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lundi 12 mars 2012

GRAN TORINO



GRAN TORINO

Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le vœu qu'il aille à confesse, mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage... Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains « qui croient faire la loi », de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino... Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne. Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des « travaux d'intérêt général » au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino...


Ah, Clint Eastwood ! L’une des dernières légendes du cinéma hollywoodien, pour ne pas dire, mondial, tant l’acteur, sans exagération aucune, su, au cours d’une longue et fructueuse carrière, mettre à peu près tout le monde d’accord sur son talent. Et pour moi, ce bon vieux Clint – 81 ans au compteur, ce qui n’est pas rien – c’est avant tout un genre : le Western a la Sergio Leone, le meilleur selon moi, et un film : Le bon, la brute et le truand, chef d’œuvre absolu d’un genre décidément aujourd’hui révolu. D’ailleurs, rien que de vous en parler, je ne peux m’empêcher de me dire que, et malgré moult rediffusions sur le petit écran, cela fait belle lurette que je ne l’ai pas vu, et que, à l’occasion, il faudra que je répare ce mini-scandale ; car oui, c’en est un selon moi, ne serais ce que pour en écrire une critique sur ce blog ! Mais si Clint Eastwood a su se faire apprécier d’un public assez large et éclectique, ce n’est surement pas pour les films qui lui ont valu sa gloire – les Westerns et les Inspecteurs Harry – qui ont dut laisser dubitatifs une part non négligeable des amateurs de cinéma, comment dire, plus intellos, mais surtout pour ses réalisations. Car pour ceux qui ne le sauraient pas encore – après tout, plus rien ne m’étonnes en ce bas monde – Clint Eastwood est aussi un excellent réalisateur, dont les films, assez récents, ont fort bien marchés, tant d’un point de vue du public que de la critique. Enfin, à ce qu’on en disait car aussi étonnant que cela puisse paraitre, jusqu’à hier soir, je n’avais que peu souvent vu d’œuvres du maitre, et encore, pas forcément les plus connus, et, au demeurant, pour une fois, je me dois de remercier TF1, chaine que je ne porte pas dans mon cœur et qui, miraculeusement, n’a pas diffusé en prime time le millième épisode sans saveur des Experts machin truc mais l’excellent Gran Torino.

Nul doute que la première chose que le spectateur constate en regardant une œuvre comme Gran Torino c’est que, tant dans la réalisation, tant dans la façon qu’il a de se mettre en scène dans le film, Clint Eastwood est franchement excellent. D’ailleurs, cela en deviendrait presque un cas d’école, mais, pas aussi simple à copier lorsqu’on y pense bien : après tout, des réalisateurs de talents, il en existe un certain nombre, mais, des réalisateurs qui passent devant la caméra dans leurs propres films, c’est déjà moins courant, et ce, même si Clint n’est ni le premier à le faire, ni le dernier. Mais là où cela devient plus intéressant, c’est cette façon qu’il possède de jouer avec son image, de jouer des personnages bourrus, acariâtres mais aussi violents et qui sont les meilleurs dans leurs partis, mais, paradoxalement, de montrer leurs innombrables faiblesses, tant physiques que psychologiques, bref, d’être un parfait antihéros comme je les adores. Alors oui, on me dira encore que d’autres l’on fait avant lui, et qu’il n’est surement pas le dernier à agir de la sorte, cependant, à mon avis, ce qui fait la différence avec la concurrence – le terme me semble juste – c’est que d’un point de vue charismatique, il n’y a pas grand monde, en tout cas de vivant, qui arrive à la cheville de Clint Eastwood. Ainsi, et comme d’autres acteurs de par le passé, ce bon vieux Clint représente un genre à lui tout seul et l’on pourrait presque dire que celui-ci, depuis une éternité, joue toujours le même rôle : celui d’un indécrottable solitaire, violent et fragile à la fois et pas forcément adroit avec la gente féminine. Est-ce un mal, un défaut ? Selon moi, pas forcément quand le talent et le charisme sont présents.


Car bon, soyons un petit peu objectif, si l’on peut qualifier ce Gran Torino d’excellent film, force est de constater que, lorsqu’on l’analyse de plus près, certains détails flagrants apparaissent et on ne peut les occulter : ainsi, franchement, peut-on dire que tout cela soit vraiment original ? Non, une famille a des problèmes avec des voyous, Clint s’en mêle et les protège et règle tout ça vite fait bien fait, ça ne vous dit rien ? Allons bon, mais c’est un parfait scénario de Western ça ! Donnez un chapeau et un cheval a Clint, remplacez les voisins asiatiques par des américains pur souches et les petites frappes par des desperados, le scénario restera le même. Ensuite, le côté « vieux bourru raciste qui finit par prendre sous son aile le gamin du coin histoire de créer un lien filial, vu que ses propres enfants le rejettent » ça a des petits airs de déjà-vu, et là aussi, pas qu’une fois. Et si l’on ajoute à cela le fait que, bien des scènes soient prévisibles et sans surprises, l’on ne pourra que constater que, finalement, ce Gran Torino apparait soudainement comme moins exceptionnel qu’a première vue.


Mais la différence avec tant d’autres films, c’est peut être bête à dire, mais c’est Clint Eastwood lui-même ! En tant que réalisateur, il réussit le tour de force de sublimer un scénario hautement conventionnel et de le transformer en un film tout bonnement captivant. Puis, en tant qu’acteur, et tout en nous ressortant toute la panoplie de son jeu, la saupoudrant ici et là d’une touche particulièrement à la fois détestable et… jouissive – ah, ce mec a une répartie du tonnerre, et puis, comment ne pas jubiler lorsqu’il sauve sa voisine lorsque celle-ci a maille à partir avec des petites frappes arrogantes qui, dès qu’il pointe une arme sous leurs nez, font dans leur culotte – il réussit à rendre ce vieux conservateur raciste et bourru, finalement humain et en tout cas, bien plus sympathique qu’on aurait pu le croire dans les premières scènes. Bien évidemment, Gran Torino n’est pas particulièrement politiquement correct aux yeux de certains, mais bon, peut être que ce qui choque le plus certains, c’est une réalité qui y est montrée, et celle-ci n’est pas forcement agréable à regarder. En tout cas, chapeau bas a Clint Eastwood pour sa prestation, tant devant que derrière les caméras, et plus particulièrement pour la scène finale ou l’octogénaire met en scène, de façon étonnante – je suis resté sur le cul car je ne m’attendais pas à cela – et magistrale sa propre mort ; comme si celui-ci, quelque part, voulait boucler la boucle d’une longue, très longue carrière qui, pour le moment, n’a pas encore pris fin.

2 commentaires:

  1. Ce film est génial mais terriblement triste car il nous rappelle qu'un génie tel que Clint va mourir un jour.

    Karim

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  2. Et oui, même les meilleurs y passent, il faut si préparer...

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