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lundi 19 mars 2012

THE ARTIST



THE ARTIST

Hollywood 1927. George Valentin enchaîne les films et les succès. Son art de la pantomime en a fait une vedette du cinéma muet. L'arrivée des films parlants va tout bouleverser. Ne croyant pas à cette nouvelle technique, il rate le train en marche et sombre peu à peu dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante qu'il a aidée dans sa carrière, va-elle être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.


Eh bien, on pourra dire que celui-là, je l’aurai attendu avec impatience et que, même, il ne serait pas exagéré de dire que cela faisait belle lurette que je n’étais pas aussi pressé de voir un film, ne serais ce que pour constater par moi-même ce qu’il valait. Car, depuis un an, qui n’a pas entendu parler de The Artist ? Franchement, a moins de vivre sur une ile déserte ou au fin fond du Sahara, il aurait été fort difficile de passer à coter de toute la campagne de pub faite autour de cette œuvre, chose qui, au demeurant, a dut en agacer plus d’un, chose qui aurait pu m’arriver, finalement, il n’y a pas si longtemps que cela puisque, moi aussi, j’ai pu être agacer, a de multiples reprises, par tout le cirque médiatique que l’on fait à certains films, au détriment d’autres, accessoirement plus méritants. Mais ici, curieusement, ou non, cela ne m’a jamais gêné. Pour quelle raison ? Principalement pour deux raisons : tout d’abord, bien souvent, ce qui a pu m’agacer, j’ai finis par l’aimer lorsque je l’ai vu ce qui me fait dire qu’une œuvre, quelle qu’elle soit, ne doit être jugé qu’en étant vue. Ensuite, The Artist m’attirait, énormément même ; oh, pas pour toute la pub fait autour, pas pour les multiples récompenses que ce film a reçu, y compris et surtout aux Oscars, non, si je tennais tellement à voir ce film, c’est avant tout pour ce qu’il est avant toute autre chose : un magnifique hommage au cinéma américain.

Cela peut paraitre incongrus voir stupide d’affirmer une telle chose mais l’une de mes premières réactions que j’ai eu après avoir finalement vu The Artist samedi soir dernier, c’est que je l’ai comparé à Kill Bill. Certes, dit comme cela, cela peut paraitre complétement idiot mais je m’explique : comme je l’ai dit lors des critiques du premier et du second volet du dytique de Tarantino, Kill Bill est avant tout un film de fan fait pour les fans ; et quelque part, avec The Artist, c’est un peu le même topo et pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur, comment ne pas être obliger de connaitre et d’apprécier toute une partie du cinéma américain de la grande époque, des films hollywoodiens des années 30, du cinéma muet, bref, d’aimer un genre certes aujourd’hui révolu, mais aussi, comme je vous l’ai dit, d’avoir les connaissances cinématographiques qui vont avec afin d’apprécier les innombrables clins d’œil qui parsèment le film et qui renvoient à d’autres œuvres et, bien entendu, a une autre époque. Mais alors, The Artist serait-il un film élitiste ? Quelque part, c’est le cas, mais pas dans une connotation forcément négative comme le terme peut le laisser sous-entendre : non, par élitiste, j’entends que le grand public, celui qui ne jure que par des œuvres à grand spectacle, des films comiques ou des comédies sentimentales a la Harlequin, ne peut qu’avoir du mal avec un film comme celui-ci, un film muet, rempli de références et d’hommages, un film pour les connaisseurs avant tout, qui eux, ne seront pas perturbés comme ces spectateurs d’un cinéma de Liverpool qui, en dix minutes, quittèrent la salle en exigeant le remboursement des tickets d’entrée – anecdote réelle. D’ailleurs, c’est pour cela que The Artist n’a pas marché, ne pouvais pas marcher en France : absolument pas grand public, muet, en noir et blanc mais aussi… comment dire, pour les connaisseurs, les fans d’un certain genre.


Car regarder The Artist, c’est accepter avant toute chose de faire un superbe plongeon dans notre passé, ou, plus exactement, dans celui du cinéma ; car, finalement, que se passe-t-il dans ce film ? Un acteur célèbre, Jean Dujardin, véritable star du cinéma muet, se retrouve mis sur la touche par l’arrivée du cinéma parlant ; cet état de fait, véritable révolution à l’époque, bien plus importante, au demeurant, que l’arrivée de la couleur, mis effectivement de côté bon nombre d’anciennes gloires qui n’ont pas voulus ou tout simplement pas pu faire la transition entre le muet et le parlant. Et c’est ce drame, justement, qui se trouve au cœur de l’intrigue de l’œuvre de Michel Hazanavicius. Bien évidemment, lorsque l’on connait un tant soit peu l’histoire du septième art, c’est un petit régal que de voir un tel film, d’apprécier les clins d’œil à certains vieux chef d’œuvres comme, par exemple, celui a  Douglas Fairbanks dans Le signe de Zorro, la scène du repas en tête à tête qui renvoi a Citizen Kane ou certaines affiches des films de Peppy Miller fortement inspirées d’œuvres de l’époque. De même, comment ne pas voir dans le synopsis de The Artist des réminiscences d’Une étoile est née de William A. Wellman ou de ne pas penser, tout bonnement, a Chantons sous la pluie qui lui aussi traitait de l’arrivée du parlant dans le monde du cinéma ? Bref, avant toute chose, The Artist est un somptueux hommage, déclaré et qui ne s’en caches pas, a toute une époque, et cette volonté affichée, qui prime sur tout le reste, aura déplu à certains.

Curieusement, ou pas, ce sont les français qui auront le plus boudés ce film, ce qui est tout de même amusant quand on n’y pense : voilà un film français, fait par des français et avec des acteurs principaux français, qui se permet le luxe de triompher un peu partout dans le monde, et qui se voit décrier dans son propre pays, ce qui me laisse penser deux choses : tout d’abord, ici, on dirait qu’on en est encore a préféré l’éternel perdant au vainqueur (voir Anquetil – Poulidor) ce qui, à force, en devient un peu ridicule ; ensuite, je vais finir par croire que l’intelligentsia de notre beau pays ne jure que par le cinéma étranger et par, pour ce qui est de la production nationale, les films d’auteur pseudo intellectuels et les films… comiques, de temps en temps. Mais un film comme The Artist qui clame tout son amour au cinéma américain – mais attention, celui d’avant-guerre – et qui reprend tous les canons du genre, messieurs dames, on ne peut que le dénigrer ! D’ailleurs, qu’un journal comme Libération ait put en dire du mal n’a fait que, une fois de plus, confirmer tout le mal que je pense de lui… Car bon, est-ce un mal de faire un film muet et en noir et blanc qui raconte une histoire sur ce qui s’est passé dans le milieu du cinéma à l’orée des années 30 ? Visiblement, a en croire certains, oui. Attention, je ne vise absolument pas les gens qui, de toute façon, n’aiment pas les films muets, ou en noir et blanc, ou de toute façon trop anciens, avec eux, c’est une affaire de gouts et ceux-ci ne se discutent pas. Par contre, certains critiques français qui pestent contre The Artist pour des raisons limite ridicules, c’est autre chose.


Mais autant laisser ces prophètes de mauvais augure, ces éternels grincheux et insatisfaits dire du mal d’un film, d’un réalisateur et des acteurs et des actrices qui ont, premièrement, porter bien haut les couleurs françaises à l’étranger (même si c’est pour louer le cinéma américain d’antan, ce sont quand même des français qui l’on fait) et qui, au demeurant, ont réaliser un superbe film qui, selon moi, méritait toutes les distinctions qu’il a reçu, n’en déplaise à certains. J’ai aimé The Artist pour ce qu’il est, c’est-à-dire, un brillant hommage à une ère révolue, un film de fan pour les fans, j’ai aimé The Artist pour m’avoir rappeler tout un tas de films excellents et de grands acteurs, j’ai aimé The Artist pour son coté simple, nature, pour la fraicheur qui en découle, mais aussi, pour la performance de ses acteurs, Jean Dujardin bien sûr (quand je repense à Un gars, une fille, que de chemin parcouru depuis…) mais aussi  Bérénice Bejo, franchement excellente elle aussi, j’ai aimé The Artist car, quelque part, c’est cela aussi le cinéma que j’aime, et je pourrais vous parler encore, pendant des heures et des heures, de l’intrigue du film, des diverses symboliques entraperçues (comme les trois singes qui symbolisent bien ce que Jean Dujardin ne veut pas : voir ce cinéma muet qui arrive, entendre car dans ses films, il n’y a pas de son, parler car, bien entendu, ses rôles sont muets), des seconds rôles, eux aussi excellents et de cette impression tenace, d’être devant un film d’époque, mais, mieux que de grands discours, autant vous laisser découvrir par vous-même ce que vaut ce The Artist : il pourra vous plaire, vous déplaire, mais à coup sûr, il ne vous laissera pas indifférents. 

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