THORGAL
– LA GALÈRE NOIRE
Thorgal
et Aaricia se sont installés dans un village et comptent y rester quelques
temps... car Aaricia attend un enfant ! Thorgal feint d'apprécier cette vie
paisible pour le bonheur d'Aaricia, mais il part chaque soir sur son cheval,
pour retrouver un peu d'espace et de liberté. Shaniah, la fille de Caleb, le
chef du village, profite d'une de ses cavalcades nocturnes pour avouer sa
flamme au viking. Celui-ci la repousse, évidemment. Pendant ce temps, un homme,
échappé d'un grand bateau sombre, atteint la côte non loin de là...
Thorgal – La Galère noire
Scénario
: Jean Van Hamme
Dessins
: Grzegorz
Rosinski
Couleurs : Grzegorz
Rosinski
Couverture : Grzegorz
Rosinski
Editeur
: Le Lombard
Genre : Heroic Fantasy,
Science-Fiction
Pays
d’origine : Belgique
Langue
d’origine : français
Parution : mai
1982
Nombre
de pages : 46
Mon avis : Après
un excellent troisième tome de Thorgal,
Les
trois vieillards du pays d’Aran, épisode indépendant de la saga, nous abordons, avec La Galère noire, le premier volume de ce que les fans du héros
nordique ont surnommés la trilogie de
Brek Zarith, celle-ci étant encore considéré de nos jours comme étant l’un
des meilleures de la série dans son ensemble, chose qui ne pouvait qu’éveiller
ma curiosité. Ici, Thorgal et sa compagne, Aaricia, au demeurant enceinte
jusqu’au cou, ont trouvé refuge dans un paisible village et se sont mêlés a la
population locale, aidant aux travaux des champs ; cependant, si le couple
semble baigner dans le bonheur, l’on sent bien que celui-ci est apparent :
Thorgal, même heureux de partager une vie plus simple auprès de son aimée et
dans l’attente d’être père, n’en éprouve pas moins le besoin, comme le dit son
épouse, de « bouger » sans cesse. Un
désir de partir à l’aventure refoulé ? Non, selon notre héros, mais une
adolescente, Shaniah, amoureuse éconduit l’a bien compris. Le problème, c’est
que par vengeance, Thorgal se retrouve bien malgré lui forcé de redevenir un
homme d’action : fait prisonnier sous de fausses accusations, il se voit
devenir galérien aux mains du fils sadique de Brek Zarith, un puissant roi
local. Et les événements à venir seront assez violents – sur ce point, on ne
rigole pas dans ce quatrième tome, et si ses prédécesseurs n’occultaient pas la
mort et la violence, ici, l’on atteint des sommets – et même tragiques, jusqu’à
un final inattendu, où notre héros va devoir se livrer à un duel digne d’un
western face à l’un des protagonistes les plus charismatiques apparus jusque-là
dans la série : Iarl Ewing, a la psychologie assez bien travaillée par
ailleurs. Sans nul doute que La Galère
noire est un bon tome de Thorgal
et ce, même si, personnellement, j’ai une préférence pour son prédécesseur, Les trois vieillards du pays d'Aran. Par
sa noirceur et son intensité dramatique, Jean Van Hamme nous offre là une
histoire assez différente des précédentes mais toujours aussi captivante ; ici,
l’on sent bien que la saga part dans d’autres directions et le côté « nouveau cycle » n’est pas pour me
déplaire. Pour ce qui est des dessins, l’on sent une petite évolution chez
Grzegorz Rosinski, cependant, tout cela fait toujours assez « old school » et pourra déplaire à une
certaine partie du public actuel, plus habitué à un style plus tape a l’œil –
mais que je peux parfaitement comprendre. Quoi qu’il en soit, par son intrigue,
ses protagonistes et son coté très sombre, La
Galère noire nous prouve une fois de plus que, décidément, les débuts de Thorgal sont de fort bonne qualité, mais
aussi, justifie un peu le coté culte de la chose depuis trois décennies.
Cependant, malgré cela, une petite incohérence scénaristique vers la fin a
failli gâcher tout cela : le père Iarl Ewing à beau être balèze et
charismatique en diable, ça prend quand même du temps de revenir à la nage
jusqu'à la côte, d'engager des mercenaires et de massacrer tout un village.
Thorgal a peut-être profité du drakkar de Jorund pour s'organiser une croisière
festive ou quoi ?
Points
Positifs :
- Avec
La Galère noire, nous abordons en
fait le début d’une trilogie, excellente au demeurant, celle de Brek Zarith. Bien évidement, du coup, celle-ci
se doit d’être jugée dans son ensemble mais pour un début, c’est plus que
prometteur.
-
Nous avons là le tome le plus sombre depuis les débuts de la saga : les
morts sont nombreux et, accessoirement, on a même droit à un massacre de masse.
De plus, les sentiments humains détestables comme la jalousie, l’envie et la vengeance
sont omniprésents.
-
Thorgal lui-même n’échappe pas a un coté un peu plus sombre car malgré ses
grands idéaux de liberté et de justice et son amour pour sa compagne, on le
sent bien avoir la bougeotte et aspiré a l’aventure.
-
Iarl Ewing est sans nul doute l’un des meilleurs personnages apparus depuis les
débuts de la série, et, accessoirement, le plus marquant de cet album :
charismatique en diable, cruel mais possédant des valeurs, on est à mille lieux
du méchant de base sans personnalité.
-
Le duel final entre Thorgal et Ewing avec son coté western assumé.
-
Les dessins de Grzegorz Rosinski, bien entendus, désormais excellents.
Points
Négatifs :
- Mais
quelle énorme incohérence scénaristique a la fin : le temps que Thorgal
regagne la cote et le village (qui ne devait pas être bien loin), Iarl Ewing a
eu le temps de… rejoindre la cote a la nage (sic), trouver et engager une
troupe de mercenaires, fondre sur le village et massacrer ses habitants puis, interroger
la gamine amoureuse de Thorgal et patienter jusqu’à l’arrivée de ce dernier… Un
peu tiré par les cheveux tout cela, n’est ce pas !?
-
Que le monde est petit : même quand des vikings attaquent la galère où se
trouve Thorgal, ce sont ceux de son village !
Ma
note : 7,5/10