"D’abord, ils nieront la chose. Ensuite, ils la minimiseront. Enfin, ils diront que cela se savait depuis longtemps."
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samedi 12 juin 2021
PULP
PULP Max
Winters est un sexagénaire qui écrit les scénarios de Six Gun Western, un Pulp vendu en kiosque pour 10 cents. On est en
1939 et l'ancien a traversé bien des épreuves pour arriver à encore mettre un
pied devant l'autre. La dernière en date, c'est d'avoir réussi à surpasser la
grande crise. Mais pour lui comme pour l'immense partie de la population
humaine, la survie, c'est un effort constant. Ce matin, il livre à Mort, son
rédac-chef, le dernier texte de l'épisode qu'il vient d'écrire pour le
personnage qu'il a crée, River Kid. Quelques corrections minimes et l'affaire
est conclue. Mais Mort lui apprend une bien mauvaise nouvelle : les pulps
envahissent les kiosques, les ventes se sont effondrées et l'ordre vient d'en
haut : désormais c'est deux cents par mot. Résultat de l'opération, Max empoche
120 $ quand il pensait pouvoir compter sur 200. Il suggère alors à Mort une
idée qu'il a commencée à creuser : pourquoi ne pas introduire des épisodes qui
mettent en scène Kid River plus vieux, comme Howard avait pu le faire avec
Conan ? La réponse de son boss est sans appel : « Pas question Max, tenez-vous en à la formule... Red et Heck aident de
pauvres bougres dans la prairie, ils descendent des salopards et repartent pour
leurs prochaines aventures... Voilà ce qui paye les factures ! ». Max
repart dépité. La vie commence à lui laisser un goût amer...
Pulp Scénario : Ed Brubaker Dessins
: Sean Phillips Encrage : Sean
Phillips Couleurs : Jacob
Phillips Couverture : Sean
Phillips Genre : Thriller,
Western Editeur
: Image Comics Titre
en vo : Pulp Pays
d’origine : Etats-Unis Parution
: 24
août 2020 Langue
d’origine : anglais Editeur
français : Delcourt Date
de parution : 12 mai 2021 Nombre
de pages : 67 Liste des
épisodes Pulp
Mon
avis : Indéniablement, le duo composé d’Ed
Brubaker, pour ce qui est du scénario, et de Sean Phillips, pour ce qui est des
dessins, est l’un des plus célèbres et les plus talentueux dans le petit monde
actuel de la bande dessinée nord-américaine. Il faut dire que, après des débuts
du coté de chez Marvel où les deux
auteurs s’étaient déjà fait remarquer, depuis leur départ du coté de Image Comics et leur prise d’indépendance,
les deux compères ont sut, au fil des années, nous pondre tout un tas de
mini-séries de qualités qui, dans les grandes lignes, traitent souvent des
mêmes thématiques – un coté polar du plus bel effet, gunfight, nostalgie d’une
époque révolue – mais, à chaque fois, avec grand talent. Curieusement, ou pas,
si Ed Brubaker avait déjà eu droit, sur ce blog, à la mise en avant de l’une de
ses sagas les plus réussis – le très bon Velvet
avec Steve Epting – c’est la toute première fois que j’ai l’occasion de vous
parler d’une œuvre du duo Brubaker / Phillips, et, accessoirement, avec leur
dernière création en date : Pulp !
Paru il y a tout juste quelques semaines dans l’hexagone, Pulp est, indéniablement, un des meilleurs comics de ce début d’année
et à connu moult critiques pour le moins élogieuses à son égard de par le
public et les spécialistes. Mélange de western et de polar noir – le genre
préféré des auteurs, celui où ils sont le plus à l’aise – Pulp nous entraine sur les traces d’un auteur de récits de
westerns, à la fin des années 30, vieillissant et dont on découvre, très
rapidement, que les aventures qu’il écrit sont fortement inspirées de son
propre passé. Brubaker maitrise plutôt habilement son sujet et tout en nous
montrant comment, dès cette époque, l’industrie du genre exploitait allègrement
ses auteurs, nous offre un récit où un vieil homme mourant décide, afin de
mettre à l’abri du besoin son épouse, de faire un dernier coup. Bien entendu,
je ne vous en dirais pas davantage afin de ne pas gâcher le plaisir de la
découverte, disons juste qu’il y a quelques petits retournements de situations
et pas mal de nazis dans un récit nettement plus intelligent qu’on aurait put
le penser de prime abord. Ajoutons à cela une partie graphique superbe où le
duo Phillips – le père aux crayons, le fils aux couleurs – s’en donne à cœur à
joie et l’on obtient, indéniablement, un très bon album qui, certes, n’est
peut-être pas non plus un chef d’œuvre – il ne faut pas exagérer – mais qui n’en
satisfera pas moins les amateurs du genre…
Points
Positifs : - Un
excellent mélange de polar et de western qui nous transporte en pleines années
30, en une époque bien éloignée du passé du héros et qui voit s’approcher, à
grands pas, la Seconde Guerre Mondiale. Ed Brubaker maitrise à merveille son
récit, alternant entre le présent et le passé et réussissant la gageure de nous
tenir en haleine du début à la fin. -
Un vieux cowboy sur le retour qui à affaire à des nazis : dit ainsi, cela
peut avoir l’air idiot mais, au final, le scénario est fort pertinent et plutôt
réussit ! -
Brubaker nous montre comment les éditeurs, dans les années 30, exploitaient
leurs auteurs ainsi que le peu de considération qu’ils avaient pour ces
derniers. -
Pour ce qui est de la partie graphique, Sean Phillips livre une prestation
fidèle à sa réputation, quand à la colorisation de son fils, Jacob, force est
de constater que celle-ci est de fort bonne qualité, particulièrement pour ce
qui est de la partie western. -
Une couverture simple mais magnifique. Points
Négatifs : -
Même si Pulp est, indéniablement, un très bon comics, ce n’est pas non plus un
chef d’œuvre absolu, loin de là et il faut reconnaitre que celui-ci est un peu
trop traditionnel pour être honnête et que certaines situations sont pour le
moins convenues. -
Sean Phillips est un artiste pour le moins talentueux mais qui possède un style
particulier qui ne plaira peut-être pas à tout le monde. -
C’est tellement bon que c’est trop court, malheureusement. Ma
note :7,5/10
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