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dimanche 25 février 2018

LES ANNALES DU DISQUE-MONDE – RONDE DE NUIT


LES ANNALES DU DISQUE-MONDE – RONDE DE NUIT

Le commissaire Vimaire n'aurait jamais dû poursuivre un tueur sur les toits de l'Université de l'Invisible. Un accident est si vite arrivé. Une chute stupide dans la bibliothèque et le voilà projeté trente ans dans le passé... avec l'assassin. Vimaire va se retrouver face à une version plus jeune de lui-même. Que faire sinon former ce jeune homme à devenir un bon policier et assister à la naissance du Guet ? Mais Vimaire sait qu'il ne doit pas modifier le passé au risque de voir disparaître son présent : sa femme et son futur bébé !


Les Annales du Disque-Monde – Ronde de Nuit
Auteur : Terry Pratchett
Type d'ouvrage : Fantasy Burlesque
Première Parution : 10 avril 2002
Edition Française : 10 février 2011
Titre en vo : Night Watch
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Patrick Couton
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 480

Mon avis : « Il y avait bel et bien des conspirateurs, aucun doute là-dessus. Certains étaient des gens ordinaires qui en avaient assez. D'autres des jeunes sans argent qui contestaient un monde entre les mains de vieux richards. D'autres étaient encore dans le coup pour avoir des filles. Et d'autres encore des imbéciles aussi cinglés que Swing qui partageaient avec lui sa vision rigide et irréelle du monde, qui se rangeaient dans le camp de ce qu'ils appelaient le peuple. Vimaire avait passé son existence dans les rues, il y avait croisé des braves citoyens, des idiots, des vauriens prêts à voler un sou à un mendiant aveugle, des gens qui accomplissaient tous les jours des miracles en silence ou commettaient des crimes abominables derrière les fenêtres crasseuses de leurs petites maisons, mais il n'avait jamais croisé le Peuple. » Je n’ai pas pour habitude de vous proposer des extraits des romans que je lis dans mes critiques, pourtant, lorsque je tombe sur une citation de cet acabit, une citation qui colle tellement bien a certains de nos politiciens qui se prétendent révolutionnaires en herbe – qui  a dit Mélenchon, le fameux démagogue – je me dis que Pratchett, sous couvert d’avoir passer une bonne partie de sa vie a écrire de la Fantasy parodique avait, en fait, tout compris sur ce qu’est vraiment la société, la politique, etc. Et, justement, cette citation, selon moi, résume fort bien cet excellent vingt-septième volume des Annales du Disque-Monde, cette Ronde de Nuit qui, sous couvert d’une intrigue où Vimaire voyage dans le temps, est un formidable hommage a la Commune de Paris et, accessoirement, a toutes les révolutions dans un sens plus large… Du coup, a ma grande surprise, alors que j’étais légèrement dubitatif au départ au vu du postulat de ce roman – en poursuivant un meurtrier, Vimaire et celui-ci sont plongés dans le temps, trente ans dans le passé, et notre héros doit faire attention a ne pas modifier les faits afin de ne pas créer de paradoxes temporelles – au fil des pages, je me suis rendu compte que tout cela n’est qu’une excuse pour que Pratchett nous offre sa vision de ce que sont, véritablement, les révolutions : c’est-à-dire, avec ses meneurs, ses idéalistes, ceux qui en profitent vraiment et ceux qui, bien évidement, ne font que les subir sans jamais en profiter. Car comme il est également dit dans ce roman : « je vous présente votre nouveau patron, pareil que l’ancien », il n’y a rien de plus illusoire qu’une révolution et tandis que les dirigeants se succèdent, que de grands slogans sont lancés et qu’une même caste se trouve toujours au pouvoir, les vrais gens, eux, doivent se contenter de l’essentiel a leurs yeux, c’est-à-dire, vivre leur vie. Bref, Ronde de Nuit, sous couvert d’un début fortement marqué fantastique est, en fait, une véritable satyre sociale et une œuvre mature qui traite fort bien des révolutions et des illusions de celles-ci. Pratchett, au sommet de son art, est ici fort éloigné de ses débuts, plus comiques, mais en lisant le résultat final, on ne peut se dire que c’est une heureuse évolution…


Points Positifs :
- Terry Pratchett nous livre ici une œuvre fortement marqué par la Commune de Paris et aborde donc, de plein fouet, les révolutions dans leur ensemble. Le résultat est tout simplement excellent et mérite largement le détour, surtout que, a bien y réfléchir, en lisant ce Ronde de Nuit, j’ai rarement eu l’occasion de lire autant de réflexions aussi censées au sujet des illusions révolutionnaires.
- L’intrigue en elle-même – Vimaire remonte le temps en compagnie d’un meurtrier, intègre le Guet alors que sa version plus jeune en fait partit et doit tout faire pour ne pas modifier le passé – est plutôt bonne et nous permet, qui plus est, de découvrir Ankh-Morpork trente ans auparavant, de retrouver tout un tas de protagonistes plus jeunes et d’en apprendre davantage sur le passé de ces derniers et de la cité.
- Samuel Vimaire était déjà, avant ce roman, un des personnages du Disque-Monde les mieux écrits, mais ici, on atteint des sommets de psychologie avec ce dernier.
- Ronde de Nuit est indéniablement le roman le plus sombre de Pratchett – du moins, a ce moment là de ma lecture des Annales – mais cela n’est pas gênant, loin de là.
- Une œuvre que devraient lire tous ces démagogues a la Mélenchon, tous ces fils et filles à papa qui se prétendent révolutionnaires, sans oublier, bien entendu, tous ceux qui prétendent parler au nom du peuple.

Points Négatifs :
- Une œuvre que déplaira fortement a tous ces démagogues a la Mélenchon, tous ces fils et filles a papa qui se prétendent révolutionnaires, sans oublier, bien entendu, tous ceux qui prétendent parler au nom du peuple. La vérité ne fait pas toujours plaisir…
- Ceux et celles qui préfèrent le Pratchett des débuts, a l’humour plus absurde (et plus présent) risquent de tiquer fortement devant cette Ronde de Nuit oh combien sérieuse – malgré quelques passages assez drôles tout de même…

Ma note : 8,5/10

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