ODYSSEUS
Dans
un XIIe siècle av. J.-C. mythologique, dix ans après la fin de la Guerre de
Troie, Ulysse, roi de l'île d'Ithaque, n’est toujours pas rentré parmi les
siens. Seuls les membres et serviteurs de la maisonnée d'Ulysse persistent à le
croire encore en vie : Pénélope, sa fidèle épouse, son fils Télémaque, qui ne
l'a pratiquement pas connu, Laërte le vieux père d'Ulysse et quelques-uns des
plus fidèles, principalement Mentor, précepteur de Télémaque. Les parents et
serviteurs fidèles d'Ulysse se battent pour maintenir l’ordre sur l’île
fragilisée et envahie par les prétendants de Pénélope, qui comptent forcer la
reine à se remarier et ainsi à désigner un nouveau roi. Pénélope se demande si
elle doit renoncer à Ulysse pour le bien d’Ithaque. Télémaque lui, subit les
brimades des prétendants et peine à s'affirmer comme un vrai guerrier. Les
prétendants eux-mêmes ont pris le parti de s'unir dans leurs revendications
contre Pénélope, mais leur union est fragile, chacun ambitionnant de devenir le
futur roi. Parmi les serviteurs du palais se trouvent des esclaves troyens dont
Eurynomé, qui faisait partie de la famille royale, et est tentée de tirer parti
des tensions sur l'île pour venger la mort de ses proches et la destruction de
sa cité. Pour Cléa, fille d'Eurynomé, Troie n'est qu'un vague souvenir de sa
petite enfance, et elle s'obstine dans un amour dangereux pour Télémaque.
Ne
vous ai-t-il pas déjà arrivé, au cours de votre vie, de vous retrouver devant
une œuvre, et d’avoir l’impression d’etre le seul, ou presque, à y avoir trouvé
une quelconque qualité ? Ne vous ai-t-il pas déjà arrivé d’avoir cette
impression d’etre dans une minorité, d’etre quasiment seul contre tous, et de
trouver du positif là où la grande majorité ne voit que médiocrité ? Ne
vous ai-t-il pas déjà arrivé, du coup, d’avoir envie, justement, de défendre
cette œuvre, d’expliquer à la face du monde que non, ce n’est pas parce que la
plus part des gens vont dans le même sens, vous devriez faire de même ? Et
puis, pour quelle raison après tout ? N’avons-nous plus le droit d’avoir
nos propres opinions personnelles, n’avons-nous plus le droit d’avoir nos
gouts, qui ne sont pas forcément ceux des autres, n’avons-nous plus le droit d’affirmer
que cette œuvre sur laquelle il est si facile de taper, eh ben, nous, nous
ferons le contraire ? Ce droit, et au risque de passer pour quelqu’un qui « a des gouts de chiottes »
aux yeux de la majorité, je le prends, et d’ailleurs, avec un grand plaisir,
car oui, aujourd’hui, j’ai envie de défendre une œuvre qui a mon avis, le
mérite.
Vous
l’avez compris, il s’agit de la dernière série en date de nos amis d’ARTE : Odysseus, une vision moderne et accessoirement, assez éloignée du
texte d’Homère et qui fut diffusée, chaque jeudi soir, chaque semaine depuis le
mois de juin dernier. Alors bien sûr, des versions de l’Iliade et de l’Odyssée, au
bout de quasiment trois mille ans, nous en avons eu des tas, et que celles-ci soient
fidèles à l’œuvre originale ou pas, tout a chacun, ou presque, est familier
avec des événements légendaires comme la Guerre de Troie, l’amour entre Paris
et Hélène, le combat à mort entre Achilles et Hector, le Cheval de Troie, le
retour semé d’embuches d’Odysseus a Ithaque, les Sirènes, Circé, Pénélope et
les ses prétendants etc. Ce qui fait aussi que, du coup, il n’est pas évidant,
devant une œuvre qui fait indubitablement parie du patrimoine culturel européen
pour ne pas dire mondial, de crée quelque chose de véritablement original et
qui se démarque de ce qui a déjà pu etre fait auparavant, souvent de fort bonne
manière au demeurant. Ici, Frédéric Azémar, le maitre d’œuvre de cette série,
eu l’excellente idée de s’intéresser à ce qui se passait a Ithaque, avant le
retour du messie – Odysseus ou Ulysse si vous préférez – de mettre en avant des
personnages comme Pénélope, Télémaque et Laërte, par exemple, puis, une fois
Odysseus de retour, se démarquer grandement du texte d’Homère, et de nous
montrer un homme brisé par la guerre, les atrocités, la perte de son innocence
mais aussi, par un retour tout aussi horrible, un homme absent pendant vingt
ans, qui découvre que pendant qu’il courait l’aventure, sa patrie a appris à se
passer de lui, mais surtout, un fils entretemps devenu homme et qui n’est pas forcément
ce à quoi il s’attendait. Ce postulat de départ, ma foi, est sans nul doute le
grand point fort de cette série et même si j’étais légèrement un peu dubitatif
au départ, je dois reconnaitre que non seulement, j’ai assez rapidement
accrocher à celui-ci et que, épisodes après épisodes, j’appréciais de plus en
plus cet Odysseus.
Mais
tout n’est pas parfait non plus dans cette série et s’il elle a été autant critiqué,
c’est qu’il y avait bel et bien raison à cela : tout d’abord, comment ne
pas souligner le manque de moyens de cette production franco-italo-portugaise ?
Un budget global égal à celui du premier épisode de la série Rome, c’est tout de suite un monde d’écart
mais explique surtout, du coup, les décors plutôt simplistes et un nombre de
figurants peu importants – ce qui se remarque surtout dans les scènes de
batailles, l’ultime de celles-ci étant l’exemple parfait. Mais des moyens
inférieurs à ceux des habituelles séries américaines font-il que cela en soit
une raison pour décrier une œuvre ? Selon moi, non car à mes yeux, l’essentiel
était ailleurs : les relations entre les personnages, l’avancée de l’intrigue
et des enjeux avec un coté plus théâtral qui en aura choqué plus d’un mais qui
ne me déplu guère. Et sur ce point, du moins c’est mon avis, les acteurs sont plutôt
crédibles voir plutôt bons dans leurs rôles et si, bien évidemment, Alessio
Boni se démarque grandement en Odysseus/Ulysse, les autres, Niels Schneider
(excellent Télémaque), Caterina Murino ou Karina Testa, pour ne citer que les
plus importants, s’en sortent fort bien. Alors bien sûr, sur le net, l’on trouve
bon nombre de critiques plutôt négatives quant au jeu des acteurs, mais cela n’a-t-il
pas davantage à voir avec le fait que ceux-ci soient européens, méconnus et que
la langue soit le français… sans oublier, une fois de plus le manque de moyens ?
Après tout, et je le reconnais, moi-même, je n’ai pas pu m’empêcher de le
faire, lorsque l’on est habituer à des séries comme Game
of Thrones, The
Tudors ou Rome, comment ne
pas les comparer à cet Odysseus qui
ne joue décidément pas dans la même catégorie ?
Mais
une fois de plus, est-ce vraiment un mal ? Selon moi, pas le moins du
monde. Alors certes, avec quelques millions de plus au budget, je ne nie pas que
cet Odysseus ait eu davantage de gueule,
mais bon, dans l’ensemble, et en faisant avec les moyens du bord, je trouve que
finalement, ils s’en sont plutôt bien sortis et ce, même si tout n’est pas
parfait. Bien évidemment, cette critique ne changera rien au fait que la plus
part de ceux et celles qui auront regardé cette série n’en garderont pas un
grand souvenir et que bon nombre d’entre eux l’auront critiquer et moquer
allègrement, mais bon, comme il est coutume de dire, tous les gouts sont dans la
nature et dans mon cas, j’ai plutôt bien aimé Odysseus ; alors oui, ce n’est pas le truc du siècle non plus,
il y a quelques défauts et le manque de moyens est évidant, mais dans l’ensemble,
j’ai plutôt apprécier cette nouvelle vision de l’Odyssée, une version éloignée
de l’originale, certes, mais qui n’en possède pas moins un certain intérêt, ne
serais ce que pour cet Odysseus tellement
éloigné de celui auquel on ait habituer et finalement, tellement plus récent.