Titre en vo : Kill Bill – Volume 2
Pays d'origine : États-Unis
Langue d'origine : anglais
Date de sortie : 16 avril 2004
Durée : 136 mn

Casting :
Uma Thurman : Beatrix Kiddo, alias La Mariée alias Black Mamba
David Carradine : Bill, alias Snake Charmer
Michael Madsen : Budd alias Sidewinder
Daryl Hannah : Elle Driver alias California Mountain Snake
Gordon Liu : Pai Mei
Michael Parks : Esteban Vihaio
Perla Haney-Jardine : BB
Helen Kim : Karen
Larry Bishop : Larry Gomez
Samuel L. Jackson : Rufus
Christopher Allen Nelson : Tommy Plympton
Bo Svenson : le révérend Harmony

Mon avis : A la fin du premier volet de Kill Bill, nous avions donc laissée la Mariée, Uma Thurman, qui venait tout juste de tuer, et de quelle manière, O-Ren Ishii, magnifique Lucy Liu, poursuivre sa vengeance tandis que le fameux Bill, David Carradine – dont on ne voyait jamais le visage dans le premier film – apprenait, par le biais de Sofie Fatale, Julie Dreyfus, en bien mauvais état, que son ancienne protégée et amante était bien décidée à se venger de celui-ci. Et donc, Kill Bill – Volume 2 débute sur les chapeaux de roues avec la fameuse scène du massacre de la Chapelle où avait lieu la répétition du mariage de… bip…, oui, on ne connait le nom qu’un peu plus tard au fil de l’intrigue ; bref, dès le départ, on rentre dans le bain avec l’un des moments les plus importants des deux films, la scène primordiale, l’élément déclencheur de tout ce qui suivra et, sincèrement, celle-ci vaut le détour : tourné en noir et blanc, dans un ton calme, aux antipodes du trépidant premier volume qui se déroulait a cent à l’heures, cette première scène – dont on n’avait, jusque-là, entraperçue que quelques flashbacks – annonce bien la couleur puisque, cette fois ci, l’ambiance sera radicalement différente. Et comme je vous le disais dans ma critique précédente, si le premier Kill Bill était un formidable hommage au cinéma asiatique, et plus particulièrement au cinéma hongkongais d'arts martiaux et au chanbara japonais, ici, ce qui prime avant tout, c’est le western spaghetti de la grande époque, celui de Sergio Leone principalement, que ce soit par l’ambiance générale qui s’en dégage, les plans de caméras, la musique avec certains passages du grand Ennio Morricone, mais aussi, un rythme infiniment plus lent, plus posé et une attention accrue sur les protagonistes, choses quasiment absentes du premier volume qui se déroulait à grande vitesse tandis que sa suite prend le temps de construire l’intrigue et de s’attarder sur les relations entre personnages, voir même, de nous présenter leurs vies de tous les jours. Et du coup, la première chose qui saute aux yeux lorsque l’on compare ces deux films, c’est que, finalement, le choix de présenter Kill Bill en deux parties apparait assez judicieux car, si le fil conducteur de l’intrigue – la vengeance de la Mariée – reste, force est de constater qu’avec deux parties presque aux antipodes l’une de l’autre, nous avons bel et bien deux films ; pas forcement distincts dans le fond, mais pour ce qui est de la forme… quel changement, que de différences ! Bien évidemment, il n’y aurait aucun problème à regarder Kill Bill d’une traite, d’ailleurs, cela devrait être une expérience assez agréable à faire, mais bon, après coup, j’ai finalement compris – en dehors de l’aspect financier et de la volonté des décideurs – la justesse que l’on se soit retrouver avec deux films au lieu d’un seul. Et, bien évidemment, si j’avais déjà fortement apprécié et pris un pied d’enfer en regardant le premier, je dois reconnaitre que cette suite, pourtant dans un genre complètement différant, est toute aussi bonne. Forcément, comme je vous l’avais dit précédemment, Kill Bill étant avant tout un film de fan pour les fans, être un amoureux de ces genres – films d’arts martiaux, cinéma d’exploitation, western spaghetti – en devient presque primordial pour apprécier cette œuvre à sa juste valeur mais également, ne l’oublions pas, pour noter les innombrables clins d’œil et divers hommages qui la parsèment. Ici, comme je vous l’ai dit, on se croirait presque dans un film de Sergio Leone – et alors quand la musique s’en mêle et que la caméra s’attarde sur les visages en gros plans des protagonistes, c’est tellement flagrant que cela en devient troublant – et franchement, quel plaisir : mine de rien, et malgré tout le mal que j’ai pu dire à son sujet, ce renard de Tarantino est tout de même sacrément doué sur ce coup et n’hésite pas à oser l’impossible – comme de mélanger des genres tellement différents, de lorgner allègrement sur le kitch et le coté rétro, d’user et d’abuser de grosses ficelles et, surtout, de tout exagérer, mais à des niveaux tels que mêmes les originaux apparaissent, après coup, crédibles – et le pire, c’est que cela marche ! Un exemple, un seul ? La scène où la Mariée suit l’enseignement de Pai Mei, archétype du vieux maitre d’arts martiaux chinois poussé à son paroxysme a un tel point qu’il en est plus caricatural que les caricatures habituelles : tant le personnage que ses réactions, son look, sa toute-puissance ont été vues des milliers de fois, au point d’en devenir ridicule a force, mais ici, et contre toute attente, ça marche ! L’effet Tarantino ? Il y a de cela, bien évidemment, mais aussi, ne l’oublions pas, que quelque part, dans un film aussi extrême que Kill Bill, un vieux maitre d’arts martiaux chinois ne pouvait ressembler qu’à ça, tout simplement ! Mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres dans ce film. Alors bien sur, ce second volet de Kill Bill aura magnifiquement complété tout le bien que je pensais de son prédécesseur : après toute l’adrénaline du premier volume, ce côté « a cent à l’heures », le fait que la suite soit plus calme, plus posée, soit, finalement, bien plus intimiste relève presque du génie ; ainsi, là où les scènes de combats occupaient une bonne partie du premier film et s’avéraient grandioses de par leur démesures, ici, si celles-ci sont toujours aussi excellentes, leur rareté et surtout, leur extrême rapidité, modifient totalement la donne au point de surprendre. Et puis, pour un vieil amoureux des films de Sergio Leone et plus particulièrement de Mon nom est personne et de Le bon, la brute et le truand, comment ne pas apprécier ce formidable hommage à un genre aujourd’hui disparu ? Quant au final, à la fois étonnant et prévisible, ce long face à face entre la Mariée et Bill, avec les révélations qui vont avec et un combat qui se joue en quelques secondes, comment, après toute cette débauche d’hémoglobine versée, de membres découpés, arrachés, tous ses morts, ne pas apprécier ces longues minutes de calme, intimiste, tellement troublantes et où l’on croirait presque assister à une soirée de n’importe quelle famille ordinaire ? Dernier coup de génie de Tarantino, ce final clôt (pour le moment du moins puisque, à en croire Tarantino en personne, il se pourrait qu’une suite voit le jour dans les années à venir, affaire à suivre donc) magnifiquement, non pas uniquement de second film, mais une œuvre, en deux parties donc, mais tout bonnement magistrale, une œuvre décriée par certains pour son extrême violence et son scénario qui tient, il faut l’avouer, sur un timbre-poste, une œuvre culte pour d’autres, une œuvre que, comme tant d’autres, je n’aurais découvert que sur le tard, mais une œuvre qui, selon moi et avec le recul nécessaire, est probablement l’une des plus importantes de la décennie écoulée, tous genres confondus. Oui, Kill Bill est peut être un film de fan pour les fans, mais c’est aussi, ne l’oublions pas, un putain de chef d’œuvre comme on n’on voit pas suffisamment selon moi. 


Points Positifs :
- Probablement l’œuvre la plus abouti de Tarantino et, accessoirement, celle où le crédo « un film de fan pour les fans » sonne le plus juste tant Kill Bill fourmille de multiples hommages a tout un tas de longs métrages et a un certain cinéma aujourd’hui un peu tombé en désuétude – dans ce second volet, principalement, le western spaghetti.
- Le contre-pied parfait du premier volet puisque, autant celui-ci se déroulait a cent a l’heure, ici, tout est plus calme, plus posé, on s’attarde davantage sur les dialogues, les relations entre les personnages tandis que les scènes d’actions, elles, se règlent en quelques secondes. Ce changement radical étonne, certes, mais n’en reste pas moins parfait !
- Accessoirement, ce changement de ton fait que je trouve ce second volet supérieur au premier.
- Une fois de plus, comment ne pas mettre en avant le casting et, bien entendu, Uma Thurman, au sommet de son art ; n’oublions pas non plus David Carradine, égal à lui-même.
- Encore une fois, nous avons là un film qui ravira les amateurs des genres abordés – le Western Spaghetti, les films d’arts martiaux – qui seront en terrain familier.
- Tarantino va tellement loin dans ses exagérations que cela passe parfaitement : exemple, le maitre d’arts martiaux, tellement stéréotypé qu’il en devient génial !
- Comme a chaque fois avec Tarantino, une bande son excellente.

Points Négatifs :
- Comme je le disais pour le premier volet de Kill Bill, nous avons là une œuvre qu’on adore ou qu’on déteste, il ne peut pas y avoir de demi-mesure avec ce film. Bien sur, tout cela est une affaire de gouts personnels, mais bon, reconnaissons qu’il est normal que certains n’adhèrent pas…
- Une fois de plus, je pense qu’il faut posséder une certaine culture cinématographique pour apprécier à sa juste valeur une telle œuvre, ne serais-ce que pour toutes ses références…

Ma note : 9,5/10

lundi 12 mars 2012

GRAN TORINO



GRAN TORINO

Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le vœu qu'il aille à confesse, mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage... Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains « qui croient faire la loi », de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino... Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne. Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des « travaux d'intérêt général » au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino...


Ah, Clint Eastwood ! L’une des dernières légendes du cinéma hollywoodien, pour ne pas dire, mondial, tant l’acteur, sans exagération aucune, su, au cours d’une longue et fructueuse carrière, mettre à peu près tout le monde d’accord sur son talent. Et pour moi, ce bon vieux Clint – 81 ans au compteur, ce qui n’est pas rien – c’est avant tout un genre : le Western a la Sergio Leone, le meilleur selon moi, et un film : Le bon, la brute et le truand, chef d’œuvre absolu d’un genre décidément aujourd’hui révolu. D’ailleurs, rien que de vous en parler, je ne peux m’empêcher de me dire que, et malgré moult rediffusions sur le petit écran, cela fait belle lurette que je ne l’ai pas vu, et que, à l’occasion, il faudra que je répare ce mini-scandale ; car oui, c’en est un selon moi, ne serais ce que pour en écrire une critique sur ce blog ! Mais si Clint Eastwood a su se faire apprécier d’un public assez large et éclectique, ce n’est surement pas pour les films qui lui ont valu sa gloire – les Westerns et les Inspecteurs Harry – qui ont dut laisser dubitatifs une part non négligeable des amateurs de cinéma, comment dire, plus intellos, mais surtout pour ses réalisations. Car pour ceux qui ne le sauraient pas encore – après tout, plus rien ne m’étonnes en ce bas monde – Clint Eastwood est aussi un excellent réalisateur, dont les films, assez récents, ont fort bien marchés, tant d’un point de vue du public que de la critique. Enfin, à ce qu’on en disait car aussi étonnant que cela puisse paraitre, jusqu’à hier soir, je n’avais que peu souvent vu d’œuvres du maitre, et encore, pas forcément les plus connus, et, au demeurant, pour une fois, je me dois de remercier TF1, chaine que je ne porte pas dans mon cœur et qui, miraculeusement, n’a pas diffusé en prime time le millième épisode sans saveur des Experts machin truc mais l’excellent Gran Torino.

Nul doute que la première chose que le spectateur constate en regardant une œuvre comme Gran Torino c’est que, tant dans la réalisation, tant dans la façon qu’il a de se mettre en scène dans le film, Clint Eastwood est franchement excellent. D’ailleurs, cela en deviendrait presque un cas d’école, mais, pas aussi simple à copier lorsqu’on y pense bien : après tout, des réalisateurs de talents, il en existe un certain nombre, mais, des réalisateurs qui passent devant la caméra dans leurs propres films, c’est déjà moins courant, et ce, même si Clint n’est ni le premier à le faire, ni le dernier. Mais là où cela devient plus intéressant, c’est cette façon qu’il possède de jouer avec son image, de jouer des personnages bourrus, acariâtres mais aussi violents et qui sont les meilleurs dans leurs partis, mais, paradoxalement, de montrer leurs innombrables faiblesses, tant physiques que psychologiques, bref, d’être un parfait antihéros comme je les adores. Alors oui, on me dira encore que d’autres l’on fait avant lui, et qu’il n’est surement pas le dernier à agir de la sorte, cependant, à mon avis, ce qui fait la différence avec la concurrence – le terme me semble juste – c’est que d’un point de vue charismatique, il n’y a pas grand monde, en tout cas de vivant, qui arrive à la cheville de Clint Eastwood. Ainsi, et comme d’autres acteurs de par le passé, ce bon vieux Clint représente un genre à lui tout seul et l’on pourrait presque dire que celui-ci, depuis une éternité, joue toujours le même rôle : celui d’un indécrottable solitaire, violent et fragile à la fois et pas forcément adroit avec la gente féminine. Est-ce un mal, un défaut ? Selon moi, pas forcément quand le talent et le charisme sont présents.


Car bon, soyons un petit peu objectif, si l’on peut qualifier ce Gran Torino d’excellent film, force est de constater que, lorsqu’on l’analyse de plus près, certains détails flagrants apparaissent et on ne peut les occulter : ainsi, franchement, peut-on dire que tout cela soit vraiment original ? Non, une famille a des problèmes avec des voyous, Clint s’en mêle et les protège et règle tout ça vite fait bien fait, ça ne vous dit rien ? Allons bon, mais c’est un parfait scénario de Western ça ! Donnez un chapeau et un cheval a Clint, remplacez les voisins asiatiques par des américains pur souches et les petites frappes par des desperados, le scénario restera le même. Ensuite, le côté « vieux bourru raciste qui finit par prendre sous son aile le gamin du coin histoire de créer un lien filial, vu que ses propres enfants le rejettent » ça a des petits airs de déjà-vu, et là aussi, pas qu’une fois. Et si l’on ajoute à cela le fait que, bien des scènes soient prévisibles et sans surprises, l’on ne pourra que constater que, finalement, ce Gran Torino apparait soudainement comme moins exceptionnel qu’a première vue.


Mais la différence avec tant d’autres films, c’est peut être bête à dire, mais c’est Clint Eastwood lui-même ! En tant que réalisateur, il réussit le tour de force de sublimer un scénario hautement conventionnel et de le transformer en un film tout bonnement captivant. Puis, en tant qu’acteur, et tout en nous ressortant toute la panoplie de son jeu, la saupoudrant ici et là d’une touche particulièrement à la fois détestable et… jouissive – ah, ce mec a une répartie du tonnerre, et puis, comment ne pas jubiler lorsqu’il sauve sa voisine lorsque celle-ci a maille à partir avec des petites frappes arrogantes qui, dès qu’il pointe une arme sous leurs nez, font dans leur culotte – il réussit à rendre ce vieux conservateur raciste et bourru, finalement humain et en tout cas, bien plus sympathique qu’on aurait pu le croire dans les premières scènes. Bien évidemment, Gran Torino n’est pas particulièrement politiquement correct aux yeux de certains, mais bon, peut être que ce qui choque le plus certains, c’est une réalité qui y est montrée, et celle-ci n’est pas forcement agréable à regarder. En tout cas, chapeau bas a Clint Eastwood pour sa prestation, tant devant que derrière les caméras, et plus particulièrement pour la scène finale ou l’octogénaire met en scène, de façon étonnante – je suis resté sur le cul car je ne m’attendais pas à cela – et magistrale sa propre mort ; comme si celui-ci, quelque part, voulait boucler la boucle d’une longue, très longue carrière qui, pour le moment, n’a pas encore pris fin.

mardi 6 mars 2012

POLISSE



POLISSE

Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire, la critique à proprement parler de ce film, je souhaiterais vous raconter une petite anecdote qui résume parfaitement le côté « tête en l’air » que je suis bien souvent : en effet, cela fait longtemps que j’attends la sortie en DVD d’un certain film français qui a tellement bien marché qu’il a tout simplement triompher dans une certaine petite cérémonie inconnue que l’on surnomme les Oscars – c’était il y a une semaine environ, pour ceux qui suivent l’actu cinématographique. Ce film, bien entendu, c’est The Artist, avec, en tête d’affiche, un certain Jean Dujardin – Oscar du meilleur premier rôle masculin, quand je pense d’où il vient, que de chemin parcouru ! Bref, cela fait longtemps que j’ai envie de voir ce film, ne serais ce que pour m’en faire ma propre opinion, et franchement, je dois avouer que l’attente commence à se faire longue. Surtout que cela fait plusieurs fois que je suis persuadé que The Artist est déjà sorti en DVD alors que ce n’est pas le cas ! Tenez, pas plus tard que samedi dernier, j’ai réussi à convaincre ma femme de m’accompagner a Carrefour pour acheter le film ; or, que nous arriva-t-il, comme vous pouvez vous en doutez ? Bien entendu, on ne l’a pas trouvé. Du coup, j’ai encore une fois insulté copieusement cette enseigne de la grande distribution, surtout que, depuis un certain litige avec Playmobil (à l’occasion, je vous en parlerais), je l’ai dans le collimateur, en criant sur tous les toits que quand on cherche quelque chose, il ne faut surtout pas aller à Carrefour ! Puis, après avoir finis de me ridiculiser le dimanche, en affirmant que oui, le DVD était sorti mais que, décidément, Carrefour, c’est de la daube, je me suis rendu compte, le soir, qu’il m’aurait été particulièrement difficile de me procurer The Artist vu que le DVD ne sort que le… 14 mars ! Bref, j’ai encore perdu une bonne occasion de me taire.


Mais au fait, quel rapport avec Polisse, car bon, comment dire, après tout, ce billet est consacré à la critique de l’œuvre de Maïwenn et en aucun cas à mes péripéties dans des magasins ? Eh bien, disons qu’en tant que vieux roublard que je suis, je ne suis pas revenu les mains vides ; bon, déjà, à la base, je comptais convaincre ma femme que l’on achète les deux films (oui, je sais, je fais partie des dernières personnes en France à acheter encore des DVD), même si j’avais une nette préférence pour The Artist s’il fallait n’en prendre qu’un ; celui-ci n’ayant pas été trouvé, puisque pas encore sortit, je me suis rabattu – enfin, façon de parler – sur un autre film qui m’intriguait depuis pas mal de temps et que j’avais également hâte de voir : ce fameux Polisse.


Bien évidemment, et je pense ne rien apprendre à personne (sauf les éternels étourdis, si, si, ils existent), Polisse signifie Police, mais écrit façon « enfants », les omniprésentes « victimes » du film, l’élément central de celui-ci, puisque dans cette œuvre, comme chacun sait, on suit les péripéties quotidienne de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) parisienne. Mais ici, nous sommes loin d’un banal film policier comme le septième art peut nous en offrit à foison chaque année (en fait, il nous les refourgue par semi-remorques entiers) et la problématique de Polisse n’est pas de nous ressortir les habituelles rengaines entre différences entre cinéma français, que l’on qualifiera d’auteur, d’intello, d’intellectuel, et l’autre, celui d’outre-Atlantique, de chez l’Oncle Sam, avec dix cascades a la minute, des explosions a tout vas, des coups de feu par centaines et des méchants bien méchants et des gentils tout gentils. Non, car, quelque part, Polisse est au-delà de ces simples querelles de clocher qui, à force, peuvent lasser le simple quidam ; quoique, pour être objectif, nier que Polisse est une œuvre d’auteur serait lui enlever une part de sa substance, de ce qu’il est véritablement. Mais ici, attention car quelque part, l’œuvre de Maïwenn est presque aussi éloignée des films policiers français que ceux-ci le sont de leurs homologues US.

En effet, ce qui choque tout d’abord dans Polisse, et c’est ce qui a pu déplaire à bon nombre des détracteurs de ce film, c’est que l’on se croirait presque dans un documentaire ; ici, et cela est surtout flagrant dans la première partie du film, les scènes et les situations s’enchainent les unes aux autres, sans véritable fil conducteur – celui-ci n’apparaissant qu’au fil de l’intrigue, lorsque le spectateur est déjà familiariser avec les nombreux protagonistes et que quelques liens, comme l’histoire d’amour entre la photographe – jouée par Maïwenn – et Fred – notre Joey Starr national – par exemple font leurs apparitions ; mais ceux-ci étant également nombreux, et les divers « affaires » se succédant les unes aux autres, tout cela a dut en refroidir plus d’un tellement cette réalisation est aux antipodes de ce que l’on a l’habitude de voir au cinéma. Car dans Polisse, que l’on ne se trompe pas, pas d’affaire principale, pas de réseau pédophile a démanteler, pas de criminels à arrêter, non, à la place, tout juste la vie d’hommes et de femmes qui font leur boulot, franchement pas simple, et des affaires qui se succèdent les unes aux autres, toutes plus terribles les unes que les autres, et, accessoirement, assez variées. Et là, nous arrivons au second point qui en a refroidi plus d’un : l’extrême violence du film. Pas de violence physique au sens premier du mot, comme on l’entend d’habitude, non, plutôt une violence crue, terrible car touchant des enfants, souvent victimes de viols, de la part de proches ou d’autres, rien n’étant, a aucun moment, caché : dans Polisse, et comme on pourrait le voir dans un banal documentaire, on appelle un chat un chat, même si cela déplait à certains, même si cela peut être terrible… car finalement, ne nous leurrons pas, la réalité, aussi terrible soit-elle à admettre, c’est cela. Et, sincèrement, cela fait froid dans le dos.


Mais ce qui sublime ce film, avouons-le, c’est le formidable casting de celui-ci. En effet, jugez du peu : entre Karin Viard, JoeyStarr, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Emmanuelle Bercot, Frédéric Pierrot, Naidra Ayadi, Sandrine Kiberlain, Anthony Delon (eh oui !), Audrey Lamy, Alain Attal et, bien entendu, Maïwenn, force est de constater que, non seulement, celui-ci est imposant (et encore, j’ai fait court), mais qu’en plus, entre talents confirmés, vieux loups et vedettes en devenir, tous ces acteurs et actrices, engagés, impliqués comme rarement, insufflent au film une force peu commune, et, du plus petit rôle au têtes d’affiches, chaque visage, chaque intervention marquent les esprits. Et si, bien entendu, pour la plus part des acteurs et actrices citées précédemment, je ne me suis pas étonner de les voir fidèles à eux-mêmes, force est de constater que je ne pouvais pas écrire une critique de Polisse sans m’attarder sur la figure marquante de celui-ci : le si décrié JoeyStarr. Bon, franchement, là où certains de ses nombreux détracteurs n’y ont vu que la confirmation de ce qu’ils pensaient déjà à son sujet – pas grand-chose de bien, je leur laisse seuls juges de leurs opinions – personnellement, j’ai été bluffé par l’ex Co leader de NTM. Oui, JoeyStarr n’est jamais aussi bon que lorsqu’il gueule, qu’il pète une durite, comme cela arrive dans le film, mais à côté de ça, dans le cas présent, ce que j’ai surtout retenu de sa prestation, ce furent les scènes plus intimistes qui collaient si bien à cet éternel écorché à vif : la plus flagrante étant celle de la séparation, forcée, d’un enfant et sa mère, tout bonnement terrible. Je connais JoeyStarr depuis les tous débuts de NTM (j’avais même la K7 de Authentik, à l’époque, le rap avait tout de même une certaine classe) et franchement, si on m’avait dit qu’un jour, celui-ci me toucherait au point que j’étais à deux doigts de verser une petite larme, et ben, comment dire, je pense que j’aurais tout bonnement explosé de rire ! Comme quoi, tout arrive, et c’est parfois tant mieux.


Indéniablement, et même s’il n’est pas exempt de défauts (mais quelque part, des défauts, on pourrait en trouver partout, y compris dans les plus grands chefs d’œuvres), Polisse est tout bonnement l’un des meilleurs films français de l’année 2011, partageant le haut de l’affiche avec, bien entendu, The Artist, multi primé un peu partout à l’étranger – et que j’aimerais bien voir pour voir ce qu’il vaut – mais aussi, ne l’oublions pas, Intouchables, véritable raz de marée en France l’année dernière, et dont je vous avais proposer la critique il y a quelques mois sur ce même blog. Trois films assez différents, aux sujets variés et touchant parfois un public assez large et n’ayant pas grand-chose en commun, mais trois films, trois œuvres qui viennent nous démontrer deux choses : tout d’abord, que le cinéma français se porte plutôt bien quand on y pense, mais aussi, et The Artist est là pour le prouver, que celui-ci n’a, parfois, franchement rien à prouver à l’américain. D’ailleurs, sur ce point, je pense qu’à un moment donné, il serait peut-être bon que nous autres, le public, arrêtions avec cette manie ridicule de critiquer le cinéma français (ou européen en général) pour ne s’extasier que devant moult daubes à grand spectacle. Nous aussi nous savons faire de bons, de très bons films, et je pense qu’il est bon de le rappeler de temps en temps. Plus particulièrement après s’en être rappeler suite au visionnage de cet excellent long métrage qu’est The Polisse