"D’abord, ils nieront la chose. Ensuite, ils la minimiseront. Enfin, ils diront que cela se savait depuis longtemps."
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vendredi 6 novembre 2020
SERVITUDE – LE CHANT D'ANORŒR
SERVITUDE
– LE CHANT D'ANORŒR Au
royaume des fils de la terre, le chevalier Kiriel fait route vers la capitale
pour y être marié à Lérine, la fille du roi Garantiel d’Anorœr. Sur le chemin,
il passe prendre son ami vigneron Delorn, sur lequel il compte pour être témoin
de la cérémonie. Cette alliance est critiquée, car Kiriel n’est pas de sang
noble. Mais le roi, qui a toute confiance en lui, veut faire évoluer la lignée
qui ne s’est que trop perpétrée à travers des mariages consanguins. D’ailleurs
Tarquain, le propre frère de Lérine, tente encore d’influer sur la décision de
leur père, car il est l’amant de sa sœur. Parmi les invités de la famille
royale accueillant avec des sentiments mitigés ce roturier dans leur
généalogie, se trouve une déléguée du prince de Vériel qui n’a pas daigné venir
en personne. Outre ce mariage controversé, un vent de renversement souffle sur
le royaume. Les vieilles querelles semblent refaire surface et des mercenaires
sont mystérieusement recrutés à l’est. Le soir même de la noce, une légion
entière est décimée à proximité du château. Dès le lendemain, le roi demande à
Kiriel de lui servir d’ambassadeur auprès du prince de Vériel…
Servitude – Le Chant d'Anorœr Scénario
: Fabrice David Dessins
: Eric Bourgier Couleurs : Eric
Bourgier Couverture
: Eric Bourgier Editeur
: Soleil Genre : Heroic
Fantasy Pays
d’origine : France Langue
d’origine : français Parution
: 01
mai 2006 Nombre
de pages : 60
Mon
avis : Ce fut par le plus grand des
hasards (mais celui-ci ne fait décidément pas bien les choses ?) que j’ai
découvert Servitude, il y a cela bien des années, en lisant un
numéro du magazine Zoo, et, immédiatement, j’eu comme un coup de
cœur, celui-ci ayant été confirmé par la lecture de ce premier volume de la
saga. Ainsi, alors que sortait, enfin, le sixième et dernier tome de Servitude ces
jours-ci, je me suis dit que l’occasion était trop belle pour me replonger dans
la série, histoire de me raviver la mémoire, mais aussi, accessoirement, de
vous proposer les critiques des premiers volumes. Mais commençons par le
commencement et donc, ce Chant d’Anorœr... Déjà, la couverture : à
la fois sobre car pas vraiment tape a l’œil mais franchement belle avec ses
tons sépias, l’on y découvre le protagoniste principal du récit, le maitre
d’armes Kiriel. Et là, tout de suite, on se dit : « bigre, ce
dessinateur a un talent fou pour les détails ! ». L’on tourne les pages, on
découvre un long poème qui résume le passé de ce monde imaginaire puis la
carte, comme il se doit, de celui-ci, mais aussi, toujours ce ton de couleur
particulier qui d’ailleurs, sera présent de la première a la dernière page de
cet album : car oui, le lecteur se doit d’être prévenu, dans Servitude,
il ne faut pas s’attendre à des explosions de couleurs en tous sens puisque
l’on en aura que trois : blanc, noir et marron, enfin, tout un tas de marrons,
clairs, foncés etc. Bref, une ambiance sépia qui peut déconcerter de prime
abord mais qui va à merveille dans le cas présent. Et comme en plus,
personnellement, j’adore le sépia, vous imaginez bien à quel point une telle
prise de risque (car s’en est une) pouvait me plaire. Ajoutez à cela des
dessins tout bonnement excellents (je ne connaissais pas Eric Bourgier mais le
bougre est franchement bon), que ce soit par les détails des décors (villes,
paysages, architecture cyclopéenne) et des diverses tenues des nombreux
protagonistes, je ne déplorerai qu’un seul petit bémol : le fait que bien
souvent, l’on ait du mal à reconnaître qui est qui, la faute à une trop grande
ressemblance des visages. Mais hormis ce détail – je le reconnais, gênant –
pour le reste, il n’y a rien à dire, c’est du grand art. Mais le nerf de la
guerre, ne l’oublions pas, plus encore que les dessins, c’est la qualité
scénaristique d’une œuvre, et la, quand on s’attaque à un énième récit de
Fantasy, l’on peut, a raisons, éprouver quelques craintes parfois compréhensibles.
Bien heureusement, il n’en est rien, au contraire même ! Certes, dans ce
premier tome de Servitude, l’auteur, Fabrice David, met
tranquillement – mais surement car l’on ne s’ennuie pas une seconde – en place
son univers, le passé de celui-ci, les forces en présence et nous présente,
bien entendu, les protagonistes qui nous accompagnerons dans ce cycle. Mais
immédiatement, toutes les craintes que l’on pouvait avoir quant au risque de se
retrouver, pour la énième fois, devant un vulgaire copié/collé du Seigneur
des Anneaux comme la production de masse grand public de Fantasy a
l’habitude de nous abreuver, toutes ces craintes donc, s’envolent aussitôt :
ici, et c’est tant mieux, pas de nains et d’elfes (merci, oh merci !), du
moins, pour le moment, mais des hommes dans un monde où d’autres créatures ont
pu exister, certes, dans le passé, mais qui, désormais, ont, soit disparu – les
géants – soit sont en sommeil – les dragons – et du coup, plutôt que de se
taper pour la millième fois un truc avec des orcs, des elfes et des magiciens
au chapeau pointu, Fabrice David nous propose un magnifique monde entré en
décadence depuis longtemps, où subsiste encore quelques traces d’un passé bien
plus glorieux, mais où l’homme (qu’il soit du commun ou descendant des géants)
est la figure intelligente principal de celui-ci. Certes, on a compris qu’il y
a encore des dragons et l’on se demande même qui peut être ces fameux anges
dont on aperçoit, dans une case, l’un de leurs vaisseaux volants, mais pour le
moment, tenons-nous aux hommes ; hommes et femmes dont les comportements –
trahison, ambition, un certain racisme envers les classes inférieures, inceste
caractérisé et assumé (rare en Fantasy) – nous donnent au final une œuvre
adulte, assez éloignée des canons de la Fantasy de supermarché, ce qui, selon
moi, n’en est pas plus mal. Bref, vous l’avez compris, j’ai été conquis
par Le Chant d’Anorœr, premier volume de Servitude, que
dis-je, j’ai même été emballé par celui-ci, mais le meilleur, une fois cela
dit, c’est que la suite est du même niveau !
Points
Positifs : -
De la Fantasy adulte pour un publique adulte : c’est suffisamment rare
pour ne pas le signaler et le mettre en avant. Complots, inceste, ambitions
humaines, voilà ce qui prime dans ce premier volume ou le fantastique est
quasiment absent pour le moment. -
Qui dit Fantasy adulte dit forcément protagonistes plus complexes qu’en temps
normal et même si pour le moment, les auteurs nous les présentent, il y a de
quoi commencer à se faire quelques idées sur ceux-ci. -
Graphiquement, c’est une pure merveille : Eric Bourgier maitrise le crayon
d’une main de maitre et nous livre une prestation exceptionnelle, que ce soit
au niveau des décors, souvent magnifiques, que des personnages. -
Le ton sépia de l’ensemble : de prime abord, ce choix artistique peut
dérouter, pourtant, il s’avère être un coup de génie et est un plus indéniable
a l’ensemble. -
Un poème au début pour présenter l’univers, une carte pour que l’on s’y
retrouve ; rien à dire, c’est parfait ! Points
Négatifs : -
Eric Bourgier dessine merveilleusement bien, je ne le nie pas, mais par
moments, il est difficile de reconnaitre certains protagonistes au look un peu
trop semblable. -
Quelques personnages un peu trop stéréotypés, ou alors, je suis trop vieux et
je commence à trouver que tout le monde se ressemble ?! -
Même si les auteurs jurent le contraire, ils sont singulier les quelques points
communs avec Le Trône
de Fer, mais bon, laissons le bénéfice du doute… Ma
note :8,5/10
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