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dimanche 29 avril 2012

ROSEMARY'S BABY



ROSEMARY'S BABY

Rosemary Woodhouse est une jeune maîtresse de maison, épouse d'un acteur de théâtre, Guy Woodhouse. Le couple s'installe dans un appartement de la célèbre maison Bramford, un vieux bâtiment de Manhattan assez inquiétant du fait de la réputation sinistre de certains résidents d'autrefois. Rosemary est une femme jeune et heureuse, qui se consacre totalement à sa maison et à son mari dont elle souhaiterait vivement avoir un bébé. Guy, de son côté, voudrait devenir une star. À la suite de circonstances bizarres, les Woodhouse nouent une amitié avec Roman et Minnie Castevet, un ménage d'âge avancé, qui vit au même étage et qui se transforme en « parents » de substitution à l'égard du jeune couple. Bientôt, Guy accède au désir de Rosemary d'avoir l'enfant qu'elle souhaite tant et ils envisagent la date idéale pour que Rosemary soit enceinte. Cette nuit-là, Rosemary a des hallucinations et des cauchemars, au cours desquels elle a l'impression d'être violée par le diable en personne. Quand elle se réveille, Guy s'excuse d'avoir fait l'amour avec elle pendant qu'elle était inconsciente. Elle découvre qu'elle est enceinte.

En quatre années et quelques d’existence de ce blog, je ne vous avais parlé du moindre film réalisé par Roman Polanski, pourtant, le nom de celui-ci ne fut pas absent du Journal de Feanor puisque, lors des derniers mois de l’année 2009, suite à son arrestation en Suisse, j’avais publié deux billets sur ce que je pensais de tout cela : Au sujet de l'affaire Polanski et Ah, quand on s’appelle Roman Polanski. Je l’avoue, à l’époque, j’avais été particulièrement dur envers le cinéaste, mais mes propos d’alors, et même si cela doit en choquer plus d’un, je dois admettre que je ne les regrette nullement ; en effet, sur cette affaire qui poursuit le réalisateur d’origine polonaise depuis trois décennies, j’ai mon opinion, et, vous le devinez, celle-ci ne lui est pas favorable – d’ailleurs, je ne fais pas partie de ceux qui disent que l’on devrait tout pardonner à quelqu’un sous prétexte que celui-ci est un génie. Cependant, si je remets sur le tapis cette part d’ombre du cinéaste, c’est pour faire la distinction, justement, entre ce que je pense d’une personne en tant que telle, et son œuvre. Car oui, même si je ne porte guère Roman Polanski dans mon cœur, je reconnais son problème que celui-ci, en tant que réalisateur, est excellent. Quant à ses œuvres, je dois avouer que j’apprécie grandement certaines d’entre elles.


Et justement, il y a quelques jours, ma chaine préférée, ARTE, proposait une rediffusion de ce qui est probablement la plus belle réussite du sieur Polanski, ce Rosemary’s Baby depuis longtemps entré dans la légende du cinéma d’horreur. Pour la petite histoire, comme cela faisait belle lurette que je n’avais pas eu l’occasion de revoir cette petite merveille, ce fut avec un plaisir non dissimulé – et malgré le fait que je venais de passer la nuit à la mairie, suite aux élections – que je me suis confortablement installé devant mon petit écran afin de revoir cette œuvre que je savais aimer, mais que, le temps passant, j’avais un peu oublier ce qui s’y passait ; car, de mémoire, la dernière fois que j’avais eu l’occasion de voir Rosemary’s Baby, je pense que j’étais encore au collège, bref, ça faisait un sacré bail ! Bien évidemment, je n’avais pas oublié le synopsis du film – une femme, Mia Farrow, tout bonnement sublime, qui tombe enceinte du Diable, ni plus ni moins – mais si les grandes lignes m’étaient connues, pour le reste, ce fut comme une redécouverte.

Indéniablement, je ne pense pas que les jeunes générations puissent apprécier à sa juste valeur un film comme Rosemary’s Baby : non pas que je veuille dire par là que les plus jeunes d’entre nous soient idiots, mais que, habitués qu’ils sont aux films d’horreurs modernes, s’ils ne possèdent pas une certaine culture cinématographique ainsi que l’habitude de regarder de vieux films – avec d’autres codes cinématographiques, par exemple – nul doute qu’ils ne pourront que trouver celui-ci franchement ennuyeux, voir même, ringard. Car si Rosemary’s Baby est considéré depuis sa sortie comme étant l’un des plus grands films d’horreurs de tous les temps, il faut savoir remettre un peu les choses dans leurs contextes : lors de sa sortie, et préfigurant d’autres chef d’œuvres comme, pour ne citer que le plus connu, l’Exorciste, l’œuvre de Roman Polanski brisait littéralement les cadenas du genre puisqu’ici, tout est suggéré, subtil ; exit les vieux manoirs brumeux, les vampires et autres loups garous, place à la réflexion, au doute – après tout, Mia Farrow est-elle véritablement enceinte du démon ou bien, tout cela n’est-il que les délires mentaux d’une femme qui vit visiblement une grossesse plus que difficile ? – à l’introspection et à la paranoïa. Mais ce qui fait aussi la différence avec les codes des anciens films de la Hammer, c’est que l’intrigue de ce Rosemary’s Baby se déroule dans un cadre familier : grande ville, New-York, appartement a priori banal, des voisins, certes excentriques mais bon, cela arrive, télévision, voitures, téléphone ; bref, tous les éléments nous poussant à l’identification avec les protagonistes sont présents et, justement, c’est cette normalité qui est dérangeante. En effet, lorsque l’on regarde un film sur Dracula, on sait tout de suite que tout cela n’est qu’un divertissement, dans Rosemary’s Baby, c’est beaucoup plus insidieux et plus les minutes s’écoulent, plus Mia Farrow, au début tellement ingénue qu’elle en est presque énervante, se rend compte que rien ne cloche dans son entourage et plus la tension éprouvée par le spectateur est à son comble. Et ce, jusqu’à la scène finale, terrible non pas pour ce que l’on voit – car non, on ne voit rien de spécial en soit, et surtout pas le fameux bébé – mais surtout pour ce qu’on ne voit pas ; la réaction finale de la mère étant, de mon point de vu, la petite cerise sur le gâteau finale d’une œuvre décidément grandiose.


Bien évidemment, depuis, on pourra me dire qu’on a fait aussi bien voir mieux, cependant, il fallait un début à ce genre – l’horreur psychologique -  et cette première, ce film qui a tout bouleverser, c’est Rosemary’s Baby. Tant de par son synopsis, le cadrage des scènes, la façon de filmer le quotidien pour mieux pointer du doigt la non normalité de ce qui va arriver, la bande originale, tout bonnement parfaite ainsi que pour ses acteurs principaux, Mia Farrow, bien sûr, mais aussi John Cassavetes, trop souvent mésestimer dans ce film et qui pourtant, dans ce rôle de mari complice accompli là une excellente performance, Rosemary’s Baby est un grand film ; un film qui mérite largement tous les qualificatifs positifs qui on put être dits à son sujet depuis une quarantaine d’années et qui rappelle, une fois de plus que, quoi que l’on pense de Roman Polanski, celui-ci est tout de même un grand réalisateur. 

GOD OF WAR



GOD OF WAR

Poséidon, Dieu des Océans, a chargé Kratos de tuer l'Hydre de Lerne qui ravage les navires de la flotte grecque sur la mer Égée. Après s'être acquitté de cette tâche, Kratos appelle la déesse Athéna. Depuis dix ans qu'il est au service des dieux, il souhaite enfin obtenir la récompense qu'il désire plus que tout : l'oubli des horreurs qu'il a commises par le passé. Avant d'accéder à sa requête, Athéna lui demande d'intervenir en sa faveur. En effet son frère Arès a attaqué sa ville, Athènes, avec son armée de monstres tout droit sortis des Enfers. Mais comme Zeus a interdit tout conflit entre Dieux, elle ne peut intervenir directement. Athéna est formelle : seul un mortel entraîné par un Dieu aura une chance de vaincre un autre Dieu. Elle s'engage par ailleurs à ce que les Dieux de l'Olympe pardonnent à Kratos ses actes passés en cas de succès. Arrivé à Athènes, Kratos se fraye un chemin entre cyclopes, morts-vivants et gorgones, et rencontre en chemin un étrange fossoyeur qui creuse une tombe au beau milieu du champ de bataille. Il arrive finalement au Temple de la ville où l'Oracle lui révèle que le seul moyen de vaincre un Dieu pour un mortel est d'entrer en possession de la boîte de Pandore, enfermée au fond du Temple de Pandore, que le Titan Cronos est condamné à porter sur son dos dans les tourbillons de sable du Désert des âmes perdues.

Il y a de cela un peu plus d’un mois, alors que j’achevais mes avant derniers congés (et oui, ça se passe comme ça par ici), je vous proposais sur ce blog la critique du deuxième volet de l’une des sagas les plus réussies de ces dernières années dans le domaine des jeux vidéo, je veux bien évidement parler de God of War ; Divine Retribution, car tel était son nom, m’avait alors tout bonnement époustouflé, que ce soit de par son univers mythologique réussi, son synopsis accrocheur, son personnage principal, le désormais célèbre Kratos, grand bourrin devant l’éternel, violent, sans morale et sans scrupules et, à ma grande surprise, bien plus charismatique que ce que je pensais à son sujet, mais aussi, ce jeu m’avait plu de par ses combats d’une violence extrême, ses adversaires inoubliables, ses décors grandioses ainsi que des décors, variés et réussis, qui faisaient de ce deuxième volume de God of War tout bonnement le summum du genre ; je veux bien entendu parler du  beat them all qui avait déjà connu ses lettres de noblesse avec des titres aussi bons que Devil May Cry ou Soul Reaver. Mais ce que God of War II m’avait apporté, principalement, c’était un sentiment que je ne ressentais plus depuis une éternité : la satisfaction d’être devant un grand, un très grand jeu. Et ce genre de plaisirs vidéoludiques – qui déplait tant à certains – et dont j’étais coutumier autrefois, sincèrement, quel plaisir de le ressentir a nouveau !


Mais comme je le signalais à la fin de la critique de God of War II, j’avais tellement été emballé par les aventures de Kratos qu’en finissant le jeu – dans un superbe cliffhanger rarement vu dans le genre ; seul Soul Reaver, premier du nom, faisait aussi fort, voir, de mémoire, beaucoup plus – que je n’avais alors qu’une seule et unique envie : me procurer le premier titre de la série, celui par qui tout avait commencé, chose que je fis, et ce, assez rapidement puisque, quelques jours plus tard à peine, le premier volume de God of War était logé dans ma PS2 ! Et une fois de plus, c’était parti pour une virée mythologique en compagnie de Kratos, prêt à en découdre face à des centaures, des minotaures, des cyclopes mais aussi, carrément des dieux !

La problématique, dans un cas comme celui-là, c’est que, lorsque l’on joue au deuxième tome d’une série avant de passer au premier, on sait déjà plus ou moins tout ce qui se passe dans le titre précédant, et bien évidement, les grandes lignes scénaristiques de God of War, premier du nom, m’étaient connues. Ainsi, la vengeance de Kratos, sa lutte contre Arès, le dieu de la guerre et certaines scènes (entraperçues dans le deuxième volet) m’étaient connues, ce qui, accessoirement, et bien heureusement, ne gâcha nullement le plaisir du jeu, et ce, même si l’effet de surprise, bien évidemment, n’était plus vraiment là. De même, puisque je parle d’effet de surprise, forcément, tant l’univers que les protagonistes ne m’étaient plus inconnus, et, bien entendu, pour ce qui est du style de jeu en lui-même, les combats et les adversaires proposés, j’étais tout de suite en terrain connu, ce qui eut, bien sur l’avantage non négligeable que je n’eut aucune difficulté a me lancer dans l’aventure. Car forcément, la seule différence, ou presque, entre les deux titres, c’était de pouvoir prolonger le plaisir de jouer Kratos dans deux aventures différentes, et sur ce point, force est de constater que je n’ai pas été déçu : certes, le synopsis est loin d’être original – bah, ce n’est qu’une histoire de vengeance après tout – et comme l’effet de surprise n’était plus présent, j’aurais pu éprouver une légère déception avec ce premier God of War, or, il n’en fut rien et, sincèrement, dès le premier épisode, les petits gars de chez Sony basés à Santa Monica, aux Etats Unis, avaient tout compris… ou presque.


Car si, indéniablement, God of War, premier du nom, est un superbe beat them all, probablement le meilleur du genre (pour ce qui est de la série, j’entends bien), quelque part, j’aurais préféré faire celui-ci avant de me lancer dans sa suite. Car en effet, aussi bon soit-il, malgré des passages époustouflants, des combats inoubliables et des idées déjà fortement en place, il faut bien avouer que God of War II lui est largement supérieur : déjà, pour ce qui est des graphismes, il n’y a pas photo et d’ailleurs, la différence de qualité (et pourtant, ceux du premier volet sont plus que corrects mais avouons qu’ils ne tiennent pas la comparaison face à ceux de sa suite) est telle qu’il m’aura fallu un moment pour m’y faire. Ensuite, God of War II, c’est le premier mais en largement mieux : plus long, plus complet, plus beau, plus spectaculaire, plus de boss (seulement trois, dont Arès, une misère), plus de décors variés, plus d’énigmes, d’adversaires, d’événements marquants, ce qui démontre simplement que si les développeurs du premier God of War avaient fait un grand coup avec celui-ci, ils l’ont tout simplement sublimer avec le deuxième titre.


Cependant, cette constatation n’enlève rien au fait que le premier God of War n’en reste pas moins un excellent, un très grand jeu qui ne possède quasiment aucune faiblesse, en dehors du fait qu’il soit un peu trop court à mon gout, ainsi que pour ce qui est des boss, en trop petit nombre. Mais pour le reste, il n’y a vraiment rien à redire, c’est du tout bon que je ne peux que vous conseiller vivement si jamais vous n’avez jamais jouer a aucune des aventures de Kratos. Après, que sa suite soit supérieure, c’est un fait incontestable, mais cela n’enlève rien aux qualités propres de son prédécesseur. Mais bon, désormais, pour ce qui est de Kratos et de sa lutte contre les dieux de l’Olympe, il va falloir que j’en reste là pour un certain temps : comme vous le savez, God of War III existe bel et bien, mais sur PS3, et comme je ne possède malheureusement pas cette console… quoi que, si les finances le permettent, et elles devraient le permettre, cet été, il se pourrait fort bien que je me fasse un gros cadeau… et vous vous doutez bien que si je m’achète une PS3, mon premier jeu sera God of War III !

vendredi 13 avril 2012

Les Cahiers de Science & Vie n°128 : Le génie de la Renaissance



Tandis que ces derniers mois, je vous avais proposé moult billet consacrés à diverses revues, qu’elles soient récentes ou plus anciennes, depuis quelques semaines, c’était un petit peu le néant total. Cependant, cela s’expliquait par le simple fait que les dernières sorties presse avaient été loin de m’emballer et que, pour ce qui est de l’ancien (en gros, ma collection de vieilleries dont certaines remontent aux années 60), rien ne m’emballait franchement ces derniers temps. Malgré cela, une revue était en attente de lecture, le dernier numéro en date des Cahiers de Science & Vie, et je dois reconnaitre que, pour une fois, j’ai mis un certain temps pour le finir.

Les Cahiers de Science & Vie n°128 : Le génie de la Renaissance
Avril/Mai 2012

Le génie de la Renaissance
- L'esprit de la Renaissance
- Quand l'homme repense l'homme
- Dieu, l'homme et l'Eglise
- La naissance de la méthode scientifique
- Interview : « C'est au XVIème siècle que le pluralisme émerge en Europe » Jean-François Mondot
I - La Renaissance en marche
- Europe : Un grand souffle venu d'Italie
- Florence : Au cœur du renouveau culturel
- France : A la cour des Muses
- Les châteaux de la Loire
- Les jardins de Poliphile
II - La révolution artistique
- Nouvelle perspectives
- L'art et la manière
- Musée imaginaire
- Visite privée
- Artistes universels
- Léonard de Vinci, un homme de son temps
III - Le temps des découvertes
- La fabrique du progrès
- L'imprimerie, génial véhicule de la pensée
- Le corps mis à nu
- Les découvreurs de mondes
- Cosmos : la révolution couve
- Interview : « Les expéditions du XVème siècle annoncent la mondialisation d'aujourd'hui » Serge Gruzinski

Autant je dois reconnaitre que Les Cahiers de Science & Vie est probablement l’une de mes revues préférées (comme on peut le constater lors de mes nombreuses critiques des précédents numéros), autant cela faisait belle lurette que je ne me laissais pas tenter par son achat – le dernier en date remontant à l’automne dernier avec le numéro consacré aux Gaulois. Du coup, ce furent les numéros 126 et 127 que j’ai laissé de côté : le premier, consacré au Nil et a l’Egypte, ne m’emballait guère de part un sujet plus que réchauffé, le second, consacré à l’Empire Romain, ne m’intéressait pas lors de sa sortie mais, après coup, j’éprouve quelques regrets de ne pas l’avoir acheté. Et comme, du coup, cela faisait pas mal de temps que je ne me procurais pas un nouveau numéro de cette excellente revue, je m’étais dit que, quel que soit le sujet de la prochaine (enfin, a moins d’un truc vraiment rédhibitoire), je ne passerais pas à côté. Mais alors, fus-je ravi de découvrir que le cent vingt huitième numéro des Cahiers de Science & Vie était consacré à la Renaissance ? En fait, pour être tout à fait franc, oui et non.

Oui car, indubitablement, la Renaissance est un sujet qui est beaucoup moins abordé que, par exemple (et dans le désordre) : la seconde guerre mondiale, la grande guerre, Napoléon, l’Egypte, l’Empire Romain, la Grèce antique, le Moyen-âge, la Révolution française, la Guerre de Sécession, les Cathares, l’Inquisition ou Louis XIV. Et même si cela arrive – car il s’agit néanmoins d’un sujet accrocheur et particulièrement intéressant – force est de constater que les revues historiques l’abordent bien moins que les thèmes cités précédemment. Certes, en comparaison avec, par exemple, la Mésopotamie ou la Chine des royaumes combattants, la Renaissance occupe une place importante, mais en fait, pas tant que ça. Du coup, qu’une revue aussi excellente que Les Cahiers de Science & Vie lui accordent la primeur d’un numéro ne peut qu’être une bonne nouvelle pour tout amateur d’Histoire qui se respecte. Ne serais ce que pour la haute qualité des articles, toujours excellents quel que soit le sujet abordé.

Cependant, je ne peux occulter, comme je vous le disais précédemment, que le non est également présent. Et oui, autant je peux être ravi que pour une fois, une revue historique traite de sujets moins habituels, autant je dois avouer que la Renaissance, en règle générale, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Certes, ce numéro des Cahiers de Science & Vie m’aura appris bien des choses sur le sujet, certes, quelques articles auront particulièrement attiré mon attention, cependant, je n’aurais que trop rarement ressenti a la lecture de ce numéro printanier de la revue, le même intérêt que j’ai déjà pur éprouver en d’autres occasions. Est-ce une affaire de gouts ? Probablement car, comme je vous l’ai dit, la qualité de la revue n’est pas remise en cause. Mais bon, ce qui est sûr, c’est que depuis quelques mois, les thèmes abordés ne sont, malheureusement, pas parmi mes préférés ; et quand je pense au prochain – La naissance de l’astronomie – je ne peux pas dire que je suis franchement emballé… 

THE MAN-MACHINE



THE MAN-MACHINE

Kraftwerk (1978)

1. The Robots 6:11
2. Spacelab    5:51
3. Metropolis 5:59
4. The Model 3:38
5. Neon Lights 9:03
6. The Man-Machine 5:28

La vie est souvent injuste, mais en disant cela, je n’apprends rien à personne, n’est-ce pas ? Il y a quelques temps, tout le monde n'a eu d'yeux (ou plutôt d'oreilles) que pour la sortie en version haute définition de toute la discothèque des Beatles. Et tout le monde ou presque a oublié dans le même temps celle des allemands de Kraftwerk, groupe aujourd’hui méconnu, en dehors des spécialistes et de leurs fans, et qui pourraient  sans doute être considérés justement comme les Beatles de l'électro. Oui, les deux groupes peuvent être rapprochés malgré leur différence de style : même influence considérable, même musique à priori basique, sobre, mais mélodiquement ultra-efficace. Mais, pour ce qui est de Kraftwerk, succès populaire bien moindre, donc. Malheureusement. Mais en musique, combien de grands groupes, musiciens, chanteurs, ne connurent jamais ce fameux succès alors qu’ils marquèrent l’histoire musicale au fer blanc – l’exemple parfait étant, bien évidemment, le Velvet Underground. Pourtant, ce The Man Machine de 1978 fonctionne encore très bien aujourd'hui et n'en demeure pas moins comme une véritable usine à tubes. Et c'est d'ailleurs là tout le talent de ce groupe hors norme. Car, s'il est un genre musical qui a beaucoup évolué dans ces dernières décennies, c'est bien la musique électronique. Bien évidemment, cela est normal, puisque les instruments qui ont servis à sa fabrication, les ordinateurs ont aussi énormément évolué.


Mais ce qui fait donc que cette musique a malgré tout réussi à passer les années, c'est bizarrement son minimalisme, sa quasi absence d'effets. Ici, la mélodie y est presque à nue. Sans artifice. (Ce qui est sans doute très « allemand » comme manière de procéder) Toutes les chansons sont ici mémorables, en particulier leur presque tube The Model. Toutes les chansons font aussi référence aux machines, aux robots et nous parlent déjà de déshumanisation de la société, près de 20 ans avant le Ok Computer de qui vous savez. Vous avez dit visionnaires ?


En 1978, The Man Machine de Kraftwerk sort, et révolutionne le petit monde de la musique électronique et contemporaine. Avec sa légendaire pochette rouge et inspirée par le design constructiviste soviétique des années 20 (qui, au demeurant, fit beaucoup pour le succès du disque), avec son ambiance rétrofuturiste et ses rythmiques funky, l'album s'impose comme étant le meilleur de Kraftwerk, groupe allemand (à l’époque, on appelait le pays RFA, histoire de faire la distinction avec la RDA) de musique électronique composé de Florian Schneider, Ralf Hutter, Wolfgang Flur et Karl Bartos. Les deux membres les plus importants sont Hutter et Schneider, respectivement en seconde et troisième position sur la pochette, en commençant par le bas.


36 minutes, 6 titres ; album court, concis, mais fondamental. The Man Machine est, sans exagération aucune le Sgt Peppers de la musique électronique. Il contient un tube, The Model, qui sortira en single et que, sous une forme ou une autre, tout le monde a au moins écouter une fois l’air dans sa vie. C'est à partir de cet album que Kraftwerk se représentera le plus souvent en mannequins (lesdits mannequins remplaceront le groupe en live dès 1991), accentuant par là leur coté synthétique, superficiel. Selon eux, ils sont des hommes-machines, entièrement dévoués au dieu ordinateur. Après avoir abordé les ondes radio (Radioactivity), l'autoroute (Autobahn) et le train (Trans-Europe-Express), les Allemands de la Centrale (Kraftwerk) abordent donc le futur : un monde peuplé de robots, entre autres. « Ja tvoi sluga, ja tvoi rabotnik », clame, en russe, à de multiples reprises, la voix synthétique de The Robots : « Je suis un esclave, je suis un robot ».


Les 6 morceaux sont tous fantastiques, qu'ils soient funky (The Robots, The Model) ou mornes (Metropolis). Mixé par Leonard Jackson (un ingé-son Noir et Américain), enregistré dans un hiver glacial à Dusseldörf, l'album est glaçant, glacial, mais totalement addictif aussi. On en devient rapidement accro, il suffit d'une seule écoute du futuriste Spacelab ou du long (9 minutes) Neon Lights pour en redemander. Gros succès à sa sortie, un peu partout dans le monde (sa pochette constructiviste et étrange aidera beaucoup), The Man Machine influencera bon nombre d'artistes, comme Afrika Bambaata, Bertrand Burgalat, Air ou bon nombre de groupes de techno et restera comme un joyau d'électro comme on en a rarement entendu, un disque précurseur et inoubliable, et, indéniablement, l’un des plus importants de tous les temps, tous genres confondus.