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lundi 15 juillet 2013

ODYSSEUS


ODYSSEUS

Dans un XIIe siècle av. J.-C. mythologique, dix ans après la fin de la Guerre de Troie, Ulysse, roi de l'île d'Ithaque, n’est toujours pas rentré parmi les siens. Seuls les membres et serviteurs de la maisonnée d'Ulysse persistent à le croire encore en vie : Pénélope, sa fidèle épouse, son fils Télémaque, qui ne l'a pratiquement pas connu, Laërte le vieux père d'Ulysse et quelques-uns des plus fidèles, principalement Mentor, précepteur de Télémaque. Les parents et serviteurs fidèles d'Ulysse se battent pour maintenir l’ordre sur l’île fragilisée et envahie par les prétendants de Pénélope, qui comptent forcer la reine à se remarier et ainsi à désigner un nouveau roi. Pénélope se demande si elle doit renoncer à Ulysse pour le bien d’Ithaque. Télémaque lui, subit les brimades des prétendants et peine à s'affirmer comme un vrai guerrier. Les prétendants eux-mêmes ont pris le parti de s'unir dans leurs revendications contre Pénélope, mais leur union est fragile, chacun ambitionnant de devenir le futur roi. Parmi les serviteurs du palais se trouvent des esclaves troyens dont Eurynomé, qui faisait partie de la famille royale, et est tentée de tirer parti des tensions sur l'île pour venger la mort de ses proches et la destruction de sa cité. Pour Cléa, fille d'Eurynomé, Troie n'est qu'un vague souvenir de sa petite enfance, et elle s'obstine dans un amour dangereux pour Télémaque.


Ne vous ai-t-il pas déjà arrivé, au cours de votre vie, de vous retrouver devant une œuvre, et d’avoir l’impression d’etre le seul, ou presque, à y avoir trouvé une quelconque qualité ? Ne vous ai-t-il pas déjà arrivé d’avoir cette impression d’etre dans une minorité, d’etre quasiment seul contre tous, et de trouver du positif là où la grande majorité ne voit que médiocrité ? Ne vous ai-t-il pas déjà arrivé, du coup, d’avoir envie, justement, de défendre cette œuvre, d’expliquer à la face du monde que non, ce n’est pas parce que la plus part des gens vont dans le même sens, vous devriez faire de même ? Et puis, pour quelle raison après tout ? N’avons-nous plus le droit d’avoir nos propres opinions personnelles, n’avons-nous plus le droit d’avoir nos gouts, qui ne sont pas forcément ceux des autres, n’avons-nous plus le droit d’affirmer que cette œuvre sur laquelle il est si facile de taper, eh ben, nous, nous ferons le contraire ? Ce droit, et au risque de passer pour quelqu’un qui « a des gouts de chiottes » aux yeux de la majorité, je le prends, et d’ailleurs, avec un grand plaisir, car oui, aujourd’hui, j’ai envie de défendre une œuvre qui a mon avis, le mérite.


Vous l’avez compris, il s’agit de la dernière série en date de nos amis d’ARTE : Odysseus, une vision moderne et accessoirement, assez éloignée du texte d’Homère et qui fut diffusée, chaque jeudi soir, chaque semaine depuis le mois de juin dernier. Alors bien sûr, des versions de l’Iliade et de l’Odyssée, au bout de quasiment trois mille ans, nous en avons eu des tas, et que celles-ci soient fidèles à l’œuvre originale ou pas, tout a chacun, ou presque, est familier avec des événements légendaires comme la Guerre de Troie, l’amour entre Paris et Hélène, le combat à mort entre Achilles et Hector, le Cheval de Troie, le retour semé d’embuches d’Odysseus a Ithaque, les Sirènes, Circé, Pénélope et les ses prétendants etc. Ce qui fait aussi que, du coup, il n’est pas évidant, devant une œuvre qui fait indubitablement parie du patrimoine culturel européen pour ne pas dire mondial, de crée quelque chose de véritablement original et qui se démarque de ce qui a déjà pu etre fait auparavant, souvent de fort bonne manière au demeurant. Ici, Frédéric Azémar, le maitre d’œuvre de cette série, eu l’excellente idée de s’intéresser à ce qui se passait a Ithaque, avant le retour du messie – Odysseus ou Ulysse si vous préférez – de mettre en avant des personnages comme Pénélope, Télémaque et Laërte, par exemple, puis, une fois Odysseus de retour, se démarquer grandement du texte d’Homère, et de nous montrer un homme brisé par la guerre, les atrocités, la perte de son innocence mais aussi, par un retour tout aussi horrible, un homme absent pendant vingt ans, qui découvre que pendant qu’il courait l’aventure, sa patrie a appris à se passer de lui, mais surtout, un fils entretemps devenu homme et qui n’est pas forcément ce à quoi il s’attendait. Ce postulat de départ, ma foi, est sans nul doute le grand point fort de cette série et même si j’étais légèrement un peu dubitatif au départ, je dois reconnaitre que non seulement, j’ai assez rapidement accrocher à celui-ci et que, épisodes après épisodes, j’appréciais de plus en plus cet Odysseus.


Mais tout n’est pas parfait non plus dans cette série et s’il elle a été autant critiqué, c’est qu’il y avait bel et bien raison à cela : tout d’abord, comment ne pas souligner le manque de moyens de cette production franco-italo-portugaise ? Un budget global égal à celui du premier épisode de la série Rome, c’est tout de suite un monde d’écart mais explique surtout, du coup, les décors plutôt simplistes et un nombre de figurants peu importants – ce qui se remarque surtout dans les scènes de batailles, l’ultime de celles-ci étant l’exemple parfait. Mais des moyens inférieurs à ceux des habituelles séries américaines font-il que cela en soit une raison pour décrier une œuvre ? Selon moi, non car à mes yeux, l’essentiel était ailleurs : les relations entre les personnages, l’avancée de l’intrigue et des enjeux avec un coté plus théâtral qui en aura choqué plus d’un mais qui ne me déplu guère. Et sur ce point, du moins c’est mon avis, les acteurs sont plutôt crédibles voir plutôt bons dans leurs rôles et si, bien évidemment, Alessio Boni se démarque grandement en Odysseus/Ulysse, les autres, Niels Schneider (excellent Télémaque), Caterina Murino ou Karina Testa, pour ne citer que les plus importants, s’en sortent fort bien. Alors bien sûr, sur le net, l’on trouve bon nombre de critiques plutôt négatives quant au jeu des acteurs, mais cela n’a-t-il pas davantage à voir avec le fait que ceux-ci soient européens, méconnus et que la langue soit le français… sans oublier, une fois de plus le manque de moyens ? Après tout, et je le reconnais, moi-même, je n’ai pas pu m’empêcher de le faire, lorsque l’on est habituer à des séries comme Game of Thrones, The Tudors ou Rome, comment ne pas les comparer à cet Odysseus qui ne joue décidément pas dans la même catégorie ? 


Mais une fois de plus, est-ce vraiment un mal ? Selon moi, pas le moins du monde. Alors certes, avec quelques millions de plus au budget, je ne nie pas que cet Odysseus ait eu davantage de gueule, mais bon, dans l’ensemble, et en faisant avec les moyens du bord, je trouve que finalement, ils s’en sont plutôt bien sortis et ce, même si tout n’est pas parfait. Bien évidemment, cette critique ne changera rien au fait que la plus part de ceux et celles qui auront regardé cette série n’en garderont pas un grand souvenir et que bon nombre d’entre eux l’auront critiquer et moquer allègrement, mais bon, comme il est coutume de dire, tous les gouts sont dans la nature et dans mon cas, j’ai plutôt bien aimé Odysseus ; alors oui, ce n’est pas le truc du siècle non plus, il y a quelques défauts et le manque de moyens est évidant, mais dans l’ensemble, j’ai plutôt apprécier cette nouvelle vision de l’Odyssée, une version éloignée de l’originale, certes, mais qui n’en possède pas moins un certain intérêt, ne serais ce que pour cet Odysseus tellement éloigné de celui auquel on ait habituer et finalement, tellement plus récent. 

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