"D’abord, ils nieront la chose. Ensuite, ils la minimiseront. Enfin, ils diront que cela se savait depuis longtemps."
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mardi 3 mai 2022
V POUR VENDETTA
V
POUR VENDETTA Fin
du XXème siècle, le monde a sombré tragiquement depuis le déclenchement d'un
immense conflit nucléaire. Même si l'Angleterre à été épargnée, elle subit
cependant de plein fouet les désastreuses conséquences climatiques qui ravagent
son territoire et sèment la maladie et la famine. Des émeutes explosent un peu
partout. Pour mettre fin au chaos ambiant, un groupuscule fasciste s'empare du
pouvoir et met en place une purge des citoyens jugés déviants. Les opposants
politiques, les minorités ethniques ou bien encore les homosexuels sont arrêtés
par milliers et envoyés vers des camps de concentration, au cœur desquels des
sadiques de la pire espèce sévissent. La société, quant à elle, est surveillée
par le système qui contrôle tout et se charge des punitions arbitraires. Ainsi
en plein désarroi, la Jeune Evey Hammond accoste maladroitement un homme dans
la rue à la nuit tombée, afin de lui proposer son corps en échange d'un peu
d'argent pour survivre. Mais ce dernier lui révèle être un agent des mœurs en
planque et hélas les bonnes mœurs ont depuis bien longtemps été abandonnées par
la police locale. Evey échappe de peu à un viol collectif suite à l'apparition
impromptue d'un illuminé déguisé et masqué qui rosse les vilains tout en citant
du Shakespeare. En sécurité sur les toits de Londres, ils contemplent alors
ensemble l'impressionnante explosion du parlement de Westminster, suivie d'un
feu d'artifice balafrant le ciel d'un immense V. Vive l'Angleterre, la machine
vengeresse est en marche ...
V pour Vendetta Scénario : Alan Moore Dessins
: David Lloyd Encrage : David
Lloyd Couleurs : David
Lloyd Couverture : David
Lloyd Genre : Politique,
Dystopie Editeur
: Vertigo Titre
en vo : V for Vendetta Pays
d’origine : Etats-Unis Parution
: 10
juin 1989 Langue
d’origine : anglais Editeur
français : Urban Comics Date
de parution : 27 mars 2020 Nombre
de pages : 400 Liste des
épisodes V
for Vendetta 1-11
Mon
avis : Cela faisait pas mal de temps que
je ne vous parlais pas du génialissime Alan Moore, sans aucun doute possible,
le plus grand auteur de comicsde ces
quatre dernières décennies et qui, au fil du temps, nous aura proposer moult
chef d’œuvres incontestables comme, pour ne citer que quelques exemples
évidents, Watchmen
ou La Ligue des Gentlemen
Extraordinaires… Et donc, profitant de cette période
estivale, je me suis dit que l’occasion était parfaite pour me lancer dans la
lecture d’autres titres majeurs du Sorcier de Northampton, surtout que, mine de
rien, parmi ces derniers, il y avait quelques magnifiques pépites, des
incontournables absolus comme ce fameux V
pour Vendetta dont je vais vous parler aujourd’hui… Nous sommes à la fin
des années 90 et, une décennie auparavant, le monde a connu un conflit
nucléaire qui ne l’aura pas dévasté totalement. L’Angleterre s’en est plus ou
moins sortit mais un régime dictatorial s’est installé et tient naturellement
sous sa joug le peuple, écrasant celui-ci sous une poigne de fer. Pourtant,
alors que l’avenir apparait bien sombre, un homme sans nom, sans visage,
apparait et lutte seul contre le régime en place, commettant des attentats et
des meurtres de personnalités. Cet homme qui se fait appeler V souhaite rendre
le pouvoir au peuple, du moins, si celui-ci en est digne… En partant de ce
postulat de départ qui pourrait flirter allègrement avec un certain 1984de George
Orwell chef d’œuvre absolu du genre dystopique, Alan Moore nous livre avec V pour Vendetta probablement ce qui est
la BD qui retranscrit avec le plus de justesse la dictature. Imaginant ce qu’aurait
put donner les iles britanniques sous un régime fasciste, l’auteur nous offre
un récit oppressant, menaçant et suffisamment solide pour sortir définitivement
du simple carcan grand public un peu stupide où est relégué, en temps normal, l’amateur
de comics. Bien évidement, avec Watchmen,
Alan Moore nous avait déjà prouvé que le genre n’était pas réservé aux
super-slips et que, même en mettant en scène ces derniers, il y avait matière à
nous en proposer une vision plus intelligente. Avec V pour Vendetta, Moore va encore plus loin puisque, ici, non
seulement V n’a pas grand-chose a voir avec les super-héros – en dehors du fait
qu’il porte un masque – mais que, en plus, l’ennemi, dans ce récit, est
autrement plus redoutable qu’un quelconque pantin costumé puisqu’il s’agit de
politiciens – après tout, faut-il rappeler les millions de morts causés, au
vingtième siècle, par les diverses dictatures, quelles soient de gauche comme
de droite ? Qui plus est, le propos d’Alan Moore est de nous montrer que,
davantage que les capacités d’un homme a lutter contre le mal, ce qui compte, c’est
avant toute chose, une idée, un symbole : après tout, un être humain peut
être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Et c’est probablement cela qui fait
aussi la réussite de ce V pour Vendetta,
une œuvre intelligente et, finalement, moins manichéenne qu’on pourrait le
penser de prime abord puisque, dans celle-ci, certains des membres du pouvoir
en place sont loin d’être des salauds et il y a même des victimes parmi eux. De
même, à aucun moment Alan Moore ne glorifie les actes de V et même si l’on sent
l’attrait de l’auteur pour l’anarchisme, il laisse le soin au lecteur de se
faire sa propre opinion sur les agissements du justicier masqué… Bref, vous l’avez
compris, V pour Vendetta est une œuvre
majeure de la bande dessinée britannique et, incontestablement, un
incontournable que tout amateur de comics se doit de lire au moins une fois
dans sa vie. Après, il faut reconnaitre que ses thématiques, son propos et le
style particulier d’Alan Moore qui est davantage un écrivain qu’un simple
scénariste risque de ne pas plaire à tout le monde, mais bon, cela reste une
affaire de gouts personnels comme c’est le cas avec pas mal d’œuvres géniales,
tous genres confondus…
Points
Positifs : - Incontestablement,
V pour Vendetta est la bande dessinée
la plus intelligente qui ait été écrite au sujet de la dictature : œuvre d’une
profondeur rare, plausible et pas manichéenne pour un sou, nous avons là une
des plus belles créations du sieur Alan Moore ! Bref, un petit chef d’œuvre
du Neuvième Art… -
Si V apparait comme étant, naturellement, le protagoniste phare de cette BD et
qu’il écrase tous les autres de par son charisme, il faut reconnaitre que les
autres personnages marquent également les esprits : Evey, bien entendu,
mais aussi une bonne partie des membres du régime qui sont particulièrement bien
développés plutôt que d’être de simples coquilles vides… -
Un récit découpé en trois actes, comme au théâtre et si le second est peut-être
le moins aboutit, l’ensemble n’en reste pas moins réussi et captivant de bout
en bout. -
Un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Voilà ce qui
ressort principalement de ce V pour
Vendetta et, ma foi, cela résume plutôt bien ce comics. -
En effet, certains peuvent trouver que le style de David Lloyd accuse son âge,
cependant, si vous êtes un peu agé comme moi – bref, dans les 40 ou 50 ans – et
que vous êtes familier du style de l’époque, alors, vous serez probablement
plus enclin a apprécier les dessins d’un artiste nettement plus talentueux qu’on
pourrait le penser de prime abord. Points
Négatifs : -
Comme souvent chez Moore, posséder de bonnes connaissances en histoire s’avère
nécessaire pour mieux saisir toutes les subtilités de ce V pour
Vendetta, sans parler, bien entendu, des nombreuses références qui
parsèment les presque 400 pages de cet album. -
Une œuvre absolument pas grand public et qui risque de déstabiliser un public
que l’on qualifiera de moderne. -
Certains estimeront que le style de David Lloyd accuse un peu son âge est un
trop typé années 80. Naturellement, cela reste une affaire de gouts personnels… Ma
note :8,5/10
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