"D’abord, ils nieront la chose. Ensuite, ils la minimiseront. Enfin, ils diront que cela se savait depuis longtemps."
Pages
▼
samedi 7 août 2021
CHRONIQUES DES ANNÉES NOIRES
CHRONIQUES
DES ANNÉES NOIRES Quelle
aurait été l'histoire du monde si l'Europe chrétienne avait disparu au Moyen
Âge, ravagée par la peste ? Le Moyen-Orient et la Chine seraient devenus les
civilisations dominantes, découvrant l'Amérique, inventant le chemin de fer et
l'atome, se faisant la guerre... À travers les destins de trois personnages –
un sentimental, un révolté et un intellectuel –, Kim Stanley Robinson dépeint
de façon étonnamment réaliste sept cents ans de l'histoire d'un univers
foisonnant, où les aventures individuelles se mêlent à la trame historique et
se répondent à travers les siècles et les continents.
Chroniques des Années Noires Auteur
: Kim Stanley Robinson Type
d'ouvrage : Uchronie Première
Parution : 10 février 2002 Edition
Poche : 02 novembre 2006 Titre
en vo : The Years of Rice and Salt Pays
d’origine : Etats-Unis Langue
d’origine :anglais Traduction : David
Camus, Dominique Haas Editeur : Pocket Nombre
de pages : 1012
Mon
avis : Après Civilizations,
œuvre du sieur Laurent Binet, qui nous entrainait dans un monde alternatif où
au lieu de conquérir le continent américain, c’était les européens qui avaient
été conquis par les incas puis les aztèques, j’ai décidé de m’attaquer à un
autre ouvrage du même genre, Chroniques
des Années Noires. Bon, ici, je peux affirmer sans problème que cela
faisait des lustres que j’avais mis ce roman en attente, patientant d’avoir le
temps et le courage de m’y atteler : plus de 1000 pages, une lecture plutôt
spéciale pour ne pas dire complexe faisait que j’ai attendu plus d’une décennie
et cet été pour, enfin, m’attaquer à cet ouvrage dont j’avais entendu le plus
grand bien. D’ailleurs, il faut dire que celui-ci possède un postulat de départ
pour le moins audacieux puisque, ici, l’auteur, Kim Stanley Robinson, prend
comme point de divergence l’année 1347 et la fameuse épidémie de Peste Noire
qui, comme chacun sait, a ravager le continent européen – entre autre – sur plusieurs
années, faisant des millions de morts. Sauf qu’ici, la peste est nettement plus
virulente et laisse littéralement sur le carreau tous les habitants du vieux
continent, ce qui n’est pas rien. Forcément, l’Histoire du monde s’en trouvera
bouleversé et comme les européens ne sont plus là pour assoir leur domination
mondiale, ce sont les chinois et les musulmans qui prennent la relève… Bref,
vous l’avez compris, Chroniques des
Années Noires nous annonce une uchronie grandiose et fort prometteuse et,
ma foi, tout au long des sept-cent ans, grosso modo, que dure l’intrigue, et
des milles pages, force est de constater que Kim Stanley Robinson sait
parfaitement nous tenir en haleine, ce, tout un utilisant un procédé pour le
moins malin, celui de la réincarnation ! En effet, l’auteur aurait put se
contenter de nous proposer divers récits qui se serraient succéder dans le
temps tout au long de son ouvrage, un peu, finalement, comme dans le Roma Æterna
de Robert Silverberg. Le procédé est simple, courant et efficace. Cependant,
ici, Robinson utilise finalement trois personnages principaux qui se
réincarnent sans cesse, tout au long des siècles et ce sont toujours eux qui
sont les protagonistes principaux des diverses histoires. Comment le lecteur
peut-il les reconnaitre ? Par le biais de leurs noms qui débutent toujours
par les lettres B, K et Y – le premier étant plutôt l’idéaliste positif, le
second celui qui est toujours en colère contre le monde entier, le dernier
étant l’érudit qui cherche à tout comprendre. Le procédé peut en surprendre
plus d’un, cependant, il s’avère être plutôt efficace dans le contexte de cet
ouvrage où la religion occupe une place importante – Bouddhisme, Taoïsme et
Islam, bien évidement – de même que de multiples réflexions fort pertinentes
sur la place des femmes, les sciences, les découvertes, etc. Du coup, davantage
qu’une simple uchronie où le lecteur prendrait plaisir à découvrir ce monde si
différent du notre, Chroniques des Années
Noires s’avère être un ouvrage nettement plus profond qu’on aurait put le
penser de prime abord et qui nous pousse même à la réflexion, ce qui, ma foi,
confirme tout le bien que j’avais entendu à son sujet depuis si longtemps.
Bref, si vous êtes fans d’uchronies et si vous souhaitez lire un roman vraiment
original, Chroniques des Années Noires
est fait pour vous : certes, c’est un sacré pavé fort conséquent dans la
lecture n’est pas toujours simple, mais l’expérience mérite le détour, c’est
une certitude !
Points
Positifs : -
Probablement l’uchronie la plus originale et la plus fascinante qu’il m’a été
donné de lire depuis que je connais le genre. Il faut dire que Chroniques des Années Noires est un
ouvrage qui sort nettement de la norme et qui ose bousculer nos certitudes :
parfois déroutant, souvent fascinant, terriblement imaginatif, voilà une
excellente uchronie comme je souhaiterais qu’il en existe davantage ! -
Un postulat de départ franchement intéressant : l’épidémie de Peste Noire
qui a, dans notre Histoire réelle, ravager le continent européen au XIVème
siècle s’avère être encore plus virulente et ne laisse aucun survivant. Les
européens ayant été balayés de la face de l’Histoire, place est faite aux
Musulmans et aux Chinois pour conquérir le monde et, fatalement, finir par s’affronter. -
Si tous les chapitres ne se valent pas, il faut l’admettre, la plupart sont
réussis et certains frôlent même l’excellence. Par ailleurs, l’évolution du
monde telle qu’elle nous est présentée par Kim Stanley Robinson est, pour le
moins, pertinente. -
Un procédé habille de la part de l’auteur qui utilise la réincarnation pour
utiliser à chaque fois les trois mêmes personnages. -
De savantes et fort pertinentes réflexions sur la religion, la place de la femme,
les sciences, le respect de l’autre, la sauvegarde de la nature, etc. Points
Négatifs : -
Comme je l’ai souligné, tous les chapitres ne se valent pas et s’il n’y a pas
de mauvais passages en tant que tels, il faut reconnaitre que, vers la fin, il
y a une légère baisse qualitative et que certains chapitres sont un poil moins aboutis. -
Plus de 1000 pages, c’est tout de même un sacré pavé qui passe très bien si
vous accrochez dès les premiers chapitres. Si ce n’est pas le cas, par contre… Ma
note :8,5/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire