LE
TRÔNE DE FER
Le
royaume des Sept Couronnes vit depuis près de quinze ans sous le règne du roi
Robert Baratheon qui a mis fin à la lignée des Targaryen lors d'une rébellion
qui vit la chute du roi Aerys II Targaryen. Depuis près de neuf ans, après la tentative
de rébellion de lord Balon Greyjoy, le royaume est en paix et connaît la
prospérité apportée par l'été le plus long connu de mémoire d'homme. Cependant,
cette époque touche à son terme... Au-delà du Mur qui marque la frontière
septentrionale du royaume, d'étranges événements annoncent la venue prochaine
de l'hiver. Pendant ce temps, à Port-Réal, capitale du royaume, lord Jon Arryn
qui fut la Main du roi Robert lors des quinze premières années de son règne,
décède. Lord Eddard Stark, ami d'enfance du roi et seigneur suzerain du Nord
est pressenti pour lui succéder, malgré son aversion pour les intrigues de la
Cour. Mais un autre péril menace l'unité du royaume car, au-delà du détroit,
dans les cités libres, les derniers héritiers de la dynastie targaryenne
conspirent pour reprendre le Trône de Fer qui leur a été usurpé...
Dans
a peu de choses prêt un mois, je vais avoir trente-huit ans, ce qui, pour
certains, peut paraitre énorme, pour ne pas dire vieux, je n’en doute pas ;
bref, quasiment quatre décennies complètes, souvent riches, parfois ennuyeuses,
avec des hauts et des bas, comme tout à chacun, des moments de joie et d’autres
que l’on préférerait oublier ou, du moins, ne plus jamais connaitre. Et en trente-huit
ans, donc, vous imaginez bien la quantité pour le moins phénoménale d’œuvres, quel
que soit le genre – cinéma, bande dessinées, romans etc. – que j’ai pu avoir l’occasion
de découvrir, d’apprécier, lorsqu’elles le méritaient, de les dénigrer, lorsque
je l’estimais, mais aussi, dans des cas plus rares, de les porter aux nues,
cela, quand à mes yeux, celles-ci étaient tout bonnement de pures chef d’œuvres.
Etant un pur latin avec tous les défauts et qualités qui vont de pair avec mes
origines, je sais pertinemment que, bien trop souvent, j’ai tendance à m’extasier
pour pas grand-chose, à louer le génie de tel film, tel roman avant de,
quelques années plus tard, lorsque je reviens dessus, constater que tout cela
ne valait pas un tel déballage d’éloges. Pourtant, en certaines d’occasions, l’évidence
est telle que je sais pertinemment, en disant du bien d’une œuvre, que oui,
mille fois oui, celle-ci est un véritable chef d’œuvre ; ce constat, même
dix ans, vingt ans plus tard, je n’en démords pas le moins du monde. Certes,
comme je vous le disais, cela n’arrive pas tous les jours et d’ailleurs, en trente-huit
ans, ce ne fut que de façon plus qu’épisodique que j’ai pu découvrir de
véritables chefs d’œuvres ; rare, donc, mais pas impossible, car oui, non
seulement, ceux-ci existent bel et bien, mais en plus, aujourd’hui, j’ai le
plaisir de vous parler de l’un d’entre eux.
Une
œuvre a-t-elle déjà put changer votre vie ? J’ai conscience, parfaitement,
qu’une telle question peut paraitre plus qu’osée et fort probablement, certains
d’entre vous, qui liront ces quelques lignes, pourraient trouver que je vais
beaucoup trop loin cette fois ci. Pourtant, cette interrogation, aussi osée
puisse-t-elle paraitre de prime abord, ne m’en parait pas moins pertinente, car
oui, je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais personnellement, certaines œuvres
ont belle et bien changer ma vie. Alors oui, je sais parfaitement que ce n’est
pas un film ou une série, voir même un dessin animé, aussi marquant puisse-t-il
l’etre dans la vie d’une personne, qui le fasse vivre, lui apporte le bonheur
(une partie mais pas la plus importante, ne nous voilons pas la face non plus)
ou le fasse tout simplement etre heureux : enfants, famille, amis,
relations diverses voir même travail (car il faut bien vivre sa vie), cela me
semble plus important : la naissance d’un enfant, gagner au loto, la mort
d’un proche, un mariage, ce sont tout de même des événements autrement plus
importants que la lecture d’un roman, aussi bon soit-il (bien évidement, parmi ceux-ci,
j’en ai inclus un qui n’est qu’une chimère, mais bon, cela ne coute rien de rêver
après tout), pourtant, si la naissance de mes enfants auront plus changer ma
vie que tout autre événement, je considère sans peine que certaines œuvres,
elles aussi, ont jouer leur rôles, à diverses étapes de ces quatre décennies d’existence
et que, sans elles, sans leur découverte, leur contenu, ce qu’elles m’ont
apporter, je ne serais pas, aujourd’hui, l’homme que je suis, avec mes gouts, mes
passions, voir même mes qualités et mes défauts. Alors oui, selon moi, une œuvre
peut changer notre vie, et certes, cela n’arrive pas tous les jours, certes, oui,
il y a plus important, mais que serions-nous sans ses romans, ses films, ses
séries, ses bande dessinées, ses disques, bref, sans tout ce petit sel de la
vie qui fait que nous sommes, avant toute chose, ce que nous sommes.
Sur
ce blog, en presque cinq années d’existence de celui-ci, j’ai pu vous parler de
bien des chefs d’œuvres, et, pour en rester uniquement aux romans, je peux
parfaitement classer des titres comme Les
Cantos d’Hypérion, Fondation
ou Elric,
pour ne citer que les plus marquants, comme de purs chef d’œuvres qui oui,
chacun a leurs façons, m’ont suffisamment marquer comme on aurait pu me le
faire au fer rouge ; par ailleurs, d’autres titres furent tout aussi
importants même si, ne les ayant plus lus depuis longtemps, je n’ai jamais eu l’occasion
de vous en parler dans le Journal de
Feanor : ainsi, entre les œuvres de Lovecraft ou celles de Tolkien
comme le sublime Silmarillion et
celui que l’on ne présente plus, Le
Seigneur des Anneaux, à plusieurs reprises, au cours de ma vie, certains
titres, certains auteurs, se démarquaient des autres. Et parmi ceux-ci, nul ne
doute que la découverte de Tolkien, à la fin des années 80, alors que j’avais
quatorze ans, fut probablement l’un des plus spectaculaires : recevant la
trilogie pour Noël, j’avais tellement été enthousiasmé que je l’avais lu six
fois de suite, sans discontinué ! Le
Seigneur des Anneaux, donc, que j’ai lu à une époque où je me lançais dans
les Livres dont vous êtes le héros,
fut le catalyseur de mon entrée en Heroic Fantasy pour de longues, très longues
années, avec le meilleur, mais aussi le pire, et si, avec le temps qui passe et
l’évolution de mes propres gouts personnels, je me suis de plus en plus éloigné
du genre que je jugeais trop figé dans des canons dépassés, jamais je ne
reniais mes premiers amours, et ce, même si je n’aurais pas été contre qu’Elric
vienne trucider Frodon avec Stormbringer et s’empare allègrement de l’Anneau
Unique ! Bref, je pense que les connaisseurs du genre l’ont compris, j’étais
plus que prêt pour passer à autre chose, a une autre Fantasy, plus sombre, plus
adulte, plus à mon gout pour faire court…
Le Trône de fer,
voilà, après un préambule qui n’en finissait pas, il est temps d’aborder enfin
ce qui nous intéresse aujourd’hui, je veux bien évidement parler de ce qui est
tout simplement considérer par beaucoups comme étant l’une des œuvres de
Fantasy les plus importantes de ces dernières années, si ce n’est la toute
meilleure, rien que ça ! Exagération, effet de mode dut a la série (que,
pour la petite histoire, je dois etre le seul encore à ne pas avoir vu) et qui
passera bien vite, sincèrement, non, je ne le pense pas, mais comment en
convaincre quelqu’un qui n’aurait pas lu, qui n’aurait pas découvert cet
univers, ces personnages, ces intrigues toutes droits sorties de l’imagination
de son auteur, George R. R. Martin, considéré par certains comme le Tolkien
moderne. Hérésie hurleront aux loups (Stark) les fans du vieux maitre ? Eh
bien, pour avoir lu les deux auteurs, et tout en étant le plus objectif
possible, chaque œuvre se valant et n’étant, finalement et après mure réflexion,
nullement comparable si ce n’est par leur propre importance, cette comparaison
ne m’apparait pas forcément exagérée, bien au contraire. Martin, comme Tolkien,
a su créer de toutes pièces un monde, que dis-je, un univers crédible et
magistrale, des personnages en veut-tu en voilà charismatiques en diable et une
intrigue… ah, cette intrigue… qui vous empêche tout simplement de reposer le
bouquin tant que vous ne découvrez pas la suite ! Pourtant, rares
finalement sont les points communs entre les deux œuvres, le contraire étant plutôt
à souligner : d’une part, chez Tolkien, nous avons un récit, voire
carrément le récit fondateur de tout un genre, l’Heroic Fantasy avec son
manichéisme de bon aloi, ses héros destinés à sauver le monde et ses méchants terriblement
diaboliques, tandis que chez Martin, oubliez tout de go les Elfes aux oreilles
pointues, les Nains et leurs haches, les magiciens barbus et les forces du mal
car dans Le Trône de fer, la magie,
les créatures fantastiques, si elles ont pu exister ou existent encore, ne sont
qu’à peine esquisser et le lecteur de se retrouver davantage devant un récit
plus proche du roman historique que de la pure œuvre de Fantasy – d’ailleurs,
quand on connait les références de Martin comme Les rois maudits, la guerre des deux roses ou le Mur d’Adrien, pour
ne citer que les plus importantes, l’on comprends mieux où l’auteur veut nous
entrainer : ici, pas de héros ni de grands méchants mais toute une flopée
de protagonistes, tout aussi importants les uns que les autres et que l’on
suit, chapitres après chapitres, selon le point de vue de chacun. Cette façon
de procédée, qui peut en troubler plus d’un, permet pourtant de suivre le
déroulement de l’intrigue selon le point de vu de protagonistes souvent
antagonistes dans le récit et est, accessoirement, une véritable bouffée d’oxygène
dans un genre pour le moins convenu en temps normal. Chaque lecteur aura, du
coup, ses préférences, selon ses personnages préférés et le fait que, suivant
ces fameux points de vue, tel protagoniste peut, d’un chapitre à l’autre,
passer presque d’un type bien à un véritable salaud est une façon de procédé
que je trouve pour le moins judicieuse et parfaitement bien trouvée.
Bref,
vous l’avez compris, j’ai aimé, que dis-je, j’ai adoré ce premier volume (lu
ici dans sa dernière version dite intégrale qui reprend le format de parution
original, ce qui, selon moi, est une fort bonne chose) de cette exceptionnelle
saga qu’est Le Trône de fer. Pourtant,
tout ne fut pas aussi facile au départ : tout d’abord, il est dans mes
habitudes de ne jamais, mais vraiment jamais me lancer dans la lecture d’une œuvre
tant que celle-ci n’est pas achevée, hors, comme chacun sait, pour ce qui est
du cas présent, nous n’en sommes pas prêt d’en connaitre la fin – et encore, la
connaitront nous un jour, suffirait que Martin meure et adieu celle-ci –
pourtant, à force d’entendre tellement de louanges au sujet de cette œuvre
depuis tellement longtemps, je me suis laisser tenter, me disant qu’avec les
quatre premières intégrales, j’en avais au moins pour un certain temps.
Ensuite, et ceci est valable pour tout nouveau lecteur qui souhaiterait se
lancer dans Le Trône de fer :
que ce fut dur au début ! Ces changements de points de vue entre les
chapitres, le nombre gargantuesque de personnages principaux, secondaires, de
troisième zone, les familles, les régions, les ancêtres, les légendes m’ont
tellement embrouillé qu’il m’aura fallu une bonne centaine de pages pour que je
commence enfin à m’y retrouver – et encore, alors que j’ai attaqué le tome deux
depuis une semaine, parfois, il m’arrive de tomber sur un protagoniste sur
lequel j’ai un doute – a quoi il faut ajouter la fameuse traduction tant
décriée du sieur Jean Sola qui n’arrange pas les choses : usant d’un français
au style plutôt ancien, la tournure des phrases, lorsque l’on est pas habitué –
ce qui est le cas de tout individu normal – a de quoi dérouter nos pauvres
neurones. Pourtant, avec le temps, je m’y suis habituer et je dois avouer que,
désormais, celle-ci ne me pose plus aucun problème. Pour finir, un petit
avertissement s’impose : dans Le
Trône de fer, ne vous attendez pas à de grandes scènes d’actions ou des
descriptions de batailles grandioses, ici, c’est surtout énormément de parlote
entre personnages, de pensées etc. Personnellement, cela ne me gêne pas mais un
tel procédé pourrait déplaire à plus d’un lecteur. Mais bon, ce n’est pas comme
si je ne les avais pas prévenus.
Ceci
étant dit, il est temps que je me replonge dans la deuxième intégrale, que je
suive la suite des aventures de Daenerys Targaryen, Jon Snow, Arya Stark et le
génialissime Tyrion Lannister, que je retrouve le plaisir incommensurable que
je ressens a la lecture de cette œuvre, que je tremble pour les personnages (et
oui, ici, n’importe qui peut mourir !), que je m’extasie devant les intrigues,
les coups fourrés et les divers retournements de situations qui ponctuent le
récit. Pour cette première critique du Trône
de fer, je ne me serais guère attardé sur celui-ci, ses personnages, cette
intrigue et je tacherais de le faire pour la suite, mais pour une première, j’avais
décidément bien plus à cœur de vous dévoiler mon ressenti sur cette œuvre, même
si, pour cela, je me serais un peu éparpiller dans tous les sens. Bien plus
haut, dans ce billet, je me demandais si une œuvre peut changer une vie ?
La réponse, vous la connaissez fort probablement : même si je relativise
les choses, même si, après tout, cela n’est qu’un roman, même si la vie
fourmille de choses autrement plus importantes, c’est oui, un grand oui même !
Mais bon, comment pourrait-il en etre autrement ? Personnellement, des œuvres
géniales, il en existe des tas, mais aussi magistrale que ce Trône de fer, sincèrement, je dois les
compter sur les doigts d’une main !