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vendredi 10 novembre 2017

LES ANNALES DU DISQUE-MONDE – LE GUET DES ORFÈVRES


LES ANNALES DU DISQUE-MONDE – LE GUET DES ORFÈVRES

Ça chauffe dans les rues d'Ankh-Morpork. Entre les dragons qui explosent, les meurtres inexpliqués et les feux d'artifice, ça sent le roussi. Le hic, c'est que Sam Vimaire, le chef du Guet, prend sa retraire et se marie avec la richissime Sybil Ramkin. Il doit rendre sa plaque à midi pétante et va avoir besoin d'un petit remontant en voyant ses nouvelles recrues : l'agent Détritus (le troll, très intelligent quand les nuit sont fraîches), l'agent Bourrico (le nain) et l'agent Angua (la belle qui a tout de même un petit air...lupin !) qui viennent grossir les rangs du Guet de nuit pour sa dernière enquête. Celle-ci sera ardue : des morts bizarres, des gens qui le sont encore plus, un petit chien nauséabond doué de parole et une arme mystérieuse. Et le Patricien qui s'en mêle... Il va falloir la jouer fine !


Les Annales du Disque-Monde – Le Guet des Orfèvres
Auteur : Terry Pratchett
Type d'ouvrage : Fantasy Burlesque
Première Parution : 03 avril 1993
Edition Française : 18 août 2011
Titre en vo : Men at Arms
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Patrick Couton
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 416

Mon avis : Le quinzième tome des Annales du Disque-Monde voit le retour, pour notre plus grand plaisir, du Guet municipal d'Ankh-Morpork. Pour rappel, nous avions laissé le capitaine Vimaire et ses agents, à l’issu de Au Guet !, alors qu’ils avaient réussis à débarrasser la plus grande citée du Disque de la menace d’une organisation secrète et d’un dragon. Mais après tant d’exploits, nos agents municipaux du Guet de nuit pouvaient-ils retourner à la routine quotidienne ? Pas aussi simple que cela, comme il fallait s’y attendre. L’histoire débute peu de temps avant que Samuel Vimaire ne quitte son poste afin d’épousée sa bien aimée, Dame Sybil Ramkin, ce qui ne semble pas l’enchanter outre mesure. En effet, celui-ci à énormément de mal à se faire à l’idée qu’il ne doive plus travailler, et, de plus, son Guet tant aimé, accueille de nouvelles recrues issues des minorités visibles de la ville : un nain, un troll et une femme (oui, celles-ci font partie des minorités, également). Mais comme les ordres du Patricien ne se discutent pas, les agents « historiques » du Guet doivent faire bon gré mal gré, sauf, comme il fallait s’y attendre, le caporal Carotte (oui, il à été promu entre-temps), toujours aussi enthousiaste. Cependant, des meurtres étranges commencent à avoir lieu, apparemment sans lien au début, mais quelques indices vont rapidement mettre la puce à l’oreille du futur ex-capitaine Vimaire et de ses hommes, qui soupçonnent la Guilde des Assassins, de détenir une arme terrifiante : le mystérieux Fousi… Si, l’effet de surprise ayant déjà fonctionné  a plein régime avec l’excellent Au Guet !, on pouvait être moins enthousiaste, de prime abord, avec ce Guet des Orfèvres, je dois tout de même reconnaître que nous tenons là, une fois de plus, un excellent volume du Disque-Monde et il s’avère que cette seconde apparition de Vimaire et de ses hommes est tout aussi bonne que la précédente. Terry Pratchett, dans ses œuvres, avait l’habitude de dénoncer énormément des travers de notre monde réel, le tout sous couvert d’humour et de personnages loufoques, et c’était là une des preuves de son incommensurable talent : faire rire le lecteur avec des sujets graves. Et ce quinzième tome des Annales n’en manque pas, en commençant par le racisme. Forcement, ici, ce n’est pas de la couleur de peau ou d’origines qu’il est question, mais d’espèces : Humains, Nains, Trolls… auxquels s’ajoutent les femmes, minorité parmi les minorités dans ce monde fantastique où elles n’ont le choix qu’entre deux professions : épouses ou « couturières » (je vous laisse deviner ce qui se cache sous cette appellation…). Et si, tout au long de l’intrigue, la question du rapport à l’autre est régulièrement mis en avant, avec les éternels préjugés d’abord, l’acceptation de la différance ensuite, d’autres thèmes n’en sont pas en reste, en particulier celui des habitudes d’une communauté, représenté ici par les fameuses guildes, ainsi que la façon d’on ses membres voient et son jugés par le monde extérieur. Et si, il ne faut pas perdre de vu que le principal intérêt de ce Guet des Orfèvres est de passer un agréable moment avec une enquête passionnante riche en rebondissements, les thèmes abordés sont si bien présentés et sont tellement imbriqués dans l’histoire, que ceux-ci viennent l’enrichir, incontestablement. Surtout que les sujets présentés plus haut ne sont pas les seuls : opposition entre riches et pauvres pour Vimaire, sentiment de puissance absolue pour le porteur du Fousi et amour à priori impossible entre Carotte et Angua. Alors, c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on se plonge, une fois de plus dans les rues d'Ankh-Morpork, sur les traces du mystérieux meurtrier avec un Guet qui ne ressemble plus vraiment à ce qu’il fut, mené de main de maître par un Carotte royal. Bref, ce quinzième volume des Annales du Disque-Monde ne vous décevra pas, vous avez ma parole. A la fois sérieux et intense, il garde néanmoins l’humour habituel de la série, et ce, malgré des événements dramatiques, car le Guet n’en sortira pas indemne, et plus rien ne sera comme avant à l’issu de cette histoire. Un très bon Pratchett qui réussi encore à nous étonner et qui évite de sombrer dans la routine.


Points Positifs :
- Terry Pratchett, dans Le Guet des Orfèvres, s’attaque ici au racisme et au communautarisme et s’en sort à merveille ; pointant du doigt les nombreux stéréotypes que chacun se fait de ceux qui sont différents, les fausses idées, les haines ancestrales mais aussi la peur de l’étranger sous toutes ses formes, l’auteur, par le biais de la comédie, livre ici un ouvrage bien plus profond et – surtout – intelligent que l’on pourrait le penser de prime abord.
- Si le racisme occupe une place centrale dans l’intrigue, la place des femmes dans la société n’est pas en reste et, finalement, on comprend rapidement pourquoi Angua fait également partie des minorités visibles – et cela n’a rien à voir quand au fait qu’elle soit une Louve-Garou.
- Le sentiment de puissance que l’on éprouver avec les armes à feu. Eh oui, le fameux Fousi de l’histoire en devient un personnage a part entière !
- Un volume plus dramatique que d’habitude – un personnage important perd la vie – mais qui n’en reste pas moins drôle, avec un humour plus subtil, moins potache et plus réussi.
- Mine de rien, on note, au fil des tomes, une évolution chez les héros de Pratchett : ainsi, ici, le Guet devient plus important, Vimaire monte en grade, Carotte devient un véritable héros, loin du personnage naïf qu’il était jusque là, etc.

Points Négatifs :
- Peut-être que ceux qui ne jurent que par les premiers albums, plus comiques, regretteront que cet ouvrage soit un peu plus sérieux et que l’humour soit plus subtil, se fasse plus rare.
- Même si Le Guet des Orfèvres est assez bon, il était difficile pour lui de passer après cette pure merveille que fut Au Guet !

Ma note : 8/10

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