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mardi 29 novembre 2011

PORTUGAL


PORTUGAL

« J'avais une furieuse envie d'acheter du tabac. Après deux ans sans fumer une seule clope... Le pire, c'est que je m'en foutais copieusement. En fait, j'étais vraiment ravi d'avoir été invité par ce festival. Plus de vingt ans que je n'étais pas venu. Mes premiers pas d'adulte dans ce pays. J'étais fasciné et heureux. Un vrai crétin. Et je me demandais bien d'où venaient cette étrange colère puis cette douce mélancolie qui m'étaient tombées dessus sans crier gare en moins de 24 heures ». La vie est grise. Simon Muchat, auteur de bandes dessinées, est en panne d'inspiration et son existence est en perte de sens. Invité à passer quelques jours au Portugal, il retrouve par hasard ce qu'il n'était pas venu chercher : les odeurs de l'enfance, le chant des rires de vacances, la chaleur lumineuse d'une famille oubliée - peut-être abandonnée. Quel est le mystère des Muchat ? Pourquoi Simon se sent-il de nulle part ? Et pourquoi, sans rien comprendre de cette langue étrangère, vibre-t-il à ses accents ? Des réponses et d'autres questions l'attendent au cours de ce voyage régénérateur. Ancré dans son passé gommé, Simon pourra enfin retracer sa propre trajectoire. Et la vie retrouver ses arcs-en-ciel. Aux frontières de l'autofiction, avec humour et vivacité, Cyril Pedrosa signe- en couleurs directes et émotions immédiates - un récit essentiel sur la quête d'identité.

En septembre dernier, sortait chez nos libraires un véritable pavé – 264 pages – signé d’un certain Pedrosa et qui s’intitulait sobrement Portugal. Forcément, de par mes origines, une telle œuvre ne pouvait qu’éveiller ma curiosité, ne serais ce qu’en raison de son nom, et celle-ci fut assez vite assouvie puisque j’eu la chance de tomber sur de nombreux articles, assez enthousiastes, dans la presse ; cela commence par un vulgaire 20 Minutes et alla jusqu’à Zoo. Et, bien évidemment, au vu du sujet et surtout des critiques positives (y compris sur le net, sur les sites spécialisés) vis-à-vis de ce Portugal, l’envie me prit de me procurer cette bande dessinée. Certes, le prix pourrait sembler prohibitif de prime abord puisque celui-ci dépassait allègrement les trente euros, cependant, je n’ai pas hésité bien longtemps et ce, même si pour le même tarif, j’aurais presque put me permettre d’acheter trois albums normaux. Mais, quand je vois les déceptions sur lesquelles je tombe régulièrement, autant mettre le prix sur une valeur qui me semblait sure.

Et puis, n’oublions pas le sujet car je l’avoue franchement, si je n’étais pas moi aussi un portugais né en France, je ne me serais jamais intéresser à cette œuvre ; certes, en disant cela, l’on pourrait croire que ce Portugal est réservé aux luso descendants qui vivent en France, ce qui serait bien réducteur pour l’auteur et son travail, car après tout, quelque part, cette histoire pourrait parfaitement convenir à tous les déracinés, tous les enfants – depuis devenus adultes – dont les parents venaient d’ailleurs, tous ces fils et filles d’immigrés, qui ont pu, a un moment ou un autre de leur existence, ressentir cette curieuse et si désagréable impression de ne finalement, n’être jamais chez soit nulle part ; portugais en France, français au Portugal, c’est bien évidement mon histoire comme celle de tant d’autres, et, bien entendu, pas forcements d’origines portugaises. Mais l’on peut également apprécier à sa juste valeur ce Portugal tout en étant un véritable français de souche depuis x générations ; il suffit pour cela de s’intéresser au monde qui nous entoure, de vouloir comprendre ce que peuvent ressentir ces enfants de l’immigration, voir même, tout simplement, de vouloir se satisfaire de découvrir une excellente bande dessinée, plus intimiste et réfléchie que ce que la production de masse nous propose en temps normal. Quoi que, malgré tout, nous autres luso descendants ne partons nous pas avec un avantage certain ?

Je m’attendais à une œuvre de qualité, qui pourrait même me marquer, ainsi, j’ai pris mon temps pour m’y attaquer ; ces dernières semaines, je n’avais pas forcement le courage et l’envie, en raison du travail, de lire ces deux cent pages et quelques qui composent ce Portugal. Ainsi, j’ai attendu une période de congés, et d’être seul à la maison pour le faire, afin de prendre mon temps et de bien analyser l’œuvre. Si l’on ajoute à cela le fait que depuis quelques mois, j’ai un sacré coup de nostalgie envers tout ce qui touche à mon enfance et mes origines et vous comprendrez à quel point la lecture de cette bande dessinée tombait bien, mais aussi et surtout, comment elle pouvait me toucher. Et bien évidement, ce fut le cas.

Certes, contrairement à Pedrosa – l’auteur de ce Portugal pour ceux qui ne suivent pas – mes parents sont à cent pour cent portugais, de même, je maitrise (enfin, moins qu’avant car ça fait longtemps que je n’y vais pas) parfaitement la langue et mon rapport au pays de mes ancêtres et bien plus fort et n’a jamais été entièrement coupé, ne serais ce qu’en raison du football ; comme quoi, ça peut aider parfois. Mais malgré nos différences, combien de fois, en lisant le récit, je ne me suis reconnu dans certaines situations vécues ou ressenties par le narrateur : que ce soit cet accent tellement particulier, ce sentiment, comme il est dit vis-à-vis de la famille, d’amour et de honte, mais aussi – le hasard faisant décidément bien les choses – le fait que, comme dans la mienne, dans la famille du narrateur, on ne se parle pas ; du moins, pas des choses qui comptent vraiment. De même, cette quête d’identité, ces questions vis-à-vis de nos origines, je me les suis posés également. Et ce personnage – Pedrosa – tellement paumé et qui ne sait pas ce qu’il veut, comment, là aussi, ne pas me reconnaitre un peu dans ce qu’il est ?! Personnellement, en lisant ce Portugal, je me suis dit que probablement que moi aussi, je devrais aller voir un psy, que mon rapport au pays, celui a la famille mériterait d’être analyser un de ces jours, mais bon, nous sommes ici pour parler d’une bande dessinée, pas de ce qui se passe dans ma tête… non ?

Mais au fait, cette BD, que vaut-elle véritablement ? Et ben, en toute franchise, je dois reconnaitre que je me suis trop identifié au personnage principal pour être parfaitement objectif et que, du coup, je ne saurais pas trop quoi dire. Certes, la qualité est présente, certes, tant d’un point de vu narratif que pour ce qui est des dessins, le style plaira a ceux qui aiment réfléchir, qui aiment prendre leur temps, et surtout, qui n’ont pas peur du particularisme des planches, de ce style le plus souvent esquissé, de ces tons de couleurs qui varient suivant les pages, les situations et qui ne plairont pas forcement a tout le monde. De même, l’utilisation quasi permanente en fond sonore de la langue portugaise en déroutera plus d’un et si pour moi, ce ne fut jamais un problème, je serais curieux d’avoir l’avis d’un lecteur ne maitrisant pas la langue de Camoes sur ce point. Ce qui me fait me dire, une fois de plus, qu’il vaut probablement mieux être d’origine portugaise pour apprécier à juste titre cette œuvre ?!

Mais quoi qu’il en soit, si vous aimez les récits intimistes, si vous aimez ce qui sort des sentiers battus, tant d’un point de vu de l’originalité du synopsis que pour ce qui est du style graphique, si vous êtes de ceux qui pensent que la BD, ce n’est pas seulement que de l’esbroufe, alors, ce Portugal vous conviendra peut être. Si vous êtes d’origine étrangère, si depuis toujours, vous vous sentez entre deux mondes, alors, ce Portugal vous conviendra probablement. Mais si, surtout, vous êtes d’origine portugaise, alors, à coup sûr (sauf si vous n’aimez pas ce genre), Portugal sera indéniablement fait pour vous et cette œuvre vous prendra à la gorge, vous entrainant dans un tourbillon de souvenirs qui remonteront a la surface, sans crier gare.

lundi 28 novembre 2011

LES PILIERS DE LA TERRE


LES PILIERS DE LA TERRE

Dans l'Angleterre du XIIème siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes. Abandonnant le monde de l'espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec Les Piliers de la Terre une œuvre monumentale dont l'intrigue, aux rebonds incessants, s'appuie sur un extraordinaire travail d'historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l'Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d'une superbe épopée romanesque.

Cela faisait presque deux bonnes années que l’on m’avait prêté un roman intitulé Les piliers de la terre, une œuvre que je n’avais jamais lu, mais que je connaissais néanmoins depuis près de deux décennies pour voir le livre, régulièrement, en bonne place au rayon librairie depuis lors, mais aussi et surtout, pour tout le bien que j’avais entendu dire à son sujet. D’ailleurs, la personne qui m’avait prêté ce roman (accessoirement, la même qui est venu s’occuper de mon ordi hier, comme je vous le disais tout à l’heure, dans un précédant article), en me le passant, ne tarissait pas d’éloges à son sujet. Du coup, je m’étais alors dit qu’en le lisant, je m’attaquerais et découvrirais l’un des romans majeurs de la fin du vingtième siècle ; du moins, de par son succès commercial. Cependant, comme je vous l’ai dit, c’était il y a deux ans, et depuis, des livres, j’en ai lu, énormément même comme vous pouvez le constater avec mes nombreuses critiques et si j’avais toujours sous le coude ce précieux livre de poche légèrement vieilli par ses nombreuses lectures, je ne me décidais jamais a le commencer ; trop long, il me faudra du temps, j’ai trop de trucs à lire avant etc. bref, j’avais toujours de bonnes excuses pour ne pas le commencer, pour repousser la lecture de ces fameux Piliers de la terre a plus tard – aux prochaines vacances, quand j’aurais le temps, après la fin d’un cycle en x volumes etc. – et ce, jusqu’au jour, en octobre dernier, où enfin, je me suis enfin lancé dans la lecture de cette œuvre monumentale – par son nombre de pages déjà, plus de mille – du sieur Ken Follet.

Oui, le terme me semble plus qu’exact d’ailleurs : monumental. Comme cette fameuse cathédrale que l’on battit, tout au long de l’intrigue, et qui jaillit de la terre pour se perdre dans le ciel, Les piliers de la terre sont bel et bien une œuvre monumentale comme il m’est rarement arrivé d’en lire. Pourtant, arrivé à ce point de ma critique, un point se doit d’être souligner au sujet de celle-ci : quoi que l’on pense de cette œuvre, quoi qu’on puisse l’aimer – et franchement, je ne m’en cache pas, je l’ai tout bonnement adoré – la grande force de ce livre, Les piliers de la terre, est indéniablement son côté captivant ; ainsi, de la première a la toute dernière page (mille et quelque les amis, ne l’oublions pas), il est quasiment impossible au lecteur de poser ce livre et de faire autre chose tant l’immersion dans l’histoire est d’une intensité rarement atteinte. Pourtant, des livres, j’en ai lu au cours de ma vie, et si Les piliers de la terre n’est pas le roman le plus captivant que j’ai pu découvrir (mais à ce niveau-là de qualité, cela se joue a presque rien), force est de constater qu’il est indubitablement l’un des plus passionnants. Car oui, je n’ai pas exagéré en disant qu’il est très difficile de lâcher ce livre et si je ne devais pas dormir, travailler etc. (ce genre de choses quoi) et ben, je pense que je l’aurais probablement lu, peut-être pas d’une traite, mais presque ; et pour rappel, mille pages ! Mais si Les piliers de la terre est une œuvre indéniablement captivante au possible, reconnaissons tout de même – et ce sera là son seul et unique petit défaut – que le style, lui, ne vaut pas, par exemple, celui du Nom de la Rose (que je suis en train de lire), autre œuvre qui, par l’époque où se déroule le récit, se rapproche de celle de Ken Follet, mais assez différente avec un style d’écriture bien plus recherché et complexe ; trop comme certains l’ont dit ? Mais non, il suffit de s’accrocher, mais je reviendrais en temps utile sur le chef d’œuvre d’Umberto Eco.

Mais, comme je vous le disais, cela importe peu et quelque part, ce style, plus accessible – plus grand public ? – fait aussi la force du roman de Ken Follet. Alors bien sûr, je pourrais vous parler pendant des heures de ces fameux Piliers de la terre, vous proposer un long résumé de l’intrigue, vous raconter avec passion de tout ce qui m’a plu dans ce roman, de ces protagonistes divers et nombreux, auquel l’on s’attache immédiatement, à la fois charismatiques pour certains – comme le prieur Phillip et bien évidement, le sombre et machiavélique Waleran Bigod – mais aussi stéréotypés mais dans le bon sens du terme (si, si, c’est possible), de tous ces bouleversements qui parsèment le récit, de ces innombrables coups de théâtre qui, à chaque fois que l’on pense que tout va aller mieux, surgissent encore et encore, pimentant encore plus une intrigue déjà forte en émotions ; je pourrais aussi vous parler de ces moments forts qui parsèment Les piliers de la terre, que ce soit de cet accouchement en pleine forêt, de nuit, de ce personnage important qui, à un moment donné, perd la vie tellement subitement, que l’on en ressort presque choqué, voir aussi, car il y en a tant, que je ne peux pas – et ne veux pas – tous les citer, de l’une des scènes finale, celle de la pendaison, à la fois attendu, cruelle et terrible à la fois (mais bon, euh, méritée tout de même). Oui, je pourrais vous parler de cette œuvre encore et encore et il y aurait matière à dire, mais à quoi bon ? Il n’y aurait plus de suspens puisque, forcément, je révèlerais des choses, et puis, le meilleur, quelque part, n’est-il pas finalement de se faire sa propre opinion par soit même, de plonger dans ce moyen-âge finalement tellement méconnus, d’avoir l’impression d’y vivre, de découvrir tant de choses sur la façon de penser des gens d’alors, sur leurs espérances, leurs doutes, mais aussi, leurs nombreux malheurs. Et puis, que l’on n’oublie pas le protagoniste principal du roman – car il n’est pas vivant – la fameuse cathédrale, omniprésente du début à la fin et qui, l’on s’en doute bien, finira bien par être achevée.

Les piliers de la terre est donc l’un des tous meilleurs romans que j’ai pu lire depuis que j’ai commencé Le journal de Feanor il y a de cela presque quatre ans, que dis-je, presque l’un des tous meilleurs qu’il m’ait été donné de lire, tout bonnement. Bien évidemment, tout cela est une question de gout personnel mais en toute sincérité, non seulement j’ai été plus que conquis par ce roman, mais en plus, je ne peux que le conseilleur, comme on le fit avec moi. De temps en temps, c’est bien de sortir de ses lectures habituelles – dans mon cas, la Fantasy et la SF – et alors, si en plus, c’est pour se taper un chef d’œuvre – ca y est, je l’ai dit – que demander de plus ? Voir l’adaptation en série qui apparemment, est pas mal ? Ouais, ça serait une bonne idée !

mardi 15 novembre 2011

SERVITUDE : LE CHANT D’ANORŒR



SERVITUDE – LE CHANT D'ANORŒR

Au royaume des fils de la terre, le chevalier Kiriel fait route vers la capitale pour y être marié à Lérine, la fille du roi Garantiel d’Anorœr. Sur le chemin, il passe prendre son ami vigneron Delorn, sur lequel il compte pour être témoin de la cérémonie. Cette alliance est critiquée, car Kiriel n’est pas de sang noble. Mais le roi, qui a toute confiance en lui, veut faire évoluer la lignée qui ne s’est que trop perpétrée à travers des mariages consanguins. D’ailleurs Tarquain, le propre frère de Lérine, tente encore d’influer sur la décision de leur père, car il est l’amant de sa sœur. Parmi les invités de la famille royale accueillant avec des sentiments mitigés ce roturier dans leur généalogie, se trouve une déléguée du prince de Vériel qui n’a pas daigné venir en personne. Outre ce mariage controversé, un vent de renversement souffle sur le royaume. Les vieilles querelles semblent refaire surface et des mercenaires sont mystérieusement recrutés à l’est. Le soir même de la noce, une légion entière est décimée à proximité du château. Dès le lendemain, le roi demande à Kiriel de lui servir d’ambassadeur auprès du prince de Vériel…


Servitude – Le Chant d'Anorœr
Editeur : Soleil
Scénario : Fabrice David
Dessins : Eric Bourgier
Couleurs : Eric Bourgier
Genre : Heroic Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 01 mai 2006
Nombre de pages : 60

Mon avis : Ce fut par le plus grand des hasards (mais celui-ci ne fait décidément pas bien les choses ?) que j’ai découvert Servitude, en lisant un numéro du magazine Zoo, et, immédiatement, j’eu comme un coup de cœur : ni une, ni deux, je me suis renseigner sur cette BD et, sans plus perde de temps, me la suis procurer, tout cela, en moins de deux semaines. Mais malgré ce coup de cœur, la grande question était : est-ce que cela allait me plaire ? Et ben franchement, oui, sans nul doute et je m’en réjouie ! J’ai lu ce premier tome de Servitude, ce Chant d’Anorœr dans la soirée d’hier, d’une seule traite, et sincèrement, j’ai été conquis par celui-ci. Déjà, la couverture : à la fois sobre car pas vraiment tape a l’œil mais franchement belle avec ses tons sépias, l’on y découvre le protagoniste principal du récit, le maitre d’armes Kiriel. Et là, tout de suite, on se dit : « bigre, ce dessinateur a un talent fou pour les détails ! ». L’on tourne les pages, on découvre un long poème qui résume le passé de ce monde imaginaire puis la carte, comme il se doit, de celui-ci, mais aussi, toujours ce ton de couleur particulier qui d’ailleurs, sera présent de la première a la dernière page de cet album : car oui, le lecteur se doit d’être prévenu, dans Servitude, il ne faut pas s’attendre à des explosions de couleurs en tous sens puisque l’on en aura que trois : blanc, noir et marron, enfin, tout un tas de marrons, clairs, foncés etc. Bref, une ambiance sépia qui peut déconcerter de prime abord mais qui va à merveille dans le cas présent. Et comme en plus, personnellement, j’adore le sépia, vous imaginez bien à quel point une telle prise de risque (car s’en est une) pouvait me plaire. Ajoutez à cela des dessins tout bonnement excellents (je ne connaissais pas Eric Bourgier mais le bougre est franchement bon), que ce soit par les détails des décors (villes, paysages, architecture cyclopéenne) et des diverses tenues des nombreux protagonistes, je ne déplorerai qu’un seul petit bémol : le fait que bien souvent, l’on ait du mal à reconnaître qui est qui, la faute à une trop grande ressemblance des visages. Mais hormis ce détail – je le reconnais, gênant – pour le reste, il n’y a rien à dire, c’est du grand art. Mais le nerf de la guerre, ne l’oublions pas, plus encore que les dessins, c’est la qualité scénaristique d’une œuvre, et la, quand on s’attaque à un énième récit de Fantasy, l’on peut, a raisons, éprouver quelques craintes parfois compréhensibles. Bien heureusement, il n’en est rien, au contraire même ! Certes, dans ce premier tome de Servitude, l’auteur, Fabrice David, met tranquillement – mais surement car l’on ne s’ennuie pas une seconde – en place son univers, le passé de celui-ci, les forces en présence et nous présente, bien entendu, les protagonistes qui nous accompagnerons dans ce cycle. Mais immédiatement, toutes les craintes que l’on pouvait avoir quant au risque de se retrouver, pour la énième fois, devant un vulgaire copié/collé du Seigneur des anneaux comme la production de masse grand public de Fantasy a l’habitude de nous abreuver, toutes ces craintes donc, s’envolent aussitôt : ici, et c’est tant mieux, pas de nains et d’elfes (merci, oh merci !), du moins, pour le moment, mais des hommes dans un monde où d’autres créatures ont pu exister, certes, dans le passé, mais qui, désormais, ont, soit disparu – les géants – soit sont en sommeil – les dragons – et du coup, plutôt que de se taper pour la millième fois un truc avec des orcs, des elfes et des magiciens au chapeau pointu, Fabrice David nous propose un magnifique monde entré en décadence depuis longtemps, où subsiste encore quelques traces d’un passé bien plus glorieux, mais où l’homme (qu’il soit du commun ou descendant des géants) est la figure intelligente principal de celui-ci. Certes, on a compris qu’il y a encore des dragons et l’on se demande même qui peut être ces fameux anges dont on aperçoit, dans une case, l’un de leurs vaisseaux volants, mais pour le moment, tenons-nous aux hommes ; hommes et femmes dont les comportements – trahison, ambition, un certain racisme envers les classes inférieures, inceste caractérisé et assumé (rare en Fantasy) – nous donnent au final une œuvre adulte, assez éloignée des canons de la Fantasy de supermarché, ce qui, selon moi, n’en est pas plus mal. Bref, vous l’avez compris, j’ai été conquis par Le chant d’Anorœr, premier volume de Servitude, que dis-je, j’ai même été emballé par celui-ci et j’ai vraiment hâte de découvrir la suite, c'est-à-dire, de voir ce que les deux autres volumes parus jusqu'à maintenant ont dans le ventre, ce qui, d’ailleurs, ne devrait pas trop tarder.


Points Positifs :
- De la Fantasy adulte pour un publique adulte : c’est suffisamment rare pour ne pas le signaler et le mettre en avant. Complots, inceste, ambitions humaines, voilà ce qui prime dans ce premier volume ou le fantastique est quasiment absent pour le moment.
- Qui dit Fantasy adulte dit forcément protagonistes plus complexes qu’en temps normal et même si pour le moment, les auteurs nous les présentent, il y a de quoi commencer à se faire quelques idées sur ceux-ci.
- Graphiquement, c’est une pure merveille : Eric Bourgier maitrise le crayon d’une main de maitre et nous livre une prestation exceptionnelle, que ce soit au niveau des décors, souvent magnifiques, que des personnages.
- Le ton sépia de l’ensemble : de prime abord, ce choix artistique peut dérouter, pourtant, il s’avère etre un coup de génie et est un plus indéniable a l’ensemble.
- Un poème au début pour présenter l’univers, une carte pour que l’on s’y retrouve ; rien à dire, c’est parfait !

Points Négatifs :
- Eric Bourgier dessine merveilleusement bien, je ne le nie pas, mais par moments, il est difficile de reconnaitre certains protagonistes au look un peu trop semblable.

Ma note : 9/10

dimanche 13 novembre 2011

INTOUCHABLES


INTOUCHABLES

A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables.

Je ne vais pas revenir pour la énième fois sur le fait que je ne suis jamais emballer pour voir un film français – surtout quand il s’agit d’un film dit comique – et que, neuf fois sur dix, après coup, je constate que j’avais tord. De telles affirmations, de telles craintes irrationnelles et qui me poursuivent depuis des années, j’en ai déjà fait mention tellement de fois sur ce blog, lors de l’écriture de mes critiques cinématographiques qu’a force, cela en devient forcement inutile. Mais alors, pourquoi au fait est ce que je continu a penser de la sorte ? Pourquoi renâcler en permanence quand ma femme me propose d’aller au cinéma voir un film français ? Car bon, comment dire, à force, j’aurais quand même put constater que ceux-ci valent le coup, non ? Et pourtant, ce n’est pas le cas. Franchement, bien souvent, je ne me comprends pas moi-même. Car bon, je pense que vous l’avez compris, j’ai été conquis par Intouchables, et ce, bien entendu, après avoir tout fait pour ne pas aller le voir… décidément, je pense être bon pour l’asile psychiatrique…

Mais au fait, Intouchables, c’est quoi au juste ? Je pense que la plus part d’entre le vous savent de quoi parle ce film mais dans le doute, voila un bref résumé : d’un coté, un pauvre gars des banlieues, Omar Sy, noir, magouilleur, sortant de prison avec tous les poncifs du genre, de l’autre, un riche, François Cluzet, blanc bien entendu, ayant fait les grandes écoles, avec lui aussi tous les poncifs du genre (j’allais dire de sa caste) mais tétraplégique ; bref, deux hommes, deux milieux, deux styles de vie que tout oppose et pourtant, le début d’une belle histoire d’amitié. Bien évidement, dit comme cela, tout cela n’a pas vraiment de quoi emballer : manque flagrant d’originalité, personnages caricaturaux au possible et même, gros risque de mièvrerie qui viendrait achever le tout. Du coup, et je l’avoue, ces éléments ne m’emballaient pas trop. Certes, je m’étais dit avant coup que je le verrais bien, a la rigueur, lors de son passage a la télé (pourquoi pas) et que, après tout, celui-ci me plairait peut-être ; mais de la a payé pour ca ? Non, oh que non. Et pourtant, il y avait bien des critiques plus que positives vis-à-vis de cet Intouchable (pas de tout le monde mais j’y reviendrais ultérieurement), celui-ci marchait très bien et quelqu’un qui avait été le voir me dit même qu’à la fin, il y avait eu deux standing ovation, chose que, en quelques décennies de sorties ciné, je n’avais jamais connu. Alors, finalement, je me suis laissé convaincre.

Et je ne le regrette pas le moins du monde, bien au contraire. L’on pourra me dire tout ce que l’on veut sur Intouchables, l’on pourra le descendre en flèche, pinter du doigt tous ses défauts, son manque d’originalité, son coté décalé, son humour omniprésent (et oui, certains trouvent que rire, c’est bon pour les beaufs et les cons, alors j’assume, je suis un beauf et un con et je suis fier !), cette rencontre improbable entre deux hommes que tout oppose (alors que le pire, c’est que cela est vraiment arrivé) voir même que tout cet humour vis-à-vis des handicapés n’est pas bien, que ca ne se fait pas, qu’ils vont trop loin etc. et ben, tout cela ne me fera pas changer d’avis sur ce que je pense : Intouchables est un putain de bon film (oui, c’est le terme qui conviens) qui traite certes d’un sujet sérieux mais par le biais de l’humour, un humour omniprésent qui nous fait rire de la première a la dernière minute mais un humour – comme dirait ma femme – d’une finesse rarement atteinte dans les productions modernes. Alors oui, on peut se moquer des handicapés, surtout que cela n’est jamais méchant ni gratuit, bien au contraire, oui Omar Sy confirme par sa prestation qu’il est bien plus qu’un simple comique de la télé et qu’il a bel et bien un talent comme j’avais put le constater dans deux autres films, Nos jours heureux et Tellement proches dont vous pouvez lire la critique ici, oui, même si cela semble improbable, même si tout cela semble tirer par les cheveux et même si les personnages semblent plus être des archétypes qu’autre chose, et ben ca marche, exceptionnellement bien par-dessus le marché et je pense que le public, lui, ne s’y est pas tromper.

Comme je vous le disais précédemment, certains ont détesté Intouchables et comme par hasard, c’est du coté de Libération et des Inrockuptibles qu’il faut, une fois de plus, se tourner. Je ne connais pas les avis de chez Canal + mais pour ce qui est des deux autres, cela ne m’étonnes pas le moins du monde : en effet, depuis que j’ai débuté ce blog, j’ai put remarquer lors de l’écriture de mes critiques que la plus part du temps, mon avis se trouve aux antipodes de celui de ce que j’appellerais la presse bobo. Bien évidement, pour eux, une œuvre comme Intouchables ne peut qu’être suspecte : on rigole trop, les protagonistes principaux ne sont pas des schizophrènes dépressifs prêts a se pendre et en plus, ca plait au grand public, donc, forcement, ca ne peut qu’être suspect ; un truc de beaufs quoi ! Mais comme je l’ai déjà dit, alors, je suis fier, dans ce cas la, d’être un beauf ! Mais a un moment donné, je pense qu’il faut arrêter de se la peter plus haut que son cul (oui, je sais, je suis vulgaire mais ce genre de presse pseudo gauchisante mais réservée a une élite boboisante a tendance à me gonfler grave) et savoir reconnaître la véritable valeur d’une œuvre. Sincèrement, hier, et pour la toute première fois de ma vie, j’ai vu le public applaudir à la fin du film – ce n’est pas comme si je n’avais jamais été au cinéma ni vu que des nanards auparavant – mais aussi, une salle remplie, des gens qui faisaient la queue uniquement pour ce film, tandis que celles des autres étaient vides mais aussi, la sensation agréable de ne pas avoir claqué mon argent pour rien, bien au contraire. Alors oui, Intouchables n’est pas le film du siècle, oui il est surtout fait pour qu’on rigole (quoi que, il est plus profond qu’on ne le pense de prime abord) mais franchement, je pense que quand un film est autant plébisciter par le public, les eternels grincheux qui ne jurent que par d’obscures productions moldaves (je n’ai rien contre celles-ci mais il me fallait un exemple) ou qui seraient bien plus complaisant vis-à-vis d’un film équivalent, mais américain, et ben, ces fameux grincheux des Inrocks et compagnie, ils feraient mieux de se taire car depuis le temps, ils en deviennent pathétiques.